1 Alain VIGNAL Agrégé et docteur en Histoire Membre associé de l’Académie du Va
1 Alain VIGNAL Agrégé et docteur en Histoire Membre associé de l’Académie du Var ______________ BANDOL ET LA CADIÈRE EN RÉVOLUTION, 1789-1795 Politique et société dans deux communautés varoises sous la Révolution française Toulon - Chez l’auteur Février 2003 2e mise en page : 31 janvier 2014 2 AVANT-PROPOS À ma femme Bernadette À Stéphane Pernice Cet ouvrage constitue la réédition – je l’espère – améliorée de mon mémoire de maîtrise Bandol – la Cadière, 1789-1795 : deux Révolutions ?1 soutenu à l’Université de Provence il y a six ans, le 30 octobre 1996, et pour lequel j’avais obtenu une mention Bien. Plusieurs facteurs m’ont conduit à effectuer une seconde version de ce travail, que je considère comme définitive, à défaut d’être parfaite. En premier lieu, les trop nombreuses erreurs typographiques et la fin assez abrupte, notamment dues à la faiblesse du délai que j’avais imparti à ma « secrétaire » Frédérique Girard2, se devaient d’être corrigées. Cela m’a été permis par l’acquisition, entre temps, d’un matériel informatique avec lequel je suis d’ailleurs devenu plus familier. En second lieu, des recherches postérieures effectuées sur la Cadière et surtout sur Bandol m’ont permis de trouver de nouveaux documents autant que d’affiner ma réflexion sur l’histoire des deux communes. Le temps me semblait donc venu de réaliser un bilan reprenant l’essentiel du travail déjà effectué, mais rectifiant les erreurs et imprécisions, complétant les trous, réévaluant les analyses sur tel ou tel point, d’autant que l’idée d’un D.E.A. sur le même thème a été abandonnée au profit d’un nouveau centre d’intérêt, l’histoire religieuse du Var au XIXe siècle. Enfin, une certaine part de mon approche a été corrigée grâce à des discussions méthodologiques en 1997 avec mon ami Stéphane Pernice, qui m’a notamment fait réfléchir sur la pertinence de l’agencement de ma première partie, comme on le verra plus loin. Voilà donc la nouvelle mouture de Bandol – la Cadière, 1789-1795 : deux Révolutions ?, sous un titre légèrement modifié afin de traduire les nombreuses retouches, que j’ose espérer mieux réussie que la première3. À ce stade, je souhaite renouveler mes remerciements à tous ceux qui m’ont aidé pour la réalisation de ma maîtrise, dont Mme Lapied, mon directeur de maîtrise ; M. Cachard, M. Moutte et M. Jean, lesquels m’ont beaucoup apporté depuis ; Mme Leiser des Archives Départementales de Draguignan ; le Dr Paecht et le Dr Suquet, successivement maires de Bandol ; M. Bouvet et les Amis du Vieux Toulon, qui continuent de me rendre de grands services, ainsi que les secrétaires de mairie de la Cadière. A.V., Février 2003 Photographie de couverture : les restes du château de Bandol, détruit en 1795 (photo A.V.) 1 Alain VIGNAL, Bandol-la Cadière 1789-1795 : deux Révolutions ? La Vie politique de deux communautés varoises sous la Révolution, Université d’Aix-Marseille I, Octobre 1996, 180 p. 2 Devenue depuis Soeur Marie-Brigitte, religieuse bénédictine du Sacré Cœur de Montmartre. Je tiens ici à la saluer. 3 Il reste cependant des défauts certains, en particulier un manque d’approfondissement du cadre bibliographique national. 3 PRÉSENTATION « Comme nous ne connaissons rien que par comparaison, dès que tout rapport nous manque et qu’aucune analogie ne se présente, toute lumière fuit » Buffon, in Lafaye, Dictionnaire des synonymes1. 1) Le cadre La Révolution française a été, depuis deux siècles, l’objet d’une infinité d’études dont le cadre se situe en deçà du niveau national. Cependant, entre les magistrales synthèses régionales telles que Les paysans du Nord pendant la Révolution française de George Lefebvre2 ou plus récemment Démocratie et vie municipale en Languedoc du milieu du XVIIIe au début du XIXe siècle de Fournier3, aboutissement d’un très long travail de recherche et de conceptualisation, et les innombrables monographies locales, œuvre notamment des amateurs éclairés, qui ont particulièrement fleuri lors de la célébration du Bicentenaire, riches en informations mais dont on reproche parfois la certaine myopie, il existe sans doute un champ intermédiaire de la recherche historiographique à approfondir, celui de la comparaison entre communautés voisines. « Faire de l’Histoire, c’est comparer ! », affirmait sans ambages François Furet4. Si cette vision est quelque peu radicale, peut-être contestable (l’objet d’étude peut toujours être analysé en lui-même), il est certain que la méthode comparative ne peut qu’enrichir une analyse. Elle permet autant de dessiner des constantes, que ne peuvent atteindre de simples monographies, que d’introduire de la diversité au sein d’une unité qu’aura reconstituée une étude régionale faisant autorité. Voilà – à un niveau très modeste – l’ambition de cet ouvrage. La comparaison a, par essence, un ensemble de définition réduit puisque ne pouvant s’effectuer ni entre des éléments identiques ni entre des sujets radicalement étrangers. Pour avoir un sens, elle implique la présence de différences qui s’inscrivent sur une toile de fond commune. 