Introduction au biomimétisme “L’innovation inspirée par la nature” www.biomimic
Introduction au biomimétisme “L’innovation inspirée par la nature” www.biomimicry.net Traduction libre par Lydia Blaise pour étopia - 2005 étopia_ Page 1 sur 10 1 1. Qu’entend-on par biomimétisme ? Le biomimétisme est une méthode innovante cherchant des solutions soutenables en s’inspirant de concepts et de stratégies ayant fait leurs preuves dans la nature, comme par exemple le capteur solaire imitant la feuille végétale. Le but est de créer des produits, processus et protocoles –de nouvelles lignes de conduite- mieux adaptés à une durée de vie prolongée sur terre. De par le monde, ses adeptes apprennent à : cultiver les aliments comme un prairie, filer les fibres comme une araignée, maîtriser l’énergie comme une feuille, se soigner comme un chimpanzé, compter comme une cellule et gérer les affaires (ou les villes) comme une forêt millénaire. Leurs modèles sont des organismes qui fonctionnent sans faire appel au principe de fabrication « chaleur-pression-traitement », des écosystèmes qui marchent à l’énergie solaire et aux interactions, qui créent des opportunités plutôt que des déchets. Ils se posent sans cesse les questions : que ferait la nature dans ce cas ? Que ne ferait-elle pas ? Pourquoi ? Ou pourquoi pas ? Non seulement le biomimétisme peut aider l’espèce humaine à prolonger son passage sur la planète, mais il peut changer notre manière d’évaluer la nature qui nous entoure. Il nous encourage à la considérer comme une source de sagesse et un guide plutôt que comme seule source de bien. 2. Pourquoi utiliser le biomimétisme comme un méthode innovante ? Le biomimétisme peut nous aider à dégager un mode de vie plus attrayant, plus favorable à la vie. L’imitation consciente de l’esprit nature par l’homme est une stratégie de survie, une voie vers un avenir soutenable. Plus notre monde fonctionne comme le monde naturel, plus nous nous assurons de pouvoir continuer à partager notre habitat. Plus les gens apprennent de leur modèle, plus ils désirent le protéger. Le biomimétisme peut modifier notre façon de voir et d’appréhender le monde. Dans le rôle de l’étudiant qui plutôt qu’étudier un organisme préfère apprendre de lui, nous approfondissons notre respect de la nature. Le respect mène à la gratitude, et de la gratitude naît le désir ardent de protéger la nature qui nous entoure. 3. Interview de Janine Benyus (www.biomimicry.net) Qu’entendez-vous par “biomimétisme”? Le biomimétisme (bio = vie et mimesis= imiter) est une nouvelle discipline qui étudie les meilleures idée de la nature pour ensuite les imiter et appliquer leurs concepts et processus aux problèmes humains. Etudier la feuille pour inventer un meilleur capteur solaire est un exemple. Une bonne définition serait «‘l’innovation inspirée par la nature ». Son fil conducteur est que la nature a de tout temps dû imaginer des solutions permettant de résoudre des problèmes auxquels nous-mêmes sommes confrontés. Les animaux, les plantes et les microorganismes sont des ingénieurs chevronnés. Ils ont trouvé ce qui marche, ce qui est approprié, et surtout ce qui résiste sur terre. C’est cela la grande nouveauté du biomimétisme : après 3.8 milliards d’années de recherche et développement, les essais malheureux ont disparu (fossiles) et tout ce qui nous entoure possède le secret de la survie. Comme le papillon vice-roi imite le papillon monarque, l’homme imite les organismes le mieux adaptés à son habitat. Il apprend par exemple à maîtriser l’énergie comme la feuille, à cultiver les étopia_ Page 2 sur 10 2 plantes potagères comme une prairie, à fabriquer des céramiques comme l’ormeau, à se soigner comme le chimpanzé, à évaluer comme la cellule et à gérer ses affaires comme une forêt millénaire. L’imitation consciente de l’esprit nature par l’homme est une stratégie de survie, une voie vers un avenir soutenable. Plus notre monde fonctionne comme le monde naturel, plus nous nous assurons de pouvoir continuer à partager notre habitat. Pouvez-vous donner un exemple des types de problèmes que l’on peut résoudre par biomimétisme ? Le biomimétisme recherche dans la nature ses conseils particuliers : Comment faire croître sa nourriture ? Comment maîtriser son énergie ? Comment fabriquer ses outils ? Comment préserver sa santé ? Comment conserver ses acquis ? Comment monter une affaire sans mettre en péril le capital nature de départ ? Prenons une de ces catégories : les matériaux. Jusqu’à présent, nous fabriquons selon le principe de « chaleur, pression et traitement ». Le kevlar par exemple, utilisé pour les gilets pare-balle, est le matériau high-tech par excellence. Rien n’est plus résistant ou solide. Comment le fabrique-t-on ? Des molécules provenant de la pétrochimie sont polymérisées sous pression et à haute température (quelques centaines de degrés Fahrenheit) en