1 DIFFICULTE D’APPROPRIATION DES VOYELLES NASALES DU FRANÇAIS MS 198/XH/2015 NG

1 DIFFICULTE D’APPROPRIATION DES VOYELLES NASALES DU FRANÇAIS MS 198/XH/2015 NGUYEN THUC THANH TIN* RÉSUMÉ Les voyelles nasales relèvent d’une particularité phonologique de la langue française. La non maîtrise de ces sons compromet la qualité de la compréhension orale et de la production orale. Vu l’impact du problème, l’auteur de l’article s’intéresse à rappeler les principales caractéristiques de ces voyelles en vue d’une meilleure appropriation et à proposer ensuite des corrections à l’adresse du public vietnamien afin de remédier à leurs prononciations lacunaires. Mots-clés : nasalité, correction. TÓM TẮT Khó khăn trong việc nắm bắt những nguyên âm mũi của tiếng Pháp Nguyên âm mũi là một đặc thù âm vị của tiếng Pháp. Nếu không nắm bắt chúng, việc nghe hiểu và nói cũng sẽ bị ảnh hưởng. Vì tầm quan trọng của vấn đề, tác giả bài báo nhắc lại một số tính chất chính của các nguyên âm mũi để có cái nhìn rõ hơn. Sau đó tác giả đưa ra một số biện pháp sửa lỗi phát âm cho đối tượng người học Việt Nam. Từ khóa : nguyên âm mũi, sửa lỗi phát âm. ABSTRACT Difficulty in the workout of nasal vowels of french The nasal vowels are the phonological features of French language. The lack of controlling these sounds will affect the quality of listening comprehension and oral production. Given the impact of the problem, the author of the article focuses on reminding the main characteristics of these vowel sounds to offer a close insight of them and then propose some correction ways to improve the pronunciation of Vietnamese learners. Key words : nasality – correction. 1. Introduction La phonétique occupe une place bien modeste dans l’enseignement d’une langue étrangère par rapport aux autres contenus (grammaire, lexique, culture, etc.), comme en témoigne un regard rétrospectif de la discipline. Autrefois, sa présence ne résidait que dans la correspondance son-graphème. Par ailleurs, les considérations des didacticiens à l’époque portaient sur la répétition des phrases. Avec la méthode grammaire-traduction, la phonétique n’était pas dans la visée * PhD, HCMC University of Education; Email: thanhtin80@yahoo.fr des pédagogues. Il faut attendre l’époque de la méthodologie directe pour témoigner le développement de l’expression orale, accompagnée d’une maîtrise de la prononciation. Il s’agit là d’un premier pas qui s’inscrit du mouvement de réforme et d’un changement d’orientation dans la vision des pédagogues. C’est seulement à la fin du XIXe siècle qu’a été enregistré le vrai essor de la phonétique. Le code oral étant l’habileté privilégiée de la discipline, la pratique de la prononciation est pour autant favorisée : La phonétique est perçue comme une étape essentielle à la maîtrise des habiletés orales (CHAMPAGNE-MUZAR, 1998 : 13). L’attention de la pratique porte non seulement sur la production mais aussi sur la perception. On commence à s’intéresser au phénomène de l’audition et à l’entraînement articulatoire. Dans cette perspective, on considère l’habileté à discriminer les sons et les faits suprasegmentaux comme une première étape dans l’acquisition des habiletés phonétiques. A cela s’ajoutent les contributions de la physiologie, ainsi que l’apport de l’alphabet phonétique international, tout concourt à l’initiation de l’apprenant à l’expression orale. La dimension phonétique d’une langue est très important, à côté d’autres éléments, non seulement parce qu’elle permet la communication mais aussi qu’elle représente la beauté de cette langue même. En effet, si l’on dit qu’une langue est belle, en comparaison avec les autres langues, c’est qu’on se base sur son vocabulaire, sur un ensemble sonore des mots, sur la mélodie, sur l’intonation, etc.… mais rarement sur la communicabilité. Par conséquent, acquérir le système phonétique d’une langue devient incontournable si l’on veut s’approprier parfaitement cette langue. En situation de l’enseignement du FLE, la question de phonétique se pose avec acuité, à côté des difficultés de tous genres (conjugaison, orthographe, emploi des temps et des modes, etc.) que rencontrent les apprenants vietnamiens (problèmes de conjugaison, d’orthographe, confusions dans l’emploi des mots, etc.). En effet, leurs bagages phonétiques de la langue maternelle parfois accentueraient encore plus les difficultés, qui nécessiteraient donc une issue efficiente. Parmi les difficultés que nous avons perçues, celle des voyelles oralo-nasales découragent nos apprenants le plus. Ils ont beaucoup de mal à les prononcer. Les confusions sont aussi nombreuses en raison de l’interférence. 