Thème 3 : puissances et conflits dans le monde de la fin de la première guerre

Thème 3 : puissances et conflits dans le monde de la fin de la première guerre mondiale à nos jours Attention : pour les S. J’ai mis le cours complet sur les Etats-Unis : vous, votre cours démarre ici avec « les Etats-Unis, champions du monde libre » (et encore, seulement à partir de 1945). Lisez ce qui précède (ça donne le contexte), mais n’apprenez qu’à partir de 1945. Pour la Chine, le programme est le même quel que soit la section. Quelles sont les origines, l’évolution, les étapes, et les manifestations de la puissance des États-Unis/de la Chine ?  Comment définir ou caractériser une puissance mondiale ?  Comparer le rythme, les formes et la nature de l’affirmation de la puissance mondiale des deux pays. I. Les Etats-Unis et le monde depuis les « 14 points » du Président Wilson (1918) A. 1920-1941 : la tentation du repli 1. 1918-1920 : l’échec de l’interventionnisme wilsonien Le Président Wilson, démocrate, est un idéaliste. Il croit aux valeurs universelles portées par la Déclaration d’indépendance américaine. Dans ses 14 points, il énonce le 8 janvier 1918 (avant la fin de la guerre !) ce que devront être selon lui les principes des traités de paix qui mettront un terme à la guerre et, espère-t-il, à toutes les guerres. On peut retenir les idées suivantes : - Liberté de navigation (essentielle aux intérêts économiques américains) : idée ordinaire - Libre échange, baisse des tarifs douaniers : classique aussi (enjeux par rapport aux empires coloniaux notamment) - Réduction des armements - Règlement pacifique des conflits par une Société des Nations (la SDN à sa création est basée à Genève, à proximité de la France dont elle révèle l’influence en 1918) - Principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes : principe essentiel ! Mais en 1918, c’est la France qui apparaît comme le grand vainqueur et qui impose son point de vue. On attribue à Wilson l’expression suivante : « en 1918, la France a gagné la guerre ; en 1919, elle a perdu la paix ». C’est un républicain qui accède au pouvoir en 1920 : les Etats-Unis renoncent aux idéaux de Wilson, se désengagent d’Europe et de la SDN (le congrès américain n’a jamais ratifié l’adhésion des Etats-Unis à la SDN). 2. L’entre-deux-guerres : un isolationnisme relatif a. Des obligations minimales imposées par des intérêts financiers immédiats 4 p 137 Conséquence du traité de Versailles : l’Allemagne doit payer des réparations démesurées à la France (on estime qu’elle aurait dû payer jusqu’en 1987). Du coup, on observe dans les années 20 une hyperinflation en Allemagne, avec une dévaluation de la monnaie, ce qui inquiète des créanciers qui peinent à se faire rembourser. C’est au nom des intérêts économiques américains que le gouvernement républicain, par ailleurs isolationniste, s’implique dans la politique européenne (plan Dawes). b. L’ambivalence américaine face à la SDN pp 138-139 Wilson pense que la SDN garantira la paix : il entend que les Etats deviennent démocratiques, qu’ils acceptent les arbitrages des autres Etats en cas de différend, qu’ils renoncent à toute politique d’agression, en vertu du principe d’autodétermination. Il estime nécessaire de punir l’Allemagne, perçue comme responsable de la guerre, et pense que l’influence et le vote des Etats-Unis peuvent empêcher de nouvelles dérives vers des conflits. Les opposants à la SDN sont notamment des Républicains qui croient à la destinée manifeste des Etats-Unis (manifestdestiny) : Dieu aurait un projet particulier pour le peuple américain. Ce dernier devrait donc réamliser chez lui le projet de Dieu d’une société idéale, sans se laisser entraîner vers le mal issu des autres pays. Par ailleurs, la destinée manifeste du pays justifie une allégeance exclusive à l’égard de sa patrie : aucune allégeance possible à une société de nations. L’Europe en particulier est perçue comme un foyer d’intrigues et de querelles, très éloignées de la vocation américaine et de ses intérêts en termes de sécurité. c. Roosevelt et les crises : le glissement vers l’interventionnisme (1933-1941) Dès 1935, la loi de neutralité de Roosevelt affirme la neutralité des Etats-Unis qui s’interdisent tout commerce de matériel de guerre, mais aussi de matières premières voire de flux financiers qui pourraient être utilisés pour la guerre, avec des Etats belligérants : les Etats-Unis sont donc en mesure de faire pression sur d’autres Etats en leur imposant un certain isolement, une « quarantaine ». Roosevelt condamne en effet à cette occasion la montée des tensions « capables d’entraîner […] un conflit général », du fait de l politique agressive de quelques-uns. On peut noter que c’est le Président qui est seul juge de l’opportunité d’un embargo sur les matières premières et les flux financiers. En 