PRODUITS DE LA MER N°211 FÉVRIER-MARS 2022 ❘ 52 ❘ DOSSIERS PROCESS, EMBALLAGES
PRODUITS DE LA MER N°211 FÉVRIER-MARS 2022 ❘ 52 ❘ DOSSIERS PROCESS, EMBALLAGES ET CONDITIONNEMENT L es équipementiers sont au premier rang pour juger du dynamisme des transformateurs de produits de la mer. Et en l’occurrence, leur constat est très positif. « 2021 a été une très belle année sur les ateliers de la côte Atlantique, avec des projets orientés sur l’automa- tisation et l’ergonomie », constate ainsi Gwenvael Peres, directeur commercial chez Guelt. Les investissements sont por- tés à la fois par une logique cyclique de renouvellement d’équipements et par les nombreuses incitations politiques (subven- tions pour l’écoconception, les économies d’énergie, etc.). « Les aides incitent souvent les entreprises à passer le pas », constate Thibault Derain, technico-commercial pro- duits de la mer chez Arcos. La pandémie n’a pas freiné les investis- sements. « En période de crise, les clients saisissent les opportunités. 2021 a été une année chargée, 2022 le sera également », prédit Virgile Touzé, commercial produits de la mer chez Marel pour le Grand Ouest. Pour autant, le Covid-19 n’a pas été sans impact. Les habitudes de consomma- tion ont changé. Les fabricants ont su se montrer agiles et, parfois, se diversifier. « Certains industriels qui travaillaient pour la RHF ont dû réadapter leurs process pour s’adapter aux GMS, aux grossistes ou aux poissonneries. Des niches, comme la livrai- son de poissons en direct, se sont trans- formées en marchés confirmés », constate Mehdi Allab, commercial Marel pour la zone de Boulogne-sur-Mer et l’Est de la France. Les investissements dans les produits de la mer s’inscrivent surtout dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre. Il manque parfois 30 personnes dans un ate- lier de 150 ! Dans ces conditions, automati- ser permet d’éviter la mise à l’arrêt de l’ou- til industriel. « Ce n’est pas pour gagner de l’argent que tous les clients cherchent à automatiser, mais pour fiabiliser leur outil de production, leur organisation, et pou- voir garantir un taux de service », souligne Mehdi Allab. D’autant que la situation s’aggrave. Les difficultés de recrutement ne concernent plus seulement des postes très spécifiques, comme les fileteurs, un métier complexe, long à maîtriser. Même les opérateurs moins qualifiés manquent à l’appel. Chez Guelt, on voit se multiplier les demandes d’automatisation sur des tâches de mareyage à faible valeur ajoutée : port de charge, glaçage, etc. L’entreprise va aménager la criée de Concarneau en mai- juin 2022. Le confort de travail des sala- riés y sera une priorité, comme sur d’autres chantiers. « Aujourd’hui, beaucoup de gens sont formés mais peu restent. Écouter les opérateurs et leurs besoins est essentiel », affirme Dominique Brière, expert solutions produits de la mer chez Guelt. Idée astu- 10 à 15 ans La durée de vie moyenne d’une machine. Une réponse au manque de main-d’œuvre Le plein de nouveautés « En emballage, le problème n’est jamais le matériau » DOSSIER : FANNY ROUSSELIN-ROUSVOAL Renouvellement « cyclique » des parcs d’équipements, incitations financières, pénurie de main-d’œuvre, recherche de solutions plus « vertes » et de nouveaux marchés : la dynamique d’investissement est forte dans les produits de la mer, que ce soit en process ou en emballages. Petits et grands acteurs recherchent automatisation, polyvalence et ergonomie. Investissements tous azimuts PROCESS, EMBALLAGES ET CONDITIONNEMENT L e pôle des produits aquatiques Aquimer monte actuel- lement des groupes de travail sur la thématique des emballages. « Nous avons recensé une trentaine d’entre- prises intéressées pour participer à ces réflexions », pré- cise Harmonie Tellier, chargée de mission. Le pôle attend actuellement les résultats de deux projets : Sepla (Solutions alternatives aux emballages plastiques à usage unique) et l’étude EIT Capécure. Cette dernière a pour objectif de dresser un état des lieux des emballages présents sur le port de Boulogne-sur-Mer et d’émettre des préconisations pour une meilleure valorisation de ces déchets. Dans les deux cas, la restitution est prévue pour mai/juin. [Groupes de travail : Aquimer « emballe »] PRODUITS DE LA MER N°211 FÉVRIER-MARS 2022 ❘ 54 ❘ DOSSIERS PROCESS, EMBALLAGES ET CONDITIONNEMENT cieuse : des lunettes de réalité augmentée sont proposées, pour que les opérateurs se rendent compte du futur projet et puissent se l’approprier. Les anciens peuvent aussi apporter leur expérience. « La pénurie de main-d’œuvre exige de se réinventer, d’uti- liser le numérique, assure Gwenvael Peres. En l’occurrence, tout le monde ne sait pas lire un plan en 2D. » La technologie à la portée de tous Automatisation, robotisation, digitali- sation : les mots font parfois peur aux petites entreprises. Pourtant, elles sont aussi concernées. « Alors qu’il y a cinq ou dix ans, les innovations visaient sur- tout les “gros” process, désormais elles concernent aussi des équipements adaptés aux besoins des mareyeurs ou des artisans fumeurs, plus simples et plus abordables », souligne Virgile Touzé chez Marel. Le géant islandais, très présent sur le marché du sau- mon et des poissons blancs, propose ainsi une désarêteuse simplifiée (la MS 2610). « Même les “petits” adoptent des équi- pements plus technologiques, qui évitent le côté aléatoire de l’humain, confirme Thibault Derain, chez Arcos. Présent sur le chaud et le froid, le constructeur a ajouté une nouvelle corde à son arc depuis deux ans : des petites trancheuses adap- tées aux besoins artisanaux et semi-indus- triels. La gamme devrait s’enrichir prochai- nement de nouvelles fonctionnalités (angle multiple, cadences supérieures, qualité de tranchage). L’entreprise – qui s’est agran- die et recrute – propose par ailleurs un nouveau système de régulation pour ses équipements (fumoirs, séchoirs, cuisson, cellules de décongélation), permettant un pilotage plus fin depuis un ordinateur de supervision : optimisation énergétique, ges- tion plus précise des recettes, etc. Pour les plus gros industriels, la recherche de rendement garde une dimension impor- tante. Baader lance une version améliorée de sa fileteuse (voir encadré). Marel pro- pose différentes solutions, à la fois hard- ware (équipements) et software (logiciels pour optimiser la performance). Son sys- tème de découpe au jet d’eau FlexiCut commence à arriver en France. Le logiciel QC, destiné à analyser les filets, a été amé- lioré. La trancheuse très flexible I-Slice 3400 poursuit son développement, etc. Côté produits, l’élaboration a le vent en poupe. « Le marché des produits de la mer est dynamique et plusieurs applications sortent du lot », relève Florence Le Lay, directrice d’Urschel France. Elle constate ainsi beaucoup de demandes « de cubes et allumettes de saumon, destinés à des plats cuisinés et aux salades ; de petites particules d’algues, pour l’alimentation humaine, type tapenades ; de flocons de poissons séchés, fumés, très forts en goût (ex : maquereau), pour aromatiser les soupes miso et la cui- sine japonaise ». François Aufranc, diri- geant d’Arcos, note de son côté « une forte demande sur le fumé, qui se traduit par de nombreuses créations d’entreprises arti- sanales, pas seulement sur les côtes, mais aussi dans les terres ». En ce qui concerne les emballages, deux grands objectifs ont été fixés par la loi Agec (anti-gaspillage pour une écono- mie circulaire) : tendre vers 100 % de plas- tique recyclé d’ici 2025 et atteindre la fin de la mise sur le marché d’emballages en plastique à usage unique d’ici 2040. La palette des solutions s’élargit, toute la dif- ficulté consistant à trouver le juste équi- libre entre bénéfice environnemental et (sur)coût acceptable. Car il faut en outre composer avec une flambée des coûts des emballages. « Que ce soit sur le plastique, le bois ou le carton, tous les prix atteignent des niveaux inédits », souligne Alexis David, chez Knauf. Cela n’aide pas forcément les emballages éco-responsables, plus chers. Le recyclage des plastiques « classiques » se développe mais n’est pas la panacée. Seul le PET est autorisé pour un retour « food contact » après recyclage méca- nique. Le recyclage chimique (qui consiste à revenir au monomère de départ puis à le repolymériser) permet un retour au contact des aliments. Il est possible pour le PET, le PE ou le PP , mais reste très coûteux. Les matériaux biosourcés gagnent eux aussi du terrain. Auchan déploie depuis 2021 des emballages « home compostables » sur ses ateliers poissonnerie et bouche- rie, avec deux types de barquettes : l’une à base de bagasse (coproduit de la canne à sucre), développée par Alliance Packaging ; la seconde à base de coproduits issus de l’agriculture, conçue par Silver Plastics. L’enseigne promet également un film 100 % « home compostable » en 2022, tout comme les étiquettes. n 8 à 12 M de t de plastiques déversées chaque année dans les océans 2 objectifs fixés par la loi Agec : • Tendre vers 100 % de plastique recyclé d’ici 2025 • Atteindre la fin de la mise sur le marché d’emballages en plastique à usage unique d’ici 2040. 0,5 % : c’est le gain de rendement de la fileteuse de sau- mon et truite Baader 581 Pro, par rapport à la ver- sion antérieure. « Cela peut sembler peu, mais c’est exception- nel ! », assure Alexandre Herbaut, responsable branche poisson de Baader France. uploads/Industriel/ dossier-process.pdf
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- Publié le Dec 11, 2022
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