Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Sur mer : impressions

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Sur mer : impressions et souvenirs / Virginie Hériot ; préface du docteur J.-B. Charcot Hériot, Virginie (1890-1932). Auteur du texte. Sur mer : impressions et souvenirs / Virginie Hériot ; préface du docteur J.- B. Charcot. 1933. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. 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Pour être plus près de vous, nous nous ren- dons plus semblables à vous lorsque vous venez nous voir, ,mais alors nous sommes moins nous- mêmes. Nous embellissons nos bateaux pour que vous gardiez d'eux un souvenir moins austère. Pour adoucir leur sévérité, des Heurs pour vous sont épanouies. Nous mettons aussi sous vos yeux des couleurs vivantes qui ondulent au vent, pavillons d'étamine, qui sont pour nous h la mer toujours graves, sou- vent essentiels, et parfois tragiques. Nous vous masquons la dureté de notre vie, la lenteur de nos heures, l'angoisse etla décevance du grand large où, privés de toute affection, nous vivons une vie intermédiaire magnifique, où lé doule rôde- rait et l'amertume nous monterait au front si nous n'avions bénévolement déjà donné notre vie à notre métier. SUR MER 18 Certainsjours nous avons tout ! La rade est ensoleillée et bleue. Notre bateau est superbe ! Tout est à sa place, pavillons et fleurs. Nous allons revoir ceux que nous aimons, heu- reux, rajeunis sous un sourire de détente et de douceur. La solitude fait placé à la joie. 11 y a des jours où nous avons tout ! Il fait beau et nous avons à notre bord ceux que nous aimons, instants divins qui nous font louvoyer en plein ciel. Il y a des jours où nous n'avons rien ! El cela est l'ordinaire de notre vie. Dans ces heures do méditation, nous sommes vraiment nous-mêmes ! Vous ne nous voyez pas et vous ne nous avez jamais vus comme noussommes. Cela est angoissant d'y songer. Nous nous sommes employés à vous camoufler l'austérité de nos bâtiments. N'avons-nous pas aussi par pudeur dissimulé nos coeurs et nos âmes trop farouches? 16 SUR MER Lorsque vous songez à nous à la mer, vous pensez à un être qui nous ressemble seule- ment. Vous voyez Ailée resplendissante avec ses fleurs... Vous me voyez en robe blanche, souriante près de la coupée; tout est simple, cordial, facile, et cela doit être aussi. Vous ne voyez pas Ailéeà la mer, sousses voiles de cape noyées d'embruns, faisant son sous-marin, avec son pont glissant. Un marin de plus allant sur l'arrière tout balayé par les lames, qui traîne ses bottes, c'est moi ! Mon être est tendu et volontaire. Le sel colle mes cils tout blancs et des mèches de cheveux plaquent sur mes tempes. La responsabilité, la fatigue sont mes compagnes dans ma profonde solitude. Ailée en tenue de mer, elle aussi, a bien changé. Sombre et rude, elle va accomplissant sa route et endure ce qu'on lui demande. Par moments elle se plaint comme un coeur trop chargé, puis, docile et souple, elle va, s'effondrant dans les hauteslames, pour en ressortir etjouer avec les autres, plus comme une mouette que comme un voilier. Ailée possède une âme. ' AILEE I" ex -METEOR IV M Goélette de course ayant appartenu au Kaiser achetée par M" HÉRIOT, à Rotterdam, en 1923 MEDITATIONS DU LARGE Ce que je reproche à la profonde solitude, c'est de nous faire vivre trop intensément avec nous-mêmes. Après nos occupations, nos responsabilités et notre travail, c'est toujours nous-mêmes que nous retrou- vons le soir... A la mer on pense différemment qu'à terre. Sur l'Océan sans bornes tout est infini. Les pensées etles sentiments sont larges. Rien ne vient les faire choir ! Ils sont emportés vers la voûte des cieux. Rien ne heurte la pensée qui s'amplifie à loisir pendant les heures de veille. La sérénité est posée au-dessus de l'Univers qui palpite, maussade et indifférent. Ceux qui n'ont rien ne pensent qu'à chercher leur nourriture pour le lendemain. Ceux qui possèdent un peu ne s'occupent qu'àpos- séder davantage. 18 SUR MER Ceux qui ont tout ne pensent plus qu'à eux- mêmes. Un endroit où l'on travaille et un endroit où l'on s'amuse me font peuser à la différence qui existe entre une église et un bouge. Plus j'avance dans la vie et plus je m'aperçois qu'elle est divinement belle; mais je constate la lai- deur de ceux qui la vivent. Certains gaspillent, avee la même joie, ce que d'autres, en se privant, ont eu du bonheur à amasser. Je vois l'ivresse des méchants à faire le mal et aussi la joie douce de ceux qui aiment à alléger le sort de ceux qui souffrent. Je trouve majoie à être chaque jour meilleure et, dans les sacrifices quotidiens et la discipline, laséré- nité me comble en me faisantvoir l'infini de l'oeuvre de bonté. La mer m'a appelée, puis elle m'a gardée. C'est en ne revenant plus que je me suis trouvée. L'angélus tinte et s'éparpille dans les champs, pour les vivants. Le canon, c'est l'angélus pour les Morts qui s'égrène sur Terre et sur Mer. SUR MER 19 Recevoir, c'çst peu. Donner, c'est tout. Une journée vide, inutile, laisse sa trace de tris- tesse en mon être. Un acte de bonté, un acte de cou- rage accompli à terreou à la mer ensoleille un jour. Lorsqu'un être antipathique s'approche de moi et me pose des questions, je me referme comme un coquelicot touché par l'ombre, Certains êtres, dans un regard et par Ja façon de vous poser une question, tireront le maximum de votre pensée, Certains vous rendent inférieurs, d'autres vous rendent méchants, d'autres encore, indifférents ou ennuyeux. Seuls les êtres d'élite parlent à votre coeur, et c'est votre âme qui leur répond. Chaque jour m'élèvera dans le dépassement de moi-même, car je ne serai jamais satisfaite de mon effort, tendu cependant comme un arc \ Quelle erreur de penser que c'est par la force et la puissance que l'on peut dominer les êtres ! 20 SUR MER Le seul moyen que nous ayons pour commu- niquer avec un être uploads/Geographie/ sur-mer-impressions-et-heriot-virginie-bpt6k5516674q.pdf

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