22 Profession Assistante Dentaire - décembre 2008 Dossier technique Interview d

22 Profession Assistante Dentaire - décembre 2008 Dossier technique Interview du Dr Pierre Beurrier chirurgien-dentiste Comme chaque année, le congrès de l’ADF nous donne l’occasion de découvrir de nouveaux produits. Il y a longtemps que nous n’avions pas parlé des empreintes. Aussi l’attention de PAD a-t-elle été attirée par un nouveau matériau à empreinte de type hydrocolloïde irréversible monophase de haute définition: le « Classe APOL » dédié à la prothèse fixée et dont les propriétés observées nous ont semblé étonnantes. Nouveau matériau d’empreinte Fig. 1 - La prise d’em- preinte avec le Classe Apol peut être réalisée aussi bien en solo qu’avec l’aide d’une assistante. 23 Profession Assistante Dentaire - décembre 2008 Dossier technique Matériau d’empreinte DÉFINITION PAD : Peut-on dire qu’il s’agit d’un alginate ? PB – Oui, puisque le composant principal est obtenu à partir d’algues brunes, mais ses caractéristiques et ses performances en font un matériau à part. C’est la raison pour laquelle, il est préférable de l’appeler par sa dénomination commerciale « Classe APOL » pour le distinguer des alginates que l’on a l’habitude de manipuler. Par ailleurs, dans l’esprit de nom- breux praticiens, l’alginate est considéré comme un maté- riau peu fiable, peu stable et fragile, qu’il faut réserver aux empreintes d’étude et antagonistes. PAD : C’est donc un alginate de classe A ? PB – Depuis octobre 1988, les normes européennes EN21563 ont fait disparaître la classification A, B ou C. Le « Calginat »destiné à la prothèse fixée et connu de tous répondait à ces normes toujours en vigueur actuellement. C’est notre confrère, le Dr. Brugirard qui, grâce à ses recher- ches, a permis d’en améliorer considérablement les perfor- mances pour aboutir à ce nouveau matériau. PAD : L’alginate a la mauvaise réputation d’être un matériau fragile et peu stable. Par comparaison avec les alginates que nous connaissons, quelles sont les particularités du Classe APOL ? PB – Avant tout, sa précision, puisque la reproduction des détails peut atteindre 7 microns, contre 20 microns exigés par les normes européennes. De plus, toujours par compa- raison avec les normes, la résistance à la rupture du Classe APOL est de 14 kg/cm² contre 3 kg/cm². Ce matériau ne se déchire donc pas à la désinsertion, et s’affranchit des contre- dépouilles. Par ailleurs, la déformation permanente est extrêmement faible, c’est-à-dire 0,12% à 24 h et 0,3% à 36 h, ce qui en fait un matériau extrêmement stable et signifie que la coulée de l’empreinte peut être différée sans conséquences à l’inverse de celle aux hydrocolloïdes (réversibles ou irréversibles) qui demandait à être coulée dans les meilleurs délais, ce qui représentait un acte supplémentaire pour les cabinets. Le composant principal est obtenu à partir d’algues brunes 1 24 Profession Assistante Dentaire - décembre 2008 Dossier technique Mais bien que faisant partie de la même famille, il ne faut pas comparer le Classe APOL aux autres alginates. Il est préférable de le mettre en parallèle avec les élastomères, et les silicones en particulier. PAD : Justement, par comparaison avec les élastomè- res, quels sont ses avantages ? PB – Sa précision d’enregistrement, qui est remarquable et comparable à celle des meilleurs élastomères. Les matériaux silicones proposés actuellement se disent plus hydrophiles les uns que les autres. Le terme hydrophile est complètement impropre. En fait, ils sont moins hydrophobes que les précédentes générations, et s’accommodent tant bien que mal de la présence d’humidité, avec les conséquences que cela peut entraîner. Le Classe APOL est par nature véritablement hydrophile. Ce qui signifie que l’empreinte peut et doit même être réa- lisée en milieu humide. Bien entendu, les préparations ne doivent pas baigner dans l’eau ou la salive, mais il est inutile et même déconseillé de sécher les préparations. Ceci permet de comprendre que le Classe APOL présente des capacités de mouillage exceptionnelles, et qu’il permet un bien meilleur étalement sur les surfaces à enregistrer par rapport à un silicone. PAD : Faut-il qu’un matériau à empreinte soit com- pressif pour bien prendre l’empreinte du sulcus ? PB – Non, un matériau trop compressif ne va pas mieux pousser le light dans le sulcus en technique monophase ou double mélange et cela peut même parfois aller à l’encontre du but recherché et refermer le sulcus plutôt que de l’ouvrir. Peut-être est-ce pour compenser la faible mouillabilité du silicone. Le Classe APOL s’utilise en technique monophase. Sa consistance « soft » est idéale pour l’injection sur les prépa- rations et le chargement du porte-empreinte. Fig. 2 - Le conditionnement est innovant : le matériau se présente en bol à usage unique ou en dosette pour malaxeur automatique. Fig. 3 - L’utilisation du malaxeur automatique simplifie considérable- ment la manipulation du Classe Apol et permet l’obtention d’une pâte parfaitement homogène. 