I. Définition de la stratification A. La stratification , une réalité universel

I. Définition de la stratification A. La stratification , une réalité universelle et omniprèsente La stratification sociale correspond à la division d’une société en plusieurs groupes (ou strates ) hiérarchisées : - Elle est universelle c’est à dire qu’elle est présente dans toutes les sociétés, aussi bien les plus primitives que les plus modernes, les plus simples que les plus complexes. - Elle est omniprésente , c’est à dire que la société est traversée de divisions verticales qui peuvent être fondées aussi bien sur l’âge, que sur le sexe, la parenté, ou encore la richesse matérielle B. Les caractéristiques de la stratification La stratification se caractérise par : • la différenciation : elle est suscitée par la diversité des tâches présente dans la société. • Une échelle hiérarchique : la société comporte des étages superposés et ordonnés. • Une structure inégale : les strate ne sont pas seulement différentes , elles sont inégales aussi bien du point de vue du pouvoir , que du prestige ou de la richesse. • La mobilité sociale :les inégalités sont plus ou moins enracinées dans la société selon que les individus ont une possibilité restreinte ou réelle au cours de leur existence (mobilité intra-générationnelle) ou d’une génération à l’autre ( mobilité intergénérationnelle) de changer de catégorie sociale C. La stratification sociale , un terme ambigu La notion de stratification sociale est ambiguë car elle recouvre au moins deux notions en partie contradictoires : - Dans un sens large : elle distingue l’ensemble des systèmes de différenciation sociale basée sur : • la distribution inégale des ressources et des positions dans une société • qui engendre la constitution de groupe de droit ou de fait • qui sont plus ou moins structurés et • qui entretiennent des relations de subordination, d’exclusion et ou d’exploitation - Dans un sens restreint , la notion est réservée aux analyses : • qui s’opposent aux théories (dont principalement la théorie marxiste qui est visée) qui voient dans les classes sociales des groupes fondamentaux opposés dont le conflit structure la société. • c’est à dire à des analyse qui interprètent le corps social comme un ensemble de strates hiérarchisées en fonction de critères multiples (ex : le revenu, le prestige, etc.), dont la présence est nécessaire à la société (du fait de la spécialisation des tâches) et qui n’entretiennent pas entre elles des relations dominées par le conflit Une définition de Philippe Coulangeon : ici Sur Melchior : La notion de stratification sociale - Alfred Reginald Radcliffe-Brown II. La stratification dans les sociétés traditionnelles 1 Partie 1 – Les activités économiques et sociales Sous-partie 1 – L’organisation sociale Chapitre 3 – Classes et stratification sociale Notions fondamentales : stratification, castes , ordres , classes Fiche 1 – Définition de la stratification A. Les systèmes des castes ( 6 p97)) Les castes sont des groupes sociaux qui sont caractéristiques de la société indienne et qui reposent selon R Deliege (doc 2 p 138) sur 3 caractéristiques essentielles : • une spécialisation héréditaire : c’est à dire que chaque caste va se spécialiser dans un métier, des rites, des droits spécifiques , qui se transmettent de générations en générations :chaque enfant dés sa naissance appartient à la caste de ses parents et ne peut espérer aucune possibilité de mobilité sociale : le statut social est dit ascriptif c’est à dire que le destin social des individus est imposé aux individus sans qu’ils puissent le remettre en cause. L’action individuelle est découragée par avance , car l’individu qui sortirait de sa caste n’aurait plus de lien social car il serait rejeté par les membres de sa caste sans pouvoir espérer être accepté par ceux des autres castes • Une répulsion entre les castes qui produit de l’endogamie : chaque caste vit repliée sur elle-même, et il existe toute une série d’interdits légaux qui interdisent les relations entre membres de castes différentes. Dés lors les individus n’ont pas d’autres choix que de se marier avec un conjoint de la caste qui est choisie par les parents, ce qui renforce la répulsion en conduisant chaque caste à développer des différences d’ordre naturelles. Une hiérarchie sociale extrêmement stricte : certaines fonctions rituelles qui sont considérées comme pures (en portugais casta signifie pure) vont être affectées aux castes les plus hautes (ex les brahmanes qui prennent en charge les rites religieux)qui vont alors disposer du pouvoir et de la reconnaissance sociale. Elles vont alors dévaloriser les catégories les plus basses qui prenant en charge