LA CHAPELLE DE NOTZ L’ABBÉ ET L’ANCIEN PRIEURE retirage à part du « Cahier Hist
LA CHAPELLE DE NOTZ L’ABBÉ ET L’ANCIEN PRIEURE retirage à part du « Cahier Historique de Martizay N°3 » AVANT – PROPOS Le but que nous nous sommes fixé lorsque nous avons entrepris la publication de ces cahiers est de faire connaître les résultats de nos recherches concernant l'histoire de Martizay et d'une manière plus générale de décrire tout ce qui concerne le passé de ce petit pays. L'étude des principaux monuments, témoins de ce passé, fait partie de ce programme et c'est pourquoi ce quatrième cahier est consacré au plus ancien d'entre eux, la chapelle Saint-Antoine de l'ancien prieuré de Notz l'Abbé. La description de la chapelle peut difficilement être séparée d'un rappel des souvenirs qui s'y rattachent et de l'histoire du prieuré. Cette histoire a été étudiée par Jean MAROT, qui était alors Directeur de l'Ecole Normale de Châteauroux, et le résultat de ses recherches a fait l'objet d'un ouvrage publié par lui en 1931. L'édition de cette excellente étude étant épuisée en librairie, nous avons cru devoir faire précéder la description de la chapelle de quelques notes historiques tirées du texte de Jean MAROT, notes qui font l'objet du premier chapitre. La chapelle est le plus intéressant des bâtiments du prieuré et le seul qui soit à peu près conservé dans son état d'origine. Il est cependant utile de la situer dans son cadre et nous avons été amenés à donner une brève description des autres constructions, qui constitue le deuxième chapitre. HISTOIRE DU PRIEURE Notz l’Abbé (qu’on écrit aussi quelquefois Nau, Neau ou Nos, orthographes proches de la prononciation habituelle que est “Nô”) se trouve au bord et sur la rive droite de la Claise, affluent de la Creuse, à l’extrémité ouest de la commune de Martizay, à deux kilomètres en aval du bourg. La commune de Martizay est elle-même en bordure de la frontière du département de l’Indre. Sous l’Ancien Régime la paroisse de Martizay dépendait du diocèse et de la généralité de Bourges, tout en appartenant à la province de Touraine et non pas au Berry ; la Touraine comprenait Mézières et une partie de la Brenne. La limite définie à la Révolution entre les départements de l’Indre et de l’Indre-et-Loire fut sensiblement dans cette région celle des généralités et non pas celle des provinces. En fait Notz est, du point de vue géologique, déjà tourangeau. La Claise, qui vient de quitter la Brenne argileuse où elle prend sa source et dont elle draine une partie des étangs, arrive dans la partie ouest de Martizay sur la formation calcaire appelée “Turonien”, terrain crayeux comme à Tours et dans toutes les vallées de la Touraine. Le paysage se trouve ainsi être plus tourangeau que berrichon. Notz fut certainement un lieu habité bien avant qu’un prieuré y fut installé. Le nom même de Notz qui est assez fréquent dans le centre de la France est d’origine gauloise. Plusieurs étymologies ont été données ; la plus plausible est celle d’après laquelle Notz viendrait d’un mot celtique signifiant noyer (les arbres de cette espèce y sont d’ailleurs nombreux) ; c’est sans doute la même racine qui a donné le mot anglais “nut” qui signifie noix. On trouve quelquefois des silex préhistoriques à Notz et parmi les nombreuses “caves” creusées dans le tuffeau, d’où l’on tira la pierre nécessaire aux constructions, certaines existaient peut-être déjà avant celles-ci et il n’est pas invraisemblable de penser que nos ancêtres les habitèrent. Sous l’ancien Régime, Martizay ainsi que nous l’avons exposé dans le Cahier N° 2 était en quelque sorte écartelé entre plusieurs juridictions et les divers territoires ainsi formés étaient appelés “enclaves”. L’ouest de la paroisse dépendait de la baronnie de Preuilly, l’est de et le sud de la baronnie (plus tard marquisat) de Mézières en Brenne, toutes deux de Touraine. Entre ces deux puissantes baronnies se trouvait à Martizay une terre libre qui a gardé le nom significatif de Laleu. Enfin, il existait deux autres enclaves, celle de la Morinière, au nord-est, qui dépendait du Poitou et celle de Tourneau, au sud-ouest, qui dépendait de la châtellenie du Blanc. Le prieuré de Notz l’Abbé eut à souffrir de ces divisions compliquées. Les bâtiments et les terres de Notz dépendaient de la baronnie de Preuilly ; les terres qu’il possédait à Durtal à l’autre extrémité de la paroisse dépendaient de la baronnie de Mezières, si bien que le prieur se trouvait à la fois vassal des deux barons. Il en résulta des situations souvent confuses. La fondation du prieuré remonte vraisemblablement à l’année 1228, date à laquelle Geoffroy IV, baron de Preuilly, donna à l’abbaye de Saint Savin