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\THEOL,QGI0&L / OCL Division. «Ml ,55 *> Section.,^3^ HISTOIRE LA SORBONNE> Digitized by the Internet Archiv< in 2014 5 https://archive.org/details/histoiredelasorb01duve HISTOIRE D E LA SORBONNE- DANS Laquelle on voit l'influence de la Théologie sur l'ordre social. TOME PREMIER. Opinionum commenta delet dies , natures judicia confirmât. Cic. de nat. deorum. lib. a. Par M. l'abbé J.7D UVERNET. A PARIS, Cliei Buisson, hôtel Coetlosquet, rue Hnute-feuiir*., PRÉFACE. L'Ouvrage qu'on publie aujourd'hui, était achevé il y a quinze ans ; mais les gens à préjugés parlaient si haut , et les arrêts qu'ils prononçaient , étaient si bêtes et si barbares , que nous n'osâ- mes en hazarder l'impression : c'eût été leur déclarer la guerre ; et on sait com- bien ces, gens à préjugés étaient alors nombreux , puissans , actifs et dange- reux dans leurs haines. Nous préférâmes le repos à une guerre ouverte, et qu'à moins de nous expatrier, nous n'eus- sions pu faire , tant pour notre propre compte, que pour les progrès de la raison, qu'avec un très - grand désavantage. En 1779 nous entamâmes, il est vrai, a vj Préface. une petite négociation pour faire impri- mer secrètement cette histoire en Hol- lande ; mais l'homme à qui nous fûmes adressés , trompa indignement notre con- fiance , et ce ne fut qu'après beaucoup de courses et de sollicitudes que nous parvînmes à recouvrer notre manuscrit. A peine fut-il en notre possession , qu« la police s'en empara suivant le droit qu'elle en avait. Ce droit , on le sait, était alors non celui de la loi , mais celui du caprice , et de la force ; il était sur- tout l'effet de la terreur dont était frappé le gouvernement toutes les fois qu'un philosophe s'élevant au-dessus des préju- gés, parlait d'un nouvel ordre de choses! On nous mena à la Bastille , et noue ouvrage fut enséveli l'espace de trois ans dans le greffe du commissaire Chenon: de ce greffe il passa dans une des ca- vernes de la police où il resta prisonnier pendant cinq ans. Préface. tîj Quand la raison et le courage ont eu de concert , renversé lal^murs de la Bas- tille et avec cet odieux château , l'ancien régime de la police ; quand sur les hon- teux décombres du despotisme , la phi- losophie, d'une main sûre et hardie, a eu arboré l'étendart de la liberté, on a vu naître le règne de la justice ; et dès la première aurore de ce règne , le manus- crit de Y Histoire de la Sorbonne , qu'en vain nous réclamions depuis dix ans , nous a été restitué sans la moindre dif- ficulté. Cette Histoire de la Sorbonne man- quait à nos annales; c'est, à dater du règne de Louis VII , l'histoire de la théo- logie et dès théologiens en France : c'est une esquisse de l'influence des opinions de cette école sur l'ordre social. On présente ce tableau de la théologie sous le titre de X Histoire de la Sorbonne» a ij vïîj Préface. parce que cette école est universellement connue en Eurone , parce quelle y a eu quelque célébrité quand cette partie de notre hémisphère était encore voilée du crêpe de l'ignorance et de Y ineptie ; parce que c'est de cette école que sont sorties la plupart des tempêtes qui , à diverses époques , ont bouleversé la France ; que sont sortis ces vents qui desséchaient les germes de la vérité à mesure qu'ils vou- laient éclore. Nous ne considérerons point la Sot-* bonne dans le détail de son régime in- térieur; elle n'offrirait rien d'intéressant, mais nous montrerons sa théologie dans les rapports qu elle a eus avec le gouver- nement et avec le peuple. Nous la ver- rons s' efforçant d'identifier la superstition avec la religion , et par ses efforts ren- dre la religion moins belle en la rendant moins simple, la rendre moins pure en Préface. vu surchargeant son culte de trop d'orne- mens , et même la rendre dangereuse , toute douce quelle est , en la rendant intolérante et persécutrice. D'après ces vérités , un esprit attentif distinguera soigneusement la religion d'a- vec la théologie ; la première n'a fait que du bien aux hommes en les consolant dans leurs malheurs , en leur prêchant la paix, la concorde, la justice et le cultej des loix. La théologie au contraire ne leur a fait que du mal en les égarant par ses dis- putes , en lès rendant foux , furieux , intolérans et barbares; en leur mettant un poignard