16/01/2022 14:49 Cours : Les Confessions, livre XI, « Qu'est ce que le temps ?
16/01/2022 14:49 Cours : Les Confessions, livre XI, « Qu'est ce que le temps ? », saint Augustin : analyse et commentaire Page 1 sur 7 https://www.maxicours.com/W/cours/fiche/postit.php?oid=602050&imprimer=1&_eid=ueonaq6mid525gj7ee2gr9gbu0 Les Confessions, livre XI, « Qu'est ce que le temps ? », saint Augustin : analyse et commentaire Édition Garnier-Flammarion, traduction de Joseph Trabucco Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande, je ne le sais plus. Pourtant, je le déclare hardiment, je sais que si rien ne passait, il n'y aurait pas de temps passé ; que si rien n'arrivait, il n'y aurait pas de temps à venir ; que si rien n'était, il n'y aurait pas de temps présent. Comment donc, ces deux temps, le passé et l'avenir, sont-ils, puisque le passé n'est plus et que l'avenir n'est pas encore ? Quant au présent, s'il était toujours présent, s'il n'allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il serait l'éternité. Donc, si le présent, pour être du temps, doit rejoindre le passé, comment pouvons-nous déclarer qu'il est aussi, lui qui ne peut être qu'en cessant d'être ? Si bien que ce qui nous autorise à affirmer que le temps est, c'est qu'il tend à n'être plus. (chap. XIV) Si le futur et le passé existent, je veux savoir où ils sont. Si je n'en suis pas encore capable, je sais du moins que, où qu'ils soient, ils n'y sont ni en tant que futur, ni en tant que passé, mais en tant que présents. Car si le futur y est en tant que futur, il n'y est pas encore ; si le passé y est en tant que passé, il n'y est plus. Où donc qu'ils soient, quels qu'ils soient, ils ne sont qu'en tant que présents. Lorsque nous faisons du passé des récits véritables, ce qui vient de notre mémoire, ce ne sont pas les choses elles- mêmes, qui ont cessé d'être, mais des termes conçus à partir des images des choses, lesquelles en traversant nos sens ont gravé dans notre esprit 16/01/2022 14:49 Cours : Les Confessions, livre XI, « Qu'est ce que le temps ? », saint Augustin : analyse et commentaire Page 2 sur 7 https://www.maxicours.com/W/cours/fiche/postit.php?oid=602050&imprimer=1&_eid=ueonaq6mid525gj7ee2gr9gbu0 des sortes d'empreintes. (chap. XVIII) Ce qui m'apparaît maintenant avec la clarté de l'évidence, c'est que ni l'avenir, ni le passé n'existent. Ce n'est pas user de termes propres que de dire : « Il y a trois temps, le passé, le présent et l'avenir ». Peut-être dirait-on plus justement : « Il y a trois temps : le présent du passé, le présent du présent, le présent du futur. » Car ces trois sortes de temps existent dans notre esprit et je ne les vois pas ailleurs. Le présent du passé, c'est la mémoire ; le présent du présent, c'est l'intuition directe ; le présent de l'avenir, c'est l'attente. (chap. XX) 1. Présentation générale du texte a. L'auteur : saint Augustin (354-430 après J.-C.) Augustin est un penseur du IV siècle après J.-C. qui vécut en Afrique du Nord. Il se convertit au christianisme et raconta sa jeunesse dissolue et sa conversion à Dieu dans un de ses plus grands ouvrages, Les Confessions. Dans le livre XI des Confessions, il mène une longue et approfondie réflexion sur le temps. Après avoir affirmé que le temps a été créé par Dieu et qu'il n'existait pas avant celui-ci, il cherche à comprendre quel est l'être du temps. b. Le thème, la thèse et le problème du texte Le thème abordé dans le texte est le temps. Il s'agit plus précisément d'en donner une définition, en dépassant la simple intuition sensible qu'on peut en avoir. e 16/01/2022 14:49 Cours : Les Confessions, livre XI, « Qu'est ce que le temps ? », saint Augustin : analyse et commentaire Page 3 sur 7 https://www.maxicours.com/W/cours/fiche/postit.php?oid=602050&imprimer=1&_eid=ueonaq6mid525gj7ee2gr9gbu0 La thèse d'Augustin est que le temps est un être évanescent qui ne se donne qu'au présent et qui n'a d'existence que dans la conscience de l'homme. Le problème du texte peut se formuler ainsi : comment donner une réalité ontologique, c'est-à-dire une présence actuelle et réelle, à des temporalités qui, par définition, n'existent que dans l'absence - ce qui n'est plus (pour le passé) ou ce qui n'est pas encore (pour l'avenir) ? c. Le plan du texte Les deux premiers paragraphes (chapitre XIV) : le paradoxe du temps. J'ai une intuition immédiate et claire du temps, mais je suis incapable de le conceptualiser et d'en donner une définition précise. La raison principale en est que le temps suppose le changement. Le 3 paragraphe (chapitre XVIII) : le temps est passage d'un néant à l'autre et il ne semble avoir pour lieu que le présent. Le 4 paragraphe (chapitre XX) : résolution de l'énigme par une rectification du langage. Il n'y a pas trois temps, mais trois présents. 