Études caribéennes 50 | décembre 2021 Anthropologie de l’expérience de l’accouc

Études caribéennes 50 | décembre 2021 Anthropologie de l’expérience de l’accouchement dans le monde Reconquête de l’agrodiversité tropicale par les semences Reconquest Tropical Agrodiversity Through Seeds David Lange, Harry Ozier-Lafontaine et Laurent Penet Édition électronique URL : https://journals.openedition.org/etudescaribeennes/22874 ISSN : 1961-859X Éditeur Université des Antilles Ce document vous est offert par Université des Antilles – Service commun de la documentation Ce document a été généré automatiquement le 30 mars 2022. Reconquête de l’agrodiversité tropicale par les semences Reconquest Tropical Agrodiversity Through Seeds David Lange, Harry Ozier-Lafontaine et Laurent Penet Introduction Contexte général : Importance des semences dans l’agriculture 1 La biodiversité végétale englobe les espèces sauvages et cultivées se retrouvant dans les exploitations agricoles et dans les jardins familiaux ou résidentiels (Comtois, 2013). Les semences sont à la fois le commencement et la fin du cycle de vie d’une plante. La semence correspond à une graine ou un fruit ou autre partie du végétal, adaptée pour assurer la dissémination de l’espèce après semis ou enfouissement (Leprince 2019). Le tubercule d’igname est donc une semence tout comme le grain de maïs, ou la bouture de canne à sucre ou de manioc. À l’origine du végétal, les semences font partie des grandes solutions dont nous disposons aujourd’hui pour relever les défis auxquels sont confrontées l’agriculture et, plus généralement, notre société. C’est un travail collectif, dans lequel les semenciers, industriels ou artisans, les paysans et agriculteurs, les distributeurs et les jardiniers, sont tous engagés. L’enjeu de la reconquête des semences locales répond à trois défis majeurs (Deprez 2019) : Le premier défi, est répondre aux besoins de la population en termes de quantité de nourriture, mais également en termes de qualité et de diversité des produits consommés. Ces aspects sont exacerbés par les défis sanitaires – i.e. crise du COVID-19 - et les problèmes de santé publique. Le second défi, est celui de la raréfaction de la ressource, qu’il s’agisse des terres agricoles, mais également de l’eau dans un contexte de changement climatique avéré. • • Reconquête de l’agrodiversité tropicale par les semences Études caribéennes, 50 | décembre 2021 1 Le troisième défi est celui de la circulation accrue des hommes et des marchandises, qui s’accompagne d’une dissémination de nouvelles pestes et de nouveaux ravageurs. 2 Dans ce contexte, la priorité consiste à disposer de variétés de semences plus résistantes, rustiques et productives, garantissant des niveaux de rendement élevés et stables dans le temps. Une seconde priorité, à l’adresse des semenciers, consiste à mettre à disposition des variétés adaptées aux besoins des agriculteurs, qu’il s’agisse de modes de production conventionnels, ou s’inspirant des principes de l’agroécologie. L’agriculture évolue majoritairement vers une diversification (Desclaux 2019), en lien avec : la diversité des territoires, des lieux de culture, l’évolution du climat, la diversité des modes de production allant de l’agriculture conventionnelle aux pratiques de rupture (agriculture biologique, agroforesterie, agriculture de conservation, permaculture, etc.) ; la diversité des techniques de transformation de produits (filière paysanne, filière artisanale, filière industrielle) ; la diversité des circuits de commercialisation (des grandes surfaces aux marchés locaux, circuits courts)… 3 Une filière, c’est un ensemble d’acteurs qui concourent à l’élaboration d’un produit, à destination des utilisateurs. La filière a deux impératifs, celui d’identifier les attentes des utilisateurs, et celui de permettre aux acteurs de la filière de construire une réponse à ces attentes (Pages, 2019). L’organisation en filière permet de mieux identifier les besoins et les contraintes des producteurs, tout en évaluant les besoins des utilisateurs. La spécificité de la filière semence, c’est d’être une filière longue, qui intègre vraiment tous les maillons, depuis la création des variétés, jusqu’à l’utilisateur final qui va cultiver sa variété. La filière semence en France correspond ainsi à une chaine d’acteurs, que sont les sélectionneurs, les agriculteurs-multiplicateurs, les producteurs, les distributeurs et enfin les utilisateurs (agriculteurs, jardiniers amateurs). Le constat est la difficulté d’accès à la diversité des espèces et variétés pour le développement agricole. Les semences font ainsi partie des solutions que la filière peut apporter aux grands enjeux des transitions agroécologique, alimentaire et climatique. 4 La diversité recueillie dans ces formes sauvages, ancestrales ou anciennes est devenue une ressource génétique indispensable à l’amélioration des plantes modernes (David, 2019). Des exemples très nombreux peuvent être donnés des verrous agronomiques, industriels ou sanitaires que les ressources génétiques ont permis de lever. Leur utilisation permet de réinjecter régulièrement de la diversité dans nos champs par le travail des sélectionneurs. Mais il s’agit là d’une vision minière des ressources génétiques. Nous vivons sur le patrimoine multimillénaire accumulé, mais nous ne le faisons plus fructifier. 