Effet de l’agriculture contractuelle sur l’efficacité technique des riziculteur
Effet de l’agriculture contractuelle sur l’efficacité technique des riziculteurs du pôle de Yamoussoukro (Côte d’Ivoire) Adassé Christophe CHIAPO Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny, Département Gestion Commerce et Economie Appliquée, Laboratoire de Droit, Economie et Gestion (UMRI 88), Email : chiapoadass@yahoo.fr Résumé L’agriculture contractuelle est utilisée dans le secteur rizicole ivoirien dans un contexte de déficit de l’offre intérieur de riz paddy malgré les potentialités en ressources. L’objectif de l’étude est d’analyser l’efficacité technique de cette forme d’organisation des échanges de riz paddy dans le pôle de Yamoussoukro (Côte d’Ivoire). Le modèle frontière de production stochastique, intégrant l’inverse du ratio de Mills est utilisé pour analyser les données primaires colletées auprès de 202 riziculteurs dont 104 contractants et 98 non contractants. Les résultats indiquent que les riziculteurs contractants sont indifféremment efficaces avec ou sans les contrats. Par ailleurs, les contrats assurant l’accès aux intrants et au marché du riz paddy sont plus efficaces que ceux assurant uniquement l’accès aux intrants. La politique rizicole doit favoriser les relations contractuelles stables. Mots clés : agriculture contractuelle, riz, modèle de sélection, frontière stochastique, efficacité technique JEL Codes : C35, L14, Q12 Abstract Effect of contract farming on technical efficiency of rice farmers within the pole of Yamoussoukro (Ivory Coast) Contract farming is used in the Ivorian rice sector in a context of deficit in domestic supply of paddy rice; despite potential resources. Aim of this study is to technical efficiency of this form of organization of paddy rice trade in the Yamoussoukro pole (Ivory Coast). The stochastic production frontier model, integrating the inverse Mills ratio, is used to analyze primary data collected from 202 rice farmers including 104 with contract and, 98 others without contract. The results indicate that rice farmers with contract are also effective with or without contracts. Furthermore, contracts providing access to inputs and paddy rice market are more effective than those providing only access to inputs. It is necessary that the rice policy promotes stable contractual relationships. Keywords: contract farming, rice, model selection, stochastic frontier, technical efficiency. JEL Codes : C35, L14, Q12 1 Introduction La Côte d’Ivoire est un pays de l’Afrique de l’Ouest dont l’économie repose sur l’agriculture. Selon les données publiées dans le document Programme National de Développement, l’agriculture et le secteur agro-industriel occupent deux tiers de la population active, contribuent pour 30% au Produit Intérieur Brut (PIB) et pour 40% aux recettes d’exportation. La performance de l’agriculture est tirée à la fois par les cultures d’exportation dominées par le binôme café-cacao mais également par les cultures vivrières. Ces dernières, notamment le riz, représentent une importante source d’augmentation du revenu agricole, contribuent à la réduction de la pauvreté rurale et à la sécurité alimentaire des ivoiriens (Ministère de l’agriculture, 2012). Le riz occupe une place importante dans la politique ivoirienne de sécurité alimentaire et, à cause de sa forte demande intérieure. En Côte d’Ivoire, le riz est devenu l’aliment principal de la population ivoirienne. Sa consommation moyenne par habitant et par an est passée de 39 kg dans les années 60 à 63kg en 2012 (Ministère de l’agriculture, 2012). Sa production de riz paddy est favorisée par un environnement climatique adéquat (Ministère de l’agriculture, 2012) d’une part. Les hauteurs des pluies sur l’étendue du territoire (1 000 à 2 200 mm de pluie) et leur répartition saisonnière favorisent la culture du riz paddy. D’autre part, des efforts d’investissement sont faits pour aménager les bas-fonds et mettre à la disposition des riziculteurs des semences à haute rendement. Le BNETD (2008) indique que sur 362 sites aménagés, 184 sites étaient équipés de barrages. Ces aménagements couvrent 54 457 ha sur une superficie totale aménageable évaluée à 180 000 ha. La variété de semence vulgarisée (Wita 9) peut produire jusqu’à 10 tonnes/ha. Ainsi, la production ivoirienne de riz paddy est en hausse continue depuis les années d’indépendances. Elle est passée de 621 805 tonnes en 2000 à 2 053 520 tonnes en 2014 selon les données de la FAO (2015); soit une moyenne annuelle supérieure à 800 000 tonnes au cours de la même période. Parallèlement, on assiste à une augmentation des superficies. Celles-ci sont passées sur la période de 2000 à 2014 de 341 466 hectares à 845 580 hectares selon les données de la FAO (2015). Toutefois, les rendements sont restés faibles. Sur la même période le rendement moyen est de 2,1 tonnes, inférieur au rendement attendu situé entre 3 et 5 tonnes à l’hectare selon les variétés. Certains auteurs tel comme Nuama (2010) 2 impute cette faiblesse à l’inadéquation des incitations à la production d’une part. D’autre part, elle est liée au manque d’efficacité des riziculteurs. Parallèlement, la population ivoirienne s’est accrue à un taux