FOCUS LE PATRIMOINE NATUREL 3 Mulhouse a de tout temps entretenu un lien privil

FOCUS LE PATRIMOINE NATUREL 3 Mulhouse a de tout temps entretenu un lien privilégié avec la nature. D’ailleurs, selon la légende, l’eau n’est-elle pas à l’origine de la naissance de la ville ? Si Mulhouse a parfois souffert d’une surabondance d’eau, elle en a aussi fortement tiré parti, celle-ci ayant fortement concouru à son développement industriel. Les canaux qui entouraient la ville et participaient de sa protection ont peu à peu été recouverts, mais l’eau est encore bien visible aujourd’hui dans l’environnement urbain, tout comme la nature de manière générale. Celle-ci n’a jamais disparu de la ville industrielle, la bourgeoisie devenue au 19e siècle classe dominante ayant, entre autres, marqué son pouvoir dans la réalisation de jardins, tant dans la sphère privée que publique. Aujourd’hui la place de l’eau et de la nature dans la ville tend à être revalorisée. Dans les années qui viennent, les aménagements qui seront entrepris permettront un meilleur accès aux berges des divers cours d’eau. De même, une requalification des cheminements et une renaturation de nombreux espaces assureront une continuité verte. 1.  Le jardin des senteurs - Un petit « canal » a été recréé dans ce jardin aménagé en 1989, clin d’œil à celui qui coulait autrefois devant la muraille ©Ville de Mulhouse 2.  Le Traenkbach dans la rue de la Tour du Diable en 1899 Musée Historique de Mulhouse 3.  La villa d’André Koechlin dans son parc au Rebberg. Aquarelle - A. Engel, vers 1910 Musée des Beaux-Arts de Mulhouse 1 2 3 2 SOMMAIRE 4 AUX ORIGINES DE MULHOUSE, ÉTAIT L’EAU… 6  UNE EAU DOMESTIQUÉE AUX MULTIPLES USAGES 8  L’EAU, FACTEUR DE DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL 10  L’EAU, INDISPENSABLE AU DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL 12  OU COMMENT L’EAU DOMPTÉE FAVORISE L’URBANISATION... 14  UNE EAU PROGRESSIVEMENT MOINS VISIBLE DANS L’ESPACE URBAIN 20  QUAND L’EAU AGRÉMENTAIT LES DIMANCHES 22  COMMENT MULHOUSE VOIT VERT 4 5 AUX ORIGINES DE MULHOUSE, ÉTAIT L’EAU… 3 2 Les armoiries de Mulhouse dans l’espace urbain : © Ville de Mulhouse 4.  Entre les pattes des lions sur l’hôtel de ville 5.  Sur le fronton du théâtre 6.  Sur le bouclier du hallebardier de la place de la Réunion 7.  Sur une verrière de la Maison During 8.  Place de la Paix 9.  Elément sculpté sur une banque de la rue de la Sinne bord de l’Augustinerbächlein, ruisseau qui coulait autrefois à l’emplacement de l’actuelle place de la Concorde. De cette légende découle le nom de la ville : elle s’appelle Mülhausen, c’est-à-dire « les maisons du moulin » jusqu’en 1848. c Le Jura Alsacien Le Sundgau La Hardt L’Ochsenfeld Les Hautes-Vosges L’Ill L’Ill Thur Doller Largue 0 10km ANTEA-Archéologie 2011 C N 1 1.  Le site de Mulhouse dans son cadre naturel primitif Antea 2.  Situation géomorphologique de Mulhouse avant la gestion des eaux de l’Ill SIG Ville de Mulhouse 3.  La légende de Mulhouse - Huile sur toile - P . Becker, 1897 Musée Historique de Mulhouse Situé à la confluence de l’Ill - venant des montagnes du Jura - et de la Doller - coulant des Vosges - le territoire mulhousien est à l’origine un lieu de passage, un carrefour entre Vosges et Forêt Noire, ouvrant la route de la Bourgogne vers la vallée du Rhône, mais une zone peu propice à l’implantation humaine car très marécageuse. De fait, l’occupation permanente est assez tardive sur le site actuel de la ville. Au terme de fouilles archéologiques menées en 1991 sur la place de la Réunion, celle-ci ne remonterait en effet qu’au 9e siècle. Celles réalisées en 2015 à l’école Cour de Lorraine ont mis en évidence une présence humaine plus ancienne (aux alentours du 4e siècle) mais ne permettent pas de conclure à un habitat permanent. Et selon une belle légende, c’est l’eau qui serait indirectement à l’origine de la naissance de Mulhouse : la fille d’un meunier aurait ainsi recueilli un guerrier blessé à proximité du moulin de son père, ils se seraient mariés et auraient eu beaucoup d’enfants, les premiers Mulhousiens... Et ce moulin se serait situé au Ce lien profond avec l’eau se retrouve dans le choix fait par la petite cité pour ses armoiries : une roue à aubes, roue, qui aujourd’hui encore, demeure le symbole de Mulhouse et que l’on retrouve un peu partout à travers la ville... 