à la main , après leur avoir mis un bandeau sur les yeux. C'est avec le secours de cette théologie que nos austères prêcheurs de pauvreté et d humilité évangéliques , sont devenus puissans en honneurs , en gloire , en cré- x Préface. (dit, en considération et. en richesses; c'est en argumentant, en raisonnant faux, en disputant autant qu'en intrigant, que les uns se sont érigés en souverains , tandis qu'on a vu les autres sous les orgueuilleuses dénominations de grandeur et d'émi- nence , se loger dans des palais , s'en- tourrer de luxe et de mollesse; et sub- stituer à la touchante simplicité des ver- tus apostoliques, l'éclatante, mais pas- sagère , mais frivole et périssable splen- deur de Tépiscopat. C'est encore avec le secours de la théologie et par l'illusion de ses raison- nemens que, jusqu'à nos jours, on a con- sacré des abus que la raison réprouvait \ et que le clergé a maintenu dans ses mains des richesses dont la masse ne s'est ac- crue que par des contes souvent renou- vellés de l'avenue de l'Antecrist et de la proximité du jugement universel , par Préface. xj des mensonges variés à Y infini sur U paradis , sur l'enfer , et sur le purga- toire , par des fables sur l'apparition du diable et des revenans, par de fausses prophéties , par de faux testamens , par de fausses donations , par de fausses dé- crétâtes, par de fausses Chartres, par de fausses légendes , par de faux miracles, et par de fausses reliques. Ce ne sont pas là , on doit en conve- nir , les sources uniques des richesses du clergé : nous croyons sincèrement qu'il en est de plus légitimes et de plus pu- res : nous croyons aussi qu'un peuple qui a atteint l'âge de la force et la ma- turité de la raison , peut reprendre tous les biens dont on l'avait dépouillé dans son enfance, c'est-à-dire, pendant qu'il était sot , faible et ignorant. HISTOIRE D E LA SORBONNE. TOME PREMIER. CHAPITRE PREMIER. Introduction. D'Abaillard et des Fondateurs de la Théologie en France. La rage de disputer n'est point née dans nos pays occidentaux : les Grecs les premiers furent atteints de cette maladie cruelle , et cela dans les plus beaux jours de leur gloire.i Un disciple de Socrate fonda la secte dispu- tante ; ce fut un Euclide , non ce géomètre , dont le génie lumineux et fécond n'enseigna que des vérités utiles et incontestables; maiis un Euclide de Mégare , esprit bisarre et Tome I. A 2 Ecole disputante pointilleux. Socrate, spn maître, était uît vrai philosophe, qui apprit aux Grecs à n'a- dorer qu'un Dieu et à être justes en adorant ce Dieii unique. L'élève ne fut qu'un sophiste dangereux : on ne le vit point parmi les sages du lycée ou du portique. L'endroit où Eu- clide donnait ses leçons, fut nommé école , qui veut dire badinerie. Les jeunes Athé- niens y passaient leur tems , non à s'ins* truire , mais h disputer sur des mots. C'était un vrai jeu d'enfans. Eubalidès réduisit en système ce jeu qui devint Fart d'embrouiller la raison et de répandre des nuages sur la vérité. On eut alors une secte disputante et querelleuse. Tous les écrits des philosophes furent bientôt infectés de sophismes et de subtilités.LaGrèceabondabientôtenmauvais raisonneurs , et ce fut des écoles attiques que se lit, avec le tems,' ce débordement de so- phistes , qui inondèrent les Gaules , l'Italie , les deux Phrigies : on les reçut à Rome , comme par-tout ailleurs , parce qu'on crut qu'ils étaient de vrais philosophes; et on les en chassa quand on vit qu'ils n'en avaient qtie le nom. Le malheur fut que clans la pros- cription , les bous furent confondus avec les mauvais. dé st. Paul. 3 À peu-près vers ce tems-là , quelques pau- vres Hébreux annonçaient à divers peuples de la terre, l'histoire de Jésus de Nazareth, avec qui la plupart d'entre eux , avaient demandé l'aumône dans différentes bour- gades de la Judée : le saint Esprit qui leur inspira toujours la vérité, ne se mêla point de la manière dont ils devaient la dire : il leur accorda le don de persuader, ce qui est fort au-dessus de l'éloquence humaine ; mais il ne leur apprit ni à disputer ni à bien écrire , uploads/Histoire/ duvernet-histoire-del-a-sorbonne-1790-i.pdf
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- Publié le Jan 10, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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