PRODUCTIVITÉ MORPHOLOGIQUE : DÉFINITIONS ET NOTIONS CONNEXES Author(s): Georget

PRODUCTIVITÉ MORPHOLOGIQUE : DÉFINITIONS ET NOTIONS CONNEXES Author(s): Georgette Dal Source: Langue Française , DÉCEMBRE 2003, No. 140, La productivité morphologique en questions et en expérimentations (DÉCEMBRE 2003), pp. 3-23 Published by: Armand Colin Stable URL: https://www.jstor.org/stable/41559102 JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Langue Française This content downloaded from 193.194.76.5 on Fri, 26 Mar 2021 22:10:09 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Georgette Dal UMR 8528 « SILEX » (Un. Lille 3 & CNRS) et GDR 2220 dal@univ-lille3.fr PRODUCTIVITY MORPHOLOGIQUE : DEFINITIONS ET NOTIONS CONNEXES1 Introduction et presentation du numero Le nom productivity est Tun de ces termes linguistiques dont l'emploi est mine. Bien qu'il appartienne a de ce que j'appellerai le bagage linguistique partage, et peut-etre justement a cause de cela, on ne prend pas toujours le soin de le definir, oubliant que c'est un terme de metalangage, y compris la ou on s'attendrait a ce qu'il le soit (par exemple, Arrive & al. (1986) l'utilisent dans l'article suffixes, mais ne lui consacrent pas d'entree specifique ; de meme, il ne regoit aucune definition dans la presentation de Dugas & Molinier eds (1992), pourtant intitule La productivity lexicale). Et, quand il est defini, il ne Test pas toujours de la meme fagon, a tel point que, selon la definition qu'il regoit, on peut considerer le phenomene qu'il recouvre comme tout a fait central ou tout a fait marginal, et ce, dans le seul champ de la morphologie constructionnelle2. La notion de productivity est pourtant ancienne : d'apres Kastovsky (1986), Jespersen (1942) est le premier a y avoir recouru, pour ce qui est de l'anglais, tandis que Schultink (1992 : 188) va plus loin en soutenant qu'elle est deja en filigrane chez les grammairiens du sanskrit3. Mais elle est peu exploree, en France du moins. Alors qu'elle vient de se voir consacrer coup sur coup deux ouvrages entiers hors de France et qu'elle fait l'objet de nombreux travaux aux Pays-Bas depuis une bonne dizaine d'annees, la question de la productivity inspire peu les chercheurs fran^ais, que ce soit d'un point de vue theorique - la seule amorce de reflexion theorique menee en France est a ma connaissance due a D. Corbin ( cf . Corbin D. 1976 et 1987) et a P. Corbin ( cf . Corbin P. 1982) -, ou d'un point de vue experimental. 1. Je remercie vivement Tensemble des auteurs du present numero qui, grace aux discussions et aux echanges que nous avons eus pendant plus de deux ans, ont largement contribue a la redac- tion de cet article. Un grand merci egalement a Pierre Corbin et aux relecteurs de Langue Fran- qaise, avec une mention speciale pour Anne-Marie Berthonneau, pour leur lecture attentive. II est inutile de preciser que les erreurs ou incoherences residuelles sont entierement de mon fait. 2. Suivant D. Corbin, la morphologie constructionnelle englobe toutes les operations morphologi- ques construisant des unites lexicales : derivation, composition, conversion. 3. Le terme, lui, est du a F. Diez, dans son ouvrage de 1838. 3 This content downloaded from 193.194.76.5 on Fri, 26 Mar 2021 22:10:09 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms L'objectif du present numero4 est precisement de tenter de combler en partie ces lacunes : - Le present article propose un etat de Y art sur la question : apres une recension commentee des definitions que la notion de productivity a revues (§ 1.), il discu- tera des principales mesures qui ont ete proposees (§ 2.), en s'attardant tout particulierement sur les propositions de H. Baayen, qui, a ce jour, demeurent les plus usitees. - Les articles suivants sont moins generalistes. L'article de F. Meunier se situe dans le champ de la psycholinguistique. Elle y fait apparaitre que les mots cons- truits nouveaux mettant en ceuvre des procedes constructionnels productifs constituent la pierre d'achoppement de la plupart des modeles de reconnais- sance de mots, quel que soit le mode d'acces lexical qu'ils pronent5. Les deux articles suivants traitent chacun de la productivity d'un procede construc- tionnel du frangais, articulant theorie et experimentation tout en suivant des demarches opposees : S. Aliquot-Suengas part de la productivity de la forme -ade apparaissant dans des innovations lexicales pour statuer sur le nombre de suffixes -ade du frangais ; B. Fradin et N. Hathout tirent au contraire parti d'une etude linguistique de la suf fixation en -et(te) pour en evaluer la productivity au moyen des outils de mesure proposes par