TRAVAUX N° 942 JUIN 2018 32 FON DATIONS SOLS & PARLONS GÉOTECHNIQUE ! AUTEURS :
TRAVAUX N° 942 JUIN 2018 32 FON DATIONS SOLS & PARLONS GÉOTECHNIQUE ! AUTEURS : VALÉRIE BERNHARDT, DIRECTRICE GÉNÉRALE DE TERRASOL, PRÉSIDENTE DU CFMS (COMITÉ FRANÇAIS DE MÉCANIQUE DES SOLS ET DE GÉOTECHNIQUE) - LAURIANE CHALARD, RESPONSABLE COMMUNICATION & RELATIONS PRESSE DE SYNTEC-INGÉNIERIE - FRANÇOIS DEPARDON, DIRECTEUR ADJOINT D’EGIS GÉOTECHNIQUE, ANIMATEUR DU GROUPE DE TRAVAIL CFMS « PROMOTION DE LA GÉOTECHNIQUE » - JACQUES ROBERT, EXPERT D’ARCADIS, PRÉSIDENT DU BUREAU GÉOTECHNIQUE DE SYNTEC-INGÉNIERIE L’INGÉNIERIE RESTE PEU VOIRE MAL CONNUE DU GRAND PUBLIC EN FRANCE. A FORTIORI L’INGÉNIERIE GÉOTECHNIQUE, COMPOSANTE ESSENTIELLE DE LA CONCEPTION DE TOUTE CONSTRUCTION, EST UNE DISCIPLINE CONFIDENTIELLE, QUI MÉRITE POURTANT D’ÊTRE VALORISÉE À PLUSIEURS TITRES. EN EFFET, ELLE PERMET D’ASSURER LA STABILITÉ DES OUVRAGES, ELLE CONTRIBUE À LA PRÉVENTION DES RISQUES NATURELS ET À LA PROTECTION DE NOTRE ENVIRONNE- MENT, ET ELLE PROPOSE UNE LARGE PANOPLIE DE MÉTIERS ET DE DÉBOUCHÉS AUX ÉTUDIANTS QUI S’INTÉRESSENT À LA CONSTRUCTION EN LIEN AVEC LES SCIENCES DE LA TERRE. UNE DISCIPLINE QUI GAGNE DONC À ÊTRE CONNUE ! reconnue du grand public. D’autant que l’ignorer conduit souvent à des consé- quences désastreuses : le rappel à l’ordre n’est pas toujours aussi clément que celui illustré par la figure 3. Et pourtant, la géotechnique est par nature invisible, puisque les ouvrages auxquels elle s’intéresse sont souter- rains pour la plupart. Son caractère confidentiel est sans doute lié aussi à la complexité des aspects qu’elle recouvre et à la diversité des métiers qu’elle propose. En effet, la géotechnique est à la fois science de la terre et science de l’ingénieur : elle fait appel à l’observation, à l’expérimen- tation, aux calculs, au raisonnement inductif et déductif. LA GÉOTECHNIQUE, DISCIPLINE (TROP) CONFIDENTIELLE « On ne commande à la nature qu’en lui obéissant », disait Francis Bacon ( 1561 - 1626 ). Ce jugement souligne bien l’étroite relation qui existe entre tout être humain et la nature qui consti- tue son cadre de vie. La géotechnique étudie les terrains sous nos pieds, soit pour réaliser un ouvrage ou un aménagement de sur- face, soit pour exploiter des matériaux ou les eaux souterraines, soit encore pour prévenir les risques naturels ou contribuer à la préservation de l’en- vironnement : elle est donc omnipré- sente dans notre vie, et a tout pour être 1 © DR JUIN 2018 TRAVAUX N° 942 33 Or les domaines couverts par l’ingé- nierie géotechnique sont bien plus larges, tant par la nature des ouvrages concernés ( fondations, soutènements, terrassements, interaction sols-struc- tures, tunnels et ouvrages souter- rains, ... ), que par les types de missions auxquelles le géotechnicien doit être associé : prise en compte des risques naturels, impacts du projet sur l’envi- ronnement et les ouvrages avoisinants, gestion des risques, conception en interaction avec l’ingénierie des struc- tures, optimisation des aspects coûts / qualité / délais... Plus le géotechnicien intervient en amont des projets et plus il est mobilisé tout au long du projet, en interface avec les autres acteurs, et mieux il sera en mesure d’apporter sa contribution essentielle aux projets. De plus, l’ingénieur géotechnicien est appelé à prendre sa part de réflexion quant aux enjeux sociétaux : réutilisa- tion des ressources naturelles telles que les déblais de chantier, développement de matériaux / procédés nouveaux et innovants, impact du changement cli- matique en termes de risques naturels par exemple ( instabilités de terrains, effets de la sècheresse, inondations... ), énergies nouvelles telles que la géo- thermie, etc. Il y va donc de l’intérêt général de valoriser le rôle de l’ingénierie géo- technique dans la conception globale des ouvrages et ce bien au-delà de la conception des seules fondations. UNE ÉVOLUTION POSITIVE GRÂCE À LA NORME DÉFINISSANT LES MISSIONS D’INGÉNIERIE GÉOTECHNIQUE Heureusement, l’apport de la norme française sur les missions d’ingénierie géotechnique ( NF P94-500, dans sa version de novembre 2013 ) a permis un progrès certain dans ce domaine et de réels changements d’attitude des acteurs de la construction. Cette norme identifie clairement les missions d’ingénierie géotechnique nécessaires à la gestion du risque depuis la conception jusqu’à la réalisa- tion d’un projet ( missions G1 en phase préliminaire, G2 en phases avant-pro- jet et projet, G3 pour l’entreprise et G4 pour le maître d’ouvrage en phase travaux ), et insiste notamment sur le nécessaire enchaînement de ces mis- sions tout au long du projet. Une réunion organisée le 28 novembre 2017 par le CFMS, la FNTP, l’UMTM et Syntec-Ingénierie ( figure 1 ) a permis de rassembler environ 200 participants - maîtres d’ouvrages, maîtres d’œuvre, Il faut donc mobiliser toutes les éner- gies pour faire la promotion de l’ingé- nierie géotechnique. Il en est d’ailleurs de même plus largement pour l’en- semble de l’ingénierie, qui fournit des prestations intellectuelles pourtant indispensables à toute activité humaine. LA PLACE DE LA GÉO- TECHNIQUE DANS L’ACTE DE CONSTRUIRE LE CONSTAT Le constat est malheureusement par- tagé au sein de la profession géotech- nique : le rôle du géotechnicien, ou de l’ingénierie géotechnique, n’est pas tou- jours ( assez ) reconnu par les différents intervenants de l’acte de construire : maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, architectes, ingénieries en génie civil, entreprises, etc. La géotechnique est une composante fondamentale du génie civil et pour- tant elle a souvent été cantonnée à la réalisation de sondages de reconnais- sance et d’études de sols permettant d’établir un modèle géotechnique du site de construction. La conception des ouvrages géotechniques est parfois limitée à un avant-projet sommaire de fondations, les paramètres géotech- niques établis par le géotechnicien étant utilisés dans la suite du projet par des non-géotechniciens, parfois dans des conditions inappropriées. 1- Table-ronde lors de la demi- journée CFMS / FNTP-UMTM / SYNTEC INGENIERIE du 28 novembre 2017 : " REX sur la norme des missions géotechniques NF P94-500 ". 2- Action de communication " Parlons géo- technique ". 3- L’importance des investiga- tions géotech- niques. 1- Roundtable discussion du- ring the CFMS / FNTP-UMTM / SYNTEC INGENIE- RIE half-day of 28 November 2017: "Feedback on the geotechnical work standard NF P94-500". 2- "Let's talk geotechnics" communication campaign. 3- The impor- tance of geo- technical inves- tigations. L’IMPORTANCE DES INVESTIGATIONS GÉOTECHNIQUES 3 2 © ARCADIS © CFMS TRAVAUX N° 942 JUIN 2018 34 FON DATIONS SOLS & Ce groupe de travail réunit des repré- sentants du CFMS issus de bureaux d’études, d’ingénieries, d’entreprises, de contrôleurs techniques, de l’ensei- gnement et de la recherche, et de labo- ratoires, ainsi que des représentants de l’USG ( Union Syndicale Géotechnique ) et du Bureau Géotechnique de Syntec- Ingénierie. Le groupe de travail a identifié deux axes de réflexion principaux, d’ailleurs fortement liés : Comment ( re )valoriser la place de la géotechnique et le rôle du géotech- nicien dans l’acte de construire ? Comment attirer les jeunes vers le métier de géotechnicien ? Et il est très vite apparu que la com- munication sur les métiers de la géo- technique, tant vers le grand public, les étudiants, les enseignants que vers le monde professionnel, constituerait un enjeu majeur. …AUPRÈS DES PROFESSION- NELS DE LA CONSTRUCTION La première action mise en place consiste à compléter les constats précédents par un diagnostic plus exhaustif. Une enquête est ainsi en cours auprès de l’ensemble des acteurs de la construction en interface avec la géo- technique, pour mieux cerner la per- ception qu’ils ont de cette discipline. Nous invitons d’ailleurs tous les lecteurs de cet article à s’exprimer en répondant à cette enquête, ouverte jusqu’à fin juin 2018, et qui est disponible depuis le site Internet du CFMS ( voir encadré ). Par ailleurs, une réflexion s’est ouverte en parallèle sur les modalités d’exer- cice de la profession géotechnique au niveau européen : une étude com- parative montre que les situations et évolutions sont variables selon les pays. Par exemple, l’organisation de l’activité géotechnique dans le monde anglo- saxon, où les activités de sondages sont nettement séparées des presta- tions d’ingénierie géotechnique, est différente de celle que nous connais- sons en France. Une piste développée notamment dans les pays du nord de l’Europe consiste à renforcer les procédures de certification ou d’en- registrement des professionnels de la géotechnique, en lien avec l’enseigne- ment, l’expérience professionnelle et la formation continue ; contrairement au système français, dans lequel ce sont ingénieries géotechniques, entreprises, contrôleurs techniques et assureurs - pour partager différents retours d’expé- rience sur l’application de cette norme. Si le consensus est réel sur l’utilité de cette norme, on note encore des réserves sur la bonne application de celle-ci. On observe par exemple régu- lièrement des manquements dans l’en- chaînement de la totalité des missions, qui est pourtant nécessaire pour une bonne maîtrise du risque. En particu- lier, la phase AVP de la mission G2, généralement présente sur tous les dossiers, n’est pas toujours suivie de la phase PRO au moment du projet. C’est pourtant à ce stade que l’ingénierie géotechnique, après avoir défini les principes généraux de conception des ouvrages géotechniques en phase AVP, doit apporter ses compétences pour la conception finale et le dimensionne- ment des ouvrages en interaction avec le uploads/Geographie/ revue-travaux-juin-2018-parlons-geotechnique.pdf
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- Publié le Dec 10, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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