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1 Dix ans entre la première édition de cet ouvrage et maintenant où bien des choses ont changé. Sinon pour dire plus simple que tout et rien sont devenus design… Le qualificatif aurait-il perdu de son sens pour devenir un fourre- tout abondamment relayé par un abus de communication autant que de représentation menant aujourdʼhui à tout et nʼimporte quoi comme à tout et nʼimporte qui, dans le dire comme dans le faire. Grave, il y va bien semble-t-il de lʼhonnêteté et de la crédibilité dʼune profession devenue à la mode. Et pourtant quel essentiel outil au service de notre quotidien, non sans vouloir rappeler la définition quʼen avait donnée en son temps Thomas Maldonado et dont lʼICSID (International Council of Industrial Design) en a fait sienne : « Le design est une activité créatrice dont le but est de déterminer les qualités formelles des objets produits industriellement. Par qualité formelle, on ne doit pas seulement entendre les qualités extérieures, mais surtout les relations structurelles et fonctionnelles qui font de lʼobjet une unité cohérente ». Celle-ci ne semble pas avoir pris une ride et certains heureusement en ont fait leur, loin dʼeffets éphémères. Innovation, ergonomie, faisabilité, coût industriel et production associés à lʼagréable convainquant de lʼobjet utile, semble plus que jamais dʼactualité à un moment où les vrais besoins se posent face aux enjeux actuels liés à lʼécologie, lʼénergie et 2 lʼéconomie avant que ne se produise une probable révolution environnementale face à lʼéchec dʼun consumérisme à tout và. Et demain peut être, les utilisateurs discerneront et apprécieront des objets quʼils pourront sʼapproprier et conserver. Note de lʼauteur, juin 2011 P.S. avec à celle-ci quelques ajouts, oublis et autres, en complément de la première édition. 3 A ma mère A tous ceux qui m'ont aidé ou m'ont montré la voie... 4 « Marcheur, point nʼy a de chemin, le chemin se fait en marchant » Antonio Machado 5 M Mon père est né dans la maison de l'académicien Émile Mâle, historien d'art et éminent spécialiste du Moyen Age, que j'ai plus tard souvent rencontré pour m'entendre dire: " Beauté tu es mon seul souci..." Paul Painlevé, le mathématicien, devenu par la suite homme politique fréquentait la maison. Est-ce cette double proximité, qui point de départ, me fit embrasser des études qui suivant le vœu de ma famille, devaient me mener à devenir ingénieur? Néanmoins plus soucieux de la beauté, que jeune adolescent Émile Mâle m'avait fait entendre et regarder, mais aussi grâce à un ami de ma mère - peintre du dimanche - qui m'emmenait régulièrement découvrir le Salon d'Automne ou des Indépendants, et la vague montante des peintres de l'après-guerre. Le musée d'art moderne, les galeries parisiennes qui rouvraient leurs portes, la Maison de la Pensée Française où je découvrais à travers quelques expositions à jamais gravées dans ma mémoire: Picasso, Édouard Pignon et bien d'autres, mettant en moi l'irrésistible envie de devenir peintre à mon tour. La lecture des romans de Giono où les paysages étaient campés comme des toiles peintes directement sur le motif. Puis un voyage en pays d'Aix, ne pouvait que me convaincre 6 d'acheter couleurs et pinceaux, tout en plaquant là les ambitions familiales nourries de technique et de mécanique. Un peu de raison me fit malgré tout m'orienter, vers ce qu'à l'époque on appelait encore les arts décoratifs, où j'allais m'engager à dessiner des meubles et autres objets de la vie courante sous la direction des décorateurs en vue qui animaient notre école. Cela ne me suffisait pas, et grâce à un club franco-italien - ALPHA 48 - qui s'était fixé l'échange entre étudiants, je découvrais l'Italie et faisais plusieurs séjours à Florence où pendant un temps, je m'inscrivais même à l'académie des Beaux Arts. Plus occupé néanmoins à courir la campagne toscane pour y dessiner, que d'y suivre l'enseignement d'un Maître. Rentré à Paris, il me fallut bien prendre une décision, envisageant des travaux de plus d'avenir comme lucratifs. Encouragé par mes aînés, je commençais à fréquenter la SAD (Société des Artistes Décorateurs), l'UAM (l'Union des Artistes Modernes), Formes Utiles,... dessinant des meubles, des sièges, des appareils d'éclairage ainsi que des objets pour l'habitat. Je tentais aussi l'édition dʼobjets, qui un temps m'assura avec succès, la diffusion d'assez nombreux dessins. C'est à ce moment que je fis la connaissance de Jacques Viénot, fondateur de TECHNÈS premier bureau de design industriel ouvert en France. J'y rencontrais deux de mes aînés: Jean Parthenay et Roger Tallon, devenant la petite main découpant du carton comme d'autres tâches incombant au 7 dernier arrivé et découvrant à cette occasion un métier dont je n'avais pas la moindre idée. On parlait alors d'esthétique