15 CHAPITRE 2: Aperçu de la situation actuelle des échanges de produits agricol
15 CHAPITRE 2: Aperçu de la situation actuelle des échanges de produits agricoles de l’Afrique 2 INTRODUCTION Le présent chapitre brosse un aperçu des problèmes et des tendances du commerce africain de produits agricoles en commençant par une revue des principaux problèmes, suivi d’une analyse des tendances en matière d’échange de produits vivriers et agricoles. 2.1 Situation actuelle 2.1.1 Synthèse des principaux problèmes Le renforcement de la production et des exportations de produits agricoles est essentiel pour la croissance économique de l’Afrique étant donné que l’agriculture joue un rôle majeur dans l’économie globale du continent. Au niveau mondial, la valeur des exportations de produits agricoles africains, qui s’élevait à environ 21 milliards de dollars US en 2002-05, enregistre une croissance extrêmement lente de l’ordre de 2,3% par an depuis 1996. La part de l’Afrique dans les exportations mondiales de produits agricoles a enregistré une baisse constante, passant de 8 % dans les années 1970 à 1,3% en 200522. L’incapacité de l’Afrique à produire suffisamment au niveau interne a contribué à la croissance progressive des importations de produits alimentaires, l’Afrique dépensant environ 23 milliards de dollars US dans la période de 2002 à 2005 – chiffre largement supérieur à la valeur des exportations. Au cours de la période de 2002 à 2005, les importations de produits agricoles ont représenté environ 23% du total des importations africaines de marchandises23. L’inversion de cette tendance nécessitera des efforts accrus de la part des pays africains, avec l’aide de la communauté internationale, pour atténuer ses effets du côté de la demande et d’autres contraintes. Les contraintes sont liées à la forte dépendance des pays vis-à-vis d’un nombre limité de produits d’exportation, aux faibles capacités technologiques, aux cadres juridiques, réglementaires et institutionnels inadéquats, à l’insuffisance de l’infrastructure de transport, de stockage et de commercialisation et à des contraintes à caractère politique découlant des politiques commerciales et macroéconomiques qui ont biaisé la structure des mesures incitatives, les rendant défavorables à l’agriculture et aux exportations. Les paysans africains ne disposent pas des moyens nécessaires pour accéder aux marchés, aux informations sur les opportunités et aux prix sur les marchés. Par ailleurs, l’accès physique aux marchés est difficile et les coûts de transaction élevés et ces facteurs, combinés au manque d’organisation adéquate des agriculteurs, entraînent la faiblesse des prix aux producteurs. Aux niveaux national et local, le désengagement des gouvernements de la commercialisation directe a laissé de grands vides que le secteur privé n’a pu encore combler, alors que les conditions au niveau mondial ont 22 Il importe également de noter la part des exportations agricoles dans le commerce mondial a aussi baissé d’un niveau de 18%, dans les années 1970, à un niveau d’à peine 9%, en 2002-04. 23 Les échanges totaux de marchandises n’intègrent pas les armes et les munitions. Vers un Marché commun africain pour les produits agricoles 16 créé un environnement intrinsèquement défavorable pour les petits producteurs, les empêchant de pénétrer les marchés – prix en baisse et fortes subventions agricoles par les pays industriels et normes techniques plus élevées dans ces pays. Les opportunités commerciales pour les exportations de produits agricoles africains sont dominées par les marchés des pays développés et leurs conditions d’accès sont d’une importance cruciale. Malgré les progrès réalisés dans la mise en œuvre des accords du Cycle de l’Uruguay, l’appui à l’agriculture dans les pays développés continue d’être fort et les crêtes tarifaires continuent de prévaloir pour plusieurs produits (comme, par exemple, le sucre, la viande et les produits horticoles), la hausse des tarifs (tarifs plus élevés sur les produits ayant subi une forte transformation qui bénéficient d’une plus grande protection par rapport à l’industrie de transformation du pays importateur) continue de prévaloir dans plusieurs chaînes de produits importants (comme, par exemple, le café, le cacao, les oléagineux, les légumes, les fruits, les noix, les cuirs et les peaux). Le respect des normes techniques établies pour les produits d’exportation, dans le contexte des Accords portant sur les NPS et les OTC dans le cadre de l’OMC, demeure un défi majeur pour l’ensemble des pays africains. Le fossé au niveau de ces normes entre les pays africains et les pays plus riches est déjà considérable et peut s’élargir, à moins qu’un effort massif ne soit fait pour relever les normes. Ces fossés tendent à être plus accentués précisément quand il s’agit des produits transformés et à valeur ajoutée où la demande est élastique par rapport au revenu, comparés aux produits agricoles de base. Du fait de leurs capacités limitées en matière de recherches scientifiques, d’essais, de conformité et d’équivalence, ils sont confrontés à des difficultés pour satisfaire aux normes internationales de sûreté et de qualité. La tâche