Revue européenne des migrations internationales vol. 21 - n°1 (2005) Femmes, ge
Revue européenne des migrations internationales vol. 21 - n°1 (2005) Femmes, genre, migration et mobilités ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Christine Catarino et Mirjana Morokvasic Femmes, genre, migration et mobilités ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. 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Référence électronique Christine Catarino et Mirjana Morokvasic, « Femmes, genre, migration et mobilités », Revue européenne des migrations internationales [En ligne], vol. 21 - n°1 | 2005, mis en ligne le 22 septembre 2008, consulté le 08 mai 2012. URL : http://remi.revues.org/2534 ; DOI : 10.4000/remi.2534 Éditeur : Association pour l’étude des migrations internationales http://remi.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://remi.revues.org/2534 Document généré automatiquement le 08 mai 2012. La pagination ne correspond pas à la pagination de l'édition papier. © Université de Poitiers Femmes, genre, migration et mobilités 2 Revue européenne des migrations internationales, vol. 21 - n°1 | 2005 Christine Catarino et Mirjana Morokvasic Femmes, genre, migration et mobilités Pagination de l'édition papier : p. 7-27 1 Il est des exercices incontournables : parler de la féminisation des courants migratoires en fait partie, pour toutes celles et ceux qui prétendent un jour parler des femmes en migration. Tout se passe comme si l’on devait légitimer sans cesse cet objet de recherche. Personne jamais – ou si peu – n’entame une présentation de la migration masculine en indiquant des sex ratio. Constat réitéré d’un androcentrisme qui traverse encore les sciences sociales et qui fait de l’homme le référent universel. Tout se passe également comme si tout écrit sur les femmes migrantes devait débuter par les silences, les oublis, le rappel rituel de l’invisibilité des femmes. Pourtant plus de vingt ans ont passé depuis la publication du numéro d’International Migration Review (1984) consacré aux femmes migrantes et l’un de ses articles ‘Birds of passage are also women’ (Morokvasic, 1984) en réponse à la métaphore utilisée par Michael Piore (1979) relative à l’immigration, entendue comme la seule mobilité d’hommes. En outre l’information collectée depuis sur les femmes en migration est loin d’être négligeable. Nombreux sont les ouvrages, numéros spéciaux de revue, modules d’enseignement etc consacrés aux femmes et aux migrations et, depuis une quinzaine d’années, à la migration et au genre. On citera notamment les ouvrages suivants : Phizacklea, 1983 ; Chant, 1992 ; Hugo, 1999 ; Kelson et Delaet, 1999 ; Anthias et Lazaridis, 2000 ; Kofman et al., 2000 ; Willis et Yeoh, 2000 ; Ehrenrheich et Hochschild, 2003 ; Morokvasic et al., 2003. Et publiés en France, quelques numéros spéciaux de revue consacrés dernièrement à ces thématiques : Migrations Société, 1997 ; REMI, 1999 ; Cahiers du CEDREF 2000, 2003 ; Hommes et Migrations, 2004. De femmes à genre ? 2 Pendant longtemps et bien que les femmes n’étaient pas beaucoup moins représentées que de nos jours dans les flux migratoires mondiaux – elles constituaient 47 % des migrants en 1960 contre 49 % en 2000 (Zlotnik, 2003) –, le genre fut ignoré, le neutre au masculin fut considéré comme suffisamment légitime pour représenter tous les migrants. Sortir les femmes de l’invisibilité devint l’objectif premier de celles et ceux qui souhaitaient rompre avec l’image d’une migration où seuls des hommes pouvaient être protagonistes, les femmes, elles, restaient au pays ou suivaient, subissant la migration. Dans cette imagerie, l’homme travaillait, la femme était à charge, visible seulement en tant que membre de la famille (femmesetenfants) 1. Un travail de déconstruction des représentations sociales s’est imposé. Pour rendre les femmes dans la migration sociologiquement visibles encore a-t-il fallu poser le regard là où l’on ne s’attendait pas à les trouver : la sphère du travail (certains auteurs tout en voulant mettre à jour le travail des femmes, prisonniers de ces carcans, ont pu parler de « travail ambigu », Paperman et Pierrot, 1978). Rares, minoritaires, ces travaux (Morokvasic, 1976 ; Moulier et Silberman, 1982) n’ont pu concurrencer l’approche évolutionniste alors dominante, qui s’inscrivait dans l’opposition paradigmatique (tradition/modernité). Pour cette raison et dans un premier temps, la production de connaissances sur les femmes immigrées n’a pas « produit de la reconnaissance » et n’a pas pu renverser la vision de la migration comme majoritairement masculine. Aujourd’hui encore lorsqu’on découvre ou re-découvre les femmes en migration, on se réfère aux années dites de migration de travail présentée comme fondamentalement masculine. La présence des femmes continue à être perçue comme le résultat de l’arrêt de la migration de travail et du regroupement familial après 1974 comme le souligne à juste titre Eleonor Kofman (1999). Regard biaisé, qui tend à se poser là où les femmes étaient supposées se trouver (la maison, le cadre de la domesticité, la sphère de reproduction, le nombre élevé d’enfants faisait d’ailleurs partie des stéréotypes d’alors). Le regroupement familial masquait aussi l’entrée des femmes sur le marché du travail (Tapinos, 1990). 