BARTET Maître Valentin Conrart à qui un vers malin et injuste de Boileau a conf
BARTET Maître Valentin Conrart à qui un vers malin et injuste de Boileau a conféré plus de notoriété que ses œuvres littéraires car, modeste, il se refusait trop à écrire, entassa cependant des notes sur l'histoire de son temps. Nous ne saurions nous plaindre de son infidélité à ce « silence prudent » lorsqu'il narre la fortune rapide et singulière d'un Biarnesot, comme on disait par mode de moquerie à Paris, au xvii'1 siècle. « Un paysan du Béarn, écrit-il, d'un village à deux lieues de Pau, et venu à Paris, y fut laquais ou portier, et ensuite se maria à la parente d'un prêtre fort dévot, nommé Charpentier, laquelle étoit de Chaillot, petit village à une lieue de Paris. Au bout de quelques temps, n'ayant tous deux que 1001 euviron pour tout bien, Bartet (c'est ainsi que le mari s'appelait) propose à sa femme de s'en aller en Béarn, sur l'espérance qu'il avoit d'y faire quelque profit par son industrie. » Et voilà donc les Bartet, de Gan, s'acheminant vers le pays natal en croupe sur un méchant genêt payé 501; le coucher et le couvert absorberont prestement le fond de bourse. Arrivés à Pau, ils ouvrent une boutique de mercerie et, les modes de Paris ayant déjà quelque succès, ils ne tardent guère à aligner dans leur « cabinet » cent mille pièces d'une livre chacune. Comment dans une ville sillonnée par des porteurs de robes diverses, magistrats, avocats ou procureurs, faire de fils cossus des vulgaires marchands. L'un d'eux « qui avait un grand feu d'esprit et qui étudia assez bien », Isaac, demanda son inscription sur la matrice des avocats au Parlement récemment fondé. Mais il était un peu trop.... un peu trop galant comme lou nouste Henric et ayant mis à mal la servante fort accorte du conseiller Cazaux — de complicité et, ajoutent les mauvaises langues, sous les auspices d'ailleurs très complaisants de l'épouse du magistrat, — il dut abandonner la terre que recouvre lou beth cèu de Pau, non sans une lettre de recommandation de ce bon et savant jésuite qu'était le P. Estienne Audebert, supérieur de la résidence de Pau. Ce sera là pour lui l'ocoasion de se manifester, car en courage ou en lettres, il ne sera inégal à aucun de ces hardis et entrepre- nants béarnais ou gascons, dont Agrippa d'Aubigné fouailla les grotesques de son ironie vengeresse dans le baron de Fœneste, lui ont fait figure dans le monde : les Gassion, les d'Artagnan, les Marca, les Athos, les Porthos, les Bésiade, ou tels de nos grands seigneurs qui ne dédaigneront point comme* Gramont de collaborer — 90 — à la Pucelle de Chapelain ou, comme ïréville, de mettre au point les pensées de Pascal. Arrivé à Rome sons de favorables auspices, Bartet entra au ser- vice du duc de Bouillon qu'il abandonnait, en 1646, pour devenir secrétaire de Jean-Casimir Wasa lequel, à son élévation sur le trône de Pologne, le nommait son résident à Paris. Quelle occasion de se pousser à la Ville et à la Cour ! Activement mêlé aux intrigues de la Fronde, il est bientôt l'un des agents de la princesse Palatine, sœur de la reine de Pologne, et sait rendre d'importants services au Mazarin exilé à Bruhl. Trop délaissé dans sa retraite, le puissant cardinal n'oubliera pas celui qui lui mani- festa quelque sympathie. En 1651 il lui procure une charge de secrétaire du cabinet et l'emploie à des négociations délicates avec Rome et la Lorraine. Mais l'orgueil vient à Bartet : il ose se mesurer avec un seigneur d'importance. Lisez la scène contée par St-Sirnon : « Il avait été fort gâté, comme sont ces sortes de gens qui peuvent beaucoup servir et nuire ; il en était devenu fort insolent, et s'était rendu redoutable. Des impertinences qui lui échappèrent souvent sur M. de Candalle, lui attirèrent enfin de sa part une rude bastonnade qu'il lui fit donner, et qu'il avoua hautement. Bartet, outré au point qu'on peut le juger à ce portrait, fit les hauts cris, et ce qui mit le comble à son désespoir, c'est qu'il n'en fut autre chose. Là commença son déclin, qui fut rapide et court ! Dès qu'on ne le craignit plus, il sentit combien ses insolences avaient révolté tout le monde. On fut ravi de son aventure, on trouva qu'il l'avait bien méritée ; les ministres, les courtisans du haut parage furent ravis d'en être délivrés. » Ce pauvre Bartet avait été fort maltraité en plein jour, dans la rue St-ïhomas du Louvre : des cavaliers apostés, en