121-122 | avril 2008 Yémen Territoires et Identités I. Études Libres Usages de
121-122 | avril 2008 Yémen Territoires et Identités I. Études Libres Usages de l’écriture et production des savoirs dans la Kabylie du XIXe siècle Writing and the production of knowledge in 19th century Kabylie Djamil Aissani et Djamel Mechehed p. 239-259 Résumé | Plan | Texte | Bibliographie | Notes | Citation | Auteurs s FrançaisEnglish L'objet de ce travail est de présenter quelques éléments sur la culture savante "locale" du Sud-Est de la Kabylie au XIXe siècle et au début du XXe siècle. L'utilisation de l'écriture et la diversité des domaines d'intérêt (identifiés essentiellement sur la base de manuscrits) sont examinées à travers les écrits de quatre générations d'une famille de lettrés locaux. Une première analyse permet de constater que la contribution de ces lettrés locaux concernait essentiellement la copie d’ouvrage, le commentaire et l’abrégé de textes de référence, les activités judiciaires (consultations juridiques,…), les observations astronomiques, l’utilisation des opérations de calcul, la pratique astrologique… Haut de page La vie intellectuelle depuis le XVIe siècle Les centres d'enseignement Les bibliothèques Les isnads Ouvrages connus au début du XXe siècle L'enseignement au niveau des deux associations des ulémas Une famille de lettres au XIXe siècle La Région d'Ath Urtilan Les familles de lettrés au XIXe siècle Une famille de lettrés locaux Culture orale et culture écrite Utilisation de l’écriture La copie d'ouvrages Les activités judicaires Opérations de calcul La pratique astrologique Les observations astronomiques Agriculture et Médecine traditionnelle La production intellectuelle Les consultations juridiques La correspondance Les témoignages sur l'histoire locale Apprentissage des langues anciennes Les activités politiques Les généalogies Gestion d'une bibliothèque Haut de page PDF 283kSignaler ce document ans le cadre du projet ARISTHOT, « Sciences en Méditerranée ». Les auteurs remerc (...) a été faite lors de la séance inaugurale de l'Assemblée Générale de la Société, l (...) 1De nombreuses opinions hâtives ont été émises à propos de la culture savante, c'est-à-dire écrite, en Kabylie au XIXe siècle. Dès 1863, Andrien Berbrugger, président de la Société Historique Algérienne (coloniale) déclarait1 : « Dans ce pays (...) sans savants, sans traditions savantes et même sans livres ». Plus récemment, tout en reconnaissant l'existence d'une « masse de culture demi-savante », Mouloud Mammeri ira beaucoup plus loin. En effet, il affirme que cette dernière « n'était pas seulement figée, mais qu'elle opérait de façon négative comme facteur bloquant » (Mammeri, 1990 : 9). eci a eu des effets durablement néfastes au cours des siècles. Mammeri (1990 : 19) (...) 2Certes, des zones d'ombres importantes recouvrent l'histoire de cette culture écrite. Cependant, tous les analystes s'accordent sur le fait que depuis le XIVe siècle, il y a eu un abaissement général du niveau de l'enseignement et un arrêt brutal de la production. Analysant les activités intellectuelles à cette époque, Mouloud Mammeri suppose que l'une des causes de leur faiblesse est « le divorce à peu près absolu entre la culture vivante de la masse, toujours exprimée dans les langues vernaculaires, et une science des clercs, elle en arabe classique2 ». 3La découverte récente d'une khizana (bibliothèque) de manuscrits, constituée au milieu du XIXe siècle dans le Sud- est de la Kabylie (Aïssani, Adjabi et al., 1996), permet de lever le voile sur la nature des activités et sur le niveau de la production intellectuelle (liée à l'écrit) dans cette région à cette époque. Basée essentiellement sur des matériaux écrits, cet article propose un certain nombre de pistes de réflexion et de travail qui permettront de cerner la qualité et la densité de la vie de l'esprit et en particulier, de tenter de situer les principaux éléments de la transmission du savoir, à travers l'analyse des écrits de quatre générations d'une famille de lettrés locaux. Dans le premier paragraphe, nous tentons de situer le contenu de la khizana de Lmuhub Ulahbib (né en 1822) au niveau des activités intellectuelles avant et après la période qui nous intéresse. Le deuxième paragraphe est consacré à la présentation d'une famille de lettrés locaux (il s'agit ici de la famille Ulahbib, propriétaire de la khizana). La culture savante (certes en arabe classique, mais parfois en arabe populaire et en berbère) et la culture orale disponibles au sein de cette famille au XIXe siècle sont exposées dans les paragraphes suivants. La vie intellectuelle depuis le XVIe siècle ain avait mis l'accent sur « le manque total de culture des habitants de la Peti (...) 