QUALITE ET FORMATION FORMATION J a c q u e s A B E C A S S I S S A N D R I N E
QUALITE ET FORMATION FORMATION J a c q u e s A B E C A S S I S S A N D R I N E B A S L e D E N I S C R I S T O L A N D R E P E R R E T FORMATION POST COVID 2 8 2 SOMMAIRE 13 12 11 Télécharger les N° Tab le ronde ani mée par A n d r é P e r r e t B onjour à tous, et merci pour votre partici- pation à cette nouvelle table ronde virtuelle du MagRH… Le thème du jour aurait pu être « que pensez-vous de Qualiopi », ou mieux encore « comment peut-on améliorer le dispositif », ce qui aurait été une suite aux échanges parfois musclés de ces dernières semaines sur les réseaux sociaux. Mais c’eut été certainement réducteur. Si nous avons décidé de ne pas exclure pour autant, ce su- jet, nous allons prendre de la hauteur, comme tou- jours dans les colonnes du Mag, pour se poser une question plus fondamentale : à quoi sert un proces- sus qualité en formation, pour qui, et comment… et quels sont les bénéfices attendus. Autour de notre table virtuelle aujourd’hui, Jacques Abécassis, Sandrine Baslé, et Denis Cristol ET SI MA PREMIÈRE QUESTION ÉTAIT LA SUIVANTE POUR DATER CE DÉBAT : « DEPUIS QUAND S’INTÉRESSE-T- ON À LA QUALITÉ EN MATIÈRE DE FORMATION ? » QUI VOUDRAIT RÉPONDRE ? Je veux bien Parfait, Jacques Abécassis, vous êtes Consultant en formation depuis 30 ans, Président de LUCID conseil et formation, vous avez été précédemment Conseiller Qualité de la Fédération de la Formation Profession- nelle (FFP), puis de Délégué général adjoint de l’ISQ. Vous êtes reconnu comme un des experts français en certification de personnes et d’or- ganismes. On s’est toujours intéressé à la qua- lité en matière de formation. C’est le contenu de ces notions, qualité et formation qui ont évolué dans le temps. Les sophistes, par exemple faisaient payer très cher leurs formations, et la qualité de leurs prestations était regardée de près par les riches fa- milles qui s’offraient leurs services. On trouve des indications sur le su- jet dans les ouvrages de Platon, par exemple. Au Moyen-âge, le système des cor- porations définissant des règles de perfectionnement des compagnons comprenait des dispositifs qu’on appellerait aujourd’hui d’évaluation et d’amélioration de la qualité des formations. Nos conceptions actuelles de la qua- lité en matière de formation sont le fruit d’une longue histoire. Histoire qui ne semble avoir vraiment inté- resser les historiens qu’à partir des années 1990, à une période où est promulguée en France la première loi , 1 qui utilise les termes de « qua- lité et contrôle de la formation ». DENIS CRISTOL, VOUS VOULIEZ AJOUTER QUELQUE CHOSE ? VOUS ÊTES PHD. DIRECTEUR INNOVATION ET PÉDAGOGIE DE L’ASSOCIATION POUR LE PROGRÈS DU MANAGEMENT, CHERCHEUR ASSOCIÉ EN SCIENCE DE LA FORMATION À PARIS NANTERRE (ÉQUIPE APPRENANCE), AUTEUR DE 21 OUVRAGES SUR LE MANAGEMENT ET LA FORMATION, MAZETTE ! La « formation » en tant qu’institu- tion sociale prend une ampleur sans précédent avec les lois Delors, des années 70. J’ai trouvé dans Éduca- 1 Loi 90-579 du 4 juillet 1990 rela- tive au crédit-formation, à la qualité et au contrôle de la formation FORMATION POST COVID 2 8 3 SOMMAIRE 13 12 11 tion Permanente, un texte de Gui- gou de 1975, un mot qui dénonçait l’industrialisation de la formation et ses méfaits : « la stagification ». La stagification c’est le déroule- ment d’un programme de formation préétabli respectant un cahier des charges avec des objectifs et des contenus précis qu’un formateur est chargé de délivrer aux participants. C’est une continuité de l’esprit de Taylor appliqué à l’enseignement ou tout ce qui doit se dérouler est pensé par avance pour traiter des flux im- portants de stagiaires qui n’ont qu’à absorber la prescription pédago- gique qu’on leur propose. Cette pas- sivité dans le rôle attribué aux parti- cipants est une façon incidente de tuer toute curiosité ou engagement à apprendre. Une part des usages formatifs et de l’esprit qualité de la formation est un héritage direct de ce monde industriel qui a fourni des « ingénieurs de formation », spé- cialistes en ingénierie de formation en charge de bâtir des programmes respectant le même type de cahier des charges que dans l’industrie. De grands orga- nismes de formation comme la Cegos (anciennement CGOST compagnie générale d’organisation scienti- fique du travail créé en 1926), ou le CESI disposaient « d’ingénieurs de formation ». Ils ont embarqué avec eux cette dichotomie maîtrise d’œuvre/maîtrise d’ou- vrage telle que pratiquée à l’époque dans les bureaux des études des usines, laissant