E T U D E S P S Y C H O L O G I Q U E S C. G. JUNG J. KRISHNAMURTI par Ram LINS

E T U D E S P S Y C H O L O G I Q U E S C. G. JUNG J. KRISHNAMURTI par Ram LINSSEN ÉDITIONS « ÊTRE LIBRE » 20, RUE PÈRE DEDEKEN BRUXELLES Avertissement Les citations et les interprétations partielles des œuvres de Krishnamurti figurant dans cet ouvrage n’en­ gagent que l’auteur. Les lecteurs désireux d’approfon­ dir l'enseignement de Krishnamurti pourront consulter en fin de cette étude la liste complète des œuvres éditées par la « Krishnamurti Writings Inc. », seule société auto­ risée à publier l’intégralité des textes du penseur indou dans leur forme officielle et revisée par Krishnamurti lui- INTRODUCTION Nécessité de la psychologie Au seuil de cette seconde moitié du XX* siècle où les progrès de la science et de la technique réalisent chaque j our une conquête nouvelle de l’homme sur le temps et l'espace, les rythmes de l’existence humaine semblent se précipiter encore davantage. Le monde moderne semble danser sur un volcan. Les bouleversements continuels et la rapidité des cou­ rants d’opinions qui s’affrontent opèrent une sélection parmi les différents types psychologiques de l'espèce humaine. Les phénomènes physiques et psychiques ont sou­ vent entre eux d’étranges similitudes. La rapidité du déroulement des événements ac­ tuels nous fait penser aux tourbillons des essoreuses sélectionnant les éléments constitutifs des liquides, met­ tant ainsi en évidence des composantes de différents types moléculaires. On peut de cette façon voir nette­ ment les délimitations des zones de composantes sélec­ tionnées par ordre de densité, en fonction de la force centrifuge. Les faits innombrables qui agitent les hommes au milieu des périodes critiques de transition comme nous en vivons, ont eux aussi, une action sélective sur le plan psychique. Des types humains appartenant à des « den­ sités psychiques » différentes sont mis en relief avec une étonnante netteté. Nous pourrions diviser ce» types psychiques en trois catégories ou phases. Premièrement une phase de naissance du « moi », ensuite une phase de maturité du « moi » et finalement une phase de dépassement du « moi ». La première phase est pré-individuelle. Elle orien­ te l'individu vers son « individuation » effective. La seconde est celle de l'individuation. La troisième, celle de l’accomplissement humain par le dépassement et l'utilisation de l’individuel nu’profit de l’universel. Il existe un parallélisme entre les différentes pha­ ses de l’évolution psychologique de l’homme en tant qu’individu et les événements extérieurs bouleversant les collectivités humaines. Dans la phase de naissance du « moi » la prise de conscience s’ébauche à peine. Le « moi » ne pense pas encore par lui-même. 1 1 s’identifie au groupe dont il fait partie. C’est l’esprit de la tribu, du troupeau. L’individu n'agit j amais par lui-même, mais en fonction de mots d’ordre, soit politiques, soit religieux ou moraux. Sa vie est faite de soumission aveugle, d’imitation. Telle était dans un lointain passé l’attitude de l'immense maj orité des hommes. Mais telle est encore auj ourd'hui la men- talité de ceux qui subissent l'engouement des mouve­ ments dits « de masse ». Au cours de la phase de maturité du « moi », le j sens critique s’éveille. Le « moi » prend plus profondé- i ment conscience de lui-même. 11 s’affirme et tend vers une autonomie progressive. 1 1 ne s’incline plus aussi facilement devant les mots d’ordre. 1 1 commence à pen­ ser par lui-même et n’est plus un simple animal de for­ me humaine soumis aveuglément aux impératifs de sys­ tèmes standardisés. j D’imitateur qu’il était, il devient créateur. ' L’individu psychologiquement mûr ne se croit plus le centre du monde et perçoit combien il est ridicule et monstrueux de ne tout rapporter qu’à lui-seul. Il tend à s’insérer à la j uste place qu’il occupe dans la hiérar­ chie complexe des êtres et des choses. Il repense plus profondément les valeurs de la civilisation au sein de laquelle il s’est développé. A ce point de vue évidem­ ment, le langage des faits actuels est particulièrement éloquent. La mission fondamentale des gouvernements était J d’apporter la prospérité, la sécurité et la paix. C’est là du moins ce qu’avaient affirmé les représentants de tous les Etats en promettant aux hommes de tous les , peuples la prospérité, la sécurité et la paix. En fait, la i prospérité est remplacée par des crises économiques, politiques et sociales de plus en plus aigües. Ces crises engendrent un état de tension et des déséquilibres d’une y telle envergure, qu’il n’existe plus un endroit sur le *' monde où l’homme puisse se dire vraiment en sécurité. Quant à la paix promise et souhaitée n’en parlons pasl La guerre n’a j amais cessé véritablement. En vertu des 9 moyens de destruction effroyables et de facteurs éco­ nomiques évidents, il est prouvé qu'actuellement plus personne n’est réellement victorieux dans une guerre. Les événements le démontrent de façon péremptoire. A l’issue de chaque conflit la situation est plus désas­ treuse que j amais. Hélas! le monde n’a rien appris! Avec un cynisme effarant les mêmes fautes se commettent, les mêmes zones d'influences se dessinent et préparent les plus grands massacres de l’histoire. De toutes parts, depuis l'après-guerre de 1914-18 d’abord, depuis l’après-guerre de 1939-45 ensuite, mais surtout depuis les événements de Corée, des légions d’hommes et de femmes de tous les milieux, se rendent compte que les institutions destinées à les aider, loin de les libérer, les écrasent. La duperie est trop évidente. De toutes parts, «les hommes se lèvent et quit­ tent le troupeau humain dans sa marche .folle vers l’abîme. Ces hommes en 1920 étaient peut-être 50.000. En 1951, ils sont peut-ctre cent-millions, qui se refusent à j ouer le j eu diabolique responsable de tant de misères physiques et morales. Les démentis cinglants et douloureux des belles promesses, et la perspective de nouvelles catastrophes évidentes ont contribué à l’EVEIL DES INDIVIDUS. L’homme qui a le courage et l’intelligence de dou­ ter de toutes les valeurs, de toutes ABSOLUMENT, ac­ tive en lui-même, l’installation de la phase de maturité psychologique, prélude de sa libération. C’est ainsi que tout observateur attentif peut dis­ cerner au delà des ruines qui s’écroulent, la naissance 10 d'une ère nouvelle dont les possibilités sont remarqua­ bles. Une vie nouvelle balaye les structures inadéqua­ tes à la prodigieuse révolution des faits actuels. Elle brise les cadres trop étroits et désuets. Mais sur le plan de l’esprit les signes annonciateurs d'une renaissance magnifique sont nettement perceptibles. Le travail fécond de l'âme qui vit lucidement les espoirs, les déceptions et les tourments du monde exté­ rieur, parachève sa maturité. Elle prend conscience, de la fragilité de ses limites. Elle perçoit qu’après avoir conquis richesses matérielles et spirituelles elle reste malgré tout un centre rigidement limité. Se connais­ sant mieux elle-même, elle commence à mieux connaî­ tre ce qui l’entoure. Elle s’oriente ainsi vers la percep­ tion de l’UNITE FONDAMENTALE DÈ LA VIE en dépit de la MULTIPLICITE des formes. Vient ensuite la troisième phase: celle de la libé­ ration du « m'oi ». Devant l’évidence des catastrophes engendrées par le seul développement du mental, l’homme se demande si le processus habituel de l’ana­ lyse ne devrait pas être modifié ou dépassé. L’âme tend à mettre en lumière les processus profonds qui président à son existence et l’EMPRlSONNENT. Au seuil de sa libération, l’homme devient suprêmement conscient de son conditionnement. Il parvient à démasquer la comé­ die qu’il se j oue à lui-même et découvre dans un émer­ veillement d’Amour et de Lumière la réalité éternelle­ ment présente qui demeure en lui comme en toutes C’est la fusion du « fini humain » dans l'infini di- 11 vin grâce au dépassement du processus mental ordi­ naire. Nous remarquerons ici, une fois de plus, que l’es­ sor inoui de la science et de la technique concourt à l’élargissement du champ de conscience strictement in­ dividuel, régional ou national des siècles passés. Le développement des moyens de communication, l’aviation, la radio, triomphent des barrières artificielles érigées par l’ignorance et l’intérêt sordide des hommes. Au seuil de cette seconde moitié du XX0 siècle, tout esprit qui n’a pas compris que le MONDE EST UNE UNITE fait preuve de mentalité rétrograde. Les événements, une fois de plus forcent les hom- Les engins de destruction de l’ère atomique ont mis l'humanité devant cette tragique alternative : S’UNIR OU PERIR. La nécessité impérieuse d’envisager les événe­ ments à l’ECHELLE MONDIALE entraîne un élargisse­ ment du champ de conscience des individus, les prédis­ posant davantage à la compréhension de l'universel et par contraste, à la prise de conscience de la fragilité de leurs limites égoïstes. Les hommes ont subi la magie toute puissante des conquêtes extérieures résultant de leurs développements intellectuels et techniques. Mais l’acuité des crises grandissantes leur fait com­ prendre que des valeurs essentielles résidant en eux- mêmes ont été négligées. 12 Par un curieux paradoxe, plus l’homme triomphe techniquement du temps et se déplace rapidement, MOINS IL A LE TEMPS. 11 a artout de moins en moins de temps pour se uploads/Histoire/ etudes-psychologiques-de-c-g-jung-a-j-krishnamurti-par-ram-linssen.pdf

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  • Publié le Oct 05, 2021
  • Catégorie History / Histoire
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