les tâches définies comme impures (ex : les éboueurs) vont être définies comme inférieures. Remarque : Depuis 1931 les castes n’ont plus en Inde d’existence officielle, néanmoins elles continuent à exister , car elles bénéficient d’une reconnaissance sociale. En effet grâce à son fondement religieux , la hiérarchie sociale découlant de ce système est parfaitement acceptée par la très grande majorité de la société indienne : la hiérarchie apparaissant tout à fait naturelle il n’est pas réaliste de considérer que l’on puisse changer la société par décret, comme l’a montré, au moins à court terme, l’échec relatif de la révolution française à limiter l’influence de la religion. Dans Sciences humaines : Les castes en Inde aujourd'hui Sur Libération : Un article d’E.Duflot sur la persistance des castes en Inde : L'Inde dans le ghetto des castes - Libération Sur Melchior : Avantages et inconvénients du système des castes - Jacques Dupuis Sur la vie des idées : La violence de caste en Inde aujourd’hui (PDF - 220.9 ko) par Joël Cabalion B. la hiérarchie des ordres (7 p97) Comme l’a indiqué G DUMEZIL la hiérarchie des ordres présente de nombreux points communs avec celle des castes : • e lle repose sur une division fonctionnelle de la société entre prêtres, guerriers et producteurs • Cette division est impérative elle est reconnue par la loi , elle s’impose aux individus qui n’ont pas d’autres choix que de respecter les interdits : exemple :un noble ne peut travailler sous peine de déchoir. La définition juridique des ordres, assure à certaines catégories (noblesse et clergé) un certain nombre de privilèges ( ex en matière d’impôt ou de justice) qui les distinguent du reste de la population (le tiers-état), et ce quelque soit leur situation financière. • Cette division de la société est héréditaire : mais elle ne vaut que pour la noblesse : on naît noble. • La société est hiérarchisée : elle repose sur le critère de l’honneur social, contrairement à notre société ce n’est pas la possession de richesses matérielles qui est source de reconnaissance, mais au contraire la reconnaissance sociale (la proximité avec le roi) qui assure l’accès aux ressources matérielles. 2 Néanmoins elle s’en différencie par au moins un critère essentiel : • Les castes sont des groupes fermés : la mobilité sociale est inexistante. • Alors que dans les sociétés d’ordre, bien que restreint la mobilité sociale est possible : par exemple un grand bourgeois peut acheter un titre de noblesse qui lui permettra d’accéder au groupe dominant. Conclusion : Selon A DE TOCQUEVILLE : la disparition de la société d’ordre d’ancien régime en France après 1789 s’explique principalement par la remise en cause des pouvoirs politiques de l’aristocratie opérée par la monarchie absolutiste qui a compensée cette évolution par une distribution de privilèges, et une fermeture de la noblesse : « plus cette noblesse cesse d’être une aristocratie plus elle semble devenir une caste ». Dés lors l’existence sociale de la noblesse ne paraît plus justifiée au peuple qui va se révolter afin de remettre en cause les privilèges de la noblesse et va par-là même détruire la monarchie absolutiste. Pour l’analyse de G.Dumezil : ici Un diaporama sur la société d’ordres : ici Présentation de la société d’Ancien Régime : ici III. La stratification sociale dans les sociétés industrielles Le concept de classe sociale est datée historiquement, il apparaît au 18 ème siècle dans un contexte bien déterminé : - une évolution des idées politiques et sociales : • remise en cause du principe de l’inégalité des droits • une multiplication des conflits sociaux - des bouleversements économiques : en particulier une série de révolutions agricoles,, industrielles, etc. La classe se différencie de la caste ou de l’ordre car : • elle n’est pas institutionnalisée : il n’apparaît pas de reconnaissance légale de la stratification en classe de la société après la destruction de la société d’ordres • elle se développe dans un contexte d’égalité de droits issu de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen ( art 1 : les hommes naissent libres et égaux en droits)qui fait que les classes ne sont pas figées et étanches comme pouvaient l’être les castes et dans une moindre mesure les ordres. On peut alors proposer deux définitions du terme classe : • une définition nominaliste : une classe est une collection d’individus présentant des caractéristiques semblables (du point de vue de nombreux indicateurs comme la profession, le niveau d’études, le revenu, etc.)qui n’ont pas conscience d’appartenir à une uploads/Industriel/ chapitre-structure-sociale-2010-2011.pdf

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