4Située au cœur de l’espace méditerranéen, Béjaia (Bgayet, Bougie, Bugia, Buzzea), ville d’Algérie qui donna son nom aux petites chandelles (les bougies) et à partir de laquelle les chiffres arabes ont été popularisés en Europe, a été au Moyen Âge l’un des principaux centres intellectuels du Maghreb. À l’époque où cette capitale du Maghreb central accueillait les principaux savants de la Méditerranée (Ibn Hamdis, Léonardo Fibonacci, Sidi Bou Medienne, Ibn `Arabi, Ibn Sab`in, Raymond Lulle, …), il est probable qu'une grande partie des habitants de sa province (à savoir la Kabylie) était analphabète3. Cependant, plusieurs régions avaient des centres d'enseignement avec des traditions propres. En effet, le mouvement Sufi avait probablement favorisé l'introduction d'une vie intellectuelle d'un niveau élémentaire ou moyen dans les zones rurales. Les centres d'enseignement mande quel a été l'impact culturel de la Bougie de la grande époque sur son hinter (...) e propre et leur règlement intérieur strict (Bouabdelli, 1970 : 341). Parmi eux ci (...) qui aurait poursuivi ses études pendant sept ans à la zawiyya de Cheikh Aheddad (Se (...) U Hamoudi conserve le diplôme du Cheikh Mortada az-Zabidy, rédigé de sa plume et p (...) delli (1970 : 341), les programmes étaient équivalents à ceux des universités de la (...) Manshur al-Hidaya fi Kashfi Man Ida` al-`Ilm wal-Wilaya. Voir également ce que dit (...) 5La destruction de Béjaïa par les Espagnols va contraindre de nombreux savants de Bougie à « émigrer » vers la province4. C'est ainsi que certains centres d'enseignement vont devenir de véritables instituts5. Ces derniers vont avoir de nombreux liens entre eux6 ainsi qu'avec les grandes universités de l'époque7. C'est le cas notamment des instituts d'Ath Yala qui ont joui d'une grande réputation par le niveau de leur enseignement8. Cette réputation va d'ailleurs dépasser le cadre des frontières de la Kabylie et ce, pendant plusieurs siècles. Déjà, Ibn al-Faggun (1590/988h-1663/1073h) affirmait que de nombreux savants constantinois émigraient dans le pays des Kabyles pour se spécialiser dans la science des lectures coraniques9. 6À cette époque également, la production intellectuelle et l'enseignement ne se départissent que légèrement de leurs caractères religieux. La plupart des lettrés étaient des hommes de religion ayant en général une formation de jurisconsulte et de théologien. Par ailleurs, l'usage de l'arabe littéraire a probablement élargi le fossé qui existe entre citoyens instruits et analphabètes. 7Après la conquête française, les médersas d'Alger, de Tlemcen et de Constantine vont être créées en 1850. Elles ne comprenaient que très peu d'étudiants. Cependant, selon Pelissier, 27 000 étudiants fréquentaient les écoles coraniques en 1861. Fourmenteau, quant à lui, affirme qu'il en restait 6500 en 1879. Ceci peut servir d'argument à l’hypothèse selon laquelle le niveau intellectuel a considérablement chuté dans les zawiyas après l'insurrection de 1871 (Gehimab, 1996). 8C'est enfin en 1880 que commence à émerger une classe de lettrés formés par l'école française. Nous avons retenu cette date car elle correspond à la période d'apparition des premiers textes écrits en langue française par des algériens (Djeghloul, 1988 : 6). Les bibliothèques 9Durant le Moyen âge, de nombreuses bibliothèques (khizanat al-Kuttub) ont existé à Béjaia. Certaines d'entre elles, fondées et entretenues par les princes se trouvaient soit au palais, soit dans la grande mosquée. Ainsi, en parlant d'un ouvrage, al-Gubrini rapporte que « ce Naskh, appartient au fond de la khizana as-Sultania, que Dieu la garde et la préserve » » (al-Hafnawi, 1991 : I, 117). Ces bibliothèques contenaient « des livres précieux traitant de diverses sciences ». Cependant, ces khizanas étaient en général destinées à une élite et n’avaient pas de durée dans le temps (Brunchvig, 1940 : 368). 4.3. he 6 les nombreux manuscrits copiés par Lbachir et Lmuhub Ulahbib. 10Par contre, les bibliothèques des mosquées, des zawiyas et des médersas avaient un rôle social plus important. Elles ont joué un rôle considérable dans la diffusion des connaissances au niveau de la masse. Les fonds documentaires étaient alimentés par l'achat de manuscrits dans les souks10 ou plus fréquemment par la copie d'ouvrages11. Ces fonds étaient cependant soumis à des risques divers de dégradation et de perte. De nombreux ouvrages se perdaient « par la pluie et la main des hommes ». Les isnads 11Selon M. Bencheneb, parmi les cinq idjazas (licences d'enseignement) qui circulaient chez les savants algériens, une seule avait pour auteur un Maghrébin. Il s'agit de `Abd l-Qadir al-Fasi. La plupart des savants qui y sont mentionnés sont des « occidentaux » et leur isnad (chaine d'autorités) (Aïssani, 1993 : 65) nous montre par quelle voie telle ou telle science (tel ou tel ouvrage) arriva au Maghreb (Bencheneb, 1905 : 168). L’idjaza d'al-Fasi a été achevée en 1770. Son principal uploads/Histoire/ aissani-djamil-djamel-mechehed-2008-usages-de-l-x27-ecriture-et-production-des-savoirs-dans-la-kabylie-du-19e-siecle-20p.pdf
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- Publié le Aoû 24, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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