Soldats de France Magazine d’histoire militaire de l’armée de Terre LA GUERRE D

Soldats de France Magazine d’histoire militaire de l’armée de Terre LA GUERRE D'INDOCHINE N°6 - MARS 2018 2 SOMMAIRE Directeur de la publication : général de brigade Dominique CAMBOURNAC Rédacteur en chef : lieutenant-colonel Rémy PORTE Rédacteur en chef adjoint : lieutenant (R) Rémi MAZAURIC Comité de rédaction : colonel Thierry NOULENS lieutenant-colonel Vincent ARBARETIER, lieutenant-colonel Jean BOURCART, lieutenant-colonel Frédéric JORDAN, commandant Rémi SCARPA, commandant Julien MONANGE Adresse mail : emat-histoire.referent.fct@intradef.gouv.fr En couverture : opération "Typhon" avec le 19e BVN (Bataillon Viêtnamien) au nord-ouest de Sadec, juillet 1951, Cochinchine. ©Raoul Coutard/ECPAD Réalisation : SIRPA Terre/CPIT 5 Cesson-Sévigné Témoignage : le 15e RTS en Indochine - 1950. ..........................................................3 Bataille : Bac Kan 1947................................................................................................4-6 Opération : la campagne en pays thaï - Indochine 1952..................................7-9 Equipement : le soldat du CEFEO et la tenue TTA modèle 1947. ......................10 Portrait : Aldo Ravaioli, un pirate en Indochine.......................................................11 Unité : les antennes chirurgicales parachutistes à Dien Bien Phu. ...........12-14 Symbolique : décorations des États d'Indochine............................................15-16 Culture : La 317e section, une empreinte mémorielle. .....................................17-18 Cas concret : l’attaque du 16 avril 1917 à Berry-au-Bac et ses enseignements. .............................................................................................19-20 Tradition : le "petit déjeuner colo". ..............................................................................21 Chronique BD : Mathurin Soldat, Un crayon dans le canon. ........................22-23 Lieu : la citadelle de Lille...............................................................................................24 Quiz : Connaissez-vous nos OPEX ? « Sangaris » et « Épidote »......................25 En partenariat avec l'ECPAD 3 Insigne du 15e régiment de tirailleurs sénégalais (collection particulière). Témoignage Le 15e RTS en Indochine - 1950 Un LCM de la Division Navale d'Assaut 8 lors d'une patrouille sur le Bassac dans le secteur de Can Tho. août 1952, Indochine, Guy Defives, SCA – ECPAD « Le 8 septembre 1950, le lieutenant Bernard continua ses opérations de reconnaissance et d'embuscade avec le maximum de ses effectifs. Le soir, à la tombée de la nuit, il se replia sur le village de N'Gatu Nadaï, me laissant avec ma section et une pièce de mortier de 60 mm en embuscade à deux kilomètres de ce village. Je passais la nuit, bien camouflé, avec l'espoir de me payer une patrouille Viêt- Minh, mais rien n'arriva. Le 9, au lever du jour, à 5 heures 45, j'envoyais le groupe du sergent Fabou Camara en sonnette dans une cocoteraie située à 300 mètres sur ma gauche. Elle ne m'inspirait pas confiance. Effectivement, à 6 heures, une patrouille viêt composée de six personnes tomba sur le groupe. Le sergent Fabou les laissa approcher. Sans crier gare, il n'hésita pas à ouvrir le feu, mettant les Viets au tapis, et capturant deux prisonniers dont un blessé. Les deux autres réussirent à prendre la fuite. Alertés par les tirs, le lieutenant Bernard se transporta rapidement avec quelques hommes pour couvrir mes flancs, mais n'intervint pas, attendant une réaction de l'ennemi. Je le rassurais par radio. Un LCM1 et deux vedettes LCVP2 vinrent jusqu'à ma hauteur. Je leur passais les deux prisonniers, deux jeunes, bien habillés, en tunique et pantalon noirs. Je poussais en avant pour fouiller la cocoteraie qui s'étendait sur deux kilomètres, avec prudence, en évitant de tomber dans une embuscade. Sur ma gauche, les commandos de Vinh Long accrochèrent durement un Viet. La brigade de Maï Phop (lieutenant Antoine) fonça pour renforcer l'action des commandos qui eurent quand même un tué et trois blessés. Le lieutenant Bernard me demanda de marquer un temps d'arrêt et d'appuyer les deux sections par des tirs de mortier. Entre temps, deux avions intervinrent et l'ennemi fut délogé. » Lamizana Sangoulé, Sous les drapeaux. Mémoires Capitaine au 15e régiment de tirailleurs sénégalais 1 Landing Craft Mechanized. 2 Landing Craft Vehicle & Personnel. 