Les longes en spéléologie et descente de canyon - Spelunca 107 - 2007 1 Pour la

Les longes en spéléologie et descente de canyon - Spelunca 107 - 2007 1 Pour la spéléologie et la descente de canyon, ainsi que pour les travaux en hauteur, les longes constituent un élément fondamental de l’équipement des personnes. Elles sont utilisées: - comme élément de liaison avec un amarrage ou un agrès ; - comme dispositif d’assurance (anti chute) lorsque l’utilisateur est relié à un agrès, mais n’est pas en suspension sur celui-ci. Il ressort de différentes réflexions menées par l’EFS et par la commission technique du Département promotion des métiers sur corde, (commission réunissant des représentants des entre- prises de travaux sur cordes, des centres de formations ainsi que des fabricants), que l’on observe une grande disparité du matériel utilisé actuellement pour se longer lors des déplacements sur cordes semi-statiques, ainsi qu’une difficulté à préconiser un matériel en particulier. Les seules normes qui existent à l’heure actuelle concernent les longes dites d’assujettissement (EN 354), les longes dites anti chutes (EN 355) ou les longes dites de maintien au travail (EN 358). Si l’on se réfère à ces normes, seules des longes anti chutes pourraient convenir à une utilisation où la longe est susceptible d’arrêter une chute. Mais ces longes, qui sont prévues pour être connectées en sternal ou en dorsal, ne correspondent pas, d’un point de vue ergonomique (taille, encombrement), à ce que l’on peut attendre d’une longe pour les déplacements sur corde. D’un point de vue mécanique, si la corde absorbe dans 95 % des cas l’éner- gie de la chute, il est toutefois admis par tous que des situations peuvent exister où un individu se trouve en situation de chute de facteur 1, par exemple lorsque celui-ci est longé à un fractionnement. Cette notion de facteur 1 à ne pas dépas- ser étant bien ancrée dans « les bonnes pratiques » des milieux sportifs et profes- sionnels, les absorbeurs d’énergie tels que ceux définis par la norme EN 355 ne nous semblent pas adaptés Bon nombre de clubs, de pratiquants individuels et d’entreprises, souhaitant utiliser du matériel entièrement manufac- turé et normalisé, se tournent donc à l’heure actuelle vers des longes répondant à la norme EN 354. Or il s’avère qu’en facteur 1 certaines de ces longes, et plus particulièrement celles en sangle cousue, semblent engendrer des forces de choc qui sont bien au-delà du seuil d’occurrence lésionnel. Le seuil d’occurrence lésionnel est fixé à 600 daN, en se basant sur des études des traumatismes liés au parachutisme et à l’éjection des pilotes, initialement réalisées par les militaires. Une autre possibilité consiste à utiliser des longes en corde avec terminaisons cousues en les reliant au harnais par un nœud en leur milieu. Bien que cette solution semble meilleure, particulièrement lorsque de la corde dynamique est utilisée, elle va à l’encontre des préconisations de certains fabricants. Enfin, certains continuent à se constituer eux-mêmes des longes en utili- sant de la corde dynamique (type EN 892) et en faisant trois nœuds, pratique très courante dans le milieu sportif (spéléologues et canyonistes). Cette pratique permet un ajustement très précis de la taille des longes à la morpho- logie de l’utilisateur. Les longes en spéléologie et descente de canyon Préambule Une campagne de tests a été effectuée dans le laboratoire de l’École nationale de ski et d’alpinisme (ENSA) en juin 2006 par le Groupe d’études techniques (GET) de l’École française de spéléologie (EFS), en partenariat avec le Syndicat français des entreprises de travaux en hauteur (SFETH). Le résultat du premier de ces tests, concernant les nœuds de chaise, a été publié dans Spelunca n°105. Un des tests réalisés à cette occasion, concernant les longes, avait pour objectif de définir quelles sont les pratiques qui sont acceptables et dans quelles conditions (type de longe, nœuds utilisés…). Voici le bilan de ce test. * Les résultats complets des tests sont téléchargeables sur le site web de l’EFS, dans la rubrique GET: http://efs.ffspeleo.fr/get/longes/longes.htm Introduction Texte et photographies: Sylvain BORIE, Gérard CAZES, Nicolas CLÉMENT, José MULOT Groupe d’études techniques de l’École française de spéléologie Test statique. légende à compléter ? Les longes en spéléologie et descente de canyon - Spelunca 107 - 2007 2 Tous les nœuds ont été réalisés par la même personne, dans le respect des règles de l’art et sans aucun croisement de brins. Les nœuds