2. L'énigme du temps a. Une aporie Augustin part du constat d'un paradoxe : alors que j'ai une intime conviction de ce qu'est le temps, comme si j'avais toujours eu cette intuition en moi, je suis pourtant incapable de le définir. Je suis dans l'embarras dès qu'il s'agit de donner une définition du temps, c'est-à- dire lorsque j'essaie de le délimiter conceptuellement et de caractériser son essence propre. e e 16/01/2022 14:49 Cours : Les Confessions, livre XI, « Qu'est ce que le temps ? », saint Augustin : analyse et commentaire Page 4 sur 7 https://www.maxicours.com/W/cours/fiche/postit.php?oid=602050&imprimer=1&_eid=ueonaq6mid525gj7ee2gr9gbu0 Il y a à la fois une évidence (« je le sais ») et une impossibilité de donner une formulation théorique à cette certitude (« si on me le demande, je ne le sais plus »). Le temps est donc une expérience intime que chacun fait en soi et qui résiste à toute analyse d'ordre conceptuel et explicatif. C'est à la fois la plus familière et la plus étrange des réalités. C'est pour cette raison qu'on peut parler d'aporie : une aporie est une sorte d'impasse dans laquelle la pensée ne sait comment sortir. Elle marque un arrêt dans la réflexion. b. L'existence du temps semble liée à l'existence du changement Même si Augustin ne parvient pas encore à définir le temps, une évidence s'impose dès le départ à lui : c'est parce que je constate que les choses ne sont pas maintenant telles qu'elles étaient hier ou telles qu'elles seront demain que je peux distinguer passé, présent et avenir. Il faut percevoir des changements pour qu'il y ait temps : quels que soient ces changements (nuit et jour, naissance et mort, passage des saisons, etc.), ils marquent tous à chaque fois la rupture d'un état continu et uniforme. Le temps ne peut être réduit au changement, mais il est nécessaire de percevoir un certain mouvement pour le percevoir : par conséquent, le changement est une condition nécessaire, mais pas suffisante, de l'existence du temps. c. Le temps, un être évanescent Si on veut aller plus loin dans la réflexion, on retombe à nouveau dans l'aporie dès que l'on cherche à déterminer l'être du temps. En effet, si l'on est attentif à chacun des trois temps, on s'aperçoit qu'il est impossible de leur donner un quelconque être : — « Le passé n'est plus » : ce qui le définit, c'est justement 16/01/2022 14:49 Cours : Les Confessions, livre XI, « Qu'est ce que le temps ? », saint Augustin : analyse et commentaire Page 5 sur 7 https://www.maxicours.com/W/cours/fiche/postit.php?oid=602050&imprimer=1&_eid=ueonaq6mid525gj7ee2gr9gbu0 le fait qu'il n'est plus dans le présent, mais qu'il existe dans le passé. Le passé est un être qui n'en est plus un : un être qui s'est évanoui et qui a disparu au moment où l'on parle. Le passé n'est qu'une trace d'être. — « L'avenir n'est pas encore » : il est destiné à être, il va être, mais son être n'est pas encore en tant que tel. Le futur n'est qu'une promesse d'être. — Le présent ne peut être « qu'en cessant d'être » : le présent est à peine. En effet, à peine dit-on « présent » que déjà c'est du passé. Le présent porte en lui-même sa propre mort. Il est évanescent et instable, toujours destiné à n'être plus dès qu'il a commencé à être. Si le présent était toujours présent et se prolongeait indéfiniment, il n'y aurait plus de temps, mais seulement l'éternité. Si on accordait un être stable au présent, on détruirait justement le temps. Par conséquent, le temps « tend à n'être plus » : c'est un équilibre instable qui, toujours, n'est plus dès qu'il a commencé à être. Le temps est dans sa propre disparition. Son être est un non-être : seuls les qualificatifs d'incertain, instable, fugitif, peuvent prétendre approcher son essence. 3. La résolution de l'énigme a. Il y a un lieu du temps Augustin cherche à déterminer le lieu dans lequel pourrait se trouver le passé et le futur (« je veux savoir où ils sont »). Une certitude s'impose très vite : le passé et uploads/Histoire/ cours-les-confessions-livre-xi-qu-x27-est-ce-que-le-temps-saint-augustin-analyse-et-commentaire.pdf
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- Publié le Mai 03, 2022
- Catégorie History / Histoire
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