est encore plus impressionnante quand les pays développés, arguant d’évaluations de risques, adoptent des normes plus rigoureuses que celles actuellement reconnues par les organes internationaux de fixation de normes. Par ailleurs, les préoccupations croissantes des consommateurs des pays riches concernant la sûreté et la qualité des produits alimentaires accentuent la difficulté des pays à répondre aux normes de plus en plus rigoureuses. Les négociations en cours dans le cadre de l’OMC sur l’agriculture visent à atteindre à des améliorations multilatérales substantielles au niveau de l’accès aux marchés, à la réduction de toute forme de subvention des exportations et des appuis nationaux affectant les termes de l’échange. Actuellement, l’accès des produits agricoles africains aux marchés des pays développés est régi principalement par les préférences commerciales dont ils bénéficient de la part de plusieurs pays développés. Ce sont, en particulier les préférences s’inscrivant dans le cadre du système généralisé de préférences (SGP), les accords UE-ACP, les zones de libre-échange euro-méditerranéennes et l’AGOA (African Growth and Opportunity Act) des États-Unis. Toutefois, le développement le plus important en matière d’arrangements commerciaux préférentiels est l’initiative de l’Union européenne («Tout sauf les armes») pour l’entrée sans taxe et sans contingentement pour tous les produits (hormis les armes) en faveur des PMA, dont 34 sont des pays africains. Cela laisse penser que l’accès aux marchés de l’UE pour les produits agricoles peut ne plus constituer un problème majeur pour les PMA d’Afrique. Un certain nombre de facteurs ont, toutefois, entravé la capacité des pays africains à exploiter l’accès préférentiel. Ce sont, entre autres, les règles d’origine et les normes telles que les normes sanitaires/phytosanitaires et autres conditions techniques, par exemple. La principale menace à l’érosion des préférences provient de la libéralisation multilatérale et des réductions des barrières commerciales pour les NPF chez les Chapitre 2. Aperçu de la situation actuelle des échanges de produits agricoles de l’Afrique 17 principaux partenaires commerciaux de l’Afrique. La dépendance vis-à-vis des systèmes préférentiels est devenue une stratégie risquée pour l’Afrique dans la mesure où les pays développés continuent de conclure des accords commerciaux régionaux (ACR) avec d’autres pays en voie de développement. Les pays africains doivent procéder aux ajustements structurels nécessaires pour préserver leur compétitivité internationale, défi de taille vu leur forte dépendance vis-à-vis des exportations de produits primaires et la faiblesse du secteur de la manufacture. Les échanges intra-africains par le biais des ACR renforcés offrent des opportunités spéciales, vu la forte volonté politique dans ce sens. Les dirigeants africains croient également que les ACR renforceront leur pouvoir de négociation lors des négociations commerciales internationales et que l’intégration du commerce leur permettrait de réduire les conflits régionaux et la dépendance vis-à-vis des importations de produits alimentaires de l’extérieur du continent. Toutefois, de nombreux pays africains sont de petites économies enclavées disposant d’infrastructures inadéquates. Sur les 53 pays africains, 39 ont moins de 15 millions d’habitants et 21 en ont moins de 5 millions (ECA, 2004). Bien que l’Afrique compte 12% de la population mondiale, elle génère à peine 2% de la production mondiale du fait de sa faible productivité. Les ACR, en créant des marchés plus importants, pourraient permettre aux pays africains d’exploiter les économies d’échelle et de renforcer la concurrence intérieure et également d’améliorer les retours sur investissement et, donc, d’attirer davantage d’investissements étrangers directs (IED). Si la libéralisation du commerce, soit de façon unilatérale, soit de façon multilatérale, dans le contexte des négociations dans le cadre de l’OMC, peut contribuer à la réalisation de ces avantages, le renforcement du commerce intra-africain nécessite encore plus que l’on surmonte les obstacles majeurs cités plus haut. 2.1.2. Commerce des produits alimentaires agricoles de l’Afrique avec le reste du monde Le Tableau 1 donne une image de la situation du commerce de produits agricoles de l’Afrique. Il montre que la valeur totale des importations de produits agricoles, qui était d’environ 19 milliards de dollars US, en 1996-99, est passée à 23 milliards de dollars US, en 2002-05, ce qui traduit un taux de croissance cumulé de 2,1% par an. Environ 87% des importations de produits agricoles enregistrés en 2002-05, soit 20 milliards de dollars US, sont des vivres (hormis le poisson), avec les céréales et les préparations représentant 37% du total tandis que les importations d’oléagineux et de matières grasses, de produits laitiers, de viande, de fruits et de légumes représentaient le gros du reste des uploads/Industriel/ apercu-de-la-situation-actuelle-des-echanges-de-produits-agricoles-de-l-x27-afrique.pdf
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- Publié le Dec 21, 2022
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