H. Baayen. Les deux derniers articles exploitent chacun a sa maniere le developpement exponentiel des corpus textuels electroniques. F. Namer decrit dans un premier temps une chaine de traitement de corpus reutilisable pour la preparation et la creation d'une base de donnees lexicales pour le fran^ais, et l'utilise dans un second temps pour reproduire sur le frangais une experience relatee dans Krott & al. (1999), selon laquelle il existe en allemand et en neerlandais une correlation entre la produc- tivity quantitative d'un procede et la complexity des bases sur lesquelles il s'applique. N. Grabar et P. Zweigenbaum observent la productivity d'une partie des procedes formant des adjectifs denominaux en frangais a travers divers domaines et genres : ils commencent par comparer langue generale et langue de speciality (medecine), et s'interessent ensuite a la variation de la productivity de ces memes procedes a rinterieur d'une meme speciality medi- cale, en comparant comptes rendus hospitaliers et sites web. 4. Ce numero constitue le premier aboutissement d'une reflexion menee depuis septembre 2000 dans le cadre de Taction 5 « Bases de donnees constructionnelles et productivity des procedes morphologiques en corpus » du GDR 2220 « Description et modelisation en morphologie ». II reunit les membres de cette action, auxquels s'est jointe S. Aliquot. 5. L/ensemble des articles de ce numero utilisera les termes mot(s) et mot(s) construit(s) comme si les notions vehiculees par ces termes etaient claires. 4 This content downloaded from 193.194.76.5 on Fri, 26 Mar 2021 22:10:09 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 1 . Definir la productivite : une ou des productivity ? 1.1. Productivite = productivite constructionnelle ? Alors que la question de la productivite est absente des preoccupations des syntacticiens, elle est un theme recurrent en morphologie constructionnelle : - elle constitue un passage oblige dans les ouvrages du domaine, qui tous ou presque lui consacrent au moins un paragraphe quand ce n'est pas leur prologue6, - les travaux de linguistique dont le titre integre le nom productivite ou l'un de ses equivalents se situent tous dans ce champ de la recherche, - un certain nombre de dictionnaires de terminologie linguistique, surtout frangais7, restreignent le champ d'application de la notion au lexique construit (par ex. Mounin ed. 1974, Dubois & al. 1999), - quand ils abordent la notion, les ouvrages a visee pedagogique presentant les sous-domaines de la linguistique le font systematiquement dans la section consacree a la morphologie constructionnelle (par ex. Lehmann & Martin- Berthet 1998 : 110-2, Chiss & al 2001 : 32). II existe deux fa^ons antagonistes d'interpreter les observations qui precedent : soit on en deduit que la notion n'a de pertinence qu'en morphologie constructionnelle, soit qu'elle est particulierement visible et, peut-etre, particulierement epineuse dans le lexique construit. C'est cette derniere interpre- tation que je ferai. Mon propos n'est pas ici d'opposer la morphologie construc- tionnelle et la syntaxe en relayant l'idee que denoncent Di Sciullo & Williams (1987 : 4) que seule cette derniere est productive, mais seulement de faire remar- quer que la productivite ne peut emerger que sur fond de non-productivite. Or, en matiere de reperage des schemas non productifs, les dictionnaires jouent un role determinant, en ceci que c'est parce que nous disposons de dictionnaires que nous sommes capables (ou croyons l'etre) de reperer les patrons non productifs. En revanche, la syntaxe ne disposant pas de repertoires comparables aux dictionnaires en ce sens que chaque enonce produit est suppose nouveau, la productivite n'y dispose pas de faire-valoir. Elle n'en est pas pour autant une notion non pertinente dans le domaine (pour une comparaison entre producti- vity morphologique et syntaxique, cf. Bauer 1983 : 65-74 et 2001 : 213-222). 1.2. Productivite qualitative ou quantitative ? On peut repartir les differentes definitions que la notion de productivite constructionnelle (a laquelle renverra desormais le seul nom productivite) a regues en trois types, selon qu'elles l'apprehendent sous un angle qualitatif, sous un angle quantitatif, ou qu'elles conjoignent qualite et quantite. 6. Cf. entre autres et par ordre chronologique Aronoff (1976 : 35-45), Bauer (1983 : 62-99), Scalise (1984 : 157-8), Corbin (1987 : 176-8), Di Sciullo & Williams (1987 : 7-8), Matthews (1991 : 69-80), Lieber (1992 : 1-9), uploads/Geographie/ this-content-downloaded-from-193-194-76-5-on-fri-26-mar-2021-22-10-09-utc.pdf

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