DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIE Faculté des lettres et sciences humaines Université

DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIE Faculté des lettres et sciences humaines Université de Sherbrooke SPINOZA ET LE PROBLÈME DE LA GÉNÉROSITÉ Par RENAUD SANTERRE-CRÊTE Sous la direction de SYLIANE CHARLES SHERBROOKE Janvier 2011 1- ASFCO Library and Archives Canada Published Héritage Branch Bibliothèque et Archives Canada Direction du Patrimoine de l'édition 395 Wellington Street Ottawa ON K1A0N4 Canada 395, rue Wellington Ottawa ON K1A 0N4 Canada Your file Votre référence ISBN: 978-0-494-88903-9 Our file Notre référence ISBN: 978-0-494-88903-9 NOTICE: The author has granted a non- exclusive license allowing Library and Archives Canada to reproduce, publish, archive, preserve, conserve, communicate to the public by télécommunication or on the Internet, loan, distrbute and sell theses worldwide, for commercial or non- commercial purposes, in microform, paper, electronic and/or any other formats. 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Canada Composition du jury Spinoza et le problème de la générosité Renaud Santerre Ce mémoire a été évalué par un jury composé des personnes suivantes : Syliane Charles, directrice de recherche (Département de philosophie, Faculté des sciences-humaines) Laurent Giroux, membre du jury (Département de philosophie, Faculté des sciences-humaines, Université de Sherbrooke) Sébastien Charles, membre du jury (Département de philosophie, Faculté des sciences-humaines, Université de Sherbrooke) Résumé En traitant de la recherche personnelle de l'utile propre des individus, Spinoza semble s'inscrire dans une tradition philosophique égoïste, où l'intérêt pour soi empêche d'avoir un véritable souci pour l'autre. Pourtant, cette lecture de Spinoza entre en contradiction avec l'idée de générosité, generosiîas, telle que décrite au scolie de la proposition 59 de la troisième partie de l'Éthique. « Par générosité, j'entends un Désir par lequel un individu s'efforce en vertu du seul commandement de la raison à assister les autres hommes et à établir entre eux et lui un lien d'amitié. Je rapporte donc à la fermeté ces actions qui ont pour but l'utilité de l'agent seulement, et à la générosité celles qui ont aussi pour but l'utilité d'autrui. » Cette définition nous apprend que le sage désire ce qui est utile pour l'autre. Cela pose de nombreuses questions : comment le conatus apparemment égoïste produit-il le désir qui vise l'utilité d'autrui? Comment le désir individuel d'exister peut-il mécaniquement produire le désir d'aider les autres? Comment la générosité peut-elle venir de la Raison sans pour autant être le fruit d'un calcul égoïste? Quelle forme prendra la générosité spinoziste? Dans ce mémoire, nous avons fait une recherche systématique des occurrences du terme «générosité», recherché les sources de cet affect actif dans l'anthropologie spinoziste en l'opposant à la conception hobbesienne et expliqué comment l'homme généreux interagit avec son environnement. Mots-clés Spinoza, Hobbes, générosité, intérêt, égoïsme, altruisme, sage, amour de soi. Remerciements Merci à ceux et celles qui m'ont encadré durant ce projet, particulièrement Syliane Charles et Fillipo Mignini. Merci à ma famille, dont l'amour et le soutien n'ont jamais tari. Un merci spécial à ceux qui m'ont fait vivre, par le partage de leurs connaissances, de leurs grandes joies et de la douceur de leur quotidien, une aventure inoubliable tout au long de la rédaction de mon mémoire. Grazie mille, amici miei. SPINOZA ET LE PROBLÈME DE LA GÉNÉROSITÉ 6 INTRODUCTION 6 PREMIER CHAPITRE : ENQUÊTE DANS LE CORPUS SPINOZISTE 11 DÉFINITIONS ET OCCURRENCES DE LA GÉNÉROSITÉ 11 -L'ÉTHIQUE, TROISIÈME PARTIE 11 -QUATRIÈME PARTIE 17 -QUATRIÈME PARTIE- PIETAS 21 -CINQUIÈME PARTIE 30 -LE COURT TRAITÉ 34 -LA LETTRE XIX 37 -TRAITÉ DE L'AUTORITÉ POLITIQUE 39 CONCLUSION PARTIELLE 40 DEUXIÈME CHAPITRE : DISTINCTION ENTRE L'AMOUR PROPRE HOBBESIEN ET J S AMOUR DE SOI SPINOSISTE 42 AMOUR DE SOI ET DE L'AMOUR PROPRE 42 HOBBES : SÉPARATION ENTRE MOUVEMENT VITAL ET MOUVEMENT ANIMAL 46 LA CONCEPTION SPINOZISTE : UNITÉ DU CONA TUS 51 PROJECTION ET SOCIABILISATION 56 PAR RAPPORT À L'ABSOLUTISME 60 TROISIÈME CHAPITRE : L'HOMME SAGE. ENTRE TYPES