1 Cité dans Le Grand Robert de la langue française, 1985, 9 vol., à l’article « comparaison » (t. II, p. 748-749). 2 Georges LEFEBVRE, Les Paysans du Nord pendant la Révolution française, thèse, Lille, 1924, rééd. Bari, 1959. 3 Georges FOURNIER, Démocratie et vie municipale en Languedoc du milieu du XVIIIème au début du XIXème siècle, thèse, Toulouse, Les Amis des Archives de la Haute-Garonne, 1994, 2 vol., 481 et 536 p. 4 Conférence « La Révolution, deux cents ans après » donnée au lycée Henri-IV (Paris Ve) le 14-2-1995, réponse à une question sur le statut et l’importance de l’histoire comparée. Il continue ainsi : « Il n’y a pas d’analyse sans référence pour penser l’objet de l’étude. C’est en comparant qu’on trouve les traits distinctifs [...], sinon on tombe dans un ordre chronologique bébête [sic] et une causalité inconsciente dictée par la chronologie ». J’en profite pour rendre ici un hommage à ce grand historien, décédé depuis la soutenance de cette maîtrise, au printemps 1998. 4 Les deux communautés que j’ai choisi d’étudier, Bandol et la Cadière5, répondent à ces conditions. Leurs différences sont en effet très marquées, aussi bien en 1789 qu’aujourd’hui. Quelle parenté en 1789 entre le vieux bourg cadiéren dominant un vaste terroir viticole et le petit port bandolais qui attend désespérément un môle digne de ce nom ? Et, de nos jours, quelle différence entre, cette fois, la prospère station balnéaire (7 431 habitants6, mais près du quintuple en saison estivale) qui n’a pratiquement rien gardé de son passé (« Bandol a perdu son âme », déplorait l’ancien premier magistrat bandolais7) et le vieux bourg cadiéren (3 199 habitants8) qui a conservé ses belles ruelles et ses portes d’antan ? De même, nous le verrons, il existe de nombreuses différences dans le déroulement de la Révolution entre les deux communes : prêtre réfractaire et fédéralisme ici, patriotisme mais prénoms réactionnaires là... Cependant, au-delà de toutes ces disparités, Bandol et la Cadière font bel et bien partie d’une même entité car elles présentent des liens très forts. Géographiques d’abord : distants de deux lieues et demie (dix kilomètres), les deux bourgs appartiennent à la même région physique et humaine, la périphérie Ouest de Toulon, et politique, l’extrémité de la viguerie d’Aix et du diocèse de Marseille, puis (en sens inverse) celle du département du Var. Historiques ensuite, puisque jusqu’à la séparation de 1715, obtenue par le seigneur de Bandol, les destins des deux terroirs étaient communs. Économiques enfin et peut-être surtout, avec une grande complémentarité d’activités pour la production d’une part et de l’autre l’exportation des vins du pays, dont la renommée n’est plus à faire. L’unité de lieu étant ainsi définie, il faut maintenant préciser l’unité de temps de notre étude. En effet, les bornes chronologiques amont et aval de la Révolution française sont débattues par les historiens. Quand commence-t-elle ? Cela semble assez clair. Le milieu de l’année 1789, avec l’ouverture le 5 mai à Versailles des Etats Généraux, les premiers depuis la majorité de Louis XIII en 1614, – et tout ce qui s’ensuivit –, fait naturellement (presque) l’unanimité comme point de départ de « la peur et (de) l’espérance »9, y compris pour Pierre Gaxotte qui y voit le commencement de « l’anarchie »10. Pourtant, on distingue une « pré-Révolution » (1787-1789)11 dont l’importance est discutée et on dit parfois que « la Révolution commence à Vizille », du nom du lieu de l’assemblée du Dauphiné réclamant le doublement du Tiers, le 21 juillet 1788. Cependant, cette double chronologie nationale, pour ne pas dire parisienne, ne convient pas à l’étude locale que nous devons mener. Pour nos deux bourgs, qui ne connaissent pas d’agitation pré-révolutionnaire et qui sont si loin des événements de la capitale, ce sont la rédaction des cahiers de doléances et l’élection des délégués communaux en mars 1789 qui furent réellement le commencement de l’ère nouvelle, et les intéressés en prennent immédiatement conscience : pour la première fois, on donne la parole au peuple et on va écouter ses justes récriminations. Dernière date possible, emblématique a posteriori de la fin d’un monde cette fois, les dernières élections consulaires de l’Ancien Régime, en décembre 1788 : la chose est moins anecdotique qu’elle n’y paraît car ce sont uploads/Histoire/ bandol-la-cadiere-2014.pdf
Documents similaires










-
26
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mar 30, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
- Taille du fichier 1.3977MB