4 7 9 5 6 8 6 7 UNE EAU DOMESTIQUÉE AUX MULTIPLES USAGES Dès lors que l’homme a su tirer parti de l’eau - en utilisant sa force hydraulique - pour assurer sa subsistance, il l’a recherchée et s’est fixé à proximité. Un moulin à grains s’installe - attesté en 1236, mais qui est bien antérieur - sur le bras sud de l’Ill. D’autres moulins s’implanteront ensuite sur les fossés extérieurs. Le moulin de la légende a peut-être existé vers l’actuelle place de la Concorde, mais il n’en demeure aucune trace écrite. L’eau est également nourricière en fournissant des poissons, tels carpes et brochets, grâce à l’aménagement de plusieurs viviers. Elle permet ensuite le développement d’une activité artisanale (tanneurs, bouchers, boulangers...) notamment grâce aux deux ruisseaux traversant la ville, l’Augustinerbächlein et le Niklausenbächlein. Ceux-ci servent également à lutter contre les incendies... et malgré les arrêts répétés du Conseil, ils sont utilisés comme dépotoirs, chacun y déversant son lot d’immondices. Extra muros, l’eau s’est faite protectrice dans le premier quart du 13e siècle : elle est ainsi venue renforcer la muraille édifiée à partir de 1222. Le système défensif est complété au début du 15e siècle grâce au creusement de nouveaux 1.  Plan des canaux - plan exécuté d’après le plan Mérian de la fin du 16e siècle - on y repère plusieurs moulins (entourés) Archives Municipales de Mulhouse 2.  Dessin d’une partie de l’enceinte avec représentation d’un moulin au premier plan - A. Fleck Bibliothèque Municipale de Mulhouse 3.  Vue de Mulhouse derrière ses canaux - gravure, 17e siècle Musée Historique de Mulhouse 4.  Dessin représentant le système de défense de la ville vers 1600 – A. Fleck Bibliothèque Municipale de Mulhouse 5.  Plan de 1797 - Commençant à être utilisé, le Steinbächlein, qui coule au nord de la ville, apparaît pour la 1ère fois sur ce plan Musée Historique de Mulhouse canaux par déviation du cours de l’Ill, trois au nord et quatre au sud protègent alors la ville : Traenkbach méridional (I), Mittelbach, Karpfenbach et Sinne au sud, Traenkbach II, Walkenbach et Dollergraben au nord. Un peu plus loin, plus au nord, au-delà de l’enceinte médiévale, coule le Steinbächlein, une dérivation de la Doller à l’histoire incertaine. Peut-être creusé au Moyen Âge, arrivant à Mulhouse par le quartier dornachois de la Mer Rouge, il permet de faire tourner des moulins et d’irriguer les champs, avant de jouer un rôle de premier plan dans le destin de la ville... 1 2 3 4 5 6 8 9 L’EAU, FACTEUR DE DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL À partir de 1746, l’eau acquiert une nouvelle utilité... quand, rue de la Loi, est fondée la première manufacture d’impression sur étoffes. L’eau tient une place importante, en effet, aux différentes étapes du processus d’impression des tissus et la complémentarité des eaux de Mulhouse n’est pas étrangère à la réussite de ce nouveau secteur d’activité. Le lavage et le blanchiment des toiles nécessitent une eau pure, qui est fournie par la Doller et le Steinbächlein, tandis que l’eau calcaire de l’Ill est idéale pour une bonne fixation des teintures. C’est ainsi que les manufactures s’établissent à proximité des cours d’eau. La première d’entre elles installe ses tables d’impression à la planche près de l’Augustinerbächlein. Ses propriétaires acquièrent aussi blanchisserie et champs pour y étendre leurs toiles au-delà de la muraille, au bord du Steinbächlein. Tout près de la rue de la Loi, la rue des Franciscains devient à partir du dernier quart du 18e siècle une rue vouée à l’impression des indiennes, ces tissus de coton léger aux motifs inspirés des tissus orientaux : les manufactures s’y succèdent, tel l’établissement Heilmann ou celui de Jean-Henri Dollfus à la Cour de Lorraine, qui profitent du Traenkbach qui coule à l’arrière des bâtiments. Certaines fabriques à la recherche d’espace franchissent les murs de la ville dès le début du 19e siècle : il en va ainsi de la manufacture Hofer, qui, afin de bénéficier de deux qualités d’eau complémentaires, s’implante entre Dollergraben (actuel boulevard Kennedy) et Steinbächlein. 1.  La manufacture Heilmann - plan de 1855 qui met en évidence l’accès au canal Archives Départementales du Haut-Rhin 2.  La manufacture Hofer - Lithographie de J. Mieg, 1825 Musée Historique de Mulhouse 3 .  Détail du plan de 1844 montrant l’implantation de la manufacture Hofer entre les 2 cours d’eau 4.  La manufacture de La Cour de Lorraine - Lithographie de J. Mieg, vers 1822 Musée Historique de Mulhouse 5.  Plan des implantations industrielles dans les années 1830 - Celui-ci met en évidence la succession des usines le long uploads/Industriel/ mulhouse-focus-le-patrimoine-naturel.pdf

  • 27
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager