61 L’ENVIRONNEMENT EN NORD - PAS-DE-CALAIS En bref Les problèmes liés au sol so

61 L’ENVIRONNEMENT EN NORD - PAS-DE-CALAIS En bref Les problèmes liés au sol sont cruciaux en Nord - Pas-de- Calais. L’importante densité de population, d’activités et d’infrastructures a contribué à une forte artificialisation du territoire. Les activités industrielles et minières passées ont laissé des séquelles dans les sols et les paysages. La région compte de nombreuses friches ainsi que des sites et sols pollués. En 2002, le Nord - Pas-de-Calais rassemblait 14 % des sites pollués français connus et se plaçait au premier rang des régions françaises selon ce critère. Par ailleurs, le sol contribue aux performances de l’agri- culture régionale. Les sols de la région ont généralement de grandes qualités agronomiques mais, lorsqu’ils sont limoneux, ils sont particulièrement sensibles à l’érosion. Le sol et le sous-sol Le sol a des fonctions multiples : support des activités humaines, épuration, production, etc. C’est une res- source non renouvelable, importante pour les activités humaines, mais particulièrement vulnérable en raison de la concurrence entre ces différentes utilisations. Les per- formances de l’agriculture régionale résultent en grande partie des qualités agronomiques des sols de la région. Ceux-ci sont pourtant sensibles à l’érosion dans les zones limoneuses et présentent de faibles stocks de matière organique dans les zones de cultures intensives. Support des activités, les sols du Nord - Pas-de-Calais sont forte- ment anthropisés 1. La forte densité de population, d’ac- tivités et d’infrastructures a contribué à une montée de l’artificialisation du territoire ; l’industrialisation ancienne puis le déclin industriel sont à l’origine d’un grand nom- bre de sols et de friches pollués imbriqués dans les zones urbanisées. Le bassin minier a connu durant deux siècles d’importants aménagements liés à l’exploitation minière et aux activités qui lui étaient associées. Ces activités sont aujourd’hui à l’origine de la désorganisation du sous-sol et de traces dans le paysage et le sol. L’exploitation des ressources souterraines et l’utilisation du sol n’ayant pas toujours pris en compte les conséquences techniques et environnementales à long terme (qui d’ailleurs n’étaient pas toujours connues), la région doit aujourd’hui gérer les problèmes de l’après-mine et du déclin industriel. C’est pour cet ensemble de raisons que le sol est une question cruciale en Nord - Pas-de-Calais. Les caractéristiques des sols Le sol est le résultat de l’altération (pédogenèse) de la roche initiale, de l’action des climats, des activités bio- logiques et humaines. Il intervient dans les cycles natu- rels (cycle de l’eau, etc.) mais aussi dans les processus économiques (production agricole, etc.). De ces qualités dépendent différentes fonctions : l’utilisation du stock d’eau et d’éléments nutritifs, ses capacités d’épuration et de rétention, la protection de la ressource en eau, les richesses faunistiques et floristiques, etc. Les grands types de sols La plaine maritime des Wateringues 2 et les Bas Champs Picards se caractérisent par la présence de sols formés sur des dépôts de sédiments marins récents. Ces formations sont souvent sableuses mais aussi limoneuses, argileuses, tourbeuses ou calcaires (tuf). Ces sols peuvent être hydromorphes dans les parties basses des plaines littorales. La plaine maritime des Wateringues a une alti- tude moyenne d’un mètre, celle des Bas Champs Picards d’environ quatre mètres. La nappe d’eau, proche de la Le schéma pédologique Source : Inra, 1998. Rendosols, calcosols, calcarisols et calsisols Sols des roches calcaires Brunisols dystriques, alocrisols Sols d'altérations peu différenciés Calcisols, calcosols, brunisols saturés, pélosols Sols des matériaux argileux Luvisols typiques, néoluvisols Sols de formations limoneuses Podzosols Régosols Sols des matériaux sableux Fuviosols, rankosols Non sol Données manquantes Autres sols 1 - Se dit d’un paysage ou d’un sol dont la formation résulte de l’intervention humaine. 2 - Un ancien golfe comblé par les dépôts marins récents. LE SOL ET LE SOUS-SOL 62 L’ENVIRONNEMENT EN NORD - PAS-DE-CALAIS Le stock des sols en matière organique Source : Inra (D. Arrouays), 2001. De 70 à 80 De 80 à 90 De 40 à 50 Moins de 40 De 60 à 70 De 50 à 60 Plus de 90 Données manquantes Tonnes de carbone par hectare surface, doit alors être maintenue en profondeur par un système de wateringues 3. Mis à part les plaines mariti- mes, les sols se sont formés sur une couverture limoneuse pléistocène continue ne laissant apparaître que de rares affleurements de matériaux ante quaternaires. Le déve- loppement des sols est influencé fortement par l’épais- seur de la couverture, sa nature plus ou moins argileuse, limoneuse ou sableuse et son drainage. Les basses plaines (plaine de la Lys, plaine de la Scarpe) sont fréquemment recouvertes de matériaux