D Ø c e m b r e 2 0 0 1 La boîte à jeux Dé, pions & pièces d’échecs D e même qu

D Ø c e m b r e 2 0 0 1 La boîte à jeux Dé, pions & pièces d’échecs D e même que la littérature, la musique ou la danse, festivités et jeux ponctuent, au Moyen Âge, la vie de tous les jours. Ainsi, parallèlement aux spectacles religieux qui accompagnent en particulier les fêtes de Pâques, les loisirs laïcs contribuent à la distraction de chacun. Les objets présentés sont de provenances diverses et leur datation s'étend sur près de cinq siècles. La pièce principale est sans doute la boîte à jeux, une des plus anciennes que l’on connaisse dans les collections publiques françaises. Il s’agit d’un objet de qualité, fabriqué avec soin, mettant en œuvre des bois d'ébène et de noyer teinté, ainsi que de l’ivoire naturel ou coloré en vert. Si, pour de simples raisons pratiques, ce type de boîte existe encore aujourd’hui –l évite d’égarer les pions–, nous ne connaissons plus guère une réalisation associant au total six jeux différents. Dès le XIIIe siècle, la forme classique la plus répandue, figurant également dans les traités techniques rédigés à cette époque, comporte trois jeux : les échecs, les mérelles et le tric-trac. Le “duo” tric-trac/échecs nous est d'ailleurs toujours familier. Ici, l’on découvre successivement (de gauche à droite) un tourniquet, un jeu du renard et des poules, un mérellier, un échiquier, au revers des deux plateaux amovibles, un jeu de tric-trac –terme mentionné en français pour la première fois en 1525–, un jeu de glic, enfin, à l’extérieur de la boîte. L’identification du premier, également dénommé roulette à aiguille, semblait problématique dans la mesure où les seuls exemples attestés n’étaient pas antérieurs à 1600. Alors qu’il est impossible de reconstituer avec précision le déroulement de ce jeu –on ignore en particulier la signification des flèches et demi-flèches vertes qui scandent le pourtour du cercle extérieur, tout comme celle des numéros–, l’anneau de laiton destiné à recevoir une aiguille verticale, à présent disparue, permet d’affirmer qu’il s’agit là du premier exemple d’un tourniquet. Le jeu du renard et des poules est également connu sous des noms divers depuis le XVIIe siècle. Les règles, clairement définies en 1283, font état de l’opposition entre deux camps inégaux : “l’un n’a qu’un pion, mais des déplacements sans contraintes, l’autre, qui l’assiège, a de 12 à 24 pions, mais des possibilités limitées” (T. Depaulis). Une nouvelle fois, la boîte du musée du Moyen Âge représente l’un des témoignages les plus précoces de ce jeu. Concernant les Boîte à jeux France (?), fin du XVe siècle ; ébène, noyer teinté, ivoire ; H. 39,9 cm. ; l. (fermée) 24,2 cm. Cl.3434 Pions divers et pièces d’échecs Europe du Nord, XIe - XIIe, XIVe et fin XVe siècles ; ivoire d’éléphant et de morse, teinté ; bois de cervité ; os de balaine ; H. max. 7,8 cm ; diam. max. 4,8 cm. Cl. 14422-14425 ; Cl. 9223 ; Cl. 11285-11286 ; Cl. 17712-17716 et Cl. 23305 Dé à jouer Europe médiévale (?) ; ivoire de morse ; diam. 3,7 cm. Cl. 22739 6, place Paul PainlevØ, 75005 Paris Service culturel. Tél. 01 53 73 78 16 w w w . m u s e e - m o y e n a g e . f r mérelles, il est possible de les rapprocher d’une forme simplifiée du morpion pratiqué de nos jours. Le jeu d’échecs est certainement le plus célèbre de tous les exercices de réflexion et pourrait faire à lui seul l’objet de longues dissertations. Le tric-trac, ancêtre du jacquet et proche de l’actuel backgammon, ne nécessite pas de plus amples explications. Tout comme pour le tourniquet, le glic a pu être reconnu grâce à la comparaison avec des jeux plus récents. Toujours d’après T. Depaulis, “les deux parties de la boîte constituent, quand elle est ouverte, un tableau où alternent des inscriptions, gravées sur plaquettes d’ivoire, et des compartiments rectangulaires qui leur sont accolés”. Le mot “glic”, au centre du panneau supérieur, correspond à un jeu de cartes comprenant généralement trois joueurs et sa mention est fréquente dès les années 1450. Disparu en France, il est encore attesté en Angleterre en 1674 et c’est ainsi que nous pouvons donner quelques principes de ce jeu : “le glic est une combinaison particulière, à savoir trois cartes de même valeur réunies dans une main, qu’en français moderne on appelle un brelan. Il s’agit d’un jeu de pari, comparable à l’actuel poker” (T. Depaulis). Un jeu tout à fait analogue existe à la même époque dans le monde germanique et des plateaux à compartiments proches de celui-ci sont conservés par exemple à Munich (Bayerisches Nationalmuseum). Si l’on s’intéresse à la provenance de notre objet, il faut retenir d’abord qu’il figure dans l’inventaire des collections comme une o euvre d’origine