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HAL Id: halshs-00353003 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00353003 Submitted on 14 Jan 2009 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Ambiance(s) de gare, imaginaire ferroviaire, mémoire des lieux Mohsen Ben Hadj Salem To cite this version: Mohsen Ben Hadj Salem. Ambiance(s) de gare, imaginaire ferroviaire, mémoire des lieux. Ecole d’été de géographie sociale, Sep 2005, Montpellier, France. pp.207-216. halshs-00353003 Mohsen BEN HADJ SALEM Laboratoire CRESSON-UMR CNRS 1563 Ambiance(s) de gare, imaginaire ferroviaire, mémoire des lieux Questionner un espace public ordinaire — la gare de chemin de fer — peut être une manière de rendre compte de la triade Imaginaire, Territoires, Sociétés. Ce texte s’attachera donc à montrer, d’une part, que la gare de chemin de fer se trouve à la croisée de ces trois objets, et d’autre part, qu’une approche historique ne fait que mieux asseoir la validité d’un tel rapprochement. Mais l’architecte, qui a et qui doit avoir des intérêts historiques, n’est pas pour autant stricto sensu un historien. Cette remarque ne vise qu’à préciser les objets et les méthodes. L’exploration proposée concerne le paysage ferroviaire qui est là, mais qui reste difficilement appréhendable. Il est bouleversements, transformations, recompositions. Il se décompose, se transforme en fonction des éléments ferroviaires ou non ferroviaires qui le constituent. En effet, un paysage ferroviaire peut être centré sur des infrastructures, des éléments de voies ferrées, un train, une gare, etc. Pour définir la gare, une confrontation à un ensemble de couples dialectiques apparents s’impose : c’est le lieu de la ville et celui du voyage, de l’immobile et du mobile, de l’ici et maintenant et du là-bas plus tard, le lieu de la foule et de l’individu, un endroit où le temps peut être contraint, compté, ou libre. Ces combinaisons esquissent un jeu immédiat de sensations, transfigurées par une sorte de dérivation esthétique. L’hypothèse selon laquelle la spatialité actuelle d’un lieu résulte d’une sorte de dérivation de l’ancienne est ainsi confortée. En ce sens, la gare du XIXe est toujours de notre temps parce qu’elle est à la hauteur d’un monde toujours renaissant1. S’interroger sur l’imaginaire ferroviaire revient à poser la question des gares de chemin de fer à travers le prisme des ambiances et des perceptions qui y prennent et qui y prenaient place. En considérant simplement ces espaces publics comme révélateurs de la ville sensible, indissociable des dimensions imaginaire et historique qui la structurent, s’engage une réflexion sur la combinaison des trois perspectives abordées : entre une architecture héritée, une forme urbaine et l’imaginaire sollicité. Sur un plan méthodologique, il s’agit d’écrire, à partir de ces trois axes de réflexions, une monographie ambiantale d’un espace, en explorant, son potentiel imaginaire et sa mémoire endogène. La situation de la gare Saint-Lazare à Paris, qui présente des indices sur les ambiances2 du passé, secrétés continuellement, est étudiée dans cette perspective. I. La gare de chemin de fer : un facteur d’adhérence territoriale3 1 JOSEPH.I, « Ariane et l’opportunisme méthodique », in Les Annales de la recherche urbaine, n°71, Juin 1996, p7 2 La notion d’ambiance(s) prend racine dans les phénomènes sensibles, elle concerne à la fois des dimensions physiques (propriétés physiques liées à l’interaction des signaux émis avec le cadre bâti), des éléments producteurs d’ambiances (espaces, objets, signes) et la construction perceptive, imaginaire et sociale de celles-ci. 3 Loin de considérer le territoire comme une aire strictement spatiale, prédéfinie une fois pour toutes, délimitable et mesurable selon une position de surplomb, nous l’abordons ici dans une perspective délibérément pragmatique : celle qui lui redonne un caractère dynamique, concret et opératoire. Notre réflexion repose sur le concept de territoire défini comme un ensemble de ressources situées qui convoquent les citadins en activité et en mouvement. Quand on se demande ce qui fait d’un espace urbain un territoire, on revient nécessairement à ses potentialités pratiques, à ses qualités sensibles et à ses injonctions sociales. Notre approche par le sensible contextualisé permet de redonner du sens au territoire et lui conférer une identité perceptible. Depuis un siècle et demi, les gares sont les pivots, les lieux de commandement et d’articulation d’un paysage ferroviaire dont le déploiement a profondément métamorphosé notre environnement et notre rapport à l’espace et au temps. Pouvant être perçu comme un espace-temps ordinaire, la gare est si imbriquée dans notre affect et nos routines quotidiennes, qu’on la regarde plus, qu’on ne la voit plus ; généralement on ne fait plus que la subir. En filigrane de ce constat réducteur, la gare offre des situations qui amplifient certains traits de l’évolution actuelle des ambiances urbaines. Elle constitue ainsi un véritable laboratoire grandeur nature, difficile à délimiter, qui nous ouvre à la ville, et en même temps, qui constitue un univers, qui se suffit à lui-même, dans lequel on peut entrer pour échapper à un extérieur que l’on ressent comme hostile. Les rapports et limites entre la gare et son environnement extérieur, peuvent s’estomper avec le temps, et ceci par un jeu de formatage et de modulation des usages. Le chemin de fer permet une entrée soudaine dans la ville, mais l’accès à cette dernière se fait quand on est dans la gare et pas avant, nous appréhendons donc un point important de la vie urbaine. Selon qu’elle est territoire du quotidien, pratiquée d’ordinaire, le lieu de-tous-les-jours- de-tout-un-chacun, ou seulement traversée au cours d’un voyage occasionnel, la gare rend compte d’une nécessité d’adhérence, de contact avec la ville, dés lors qu’on fait les premiers pas sur le quai d’arrivée. D’une manière générale, dans l’espace public contemporain, la transformation des moyens de transports auxquels nous sommes habitués, s’accélère, et l’apparition de nouveaux conduit les aménageurs de la ville à la création d’une typologie architecturale nouvelle. Cette évidence remet en cause l’adhérence territoriale permise par de la gare de chemin de fer. Le rapport au territoire est ainsi interrogé à partir de deux constats fondamentaux. D’une part, la gare ne se réduit pas à un point de départ ou d’arrivée d’un voyage, faciles à oublier, mais au contraire, constitue un lieu qui mobilise une forte dimension imaginaire. D’autre part, elle propose un paysage qui tend à devenir patrimoine, et des ambiances dont la lecture se modifie au fil du temps. Les phénomènes d’apparition, de disparition et de maintien d’événements sensibles sont particulièrement importants pour le possible maintien de cette adhérence. Nous avançons l’idée selon laquelle les gares de chemin de fer du XIXe, entretiennent une adhérence au territoire par leur mémoire, l’imaginaire qu’elles génèrent, et les traces sensibles qu’elles donnent à percevoir. Il est probable que la difficulté à penser les lieux-mouvements, dont la gare ferroviaire fait partie, tient d’abord à la nature énigmatique de leur identité architecturale. D’un côté, la grandeur de la cathédrale, de l’autre la banalité de la halle, de l’entrepôt et du hangar. D’un côté l’exaltation de la forme, de l’autre sa neutralisation au profit du passage ou de l’étalage, la foire aux rencontres et la braderie des services connexes du voyage. L’histoire des gares au XIXe siècle permet d’analyser cette tension entre deux régimes de visibilité. Dans cette perspective, passé et présent, imaginaire et perception, ressenti d’ambiance et formes construites, se renvoient leurs reflets, comme un jeu de miroirs. Il faut donc aller au-delà des divisions disciplinaires, et s’engager dans un décryptage transversal qui transcende ces notions. II. L’imaginaire ferroviaire : un enjeu social et historique L’histoire des ambiances ferroviaires se situe au carrefour de plusieurs histoires, elle ne peut échapper aux grandes fluctuations de l’histoire de l’architecture des gares, de l’histoire des réseaux et des trafics, de l’histoire technique des matériels et des équipements, de l’histoire socio-culturelle des déplacements. Chacune de ses histoires suit ses rythmes propres, avec ses inerties et ses ruptures, mais leurs chronologies se chevauchent, mêlant points de rencontre ou, au contraire, des divergences. Un balayage de tous ses champs historiques s’impose. Sur un plan méthodologique, il consiste en une relecture, au cours de laquelle doivent être révélées des strates qui, de prime abord, demeuraient cachées ou voilées4. La force révélatrice des descriptions littéraires et poétiques pour comprendre la 4 Notre handicap, dans ce projet, réside dans le fait qu’on ne dispose d’aucune source qui enveloppe cette thématique de recherche. Par contre, à travers une compilation de plusieurs types de corpus : récits de voyageurs, photographies, extraits de documents vidéo, nous pouvons mieux approcher les traces du passé. On peut trouver un autre avantage à la confrontation de corpus historiques et de pratiques contemporaines, c’est l’effet de connaissance réciproque produit. Les pratiques actuelles permettent de porter un autre regard sur les objets du gare dans son environnement social et urbain doit être soulignée. Cette nouvelle direction heuristique implique l’instauration uploads/Histoire/ ben-hadj-salem-imaginaire-ferroviaire.pdf
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- Publié le Jui 16, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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