complexes (sables, limons sableux, limons, argiles, tourbes) généralement hydro- morphes. Les affleurements crayeux du haut Boulonnais et de l’Artois se caractérisent souvent par des sols calcai- res ayant une forte stabilité structurale et se ressuyant rapidement. Dans l’Artois (Cambrésis, pays de Montreuil, haut Artois, Ternois), la nature des sols varie suivant la position topographique : limons décalcifiés sur les pla- teaux et formations caillouteuses d’argile à silex sur les pentes. Ils ont une stabilité structurale limitée et sont particulièrement sensibles à la battance [voir définition en fin de chapitre]. D’autres petites régions (Boulonnais, Flandre intérieure, Thiérache, région de Lille pour partie) présentent sous le recouvrement limoneux un substrat plus ou moins argileux avec un risque d’engorgement des sols s’ajoutant au risque de battance superficielle. Moins de matière organique dans les zones de cultures intensives Les stocks de carbone organique des sols de la région Nord - Pas-de-Calais sont évalués en moyenne à 48,5 tonnes/ha. Ils présentent une forte variabilité qui est principalement liée à l’occupation du sol et aux pratiques agricoles. Les stocks les plus faibles sont essen- tiellement localisés dans les zones de cultures intensives sur des sols limoneux instables (Flandre intérieure, plaine de la Lys, sud de l’Artois). Ils sont inférieurs à la moyenne nationale des stocks observés sous culture (qui est de 43 t/ha). Ceci est probablement dû aux effets conjugués de l’existence de cultures très intensives à faibles resti- tutions organiques (légumes, pomme de terre) et à une faible stabilisation de la matière organique dans ces sols peu argileux. Des stocks plus importants sont observés dans les zones où persistent des prairies permanentes et de l’élevage bovin (Boulonnais, Thiérache). Les stocks les plus élevés correspondent aux zones où les forêts sont prédominantes (par exemple dans quelques secteurs des Champs Picards, de la plaine de la Scarpe, du Hainaut et de la Thiérache) et dans les zones les plus froides et les plus humides (forêts et landes tourbeuses du plateau Ardennais). L’érosion Le sol est une ressource naturelle non renouvelable à l’échelle de temps historique. L’une des causes majeures de sa dégradation est l’érosion dont la prise en compte est essentielle car elle revêt un caractère d’irréversibilité. L’érosion provoque des dégâts aux terres agricoles mais a aussi des conséquences au-delà du sol lui-même : elle entraîne une dégradation de la qualité des eaux et le déplacement de sédiments qu’il faut ensuite gérer. Elle est aussi souvent à l’origine de coulées de boues qui peuvent entraîner des dégâts importants faisant l’objet de demandes d’indemnisation des particuliers ou des col- lectivités, au titre des catastrophes naturelles. L’érosion a d’importantes conséquences humaines, matérielles et environnementales : coulées de boues (pouvant présen- ter des risques pour la population), pertes de terres (avec notamment la disparition des horizons fertiles), turbi- dité 4 et pollution des cours d’eau, difficultés culturales, colmatage des réseaux d’assainissements, etc. 3 - Canal servant à la lutte contre les intrusions salées. 4 - État d’un liquide trouble. LE SOL ET LE SOUS-SOL 63 L’ENVIRONNEMENT EN NORD - PAS-DE-CALAIS Une région fortement touchée par l’érosion La région est en grande partie couverte de sols limo- neux de grande valeur agronomique ayant une bonne capacité de rétention en eau et en éléments chimiques. Ces sols sont très propices à l’érosion en raison de leur battance, notamment quand ils ne sont pas protégés par un couvert végétal suffisant en automne, en hiver et lors des semis de printemps au moment où les précipitations sont importantes. En effet, sur les terrains nus ou peu couverts, imperméabilisés par une croûte de battance, une pluie faible déclenche un ruissellement, y compris sur des pentes faibles (inférieures à 1 %). Enfin, la dimi- nution du taux de matière organique et du calcium, ainsi que le travail excessif du sol peuvent aussi accentuer l’érosion en raison de l’instabilité accrue de l’horizon supérieur du sol. La région Nord - Pas-de-Calais fait partie des régions de France les plus concernées par l’aléa érosion en tou- tes saisons. L’érosion est une menace parce que les sols sont laissés nus pendant une longue période et que les précipitations sont importantes. Le ravinement est plus fort là où les pentes sont plus prononcées comme dans les collines de l’Artois, le pays de Montreuil (vallées de la Canche et de l’Authie). Dans le Nord, autour de Lille, les sols sont peu sensibles à l’érosion (seules quelques cou- lées boueuses ont été déclarées) mais, comme la zone est urbanisée, les conséquences peuvent être importantes. À l’est de la région, le bocage a protégé jusqu’ici les sols de la Thiérache. uploads/Geographie/ sol-sous-sol.pdf

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