française. Acquis en 1862 par Edmond Du Sommerard, premier directeur du musée des Thermes et de l’Hôtel de Cluny, auprès d’un antiquaire parisien, il apparaît ensuite dans le guide des collections (1883) sous la rubrique “Tables, portes, miroirs, etc.” avec la mention “ouvrage français”. Bien que la technique de l’incrustation d’ivoire soit au XVe siècle plus fréquente en Italie, et notamment à Venise, il s’avère que des ivoiriers italiens travaillent au même moment en France. Quant aux pions et pièces d’échecs qui accompagnent cette boîte à jeux, exceptionnelle par sa date, sa provenance comme par la variété des possibilités qu’elle offre, seul les trente et une pièces en ivoire de morse tourné lui sont contemporaines. Elles appartenaient toutefois à deux ou trois jeux différents. Des rapprochements stylistiques s’établissent aisément avec certains exemples connus provenant d’Allemagne du Nord et datant d’environ 1500. Quatre autres pièces, en os, de forme abstraite suivant la tradition arabe, sont, comme la plupart des pièces isolées, issues d’une découverte archéologique. On y a reconnu un roi, une reine, un cavalier et une tour. Du début du XIVe siècle et sans doute d’origine scandinave, le roi couronné, tenant une épée, et le chasseur soufflant dans un olifant, seraient en os de baleine. Les six pions de tric-trac, en os ou en bois de cervidé, viendraient également d’Europe du Nord. Leur décor géométrique ou figuré est bien représentatif de ce que l'on trouve habituellement sur ce type d'objet. Enfin, le dé à jouer (?) surprend par sa forme sphérique. Il est creusé de quatorze petites cuvettes circulaires où sont inscrits les quatorze premiers nombres en chiffres romains. D'autres dés connus, tels ceux découverts lors des fouilles de la Cour carrée au Louvre en 1984, sont cubiques comme nos dés actuels. Julia Fritsch, conservateur Comparaisons Boîte à jeux, vers 1500, Nuremberg, Germanisches Nationalmuseum Boîte à jeux, vers 1550, Brixen (Bressanone), Musée diocésain Trois pièces d'échecs en ivoire de morse, XIe siècle, Crèvecœur-en-Auge, Musée-château Bibliographie Thierry Depaulis, “Une boîte à jeux du musée de Cluny”, Revue du Louvre, 1-1987, p. 26-30. Michel Pastoureau, L’Echiquier de Charlemagne : Un jeu pour ne pas jouer, Paris, 1990 Ch. Gendron, “Jetons et jeu de table romans au musée du Pilori de Niort et dans l'Ouest”, Bulletin de la Société historique et scientifique des Deux-Sèvres, 2° série, t. XII, 1979, n° 1, p. 49-60. O c t o b r e 2 0 1 0 Vêtements et accessoires liturgiques La liturgie, appelée au Moyen Âge officia divina ou officia ecclesiastica, désigne les pratiques cultuelles que l’on rend à Dieu. La messe, l’office, l’administration des sacrements et les fêtes liturgiques sont les principales formes du culte chrétien. Leur accomplissement nécessite le port de vêtements de célébration par les ministres du culte, prêtres, évêques, diacres et autres clercs. Ce vestiaire liturgique s’accompagne de divers accessoires, à la fois symboliques et utilitaires. Les vêtements et leurs accessoires sont volontiers faits de matériaux précieux, associés au sacré et manifestation visuelle de la gloire de l’Église. A la fin du Moyen Âge, ils deviennent encore plus luxueux et constituent de véritables ornements. Le musée de Cluny abrite une riche collection de vêtements et d’accessoires liturgiques. La manière dont se sont constituées les collections publiques au XIXe siècle explique la présence de nombreux fragments, provenant de tissus que certains collectionneurs, tel le chanoine Bock, découpaient pour les vendre à différents musées européens. Corrélativement, la plupart des vêtements liturgiques entiers conservés dans les musées sont des reconstructions, souvent effectuées au XIXe siècle. Il est donc rarement possible de déterminer l’origine et le contexte liturgique de leur production. Mais le musée de Cluny conserve aussi quelques textiles liturgiques archéologiques, dont la provenance est attestée : dalmatique (Cl. 10721 D) et gant liturgique (Cl. 10720) trouvés dans l’église Saint-Germain-des-Prés, soulier épiscopal (Cl. 12113) découvert dans la cathédrale Saint- Front de Périgueux, galons provenant de la cathédrale de Bayonne. Le vêtement principal du célébrant est la chasuble (du latin casula, petite maison), enfilée par la tête et ouverte sur les côtés. Large manteau à l’origine, elle se rétrécit sur les côtés à la fin du Moyen Âge – et encore davantage aux siècles suivants. Le dos est plus orné que le devant car le prêtre dit la messe uploads/Histoire/ cluny-fiches-mois.pdf

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  • Publié le Mai 08, 2021
  • Catégorie History / Histoire
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