moyen de 3% par an ; ce qui correspond à un accroissement de la demande intérieure en riz. Cette demande n’arrive pas à être couverte par la production intérieure. Par conséquent, l’on recourt aux importations pour satisfaire plus de 50% des besoins alimentaires en riz blanchi (Ministère de l’agriculture, 2012). En outre, la crise alimentaire de 2008 va exacerber la situation. L’Etat ivoirien, conformément aux engagements régionaux, s’engage dans une nouvelle politique rizicole formulé dans un document conceptuel dénommé Stratégie Nationale du Développement de la Riziculture (SNDR). L’une des stratégies majeures envisagées par l’Etat pour accroitre la production de riz paddy est d’encourager la contractualisation entre acteurs. Cette forme d’organisation des échanges a toujours existé dans le sous-secteur riz. L’observation du sous-secteur rizicole dans le pôle de Yamoussoukro indique qu’il y a la production rizicole sous contrat et celle sans contrat. Les contrats sont signés avec diverses entreprises et offrent diverses incitations aux riziculteurs. Par exemple, les contrats avec structures privées donnent accès à l’information, à la formation sur le processus de production, aux facteurs de production et au marché de riz paddy. Les contrats avec structures publiques, en revanche, donnent seulement accès aux intrants et aux services d’encadrement et de vulgarisation. Toutefois très peu d’études ont mis en évidence l’efficacité technique de ces contrats rizicoles en Côte d’Ivoire ; de sorte à aider les pouvoirs publics dans leur choix de politique agricole. La question de recherche est de savoir si les mécanismes incitatifs de la riziculture contractuelle permettent d’améliorer l’efficacité technique des riziculteurs y participants ? La réponse à cette question permet aux pouvoirs publics de guider les acteurs du sous-secteur rizicole dans leur choix de modèle de contractualisation optimale. L’objectif de cette étude est d’analyser l’efficacité technique de la riziculture contractuelle dans le pôle de Yamoussoukro. Pour ce faire, un modèle paramétrique frontière de production stochastique intégrant l’inverse du ratio de Mills est implémenté sur des données appariées pour montrer d’une part, que les riziculteurs contractants sont indifféremment efficaces avec 3 ou sans les contrats. D’autre part, les contrats assurant l’accès aux intrants et au marché du riz paddy sont plus efficaces que ceux assurant uniquement l’accès aux intrants. La suite de l’article présente une revue sur l’efficacité technique de l’agriculture contractuelle, la méthodologie utilisée et les résultats et discussions. 1. Revue de l’efficacité technique de l’agriculture contractuelle L’agriculture contractuelle est un accord bilatéral de coordination des comportements (Brousseau et Glachant, 2000), une forme d’organisation de la production agricole commerciale (Eaton et Shepherd , 2002) entre un producteur et une entreprise depuis plusieurs années. Au japon, elle date de la dernière décennie du 19ième siècle. Aux Etats-Unis, son origine remonte au cours de la première décennie du 20ième siècle. Elle représente 39% en 2008 de la valeur totale de la production agricole aux Etats-unis (Wu, 2014). Pour les théories des contrats, l’agriculture contractuelle est une relation de délégation entre un principal (entreprise agricole) et un agent (producteur) en présence d’asymétrie d’informations et de rationalité limitée. Si le producteur accepte de participer à la relation alors il fournit l’effort pour produire l’extrant spécifié (en termes quantitatifs et qualitatifs). L’extrant est un produit agricole ou animal (Prowse, 2013 et Catelo et Costales, 2008). En contrepartie, l’entreprise agricole soutient (ou non) la production et achète (ou pas) la denrée. L’agriculture contractuelle est ainsi un cadre de déploiement de l’effort. Cet effort est à la discrétion du producteur. Ce dernier doit s’investir, mobiliser son talent, activer ses savoirs et savoir-faire pour atteindre un niveau optimal de productivité. La capacité du producteur à produire le maximum d’extrants possible, à partir du panier d’intrants qu’il détient, est appelé efficacité technique selon Farrell (1957). Par conséquent, l’agriculture contractuelle détermine donc l’efficacité technique tel que soutenue par Leibenstein (1978) dans sa théorie de l’efficience-X. Huil (2014) insiste sur le fait que les motivations internes et externes du producteur peuvent induire un niveau d’efficacité technique plus élevé. Ainsi, l’agriculture contractuelle peut être un instrument d’amélioration de l’efficacité technique. De même, les théories des contrats soulignent la nécessité de recourir aux incitations afin d’assurer l’efficacité technique de l’agriculture contractuelle. Ces incitations portent à la fois 4 sur les prix (théorie de l’agence) et sur les facteurs non-prix (théorie des coûts de transaction, théorie des droits de propriété). La théorie de l’agence ou théorie des incitations (Green et Laffont 1977 et uploads/Industriel/ article-dr-adasse-chiapo-rige.pdf
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- Publié le Jul 11, 2022
- Catégorie Industry / Industr...
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