industrielle et non comme depuis, de design. Cela au fond ne changeant rien, l'essentiel étant l'élaboration de l'univers des objets de la vie courante, et pour moi d'y participer. Simultanément, je continuais mes propres activités, prenant part à des envois collectifs dans le cadre de participations françaises à la Triennale de Milan en 1954 et 1957 ou encore à l'Exposition Internationale de Bruxelles en 1958 et plus tard à Osaka en 1970. C'est aussi à cette époque, que lors de la construction de l'UNESCO à Paris, les collaborateurs de l'architecte Marcel Breuer, remarquèrent l'un de mes dessins de siège pour équiper le bâtiment des délégations. Finalement mon éditeur me fit faux bon et les choses en restèrent là. Toute cette effervescence me confirmait dans un métier qui m'occupait complètement, ayant oublié qu'il me restait à souscrire à mes obligations militaires. Ce sont elles qui par hasard m'ont confronté à un des aspects essentiel du métier de designer industriel - l'ergonomie - appliquant celle-ci comme Monsieur Jourdain faisait de la prose à des propositions faites à la Direction de la Météorologie Nationale à laquelle j'avais été affecté sur les conseils d'un vieil ami. En effet, instrumentation et autres étant tellement complexes et malaisés d'usage pour le néophyte que j'étais comme d'ailleurs pour un observateur chevronné, la nuit tout particulièrement, quʼil me vint rapidement à l'esprit d'en proposer l'amélioration. 8 Ce que je réalisais avec le plus complet accord de mon patron local, pour en suggérer l'extension à l'ensemble des stations françaises. Je vérifiais bien vite qu'il était plus difficile de convaincre un aréopage persuadé de ses prérogatives hiérarchiques, que les gens de ma station d'affectation au coin du désert. J'étais à l'époque à Marrakech, avec Anicet Le Pors qui depuis a fait carrière en politique. Tout a une fin et au printemps 1956 me voilà de retour à Paris où Jacques Viénot ne pouvait plus m'employer. Je fus alors recommandé aux responsables du bureau que Raymond Lœwy venait de fonder: Harold Barnett et Pierre Gautier - Delaye. Quelques temps avant, ma mère, acheteuse pour le compte d'un grand magasin parisien tout à l'écoute de ce qui venait des USA, m'avait donné un livre intitulé "la laideur se vend mal" du même Raymond Lœwy, que j'avais littéralement dévoré... j'allais ainsi entrer dans l'exercice d'un métier que je n'ai plus cessé depuis. Je me souviens encore de mon premier contact avec le maître des lieux qui partageait son temps entre son bureau new- yorkais et la Compagnie Américaine de l'Esthétique Industrielle à Paris. Allure 1930, pardessus cachemire col relevé et chapeau mou assorti, fine moustache et visage hâlé, descendant d'une automobile jamais vue. Ni française, ni américaine, ni italienne... dessinée par lui et construite à l'unité, noire et aérodynamique avec une calandre exagérément chromée à grands fanons qui ne passait pas inaperçue mais qui finalement ne me fit pas grosse impression, plutôt retenu par la jolie jeune femme qui l'accompagnait, Viola son épouse. 9 Époque aussi où les objets dessinés et manufacturés faisaient le nom d'un créateur, Raymond Lœwy, comme quelques autres... et non l'inverse, où comme souvent aujourd'hui les objets, coquilles creuses sont rapidement voués à l'oubli au profit des suivants qui ne seront pas mieux traités... Une interruption me sépara pourtant pour quelques temps du bureau de Lœwy, pour tenter une autre aventure avec KNOLL INTERNATIONAL, dont l'intention était de fonder un ambitieux bureau d'études. Finalement il se révéla que cet exemple unique de la création de mobilier contemporain resterait dorénavant figé et j'y commençais rapidement à m'ennuyer. J'avais sans doute laissé un certain souvenir à la Compagnie Américaine de l'Esthétique Industrielle, qui me rappela et qui était devenue entre temps la Compagnie de l'Esthétique Industrielle pour faire face à un vent d'anti-américanisme venant autant des milieux professionnels que des milieux officiels, ministères et autres... ne faisant que descendre en flèche les qualités qui allaient devenir celles d'un des plus exceptionnels bureaux de design industriel en France. Bureau qui a réuni et formé pendant plus d'une vingtaine d'années des professionnels, dont beaucoup ont depuis réalisé avec succès leur propre parcours. Bureau autant occupé par la création d'objets du quotidien, de marques, images de firmes et compagnies prestigieuses comme SHELL et B.P... emballages de produits de la grande distribution, comme LU (les biscuits), à des produits plus spécifiques ou techniques,... l'aménagement de lieux divers: grands magasins, hôtels, uploads/Industriel/ michel-buffet-designer-industriel.pdf
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- Publié le Mar 06, 2022
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