5 Les ressources phytogénétiques sont non seulement un atout dans la recherche de résilience face aux changements globaux, mais elles apparaissent aussi comme un élément important de l’innovation dans la production, la transformation, la distribution au service d’une société en évolution rapide, d’une part à la recherche de goût et d’usage nouveau, mais aussi, d’autre part, à la recherche de son passé, d’identité et de rapport au terroir (Dreyfus, 2019). • • • • Reconquête de l’agrodiversité tropicale par les semences Études caribéennes, 50 | décembre 2021 2 6 Les ressources phytogénétiques sont menacées à deux titres : parce qu’elles ne sont pas toujours, voire quelquefois pas du tout, prises en charge par le marché. Ainsi, le coût de leur conservation, de leur protection, de leur multiplication n’est pas assuré par le simple jeu économique ; elles peuvent être aussi menacées par les changements dans leur écosystème, dans l’environnement dont elles sont originaires. 7 Face à ces deux menaces, la société se pose alors la question de leur conservation. Aujourd’hui, au regard de la diversité des modalités de conservation et de gestion qui est pratiquée sur le territoire, il s’agit d’appuyer l’existant et d’innover pour améliorer l’efficacité, la durabilité et les synergies entre les acteurs et les pratiques. 8 La conservation des ressources phytogénétiques d’espèces cultivées (RPG) et de leurs apparentées sauvages, qui sont les espèces avec lesquelles les espèces cultivées peuvent se croiser, repose sur une très grande diversité d’acteurs. Dans l’Hexagone et dans l’Outre-Mer, une vingtaine de centres de ressources biologiques maintiennent des collections ex-situ, c’est-à-dire en dehors de leur milieu naturel, sur environ une cinquantaine d’espèces. Ces centres, majoritairement dans des instituts de recherche publics, gèrent des collections en chambres froides ou en vergers conservatoires, selon des normes qualité. 9 Au niveau des territoires, les centres régionaux de ressources génétiques, les conservatoires botaniques, les parcs naturels ou encore les collectivités locales conservent leurs collections à la fois in situ, c’est-à-dire dans leur milieu naturel et ex- situ. Ils développent des actions pour relancer les savoir-faire traditionnels et intégrer les variétés anciennes locales dans une filière économique. 10 Des agriculteurs, des associations et des particuliers ont également développé de fortes expertises dans la gestion majoritairement « à la ferme » des ressources phytogénétiques. Ils cherchent à adapter des variétés en les laissant évoluer dans leurs terroirs et à les valoriser en filières courtes en lien avec les savoirs traditionnels. 11 C’est dans l’objectif de faciliter l’accès et le partage des avantages que le Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture, appelé TIRPAA a été établi. 64 espèces ont été identifiées, du fait de leur importance pour l’alimentation, pour faire partie d’un « pot commun ». La France y contribue par la mise à disposition des collections nationales, à ce jour, l’aubergine, l’avoine, le blé tendre, les espèces fourragères, le maïs, la pomme de terre et le triticale, l’igname. Le fonds de partage des avantages du TIRPAA permet de financer des projets renforçant les capacités des pays en développement, en améliorant l’échange d’informations et le transfert de technologies pour la conservation et l’utilisation durable des ressources phytogénétiques (Didier, 2019). 12 Dans la Caraïbe, le programme Local d’Innovation agricole (PIAL) piloté par le ministère de l’Agriculture de Cuba en collaboration avec l’Association National des Petits Producteurs (ANAP) a permis de mettre en réseau, 45 municipalités cubaines (50 000 personnes). Ce programme a pour objectif de garantir l’autonomie et la sécurité alimentaire de la population en quantité et en qualité par l’innovation des techniques culturales et la production de semences. Il se base sur un système d’innovation plus décentralisé, où les acteurs principaux ne sont pas les scientifiques, mais les producteurs (Pérez, 2015). • • Reconquête de l’agrodiversité tropicale par les semences Études caribéennes, 50 | décembre 2021 3 La situation locale 13 Le site d’étude est localisé en Guadeloupe, Département français, constitutif des Petites Antilles dans la mer des Caraïbes (Latitude : 16°59′45″ Nord - Longitude : 62°04′03″ Ouest). C’est un archipel constitué de sept îles (1 702 km2). Dans tout l’archipel on distingue deux saisons, une saison sèche appelée « carême » qui va de janvier à juin et une saison humide dite « hivernage » qui s’étale de juillet à décembre. Concernant la température, avec une moyenne de 27 °C, il n’y a que peu de différence entre les mois les plus chauds (de 25 °C à 32 °C) et les mois les plus froids (de 23 °C uploads/Industriel/ reconque-te-de-l-x27-agrodiversite-tropicale-par-les-semences.pdf

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