Note de synthèse: L’éducation en temps de COVID-19 et après AOÛT 2020 2 NOTE DE

Note de synthèse: L’éducation en temps de COVID-19 et après AOÛT 2020 2 NOTE DE SYNTHESE : L’EDUCATION EN TEMPS DE COVID-19 ET APRES Résumé La pandémie de COVID-19 a fait subir aux systèmes éducatifs un choc sans précédent dans l’histoire, bouleversant la vie de près de 1,6 milliard d’élèves et d’étudiants dans plus de 190 pays sur tous les continents. Les ferme­ tures d’écoles et d’autres lieux d’apprentissage ont concerné 94 % de la population scolarisée mondiale, et jusqu’à 99 % dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur. La crise exacerbe les disparités éducatives existantes, un grand nombre d’enfants, de jeunes et d’adultes parmi les plus vulnérables (les habitants des zones pauvres ou rurales, les filles, les réfugiés, les personnes en situation de handicap et les personnes déplacées de force) risquant de ne pas reprendre leur scola­ rité. Le temps d’apprentissage perdu porte non seulement préjudice à la génération actuelle mais pourrait réduire à néant des décennies de progrès, tout particulièrement pour ce qui est de l’accès des filles et des jeunes femmes à l’éducation et de leur persévérance scolaire. Quelque 23,8 millions d’enfants et de jeunes (du préscolaire au tertiaire) pourraient par ailleurs abandonner leur scolarité ou se voir priver d’un accès à l’éducation l’année prochaine du seul fait de l’impact économique de la pandémie.. De même, le choc subi par les systèmes d’en­ seignement a eu, et continuera d’avoir, des effets importants au-delà de la sphère éduca­ tive. Les fermetures d’établissements scolaires entravent la fourniture de services de base aux enfants et aux populations, notamment l’accès à des aliments nutritifs, empêchent de nombreux parents de pouvoir travailler normalement et exposent les femmes et les filles à un plus grand risque de violence. Alors que les contraintes budgétaires s’accen­ tuent et que l’aide au développement est mena­ cée, l’éducation pourrait également faire face à de graves problèmes de financement, ce qui viendrait exacerber les difficultés qui existaient déjà à cet égard avant l’épidémie. Ainsi, pour les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur, le déficit de financement a atteint le chiffre vertigineux de 148 milliards de dollars par an et pourrait désormais augmenter d’un tiers. Parallèlement, la crise a stimulé l’innovation dans le secteur éducatif. Nous avons vu naître des initiatives innovantes, qui ont permis la pour­ suite d’activités d’enseignement et de formation – à la radio, à la télévision ou sous la forme de kits pédagogiques pour la maison. Des formules d’enseignement à distance ont été élaborées grâce à l’intervention rapide des États et des par­ tenaires du monde entier déterminés à assurer la continuité pédagogique, notamment la Coalition mondiale pour l’éducation mise en place par l’UNESCO. La crise nous a également rappelé le rôle crucial des enseignants et qu’il incombait aux États et aux autres partenaires de veiller à la santé et au bien-être du personnel éducatif. NOTE DE SYNTHESE : L’EDUCATION EN TEMPS DE COVID-19 ET APRES 3 Mais ces innovations ont également fait appa­ raître que les perspectives prometteuses ouvertes à la pédagogie et les changements rapides apportés aux modes d’enseignement ne pourront être pérennes qu’à condition de ne laisser personne de côté. Cela vaut pour les enfants et les jeunes qui ont peu de ressources ou dont l’environnement offre peu d’accès à l’enseignement. Cela vaut pour les enseignants qui ont besoin d’être mieux formés aux nouveaux modes d’enseignement et d’être aidés à cet égard. Cela vaut enfin pour le monde de l’édu­ cation au sens large, y compris les communités locales, dont dépend la poursuite des activités d’enseignement pendant la crise et dont le rôle sera essentiel pour reconstruire en mieux. La crise sanitaire et le bouleversement sans précédent des systèmes éducatifs qu’elle a provoqué sont loin d’être terminées. Dans pas moins de 100 pays, on ne sait pas encore quand rouvriront les écoles et, aux quatre coins de la planète, les États, les syndicats, les parents et les enfants se demandent quand et comment aura lieu la rentrée. Certains pays ont commencé à préparer la réouverture des écoles sur leur ter­ ritoire, soit par niveaux de classe, en donnant la priorité aux classes préparant à un examen, soit uniquement dans les régions avec peu de cas de contamination. Cependant, compte tenu de la permanence et de la virulence de l’épidémie, la plupart des pays n’avaient pas encore arrêté en mai et juin 2020 une date de réouverture. Leur décision emportera d’énormes consé­ quences sociales et économiques et affectera durablement les enseignants, les enfants et les jeunes, leurs parents - en particulier les femmes - et la société dans son ensemble. 