Correction Exercice 1 - Dissertation Sujet : Les grandes mutations de la guerre

Correction Exercice 1 - Dissertation Sujet : Les grandes mutations de la guerre, de Clausewitz à Daech. La dissertation est le traitement d'un sujet donné, avec une introduction, un développement en plusieurs parties et une conclusion. Le candidat doit montrer : ● Qu’il maîtrise des connaissances et sait les sélectionner ; ● Qu’il sait organiser les connaissances de manière à traiter le sujet ; ● Qu’il a acquis des capacités d'analyse et de réflexion. Pour traiter le sujet, le candidat : ● Analyse le sujet et élabore une problématique ; ● Rédige un texte pertinent comportant une introduction (dégageant les enjeux du sujet et un fil conducteur en énonçant une problématique), plusieurs parties structurées et une conclusion (qui répond à la problématique). La réalisation d'une illustration en appui du propos (croquis, schéma, etc.) amènera une valorisation de la note. Exemple de dissertation : Introduction En déclenchant la Global War on Terror après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis se lançaient dans une guerre dite « asymétrique » contre le terrorisme djihadiste, sans limite d’espace ni de temps. Les effets s’en font encore sentir vingt ans plus tard, avec la présence des armées occidentales dans la zone Sahel- Sahara jusqu’au Moyen-Orient, et avec la fréquence des attentats islamistes en Occident. La guerre est un conflit armé entre deux ou plusieurs protagonistes. Ces derniers peuvent être des États, ou des acteurs non-étatiques qui, par le recours à la violence collective, opèrent des destructions physiques et psychologiques majeures, dans le but de réaliser des objectifs politiques. Pour Clausewitz, elle est un miroir des sociétés qui dépend de la culture du temps, et change souvent de nature : en un mot, un « caméléon ». Justement, comment s’est transformée la guerre depuis l’époque du grand stratège allemand du XIXe siècle ? Si les grands affrontements entre États, caractéristiques du XIXe et du début du XXe siècle, se sont raréfié, la violence guerrière n’a pas disparu : quelles formes nouvelles prend la guerre à l’époque du terrorisme d’Al-Qaida et Daech ? I. La guerre a connu une « montée aux extrêmes » (Clausewitz) entre le XIXe et le XX e siècle, dans le cadre des grands conflits interétatiques. 1. Le grand stratège allemand Clausewitz analyse la guerre sous un triple aspect : ● Un ensemble de moyens militaires dont use l’autorité politique pour réaliser ses objectifs, une fois que la diplomatie a montré ses limites : c’est la « Continuation de la politique par d’autres moyens » ; ● Un affrontement entre des peuples, et non plus seulement des États, qui amène à la destruction totale, l’annihilation de l’adversaire. L’âge des guerres « limitées » entre armées régulières est ainsi révolu ; ● Le déploiement de stratégies de la force, avec une concentration maximale de moyens matériels et humains. Toute guerre peut ainsi déboucher sur des extrémités de violence (« montée aux extrêmes »).2. Les deux guerres mondiales réalisent la « montée aux extrêmes » théorisée par Clausewitz. ● La Première Guerre mondiale, marquée par le déchaînement de la violence dans la « guerre de tranchées» et l’utilisation d’armes de destruction massive. Les civils sont plongés au cœur des destructions (artillerie lourde, gaz moutarde), avec un bilan très lourd, de 10 millions de morts au bas mot. ● Des sociétés durablement marquées par la guerre dans les années 1920 et1930 : la volonté de revanche des vaincus, la « brutalisation » durable des sociétés (thèse de George Mosse), la course aux armements, les coups de force expansionnistes des dictatures et la guerre civile en Espagne (1936-39). ● Pendant la Seconde Guerre mondiale, on atteint le sommet de l’horreur meurtrière (50 à 60 millions de morts), avec les campagnes massives de bombardements, des tueries de masse (génocide des Juifs et Tsiganes), l’utilisation de nouvelles armes de destruction massive (atome). Les procès de Nuremberg et Tokyo jugent des crimes de guerres et des crimes contre l’humanité. 3. La Guerre froide marque un premier changement profond dans l’approche de la guerre. ● La guerre n’est plus la « continuation de la politique par d’autres moyens »,sous l’effet de la dissuasion nucléaire. Il n’y a pas d’affrontements militaires directs entre les deux superpuissances et leurs blocs, qui utilisent tout type deressources : intimidation, subversion, espionnage, guerre économique, guerre psychologique, courses aux armements et à l’espace…● C’est le début d’un effacement des frontières entre guerre et paix : pas dedéclaration de guerre, pas de batailles rangées entre grandes armées, pas devictoire nette, pas de traité de paix. ● Les guerres périphériques font rage, prenant un caractère progressivementasymétrique, opposant armées régulières et irrégulières (guérillas), comme auVietnam ou en Afghanistan par exemple. II. Depuis la fin de la guerre froide, la guerre entre dans une phase de mutations intenses, s’éloignant définitivement des conceptions clau sewitziennes. 