Louis Gallois Commissaire Général à l’Investissement Rapport au Premier ministr

Louis Gallois Commissaire Général à l’Investissement Rapport au Premier ministre 5 novembre 2012 Commissariat Général à l’Investissement PACTE POUR LA COMPÉTITIVITÉ DE L’INDUSTRIE FRANÇAISE Rapporteurs adjoints : Clément Lubin, Pierre-Emmanuel Thiard INTRODUCTION : UN PACTE DE CONFIANCE ................................................................................3 1re PARTIE – LA COTE D’ALERTE EST ATTEINTE...........................................................................7 1. Un véritable décrochage..........................................................................................................................................9 2. Un cercle vicieux prix/hors prix bien identifié .................................................................................................10 3. Des causes structurelles .......................................................................................................................................11 a. Le premier bloc de handicaps concerne la recherche, l’innovation et la formation, mal articulées avec l’industrie...................................................................................................................11 b. Le deuxième bloc concerne des flux de financement insuffisamment orientés vers le tissu industriel .................................................................................................................12 c. Le troisième bloc de handicaps porte sur la faiblesse de la structuration et de la solidarité industrielles...................................................................................................................13 d. Enfin, le dialogue social est insuffisamment productif. Le marché du travail fonctionne mal......................................................................................................13 4. Le redressement est possible : la France a des atouts forts qu’elle doit valoriser ...............................14 2e PARTIE – UNE AMBITION INDUSTRIELLE : LA MONTÉE EN GAMME....................17 1. La priorité à l’investissement : un choc de confiance ...................................................................................20 a. Assurer un environnement favorable à l’investissement en France : reconnaissance, stabilité, visibilité...........................................................................................................20 b. Le choc de compétitivité : un choc de confiance..............................................................................22 2. Le coût de l’énergie : un atout à préserver.......................................................................................................24 3. La montée en gamme : de l’innovation à l’exportation .................................................................................25 1 Sommaire 2 3e PARTIE – LA STRUCTURATION ET LA SOLIDARITÉ DU TISSU INDUSTRIEL : FAIRE TRAVAILLER LES ACTEURS ENSEMBLE ..............................................29 1. Faire croître le nombre d’ETI ................................................................................................................................31 2. Renforcer la solidarité des filières industrielles..............................................................................................32 3. Développer les solidarités territoriales..............................................................................................................34 4e PARTIE – LES LEVIERS DE LA POLITIQUE INDUSTRIELLE ............................................35 1. Une formation répondant aux besoins de l’industrie.....................................................................................37 a. La formation initiale : rapprocher le système éducatif et les entreprises ....................................37 b. La formation continue : développer les formations qualifiantes et diplômantes.......................38 2. Un financement dynamique pour l’industrie....................................................................................................40 3. Le Commissariat Général à l’Investissement : l’instrument de l’État au service de la préparation de l’avenir ...................................................................42 5e PARTIE – POUR UNE POLITIQUE INDUSTRIELLE EUROPÉENNE.............................45 1. Une stratégie industrielle européenne trop générale et lacunaire.............................................................47 2. La politique de recherche – les grands programmes au service de l’innovation et de l’ambition européennes..................................................................................................48 3. La politique de la concurrence au service de la compétitivité....................................................................49 4. La politique commerciale extérieure au service de « l’ouverture équitable » ........................................50 5. La politique monétaire extérieure au service de la croissance ..................................................................50 6e PARTIE – POUR UN NOUVEAU PACTE SOCIAL .....................................................................53 1. La concertation sur le financement de la protection sociale.......................................................................56 2. La négociation sur les Institutions Représentatives du Personnel (IRP) ..................................................56 3. La négociation sur la sécurisation de l’emploi................................................................................................57 4. Un Pacte Social ........................................................................................................................................................58 CONCLUSION ........................................................................................................................................................59 PRINCIPALES PROPOSITIONS DU RAPPORT ...............................................................................61 ANNEXES...................................................................................................................................................................65 3 Introduction Un pacte de confiance Tous les indicateurs le confirment : la compétitivité de l’industrie française régresse depuis 10 ans et le mouvement semble s’accélérer. La diminution du poids de l’industrie dans le PIB français est plus rapide que dans presque tous les autres pays européens ; le déficit croissant du commerce extérieur marque nos difficultés à la fois vis-à-vis des meilleures industries européennes et face à la montée des émergents. La perte de compétitivité industrielle est le signe d’une perte de compétitivité globale de l’économie française1. Car l’industrie ne se développe pas en vase clos : elle dépend des autres secteurs de l’économie, des services et de l’énergie en particulier ; elle dépend de l’écosystème créé par les politiques publiques, de la dynamique des dépenses et des recettes publiques, ou du fonctionnement des services publics, des grandes infrastructures, comme de l’appareil de formation et de recherche ou du marché du travail. Cette perte de compétitivité est, pour une large part, à l’origine des déséquilibres des finances publiques comme du chômage ; elle limite notre marge de manœuvre en Europe et dans le monde ; elle menace notre niveau de vie et notre protection sociale ; elle réduit la capacité de croissance de l’économie. L’industrie et les services qui lui sont associés sont clés dans cette affaire : c’est eux qui sont les plus directement exposés à la concurrence internationale ; c’est sur eux que repose le poids du commerce extérieur. L’emploi dans l’industrie est plus qualifié que la moyenne et il a un effet multiplicateur plus fort sur les autres emplois2. L’industrie porte une très large part de la recherche et de l’innovation, ainsi que des gains de productivité. Les pays les plus industrialisés sont ceux qui résistent le mieux à la crise. La reconquête de la compétitivité industrielle doit donc être considérée comme la priorité économique de notre pays : elle conditionne tout le reste. Cette priorité – notamment par rapport aux secteurs abrités – doit se traduire dans les politiques publiques. D’où notre proposition qui « surplombe » celles, plus spécifiques, du présent rapport : Toute nouvelle disposition législative ou réglementaire significative, toute nouvelle politique lancée par l’État devrait être accompagnée d’un document précisant son impact sur la compétitivité industrielle et les moyens d’en réduire les effets négatifs éventuels. Pour reconquérir sa compétitivité, la France devra accomplir des efforts, manifester une grande persévérance dans l’action. Cela prendra du temps même si de premiers résultats peuvent être obtenus assez rapidement. Cela suppose un fort consensus au sein de la communauté nationale sur la nécessité de cette reconquête et de l’effort nécessaire ; chacun doit avoir le sentiment que l’effort est justement partagé, comme en seront justement partagés les bénéfices lorsqu’ils apparaîtront. Cela suppose aussi une confiance dans la capacité à réussir et une confiance dans l’engagement des différentes composantes de la société. C’est donc un pacte de confiance que le pays doit nouer avec lui-même. L’objet du présent rapport, au-delà du diagnostic, est de proposer un ensemble de mesures cohérentes, servant de base à un pacte entre tous les acteurs de la reconquête industrielle de la France. 5 1- Nous adoptons la définition de la compétitivité retenue par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) « La compétiti- vité est la capacité de la France à améliorer durablement le niveau de vie de ses habitants, et à leur procurer un haut niveau d’emploi et de cohésion sociale, dans un environnement de qualité. Elle peut s’apprécier par l’aptitude des territoires à maintenir et à attirer les activités, et par celle des entreprises à faire face à leurs concurrentes. » 2- Un emploi industriel génère 3 ou 4 emplois hors industrie. 1 re partie La cote d’alerte est atteinte 7 1. Un véritable décrochage Le décrochage de l’industrie française, qui s’est amorcé dans les années 1970 s’est accéléré au cours de la dernière décennie, notamment par rapport à l’Allemagne, mais aussi par rapport à la Suède ou l’Italie. Toutes les analyses récentes convergent vers un même constat3: l’industrie française atteint aujourd’hui un seuil critique, au-delà duquel elle est menacée de déstructuration. Q La part de l’industrie (hors construction) dans la valeur ajoutée totale, en France4, est passée de 18 %, en 2000, à un peu plus de 12,5 %, en 2011, nous situant désormais à la 15e place parmi les 17 pays de la zone euro, bien loin de l’Italie (18,6 %), de la Suède (21,2 %) ou de l’Allemagne (26,2 %). Q L ’emploi industriel (hors construction) s’est également continuellement dégradé : il est passé de plus de 26 % de l’emploi salarié total en 1980 (5,1 millions de salariés) à 12,6 %, en 2011 (3,1 millions de salariés), la France perdant ainsi plus de 2 millions d’emplois industriels en 30 ans. L’accroissement de la concurrence étrangère, celle des pays européens comme celle de plus en plus présente des pays émergents, expliquerait entre un tiers et la moitié de ces destructions d’emplois sur la période récente (2000-2007)5. Q L’affaiblissement de l’industrie française se traduit par des pertes de parts de marché considérables à l’exportation : en Europe, premier débouché commercial de la France (58,4 % des exportations en 2011), la part de marché des exportations françaises est passée de 12,7 %, en 2000, à 9,3 %, en 20116. Sur la même période, les exportations intracommu- nautaires de l’Allemagne ont progressé de 21,4 % à 22,4 %. Globalement, le solde de la balance commerciale est passé d’un excédent de 3,5 milliards d’euros en 2002 à un déficit de 71,2 milliards d’euros (soit 3,5 points de PIB), en 20117. La balance hors énergie était de + 25,5 milliards d’euros en 2002, elle est de –25,4 milliards d’euros, en 20118. Cette situation se répercute sur le déficit public et l’endettement de notre pays. La perte de compétitivité a ainsi des conséquences majeures sur l’économie française. Les drames industriels, que la presse évoque tous les jours, émeuvent à juste titre l’opinion publique et lui donnent le sentiment que l’industrie « fout le camp » et, pire, que c’est irrémédiable. 9 3- En particulier les rapports de la Conférence nationale de l’industrie (CNI) Ensemble, réindustrialiser la France pour la croissance et l’emploi et Les déterminants de la compétitivité de l’industrie française (2011). 4- Ensemble des activités NACE, source Eurostat. 5- DG Trésor, « Le recul de l’emploi industriel en France de 1980 à 2007 : quelle uploads/Industriel/ rapport-de-louis-gallois-sur-la-competitivite.pdf

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