4 Bataille La campagne en pays thaï - Indochine 1952 Commandant Ivan CADEAU 308 : n° des divisions viêt-minh Insigne du 6e BPC, collection particulière. Des parachutistes du 6e BPC blessés après leur parachutage attendent l'évacuation du poste de Tu Lé, octobre 1952, Indochine, SPI, ECPAD. À partir de l'automne 1952, le centre de gravité des opérations en Indochine se déplace définitivement en pays thaï, un territoire d'environ 50 000 km² situé au nord-ouest du delta du fleuve Rouge et peuplé d'environ 135 000 Thaïs, traditionnellement favorables à la France. Pour l'Armée populaire vietnamienne (APV), le bras armé du Viêt-Minh, la conquête du pays thaï répondrait à plusieurs avantages. Outre l'intérêt de s'emparer d'une importante superficie où les populations locales sont fidèles à la France, l'offensive attirerait les réserves du corps expéditionnaire sur un terrain favorable aux combattants de l'APV. La dispersion des forces provoquée par la réaction du commandement français, que le Viêt-Minh estime avec justesse inévitable, aurait par ailleurs pour conséquence un affaiblissement du potentiel militaire dans le delta, qui faciliterait d'autant la poursuite de son « pourrissement ». Du point de vue politique, l'élimination de toute présence française dans le nord-ouest du Vietnam porterait un coup sévère au prestige de la France en même temps qu'elle permettrait au Viêt-Minh d'atteindre le Laos. La mise en route du corps de bataille viêt-minh commence à la mi-septembre 1952 et, le 7 octobre, le fleuve Rouge est franchi. Les services de renseignements français ont du mal à évaluer l'ampleur de l'offensive, notamment en raison du changement du code du ravitaillement opéré par l'APV au mois de juin précédent. Sept régiments d'infanterie appartenant aux divisions 308, 312 et 316 constituent le fer de lance de l'offensive. Mouvements des unités viêt-minh en pays thaï. 5 Bataille Position d’artillerie à Na San et popote pour soldats vietnamiens, Indochine, SPI, ECPAD. À Na San, pansement d’un blessé avant son évacuation à l’antenne chirurgicale, 1er décembre 1952, Indochine, Jean Péraud, ECPAD. Leur premier objectif est le centre de résistance de Nghia Lo, pivot de la défense française en pays thaï, devant lequel l'APV a échoué l'année précédente. Le rapport des forces est tel que les avant-postes défendant l'accès à Nghia Lo tombent dès le 14 octobre. Sentant la menace se préciser sur le centre de résistance, le général de Linarès, commandant les Forces terrestres du Nord- Vietnam (FTNV) ordonne, le 16, le largage du 6e bataillon de parachutistes colonial à Tu Le, une décision que le général Salan, commandant en chef, annule trop tard. En effet celui-ci a progressivement pris la mesure de l'offensive qui est en train d'emporter tout le dispositif français au nord de la rivière Noire. Sa connaissance du Viêt-Minh le conduit à la conclusion que l'intervention d'un bataillon de parachutistes dans ces conditions ne saurait être la solution, pis même, celui- ci risquerait d'être anéanti. De toute façon le 6e bataillon de parachutistes coloniaux (BPC) n'a pas le temps d'intervenir : Nghia Lo tombe à l'aube du 18 octobre. La réaction du général Salan est immédiate : il ordonne aux postes implantés sur la rive droite de la rivière Noire et au 6e BPC de rejoindre Na San dans les délais les plus brefs, ce qui est chose faite le 23 octobre après une retraite très difficile où le 6e BPC et son chef, le chef de bataillon Bigeard, entrent dans la légende. Le général Salan, identifiant le danger, a en effet décidé, plutôt que d'assister à la destruction les unes après les autres des garnisons françaises, leur regroupement dans la plaine de Na San qui, une fois organisé défensivement en camp retranché, doit devenir un brise-lames sur lequel doivent s'échouer les assauts de l'adversaire. Le 20 octobre 1952 est ainsi mis sur pied le groupement opérationnel de la moyenne rivière Noire (GOMRN) qui doit prendre à son compte les combats en pays thaï ; le commandement en est confié au général Gilles, adjoint du général de Linarès. 6 Bataille Lors de l’évacuation de Na San, les troupes attendent le départ, date inconnue, Indochine, Raymond Cauchetier, ECPAD. Le caporal-chef Auguste Apel, légionnaire, installé sur un point d’appui à Na San, 13 décembre 1952, Indochine, SPI, ECPAD. Afin d'obtenir le temps nécessaire à la mise en défense des hauteurs qui entourent Na San et protègent sa piste d'aviation, Salan conçoit à la fin du mois d'octobre, une manoeuvre retardatrice dont le but est d'amener le général Giap à détourner du pays thaï une partie de ses forces en menaçant les voies de ravitaillement de ses unités, et en détruisant leurs dépôts. À cette date, le 2e bureau des FTNV a identifié la présence aux alentours de Phu Doan, à une centaine de kilomètres « seulement » des derniers blockhaus de la ligne de Lattre, un important stock de matériels, d'armements et de munitions chargé d'alimenter l'offensive viêt-minh en pays thaï. Porter un coup dans ce secteur essentiel pour la campagne du nord-ouest obligerait l'adversaire à réagir : c'est l'opération « Lorraine », l'une des plus importantes en termes d'effectifs de toute la guerre d'Indochine pour les Français puisqu'elle mobilise près de 30 000 hommes dont quatre groupes mobiles (GM 1, 3, 4 et 5), un groupement parachutiste de 2 350 hommes et deux sous-groupements blindés. Déclenchée du 3 au 24 novembre 1952, « Lorraine » est un demi-succès par ses résultats et les pertes subies (notamment par le GM 4 dans le défilé de Chan Mong, uploads/Geographie/ soldats-de-france-n06.pdf

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