1 Des documents d’orientation ont été établis par des organismes des Nations Unies et d’autres partenaires de l’éducation. Recommandations Pour éviter que la crise éducative ne dégénère en catastrophe pour toute une génération, tous les acteurs concernés doivent agir ensemble au plus vite. L’éducation n’est pas seulement un droit humain fondamental. C’est un droit dont la réalisa­ tion influe directement sur l’exercice de tous les autres droits. Bien commun mondial, elle contribue à la bonne mise en œuvre des 17 objectifs de développement durable et est au fondement de sociétés pacifiques, justes, égales et inclusives. Lorsque les systèmes éducatifs s’effondrent, la paix, la prospérité et le bon fonc­ tionnement des sociétés ne sont plus assurées. Afin d’atténuer les conséquences potentielle­ ment dévastatrices de la pandémie de COVID- 19, les États et les parties prenantes sont encouragés à prendre les mesures suivantes : > ENRAYER LA TRANSMISSION DU VIRUS ET PREPARER MINUTIEUSEMENT LA REOUVERTURE DES ÉCOLES : Pour accélérer la réouverture des écoles et des établissements d’enseignement, la première chose à faire pour les pays est d’enrayer la transmission du virus et de contrôler l’épidémie au niveau national et local. Une fois qu’ils y sont parvenus, face aux problèmes complexes que pose la réouverture, ils doivent se fixer les objectifs suivants : assurer la sécurité de de tous ; préparer une réouverture inclusive ; recueillir l’avis de toutes les personnes concernées ; assurer la coordination des principaux acteurs, dont les professionnels de la santé1. 4 NOTE DE SYNTHESE : L’EDUCATION EN TEMPS DE COVID-19 ET APRES > PROTÉGER LE FINANCEMENT DE L’ÉDUCATION ET SE COORDONNER A DES FINS D’EFFICACITE : La pandémie a plongé le monde dans l’une des pires récessions de son histoire, dont les effets se feront sentir pendant longtemps sur l’économie et les finances publiques. Pour protéger le financement de l’éducation, les autorités nationales et la communauté internationale doivent : améliorer la mobilisation des ressources nationales, préserver à titre prioritaire la part des budgets allouée à l’éducation et remédier aux inefficacités dans l’allocation des ressources ; renforcer la coordination internationale face à la crise de la dette ; protéger l’aide publique au développement (APD) destinée à l’éducation. > CONSTRUIRE DES SYSTÈMES EDUCATIFS RÉSILIENTS AU SERVICE D’UN DÉVELOPPEMENT ÉQUITABLE ET DURABLE : En renforçant la résilience de leurs systèmes éducatifs, les pays peuvent résoudre les difficultés que pose la réouverture en toute sécurité des écoles et seront mieux à même de faire face aux prochaines crises. Ils peuvent à cet égard envisager les mesures suivantes : favoriser l’équité et l’inclusion ; renforcer les capacités de gestion des risques, à tous niveaux du système ; assurer une direction et une coordination fortes ; améliorer les mécanismes de consultation et de communication. > REINVENTER L’ÉDUCATION ET ACCÉLÈRER LES CHANGEMENTS A L’OEUVRE DANS L’ENSEIGNEMENT ET L’APPRENTISSAGE : Les efforts considérables déployés en très peu de temps face au choc subi par les systèmes éducatifs nous montrent que des changements sont possibles. Nous devons saisir cette occasion pour trouver de nouveaux moyens de remédier à la crise éducative et s’intéresser aux solutions qui hier encore étaient jugées difficiles ou impossibles à être en œuvre. Dans cette perspective, il convient avant tout de se fixer les objectifs suivants : remettre les élèves à niveau et prévenir le décrochage scolaire, en particulier au sein des groupes marginalisés ; développer les compétences propices à l’insertion professionnelle ; soutenir les enseignants et mieux les préparer à leur métier ; redéfinir le droit à l’éducation pour y inclure la question de la connectivité ; supprimer les obstacles à la connectivité ; renforcer les données et le suivi de l’apprentissage ; renforcer l’articulation et la fluidité entre les différents niveaux et types d’enseignement et de formation. NOTE DE SYNTHESE : L’EDUCATION EN TEMPS DE COVID-19 ET APRES 5 I. Chocs et répliques de la pandémie LA SITUATION DE L’ÉDUCATION DANS LE MONDE AVANT LA COVID-19 Avant la pandémie, le monde rencontrait déjà les plus grandes difficultés à faire de l’éduca­ tion, droit humain fondamental, une réalité pour tous. Malgré une scolarisation quasi univer­ selle en primaire dans beaucoup de pays, un nombre considérable d’enfants - plus de 250 millions – ne fréquentaient pas l’école2 et près de 800 millions d’adultes étaient analphabètes3. En outre, pour les enfants scolarisés, l’ap­ prentissage était loin d’être assuré. On estime que quelque 387 millions d’enfants dans le monde en âge de fréquenter l’école primaire (56 %) ne maîtrisaient pas uploads/Geographie/ policy-brief-education-during-covid-19-and-beyond-french.pdf

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