plus d'une leçon cuisante, lui avaient cóupé les cheveux d'un côté, les mous- taches de l'autre, arraché son rabat, ses canons, ses manchettes. Aussi s'en amusa-t-on beaucoup dans les marivaudages des ruelles, jugeant que Madame la marquise de Courville était bien coupable que d'inspirer de telles passions et la délicieuse Mm8 de Sévigné écrivait-elle, le 19 juillet 1655, à cette bonne langue de Bussy : « Je ne vous dis rien de l'aventure de Bartet, je crois qu'on vous l'aura mandée et qu'elle vous aura fort diverti ; pour moi, je l'ai trouvée bien imaginée ». A la mort du duc de Candale, le béarnais reprend faveur et retourne à Rome, en 1660, pour négocier la dispense nécessaire au mariage de Marie-Thérèse avec Louis XIV, dont il portait — 91 — l'heureuse nouvelle à Philippe IV en Espagne. Sur la fin de cette année il accomplissait une mission en Angleterre. Mais sa trop heureuse destinée rencontrera à ce moment son point d'arrêt définitif. Bartet aimait les jansénistes, correspondait avec Arnaud d'Andilly à qui, dans une lettre enjouée, il conte de quelle façon familière il a instruit la reine de la célèbre distinction entre le fait et le droit. En 1669 on lui reproche ses relations trop étroites avec l'ennemi de la Cour, le célèbre cardinal de Retz, dont des lettres retrouvées sur lui font malheureusement foi Dès lors sa disgrâce est entière. Il lui faut vendre sa charge à Guilleragues et se retirer en exil, non point dans ce marquisat de Brie.nne qu'il avait acheté et d'où, il avait pu voisiner avec Barcos, abbé de S' Cyran, mais à Amboise, peine aggravée à ce point qu'en 1675 intervenait l'ordre royal de l'interner à Saumur. Bartet rendu à la liberté mourut au commencement de septem- bre 1701, âgé de plus de 105 ans, à Neuville sur-Saône à quelques kilomètres de Lyon, dans la demeure hospitalière du vieux maré- chal de Villeroy, grand courtisan de Mazarin. Il y avait vécu tristement des subsides fournis par le jeune maréchal de Villeroy et par l'archevêque de Lyon. Ce béarnais était resté amateur du coin de terre au point que de relever le gant si on louait Paris au détriment des régions éloignées. « Un jour, dit Conrart, dans une grande compagnie, où l'on parlait des provinciaux, l'on disait qu'ils étoient longtemps avant que de se défaire des vices de leur terroir, et que ceux qui avoient été nourris toute leur vie à la Cour avoient un terrible avantage sur eux. Bartet prenant la parole pour tous les provinciaux, dit qu'il voudrait bien que l'on lui montrât un homme né dans la Cour, et qui y avoit toujours vécu, qui osât aller disputer le terrain aux grands seigneurs de provinces com- me lui, qui était venu d'une des extrémités de !a France le disputer à la Cour aux plus grands seigneurs qui y fussent. M œ« Cornuel, qui étoit présente, lui répondit : « Faites qu'il y ait une Cour dans chaque province, et nos courtisans iront disputer le terrain fort vaillamment ; mais n'y ayant que des malheureux et des ignorans, ils seroient bien sots de quitter la Cour pour contester de choses qui n'en valent pas la peine. » Ne cherchez pas le nom de Bartet dans les biographies béarnaises, il a été même omis dans des recueils importants, et cependant les archives publiques détiennent des documents dont l'abondance démontre le rôle qu'il a joué dans les intrigues de cette époque. Sa physionomie mériterait de revivre autrement que par ce récit trop succinct. Louis BATCAVE. — 92 — LOUS DE H 0 È Y SE BOULETS Se boulets escouta-m, daunete, P'ous prads berds tapis de balours Qu'en ayrém dou tems de las flours Eshoelha la margarirete ; E dap la neu coelhude aus brocs, Se boulèts escouta-m, daunete, Que-b heri you de beroys fiocs. Benadin de la noeyt las teles, Chets nad besounh de bede-y clar, Quoan lou sou cadud ben la mar Au cèu clabère las esteles, Qu'halenerém lous yansemîs, De la noeyt benadin las teles, Ras a ras l'estiu p'ous camîs. A la desheyte dous betbs dies, Segurs d'ayma-s autan lous dus, Lou co plenh de parpalhòus blus, Dous boscs que courrerém las bies Amasse chets trop dise arrey, A la desheyte dous beths dies, Ta segui lou nouste sauney. Quoan p'ous cams la bite e-s estanque Debath ue aprigue de neu, E que las agulhes de yeu E-s uploads/Geographie/ reclams-de-biarn-e-gascounhe-may-1903-n05-7-eme-anade.pdf
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- Publié le Jui 04, 2021
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