ont ensuite été pré serrés en traction lente à 300 daN. Cette valeur correspond à ce qui est encaissé par une longe lors de la progression un peu « brutale » d’une personne de 80 kg (voir tests réalisés par le Spéléo secours français en 1994 et 1996). De plus, après plusieurs essais, nous avons pu constater que cette valeur de 300 daN donnait des nœuds qui se rapprochaient le plus des nœuds que nous pouvions trouver sur des longes en service. Les longes ont ensuite été mesurées et marquées. Nous avons ensuite testé les diffé- rentes longes dans trois situations. En statique ou « en traction lente » L‘enregistreur mesure alors la crête de charge, c’est-à-dire la tension maximale obtenue avant rupture. Il est à noter que les résistances des équipements testés se sont dans tous les cas avérées conformes avec les données fournies par les fabricants. En dynamique (en facteur de chute 1) Rappel: le facteur de chute corres- pond au rapport entre la hauteur de chute et la longueur de l’élément qui intercepte la chute (corde ou sangle). Ce test correspond à la situation où l’utilisateur se trouve au niveau de l’amarrage ou de l’agrès auquel il est relié par sa longe. La hauteur de chute est donc égale à la longueur totale de la longe (connecteur inclus). Nous avons mesuré la force choc subie par un utilisateur dans ce cas de figure. La mise en place d’agrès pour se déplacer sous terre ou dans un canyon, lorsqu’elle est effectuée dans le respect des recommandations fédé- rales, n’expose pas le pratiquant à un facteur de chute supérieur à 1. En dynamique (en facteur de chute 2) Ce test correspond à la situation où le pratiquant se trouve au-dessus de l’amarrage ou de l’agrès auquel il est relié par une longe. La hauteur de chute est égale à deux fois la longueur totale de sa longe. Cette situation, bien qu’exception- nelle pour les pratiquants, peut parfois se présenter et constitue le plafond de sécurité auquel doit résister cet équipement. Nous l’avons donc testée dans le but de mesurer la force de choc subie par l’utilisateur lors d’une chute de ce type. Protocoles de test Résultats Dans les résultats, l’écart type indique la variation des valeurs autour de la moyenne de cette série de mesures. Le nœud de demi pêcheur double Ce nœud est de plus en plus utilisé dans le milieu de la spéléologie et n’est, à notre connaissance, pas encore nommé. Le nom qui correspon- drait le mieux à ce nœud coulant serait le « demi-pêcheur double ». Il a le double avantage d’être compact et de serrer le mousqueton (sans qu’il soit nécessaire d’ajouter un accessoire), le maintenant ainsi dans la bonne posi- tion. Ce nœud, pour confectionner une longe ne figure, à notre connaissance, dans aucune publication. Il devenait donc important d’étudier son compor- tement aussi bien en dynamique qu’en traction lente. Test en statique Afin de valider l’utilisation du nœud de « demi-pêcheur double », nous avons souhaité tester sa réaction en traction lente. Pour cela nous l’avons associé au nœud de huit. C’est-à-dire que pour le test nous avons constitué une longe, avec d’un côté le nœud de huit et de l’autre ce nœud de « demi-pêcheur double ». Lors de ces six tests, la rupture s’est produite dans le Nœud de huit. La résistance d’une longe (et de manière plus générale d’une corde) est donc meilleure avec ce Nœud de « demi- pêcheur double » qu’avec un Nœud en huit. Test en dynamique (mesure de la force choc en facteur 1) Nœud de huit – demi-pêcheur double: 18 tests ont été réalisés, avec des cordes dont les diamètres varient de 8,1 à 11 mm. ■Moyenne de ces 18 tests: 576 daN – variation relative: 5 %. Queue de vache – demi-pêcheur double : les tests ont été réalisés de la même manière que la série précédente. ■Moyenne de ces 18 tests: 597 daN – variation relative 4 %. Les valeurs de force choc obtenues sont tout à fait acceptables. Confection des longes. Marquage des longes pour identification. Type de corde Rupture Appolo II 11 mm 1778 daN 1723 daN CAMP 9 mm 1296 daN 1335 daN BEAL Ice Line 8,1 mm 945 daN 980 daN Tableau 1. Les longes en spéléologie et descente de canyon - Spelunca 107 - 2007 3 Cas du mauvais positionnement du mousqueton de longe Il peut arriver que le nœud vienne se figer sous le doigt du mousqueton (photographie 1), et ce plus particuliè- rement chez les personnes qui ont en permanence leur poignée ou basic dans leur mousqueton de longe, et qui fixent leur pédale sur ce mousqueton. Un des objectifs uploads/Industriel/les-longes-spelunca-107.pdf

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