3 Cette phase « compensatrice » dans la recherche – axer le propos sur les femmes, les montrer là où elles n’étaient pas visibles – a eu tout du moins le mérite d’aboutir, lentement, à une sorte Femmes, genre, migration et mobilités 3 Revue européenne des migrations internationales, vol. 21 - n°1 | 2005 d’institutionnalisation : les femmes immigrées ont acquis un droit de cité dans la recherche et les politiques publiques. 4 Mais à trop vouloir focaliser le regard sur les femmes, à trop chercher à rendre visible la face cachée de la migration, cette littérature a oublié les hommes. L’occasion de saisir le genre, la différence entre les sexes a été délaissée. Ce constat vaut également d’ailleurs pour nombre de recherches féministes, et commence à être admis, notamment dans les études relatives au travail : « L’introduction de la différence des sexes constitue un vrai tournant : en passant des femmes au genre ou au sexe, les recherches ont changé de cap. Le reproche que l’on adresse rituellement aux sciences de l’homme peut tout aussi bien être retourné vers les « recherches féministes » : oublier les femmes et le féminin, ce n’est pas bien, mais faire l’impasse sur les hommes et le masculin, ce n’est pas franchement mieux. Or, longtemps, trop longtemps là aussi, on a omis de regarder les hommes, leurs métiers et leurs activités comme du travail masculin » (Laufer, Marry, Maruani, 2003 : 13). 5 À regarder les travaux consacrés au couple genre et migration, il apparaît pourtant que certains se limitent à une étude des femmes tout en défendant qu’une telle approche n’est pas incompatible avec la prise en compte des rapports de domination entre les sexes (Parreñas, 2001). Il est vrai que pour certain(e)s tant que les traités de sociologie des migrations, les états des lieux ou rapports d’envergure ayant prétention à englober l’ensemble des phénomènes migratoires (Commissariat Général du Plan, 2002) continuent d’ignorer les femmes et a fortiori le genre, la phase compensatrice s’avèrera nécessaire (Morokvasic, 2003). D’autres auteurs proposent une comparaison de l’expérience migratoire des hommes et des femmes en migration (Pessar, 1999 ; Yeoh et Huang, 2003). Le débat reste entier, signalons, à ce propos, que ces deux perspectives, sont représentées dans ce volume. 6 Il est en outre usuel, s’agissant des femmes immigrées, de largement se référer ou étudier quelques secteurs d’activité présentés comme traditionnellement investis par elles : service domestique, emplois du care, prostitution et traite des femmes. La division sexuelle et ethnique du travail à l’échelle internationale les confine ainsi dans des secteurs d’activité socialement dévalorisés, considérés peu qualifiés et tenus pour une extension des activités réalisées par les femmes dans la sphère privée. Nous assistons de fait à un transfert international du travail de reproduction sociale (Truong, 1996) voyant des femmes des pays nantis exercer une activité professionnelle en se déchargeant des tâches domestiques ou assimilées sur d’autres femmes (immigrées ou femmes de minorités ethniques). Si le phénomène n’est pas nouveau, des auteurs mettent l’accent sur le développement du transfert international du care, de l’affection/ affect prodigué(e) par les « nannies », « sex workers », etc. (Ehrenrheich et Hochschild, 2003). De par le monde des femmes migrent pour occuper des emplois domestiques ou de care en laissant leur(s) propre(s) enfants aux soins d’autres femmes (de la parenté ou des personnes recrutées à cet effet). Le transfert (international) du travail de reproduction se répercute ainsi en chaîne, ce qu’Hochschild (2000) a nommé le global care chain. Si ce confinement des femmes immigrées dans ces emplois a une réalité statistique, il n’en demeure uploads/Geographie/ remi-2534-vol-21-n-1-femmes-genre-migration-et-mobilites.pdf
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- Publié le Sep 06, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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