3 2 25 Profession Assistante Dentaire - décembre 2008 Dossier technique Matériau d’empreinte Mode d’emploi PB – Qu’il s’agisse de réaliser une empreinte de moignons ou de cavités (inlays, inlay-cores), le but recherché est d’en- registrer le plus fidèlement possible les préparations et leurs limites. La technique monophase est probablement la tech- nique la plus facile, et la plus fiable, puisqu’on utilise un seul et même matériau d’une même viscosité. Ce matériau est tout à fait possible à mettre en œuvre tant par un praticien solo qu’avec une assistante.  Spatuler le matériau  Charger le porte-empreinte  Charger la seringue  Injecter le matériau en restant au contact des prépara- tions tout en gardant l’embout de la seringue dans la masse du matériau pour éviter d’emprisonner des bulles d’air.  Le porte-empreinte chargé est ensuite positionné sur l’arcade jusqu’à la prise complète du matériau.  Pour la prise d’empreinte des préparations périphéri- ques, étaler simplement au doigt le matériau sur les dents préparées. L’enduction au doigt est une technique qui est pratiquée presque systématiquement avec des résultats équivalents. Remarques importantes : • La présence de sang risque de compromettre la qualité de l’empreinte (valable pour tous les maté- riaux). • Assurer l’hémostase au niveau de la gencive mar- ginale si l’empreinte doit être réalisée dans la même séance que la préparation... • Ne pas utiliser de produit à base de chlorure d’alu- minium pour réaliser l’hémostase (en liquide, en pâte ou en gel car ce dernier a des propriétés très astringentes et malgré rinçage, il va « dessécher » les tissus sur les- quels il a été appliqué et absorbera l’eau du matériau à empreinte, provoquant inévitablement une déchirure à la désinsertion). • Le produit d’hémostase efficace et compatible à utiliser doit être à base de sulfate ferrique. Le produit est appliqué en frottant sur la gencive à traiter durant quelques dizaines de secondes maximum. Il doit être éliminé grâce à un rinçage abondant immédiatement après l’obtention de l’hémostase. Ce type de produit qui se présente en seringue de gel est proposé par plusieurs fabricants. Astuce… il faut savoir que l’alginate a aussi des propriétés hémostatiques. Il est donc possible, par exemple, au cours de la prise l’empreinte antagoniste, d’étaler un peu d’alginate avec le doigt sur la zone à traiter. PAD : Le praticien va-t-il systématiquement réaliser une éviction gingivale avant et comment ? PB – L’ouverture du sulcus n’est pas toujours indispensa- ble, car la plupart des couronnes céramo-céramique ont des limites juxta ou légèrement sous-gingivales. Un matériau à empreinte, quel qu’il soit, enregistre ce qui est visible. Si l’évasement du sulcus s’avère nécessaire pour met- tre en évidence la limite cervicale, n’importe quelle techni- que peut convenir : simple fil, double fil, bistouri électrique, fraise, couronne provisoire. Personnellement, j’affectionne la technique du double fil ; mais il m’arrive fréquemment après préparation, de faire l’hémostase et de prendre directement l’empreinte. Si une éviction gingivale au fil doit être réalisée, c’est seu- lement après obtention de l’hémostase et rinçage soigneux que celui-ci sera introduit et laissé en place dans le sulcus durant quelques minutes. Ce n’est que l’action mécanique du fil qui doit assurer l’évasement. Il ne faut en aucun cas imprégner le fil d’un produit de rétraction ou d’hémostase, quel qu’il soit. PAD : Quel matériau pour quelle utilisation ? PB – J’utilise le matériau Classe APOL dans près de 90 % des cas en prothèses fixées. Je l’utilise également pour les transferts d’implants (en technique PE fermé et capsule repositionnable) dans les cas unitaires ou de petite étendue. Dans les autres cas, je passe aux silicones. Pour les inlay- cores, je n’utilise que des tenons calibrés repositionnables. La prise d’empreinte de tenons anatomiques n’est pas possible avec le Classe APOL. Lors de tenons trop divergents sur une même dent ou sur plusieurs dents, je préfère utiliser des élastomères. PAD : Quel porte-empreinte l’assistante doit elle pré- senter au praticien ? PB – D’une manière générale, les porte-empreintes doi- vent être rigides, de préférence métalliques et pleins avec des rétentions internes de type Rimlock. Ils assurent une excellente tenue du matériau, ce qui élimine le risque des empreintes décollées/voilées comme cela arrive souvent avec des porte-empreintes perforés. Bien que ce ne soit pas indis- pensable, j’ai pour habitude d’enduire uploads/Industriel/ cal-gin-at.pdf

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