1. On assiste à un phénomène de raréfaction des grandes guerres interétatiques (l’Américain John Mueller parle d’une « obsolescence des guerres majeures » dès 1989). Trois grands types de causes l’expliquent : ● les valeurs guerrières sont dépassées (gloire, honneur, courage, patriotisme) et plus grand monde ne se risquerait à faire l’éloge de la guerre comme aux siècles passés ; ● la guerre n’est plus perçue comme une méthode efficace et rentable : lescoûts et risques encourus sont plus importants que les bénéfices escomptés ; ● la prospérité économique est devenue le but ultime des État s, il n’estdésormais plus obligatoire d’obtenir des succès militaires pour rayonner dans le monde. 2. À l’inverse, on assiste à une multiplication des guerres asymétriques, menées pardes armées irrégulières dans des contextes d’effondrement et de délégi timation desÉtats.Les guerres civiles ou intra-étatiques ont été bien plus nombreuses que les guerresinterétatiques depuis la fin de la Guerre froide, constituant environ les trois quartsdes conflits militaires recensés et provoquant pour les 9/10èmes des victimes civiles. ● Ces guerres opposent des armées irrégulières, milices et groupes paramilitaires entre eux, et à des armées régulières. En s’inscrivant dans la durée, elles peuvent devenir des conflits de basse intensité, avecaffrontements sporadiques et mortalité résidue lle, à l’image de la guerre du Donbass (depuis 2014). ● La guerre n’est ainsi plus le monopole des États. Elle se privatise sous lapression des groupes terroristes et séparatistes, des organisations criminellesqui prennent le contrôle de vastes espaces. Mais aussi par le recours à dessociétés militaires privées (SMP), type Academi (ex-Blackwater).3. La guerre est souvent perdue par les grandes puissances militaires. ● On est entré dans l’ère de la guerre ultra -technologique, qui peut être menéeà distance par les armées des États les plus puissants : bombardementsaériens à haute altitude, utilisation des drones, robots- soldats, satellites, frappes de missiles… Sans parler de la cyber-guerre, permanente et furtive,véritable « arme de désorganisation massive ». ● Toutefois, les guerres asymétriques montrent que la supériorité militaire negarantit plus la victoire : par exemple, pas de victoire nette des arméesoccidentales en Afghanistan, en Irak, au Mali et dans la zone du Sahel dans lesannées récentes. Perdre la guerre est devenu un « nouvel art occidental »selon Gérard Chaliand. ● L’objectif de « zéro mort » rend le prix du sacrifice humain insupportable pourles occidentaux, ce qui contribue à la redéfinition des notions de courage et d’héroïsme au comba t. III. Le djihad (guerre sainte) d’Al -Qaida et de Daech est révélateur de nouvelles pratiquesde la guerre, très éloignées du modèle clausewitzien. Annonce 1. Le terrorisme, une stratégie du faible au fort. ● C’est un mode d’action ancien, qui remonte à la fin du XIX e siècle(anarchistes), mais connaît une actualité brûlante avec le terrorismedjihadiste. ● Ce mode d’action est utilisé par des acteurs faibles qui doivent compenserl’absence ou le déficit de puissance militaire par des moyens autres que la confrontation directe sur le champ de bataille. ● Il s’inscrit dans la tradition de la « petite guerre », ou guérilla, dont il est unsubstitut (Gérard Chaliand) : le but est de déstabiliser l’ennemi sur le plan psychologique.2. La stratégie de la ruse et de la dissimulation revient ainsi à l’honneur ● Il en va ainsi de l’attaque du World Trade Center. Le 11 septembre 2001, desavions de ligne détournés depuis le sol américain s’écrasent contre les tours jumelles, devenant ainsi des armes « par destination » : c’est un nouveau « cheval de Troie » et une négation des anciens principes clausewitziens de laguerre. ● Le terrorisme transgresse les règles de la guerre et use de la sidération et dela peur des populations civiles à des fins idéologiques et politiques. Le but estde diviser les populations, et de créer le doute sur la capacité des États à lesprotéger. ● Les terroristes prétendent être des « soldats » (de Dieu), seuls dépositaires désormais des valeurs de courage, d’héroïsme et de sacrifice qui ont désertées les armées régulières, usant du pouvoir de détruire à distance etsous- traitant en partie la guerre à des sociétés militaires privées (SMP). 3. Le terrorisme d’Al -Qaida et de Daech brouille les frontières entre criminalité etguerre, sécurité intérieure et sécurité internationale, comme dans le cas français : ● d’un côté, uploads/Histoire/ correction-entrainement-1-odt.pdf

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  • Publié le Jan 23, 2022
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