pour compte la maî- trise d’usage, c’est-à-dire le client, et dans notre ques- tion l’apprenant. SANDRINE BASLÉ, QUANT À VOUS, VOUS ÊTES DIRECTRICE DE QUALIVIEW CONSEIL, CABINET DE CONSEIL ET DE FORMATION, SPÉCIALISTE DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE. VOUS ÊTES AUSSI ADHÉRENTE ACTIVE DU GARF (GROUPEMENT DES ACTEURS ET RESPONSABLES DE LA FORMATION, GROUPE PARIS HORIZON), ASSOCIATION DE RESPONSABLES FORMATION, QUI EST PARTENAIRE FRÉQUENT DU MAGRH. Au-delà de la qualité le focus a toujours été l’efficaci- té des formations car pour l’instant la formation est encore trop décriée et beaucoup de gens ne veulent pas « perdre leur temps à aller en formation”. Donc les acteurs de la formation se doivent de les rendre plus attrayantes. En effet, il y a une nécessité à faire mon- ter en compétences les actifs. Sur ce point d’ailleurs, on ne parle plus de plan de formation mais bien de FORMATION POST COVID 2 8 4 SOMMAIRE 13 12 11 Télécharger les N° plan de développement des compétences. Il est dif- ficile de parler des origines de la qualité en formation sans parler de la genèse de la formation profession- nelle elle-même (dès avant la loi “Delors” de 1971). À cette époque semble-t-il, la France avait de l’avance sur ses partenaires européens. En 1998, la Secré- taire d’État aux droits des femmes et à la formation professionnelle, Nicole Pery, a souligné les enjeux de la qualité en formation (cf. livre blanc : La formation professionnelle, Diagnostics, défis et enjeux). Puis, 2002 marque un tournant avec la création du Réper- toire National des Certifications Professionnelles qui, en homologuant des titres, octroie un certain niveau de qualité aux formations qui préparent à ces titres. Depuis 20 ans, différents financeurs (les Régions, Pôle Emploi, les Fongecifs, etc…) ont mis en place des sys- tèmes d’évaluation des formations qu’ils financent. Enfin, Datadock a été le premier système d›évaluation de la qualité à sortir du lot, notamment grâce à une marque forte. Mais bien sûr, au-delà de ces dates “of- ficielles” qui ont institué progressivement un certain système qualité, tout formateur a comme objectif que sa formation soit de qualité et donc l’idée de qualité existe depuis qu’existent les formations. POUR NE PAS MÉLANGER LES GENRES, LES TERMES EXACTS À EMPLOYER SONT-ILS « CERTIFICATION » « LABELLISATION » « NORMALISATION » OU UN AUTRE MOT ? JACQUES ? Vous avez raison de vouloir préci- ser ces définitions. Ces mots sont souvent utilisés à tort et à travers, y compris par ceux qui devraient en être les spécialistes. « Mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde. » Si cette phrase défor- mée est attribuée à Camus, il faut néanmoins se souvenir qu’il abor- dait la question de la fonction du langage, de l’honnêteté et du men- songe. La normalisation, au sens qui nous intéresse ici, c’est l’activi- té qui consiste à réunir tous les ac- teurs volontaires d’un marché, pour mettre au point, par consensus, un accord sur un sujet de préoccupa- tion. En formation professionnelle, il y a très peu de normes obligatoires, presque toutes sont dites d’applica- FORMATION POST COVID 2 8 5 SOMMAIRE 13 12 11 tion volontaire. On est libre de les utiliser ou non. En France, depuis 1926, c’est l’Association Française de Normalisation, (AFNOR Norma- lisaiton, aujourd’hui)) qui est char- gée de la coordination des travaux d’élaboration et de diffusion des normes. On a sans doute eu tort d’utiliser ce terme traduit de l’an- glais. Chez certains d’entre nous, au lieu d’évoquer l’harmonisation et la concorde, il inspire plutôt la peur de l’uniformisation forcée. C’est un grave contre-sens très répandu, ici encore, même chez ceux qui de- vraient être des spécialistes des normes. La labellisation fait moins peur. Un label est attribué par une organisa- tion à ses membres. Pour coller à notre sujet, sept instances de label- lisation2 sont reconnues par France compétences pour évaluer la quali- té des prestations de leurs propres membres, qui peuvent ainsi béné- ficier de ce qu’on appelle les fonds de la formation professionnelle. EDUFORM, par exemple, est le label qu’attribue le ministère de l’Éduca- tion nationale et de la jeunesse aux membres du réseau de la forma- tion professionnelle de l’Éducation nationale. Un autre exemple ? Le label de l’Association pour la pro- motion du label APP qui uploads/Industriel/ qualite-et-formation.pdf
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- Publié le Nov 01, 2021
- Catégorie Industry / Industr...
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