sur Gartempe une partie des terres qu’il possédait à Martizay. C’est du moins la mention la plus ancienne connue concernant le prieuré ; mais il n’est pas impossible que les moines de St Savin aient été déjà installés à Notz avant cette donation. A la fin du treizième siècle, les moines reçurent du Seigneur de Durtal, Guillaume de Durtan, une métairie qu’il possédait en ce lieu à côté de son manoir. Durtal est situé aussi à Martizay, au bord de la Claise, mais sur la rive gauche et à deux kilomètres en amont du bourg. Cette partie de Martizay dépendait de la baronnie de Mézières. ; le prieur, comme son donateur devenu son voisin, le seigneur de Durtal, devait « foy et hommage » au baron de Mézières. Jusqu’au XIVe siècle, les prieurs furent de simples moines délégués par l’Abbé de St Savin pour résider à Notz, y faire rayonner l’influence spirituelle de l’abbaye et y gérer ses biens temporels. Leurs noms nous sont connus à partir du XVe siècle. Parmi eux, deux appartenaient à une famille noble de la région : frère Jean du Genest (1440 - 1490), puis son successeur frère Etienne du Genest. La vie du prieuré peut être reconstituée grâce aux actes juridiques qui ont pu être conservés ; les aveux et dénombrements auxquels tout nouveau prieur était astreint lors de son installation, à l’égard de ses suzerains de Preuilly et de Mézières, les contrats passés entre les moines et leurs tenanciers, les pièces des procès avec les seigneurs voisins. Toute cette vie nous est contée par Jean Marot dans son ouvrage déjà cité, qui nous montre quels étaient les rapports du prieur avec ses semblables, à quelles acquisitions il procédait, quelles transactions il négociait pour la bonne gestion et l’amélioration du domaine. C’est ainsi que l’on a pû retrouver approximativement quelle était l’étendue des terres du prieuré. Le domaine proprement dit devait être d’une trentaine d’hectares ; d’autres terres représentant 150 hectares environ étaient exploitées par des “tenanciers”. Le prieur se trouvait ainsi amené à gérer environ 180 hectares. Au XVIIe siècle, Notz devint un prieuré simple en commende. On connait le principe de la “commende”. “« Désormais, nous dit Jean Marot, au lieu d’aller à des religieux élus par leurs confrères, sous le contrôle des seigneurs fondateurs, les fonctions et les biens d’Eglise sont distribués, comme des faveurs très recherchées, aux courtisans, aux abbés de cour et à tous ceux qui, de près ou de loin, touchent aux personnes en place. Non seulement le droit de nommer aux bénéfices ecclésiastiques est dévolu au roi, mais aussi aux cardinaux, aux “patrons” laïques des couvents et même aux officiers du Parlement de Paris. Les anciens bénéfices réguliers, c’est-à-dire réservés à des moines, passent la plupart du temps à des séculiers, prêtres sans doute, mais non soumis à la règle d’un Ordre religieux, et qui ne voient là qu’un profit personnel. » Ce mal n’est peut-être pas sans compensation, car les biens sont généralement mieux gérés et les immenses réserves accumulées par les congrégations religieuses circulent, maintenant qu’ils sont mis en dépense par les bénéficiers. Au lieu d’humbles noms de moines, on voit la liste des prieurs de Notz briller des noms de la plus haute noblesse. C’est ainsi que vers 1630 le prieuré passe aux mains d’une famille de haute noblesse tourangelle : les Voyer d’Argenson. Ils le gardèrent jusqu’en 1730. Le premier prieur de cette famille fut Claude de Voyer d’Argenson ; il était frère de René, ambassadeur à Venise, intendant de Berri, Touraine, Marche, Limousin et Auvergne. Claude fut trésorier de l’église collégiale de Sainte Madeleine de Mezières en Brenne, puis prieur de St Nicolas de Poitiers, Abbé de Chartres lès Cognac. Il habita Paris, rue d’Anjou, paroisse St André des Arts, et publia divers travaux littéraires. Jacques de Voyer d’Argenson, son neveu, fils de René, prit sa suite. Il fut vicaire général de son cousin issu de germain Gabriel d’Argenson, évêque de Rodez, puis vicaire général de son neveu François-Elie pour son abbaye de Preuilly sur Claise. Il fut nommé à la cure d’Argenson par son frère aîné René II et chanoine honoraire de St Hilaire de Poitiers. Il fut aussi Conseiller du Roi à la cour souveraine ecclésiastique de Paris. Il mourut dans sa 82ème année en 1715 à Argenson. Claude et Jacques demeurèrent assez fréquemment à Notz, semble-t-il; on les trouve souvent mentionnés, comme uploads/Histoire/ cahier-historique-notz-a4-fusion.pdf
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Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Sep 20, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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