présence d’acide sulfurique concentré. Les fibres sont alors alignées selon le schéma souhaité sous haute pression. L’énergie nécessaire est extrêmement importante et les sous-produits odieusement toxiques. La nature suit une approche bien différente. Puisque les organismes fabriquent des matériaux tels l’os, le collagène ou la soie dans leur propre corps, il est inutile de « chauffer, presser et traiter ». L’araignée par exemple produit une soie battant largement la résistance et l’élasticité du kevlar. A titre de comparaison, elle est cinq fois plus solide que l’acier ! De plus l’araignée la fabrique dans l’eau, à température ambiante, sans haute pression, chaleur ou agents chimiques. Et surtout, elle ne dépend d’aucun forage pétrolier ; elle capture des mouches et des criquets d’un côté et produit ce miraculeux matériau de l’autre. Si besoin est, elle peut même manger sa vieille toile pour en fabriquer une neuve. Imaginez ce qu’un tel processus amènerait à notre industrie de la fibre. Une matière première renouvelable, un produit de grande qualité et peu de consommation d’énergie et de production de déchets. Nous avons assurément beaucoup à apprendre de ce petit être qui tisse sa soie depuis 380 millions d’années. En réalité, les organismes ont réussi à faire tout ce dont nous avons besoin, sans recourir aux énergies fossiles, sans polluer la planète ou hypothéquer leur futur. Quel meilleur modèle espérer ? Votre livre exprime une réelle urgence. Pourquoi est-il crucial d’explorer le biomimétisme maintenant ? L’homme est arrivé à un tournant de son évolution. Partant d’une petite population dans un vaste monde, l’espèce humaine s’est si bien étendue en nombre et en territoire que ce monde risque d’exploser. Nous sommes trop nombreux et nos modes de vie ne sont pas soutenables. Les limites de tolérance de la nature étant atteintes, nous cherchons enfin à répondre à cette question : « Comment vivre sur notre planète sans la détruire ? » Alors que nous commençons à réaliser tout ce que nous pouvons apprendre de la nature, nos modèles sont en voie d’extinction- non pas juste quelques espèces isolées, mais des écosystèmes entiers. Une nouvelle étude du Service National de Biologie révèle qu’aux Etats–Unis, la moitié des écosystèmes d’origine sont dégradés au point d’être en danger. Le biomimétisme n’est plus seulement une nouvelle manière de voir et de mettre en valeur la nature. C’est aussi le chemin de la survie. étopia_ Page 3 sur 10 3 Puisque le biomimétisme est si intéressant, pourquoi n’y a-t-on pas songé avant ? En fait, le biomimétisme n’est pas vraiment une nouvelle approche. Les peuplades indigènes ont de tout temps tiré les leçons de leur entourage En Alaska par exemple, les chasseurs traquent le phoque à la manière de l’ours polaire. De nombreuses inventions du monde occidental comme l’avion ou le téléphone sont aussi inspirées par la nature. Nous assistons plutôt à un nouveau souffle du biomimétisme après une pause induite par l’assurance exagérée d’un « mode de vie facile grâce à l’ère de la chimie ». En apprenant à synthétiser nos produits par la pétrochimie, nous avons cru nous affranchir de la nature et la dépasser. Avec l’avènement du génie génétique, certains s’imaginaient déjà tout-puissants, à la tête d’un arsenal technologique infaillible qui leur garantirait l’indépendance. Pour les autres, il est difficile d’ignorer les signaux d’alarme qui se déclenchent autours d’eux. En ce début de 21e siècle, les réalités environnementales s’imposent à nous et nous forcent à rechercher des modes de vie plus sains et soutenables pour la planète. L’attrait pour le biomimétisme nous vient de notre profonde connaissance des phénomènes naturels. Les connaissances dans le domaine de la biologie doublent tous les cinq ans, les différentes découvertes se rejoignant souvent à l’image d’un puzzle en construction. Pour la première fois dans l’histoire, nous avons les instruments –micro et télescopes ou satellites- pour mesurer l’excitation d’un neurone en activité ou assister à la naissance d’une étoile. En combinant toutes les connaissances, nous sommes subitement en mesure d’imiter la nature comme jamais auparavant. En écrivant ce livre, vous avez mis en évidence le biomimétisme comme discipline scientifique. Qui en sont les pionniers et dans quels domaines ? Mon livre est divisé en six domaines : agriculture, matériaux, énergie, médecine, mathématique et gestion. J’ai rencontré et interrogé quelques pionniers, notamment : • Wes Jackson (L’institut Rural) étudie la prairie comme modèle d’agriculture permettant de produire des polycultures potagères vivaces, mettant le sol en valeur plutôt que sous tension. • J Devens uploads/Ingenierie_Lourd/ biomimetisme.pdf
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- Publié le Jui 06, 2021
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