2. Problématique Dans la plupart des cas, nos apprenants produisent [ěŋ] au lieu de [ɛ̃]. Ainsi, l’énoncé /mǝsjømɑRtɛ̃slavlemɛ̃tulemɑtɛ̃/ devient /mǝsjømɑRtěŋslavleměŋtulemɑtěŋ/. Ils ont aussi tendance à prononcer [ɑ] ou [ɛ] pour [ɛ̃]. Les autres nasaux subissent le même sort : - [aŋ] pour [ɑ̃] - [ɔn] pour [ɔ̃] - [ɛn] pour [œ̃] Particulièrement pour le son [œ̃], ils ne parviennent même pas à le discriminer avec [ɛ̃]. 3 Or ces sons relèvent de la particularité de la langue française. L’omission de ces éléments peut aboutir soit à une déformation du message émis, soit à l’inintelligibilité, sans parler des effets indésirables chez l’interlocuteur. La correction de ces lacunes phonétiques dès les premiers cours s’avère plus qu’indispensable. Une bonne prononciation chez le débutant favorise par ailleurs ses compétences orales et lui donne accès aux connaissances linguistiques ultérieures. 3. Les voyelles nasales Selon LÉON (1976 : 33), une voyelle est nasale lorsqu’elle est émise par la bouche, mais aussi un peu par le nez. Toutefois, les voyelles nasales dont on parle souvent sont, à vrai dire des oralo-nasales. Une deuxième définition, celle de NGUYỄN THỊ Bình Minh (2003 : 13) complète la première : Quand le voile du palais s’abaisse, l’air expiré sort à la fois par la bouche et par le nez. Il y a effectivement articulation buccale et production de résonances nasales : l’articulation est dite oralo-nasale. Les voyelles françaises sont en réalité les voyelles oralo-nasales et « ont une articulation légèrement postérieure que celle des voyelles orales correspondantes ». Quatre voyelles sur seize en français sont donc soumises à ces conditions : Antérieures Postérieures Ecartées [ɛ̃] (pin) [ɑ̃] (tant) Arrondies [œ̃] (lundi) [ɔ̃] (mont) Tableau des voyelles nasales françaises avec leurs traits articulatoires distinctifs Selon NGUYỄN THỊ Bình Minh (2003 : 28), les quatre voyelles nasales françaises sont représentées graphiquement par une ou plusieurs voyelles suivies de la consonne « n ». Ce « n » est remplacé par « m » s’il est suivi d’un « b » ou d’un « p » (bonbon, embonpoint exceptés). Exemples : lent [lɑ̃], ambulance [ɑ̃bylɑ̃:s], temps [tɑ̃], bon [bɔ̃], ombre [ɔ̃bR], pain [pɛ̃], impossible [ɛ̃pɔsibl] Les graphies « voyelle + n » ou « voyelle + m » ne sont reproduites en une voyelle nasale que si elles se trouvent : - en finale absolue Exemples : pin [pɛ̃], an [ɑ̃], ton [tɔ̃], brun [bRœ̃] - suivie d’une consonne écrite (prononcée ou non) – autre que « n » ou « m » Exemples : peint [ɛ̃], peinture [pɛ̃ty:R], pend [pɑ̃], pendu [pɑ̃dy], long [lɔ̃], longtemps [lɔ̃tɑ̃], humble [œ̃:bl], ambulance [ɑ̃bylɑ̃:s], pompier [pɔ̃pje], tympan [tɛ̃pɑ̃] D’ailleurs, certaines voyelles nasales perdent leur nasalité (se dénalisent) dans la liaison. Exemples : bon ami [bɔnɑmi], bon anniversaire [bɔnɑnivεRsεR], … LÉON ajoute les cas où la combinaison « voyelle + n ou m » (ou « nn » ou « mm ») n’est pas nasale et que le « n » ou le « m » est prononcé. Il s’agit de timide [timid], fané [fɑne], immobile [imɔbil], année [ane]. 4. Analyse des difficultés À notre avis, les difficultés viennent principalement de la différence dans les systèmes phonologiques des deux langues. Dans le cas du vietnamien, il s’agit du système des tonales, à savoir une langue à tons dotée de tons mélodiques. Les voyelles de ce système sont définies selon les critères suivants : - Le point d’articulation : les tonales antérieures et les tonales postérieures - La labiation : les tonales écartées (ou non arrondies) et les tonales arrondies - L’aperture : 4 niveaux : tonales très fermées, tonales fermées, tonales ouvertes, tonales très ouvertes. - Le timbre : les tonales sont réparties en trois séries (aiguës, neutres, graves) puis en deux groupes (les monophtongues et les diphtongues) - La durée : voyelles brèves et voyelles longues. La plupart des apprenants vietnamiens se servent du bagage phonétique de la langue maternelle pour produire les sons étrangers, ce qui est la source des erreurs. Les mécanismes qu’ils utilisent fréquemment sont par exemple : - Relâchement dans l’émission des sons - Discrimination trompeuse entre les sons - Reproduction fautive des sons. Ainsi, les erreurs commises pour les voyelles nasales sont les suivantes : - mauvaise distinction entre [ɛ̃] et [œ̃] - prononciation de [ɑ̃] ou [ɑn] au lieu de [ã] - prononciation de [ɔŋ] ou [ɔn] au lieu de [ɔ̃] - prononciation de [ěŋ], [ɛ] ou [εn] au lieu de [ɛ̃] - prononciation de [ɔn] au lieu de [œ̃] Une confrontation de ces sons sur le trapèze vocalique permettra un repérage plus aisé de ces problèmes. 5 Confrontation sur le trapèze vocalique 5. Correction Comme soulignent KANEMAN-POUGATCH, PEDOYA-GUIMBRETIÈRE (1991: 52), il s’agit d’abord de sensibiliser les élèves à la nasalité. Ce phénomène n’est rien d’autre qu’un son produit sur expiration de l’air qui passe à la uploads/Industriel/ difficulte-d-x27-appropriation-des-voyelles-nasales-du-francais.pdf

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