DE BIENS ET TYPES D'HOMMES 64 LES BIENS RIVAUX ET NON RIVAUX 64 L'HOMME GÉNÉREUX ET LES ANIMAUX 70 L'HOMME GÉNÉREUX ET LES HOMMES 72 LES HOMMES PASSIONNELS 78 LES SAGES ENTRE EUX 87 SAGES ET BIENS 94 LES BIENS RIVAUX 94 LES BIENS NON RIVAUX 97 CONCLUSION 102 BIBLIOGRAPHIE 107 Spinoza et le problème de la générosité Introduction • Pour la Joie née du bien d'autrui, je ne sais de quel nom il faut l'appeler. Éthique III, XXII, scolie. Selon plusieurs philosophes et psychologues, puisque l'homme cherche ce qui lui est utile, l'intérêt que l'on porte aux autres est égoïste et utilitaire. Mentionnons Biaise Pascal, pour qui les hommes agissent par orgueil et égoïsme. Selon ce philosophe, faisant écho à son confrère La Rochefoucauld, l'orgueil et l'intérêt envers soi créent chez l'individu l'illusion hypocrite qu'il voudrait être traité comme une personne désintéressée.1 Dans ce contexte, l'être humain n'est pas capable d'altruisme. Bref, pour lui, l'être humain agit toujours par intérêt personnel, il peut seulement en être conscient ou non. Chercher les fondements de la générosité revient à se tromper ou à la faire disparaître. Nous pouvons aussi mentionner Thomas Hobbes, pour qui l'homme est un loup pour l'homme, pour qui rien n'a d'importance plus grande que sa propre survie et pour qui seul un contrat assurant la survie de chacun permet d'unir temporairement les hommes. Hobbes a fait l'étude de l'entraide entre hommes et en tire comme conclusion un intérêt exclusif pour la survie de chacun. Pour ce penseur, c'est la peur qui motive les hommes à la sociabilité et non pas le désir de l'un de voir l'autre plus heureux. Cela soulève une question : dans le cadre d'une psychologie où chacun recherche ce qui lui est utile, peut-on comprendre la motivation des actes généreux comme un intérêt direct pour l'autre? 1 « L'homme n'est donc que déguisement, que mensonge et hypocrisie, et en soi-même et à l'égard des autres. » PASCAL, Pensées, partie I, article V, 8, Paris, éd. Brunschvicg, Garnier-Flammarion, 1976. 6 À en croire ces auteurs, plus nous comprenons les rouages de la psyché humaine, plus l'altruisme et la générosité se révèlent une duperie. La connaissance serait-elle l'ennemi du concept de générosité? Le point de vue de ces deux penseurs amène deux lourdes conséquences. D'un côté, il faut remettre en question une partie du discours éthique. En effet, tout discours sur la vertu reposant sur l'intérêt direct pour autrui serait considéré comme nul et non avenu. Par ailleurs, la position de Pascal suppose l'ignorance de la cause de nos actions.2 Croire que le moi est par nature trompeur, c'est prendre le parti de l'inscrutabilité de nos motifs.3 Pour ces auteurs, par conséquent, soit la générosité est un leurre, soit elle est inexplicable. Le système de Spinoza est porteur d'une tension qui fait écho à ce questionnement : Premièrement, il explique les actions par un modèle déterministe de la psyché. C'est le but de la troisième partie de Y Éthique où il considère « les actions et les appétits humains comme s'il était question de lignes, de surfaces et de solides. »4 Selon Spinoza, nous pouvons comprendre la mécanique de nos affects, qu'il soit question des émotions irrationnelles (les affects passionnels) ou des émotions rationnelles (les affects actifs). Deuxièmement, l'homme agit selon un désir tourné vers sa conservation, le conatus. Il l'exprime en ces termes : L'Âme en tant qu'elle a des idées claires et distinctes, et aussi en tant qu'elle a des idées confuses, s'efforce de persévérer dans son être pour une durée indéfinie et a conscience de son effort.5 2 Comme l'affirme la fameuse maxime de Pascal, « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ». Pensées, partie II, article XVII, Paris, éd. Brunschvicg, Gamier-Flammarion, 1976. 3 À la manière de La Rochefoucauld ou de Kant. 4 ÉIII, introduction. 5 £111, IX. 7 En se basant sur ces seules informations, il semble que Spinoza repousse l'idée d'inscrutabilité des motifs de nos actions, mais qu'il accorde aux détracteurs de l'idée de générosité l'idée que l'individu reste toujours centré sur soi. Voici la lecture que fait Frédéric Lordon : Les luttes pour uploads/Geographie/ spinoza-et-le-probleme-de-la-generosite-r-santerre.pdf

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