1939, Roosevelt signale que tous les belligérants ne doivent pas être traités de la même façon, par le même isolement : il convient de distinguer agresseur et agressé. Surtout, il prépare l’opinion à une remilitarisation américaine. Pourtant, l’opinion semble jusqu’en 1940 préférer l’isolationnisme. Dès 1939, les Etats agressés ont été exclus de l’embargo sur les armes. En mars 1941, la loi « prêt-bail » permet aux Etats-Unis d’aider massivement les pays que les Etats-Unis considèrent comme leurs alliés stratégiques, ceux dont la chute entraînerait une menace pour la sécurité des Etats-Unis. Cette aide matérielle donne en outre le temps à l’industrie de défense américaine d’atteindre son rythme de croisière. B. Les Etats-Unis, champions du monde libre (1941-1991) 1. 1941-1947 : les Etats-Unis dans la guerre mondiale Suite à l’attaque surprise de la base américaine de Pearl Harbor (Hawaï) par les forces aéronavales japonaises, le Président – démocrate - Roosevelt demande au Congrès de déclarer la guerre au Japon (et à l’Allemagne dans le même mouvement, ces deux puissances étant alliées). Les buts de guerre ne sont pas territoriaux mais reprennent les valeurs de démocratie et d’autodétermination qui étaient au centre des 14 points de Wilson. Roosevelt met en avant notamment l’idée d’un progrès économique et social dès que les agresseurs auront été vaincus : son agenda est libéral (liberté de commerce, liberté économique et démocratie). Roosevelt insiste particulièrement sur les libertés religieuse et d’expression, mais aussi sur une « liberté de vivre à l’abri du besoin » et une « liberté de vivre à l’abri de la peur » qui sont nouvelles par rapport aux libertés naturelles de la tradition américaine. L’engagement militaire américain doit permettre la tenue d’élections libres qui mettront un terme aux conflits. Rq : De Gaulle, qui n’était pas présent à Yalta, a laissé entendre que s’y serait effectué un partage du monde entre Roosevelt, Churchill et Straline. En réalité, Roosevelt avait bien l’intention d’effectuer des élections libres dans tous les pays libérés. A l’issue de la défaite allemande, ou même de la défaite japonaise, acquise au prix de l’explosion de deux bombes atomiques, l’opinion américaine n’était pas prête à soutenir un nouvel affrontement cette fois contre l’URSS. Les bombes atomiques des 3 et 6 août 1945 ont montré aux Japonais la capacité des Américains à les anéantir, pour autant les Américains n’avaient pas la volonté de poursuivre indéfiniment le conflit. 2. 1947-1991 : les Etats-Unis dans la guerre froide a. Le containment et le refoulement Les Etats-Unis veulent éviter une contagion des mouvements révolutionnaires attisés par l’URSS et qui se nourrissent des difficultés de vie d’après-guerre. Le plan Marshall, aide financière proposée aux Etats qui doivent se reconstruire, vise à favoriser le retour à la prospérité et à la stabilité politique, mais aussi à donner aux Etats-Unis des clients solvables qui permettront à l’industrie américaine de se reconvertir vers un modèle économique de temps de paix. Par ailleurs, le modèle de société américain, qui suscite l’envie des Européens, relance le soft power des Etats-Unis qui font rayonner l’American way of life : la société de consommation. Dans le conflit idéologique relayé par les partis communistes locaux, les Etats-Unis utilisent aussi leur puissance médiatique (Radio free Europe, Voice of America). A la fin des années 1950, J.F. Dulles énonce la théorie du refoulement : il s’agit désormais non pas seulement de réagir à l’action de déstabilisation des partis communistes locaux, mais d’anticiper leur action par une politique agressive. Par ailleurs, les Etats-Unis acceptent un cessez-le-feu en Corée pour le pas multiplier les théâtres d’affrontement, notamment à l’occasion des décolonisations (auxquelles les Américains restent favorables, notamment en vertu du libéralisme économique qui est dans leurs intérêts) : les Américains commencent à succéder aux Français dans le règlement des tensions en Indochine. Peu à peu, les Etats-Unis en viennent à soutenir des dictatures conservatrices face à des guérillas communistes. b. Les essais de détente et de désarmement En 1962, le monde a évité de justesse la 3e guerre mondiale (crise des missiles de Cuba). En conséquence on met en place le « téléphone rouge », lien direct entre Washington et Moscou, pour éviter des malentendus dévastateurs. Par ailleurs, dans les années 60, l’engagement américain au Vietnam est de plus en plus lourd et a un impact très négatif sur l’opinion américaine : la stratégie du refoulement doit être revue. C’est uploads/Histoire/ cours-chemins-puissance-eu-chine.pdf

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  • Publié le Dec 04, 2022
  • Catégorie History / Histoire
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