94 Chapitre 8: La sémantique Pour des renseignements de base, mettez le curseur
94 Chapitre 8: La sémantique Pour des renseignements de base, mettez le curseur sur l'une des lignes suivantes et cliquez avec la souris ou faites un retour de chariot. Notez que le texte peut aussi être lu de façon suivie. • Buts de la sémantique • Le niveau métalinguistique • La lexicographie • L'analyse structurale ou componentielle • Homonymie et polysémie • Les relations sémantiques • L'hyponymie • La synonymie • L'antonymie • La méronymie • Les relations sérielles et cycliques • Présupposition et implication • Implicatures • L'ouverture de la sémantique • À lire Buts de la sémantique La sémantique est l'étude scientifique de la signification. En tant que telle, elle exige des techniques et des outils particuliers, et des méthodes scientifiques. Nous verrons cependant que, contrairement à la phonologie et à la syntaxe, où il existe un accord assez général sur les méthodes à utiliser, la sémantique se caractérise par une grande diversité d'approches. La complexité de la sémantique s'explique aussi par le fait qu'elle met en jeu plusieurs niveaux de données, allant du sens des mots, à celui des phrases, aux relations sémantiques entre phrases dans le discours, et aux relations pragmatiques qui mettent en jeu l'utilisation du langage dans les situations diverses. Dans ce qui suit, nous commencerons par faire de la sémantique lexicale, qui traite du sens des mots. En particulier, nous examinerons les analyses sémantiques basées sur la lexicographie, sur l'analyse structurale (ou componentielle), et sur les critères logiques. Le niveau métalinguistique Quand on pense à la langue, on envisage surtout son utilisation pour dire des choses sur le monde. Si on dit Passe-moi le sel, on veut faire agir quelqu'un pour changer une situation dans le monde. Mais la langue a aussi une autre fonction, qui consiste à expliquer la langue. Si on vous pose la question Que veut dire le mot X?, votre réponse va porter non pas sur le monde mais sur le mot X. L'utilisation de la langue pour parler de la langue s'appelle l'emploi métalinguistique. En fait, toute la sémantique représente une utilisation de la fonction métalinguistique, dans la mesure où on utilise la langue pour donner les explications. Nous allons voir qu'une des tentatives principales en sémantique consiste à élaborer un métalangage satisfaisant qui permettra de bien expliquer le sens des mots. 95 En fait, on trouve le métalangage même dans l'usage quotidien, comme l'illustrent les exemples suivants: 1. La table est verte. 2. Elle peut courir vite. 3. Le "table" est mal écrit. 4. "Courir" est un verbe. On voit que dans les deux premiers cas, on utilise les mots pour parler du monde. Le nom table et le verbe courir renvoient à des situations dans le monde. Par contre, dans les deux derniers exemples, les mêmes mots servent à désigner non pas des phénomènes dans le monde mais plutôt des entités linguistiques, des mots. La preuve, c'est que dans les deux cas, les deux fonctionnent comme noms masculins singuliers. Notez le table et courir est. L'emploi des mots pour parler du monde s'appelle l'usage, et leur emploi pour parler de la langue s'appelle la mention. La lexicographie Les dictionnaires restent l'une des meilleures sources de renseignements sémantiques, tant par le nombre de données traitées que par la richesse des analyses. Il faut accepter dès le début cependant qu'un dictionnaire n'est pas un ouvrage scientifique. C'est un ouvrage qui vise la consultation, et qui suppose dès le début une assez bonne connaissance de la langue. En même temps, un dictionnaire est un objet de commerce qui doit satisfaire les clients qui l'achètent. En outre, dans la société occidentale, un dictionnaire est une source de normes. On le consulte pour trouver des descriptions, mais aussi pour trouver des règles d'usage. Finalement, la production d'un dictionnaire repose non pas sur des principes scientifiques, mais plutôt sur un ensemble de techniques et de conventions développées à travers les siècles. Pour toutes ces raisons, il faut faire bien attention lorsqu'on utilise un dictionnaire en sémantique. Mais en même temps, la longue expérience de la lexicographie en français peut nous servir de guide pour éviter des problèmes. Les types de dictionnaires Il existe des dictionnaires de plusieurs sortes en français. Par exemple, quelques-uns se donnent comme but de traiter tous les mots de la langue jusqu'à une limite quantitative: ce sont des dictionnaires généraux. Le Petit Robert, le Robert, le Dictionnaire du français contemporain sont des dictionnaires généraux. Une autre caractéristique d'un dictionnaire général consiste à inclure en principe toutes les parties du discours (noms, verbes, adjectifs, adverbes, prépositions, etc.). Dans la pratique, la plupart des dictionnaires excluent certaines classes de mots, comme les noms propres, des mots considérés comme vulgaires ou des mots d'une dérivation évidente. Exercice: Dans le Petit Robert, relevez des mots formés à partir du préfixe re-. Y en a- t-il qui manquent. Lesquels? Par opposition aux dictionnaires généraux, les dictionnaires spécialisés limitent leur choix de mots à une sous-classe. Par exemple, certains dictionnaires donnent seulement la terminologie d'un domaine en particulier (dictionnaires de chimie, d'argot), ou seulement les mots utilisés dans une région, en excluant ceux utilisés dans le français en général. On parle alors de dictionnaires différentiels. Par exemple, le Glossaire de parler français au Canada est un dictionnaire différentiel. Exercice: Comparez le Glossaire du parler français au Canada avec le Dictionnaire 96 québécois d'aujourd'hui. Macrostructure et microstructure Étant donné qu'un dictionnaire se destine à la consultation, il doit présenter son contenu dans un ordre qui permettra à l'utilisateur de trouver un mot sans parcourir tout le texte. Le plus souvent, c'est l'ordre alphabétique qu'on trouve. Mais il y a des exceptions. Certains dictionnaires (les dictionnaires inverses) classent les mots par ordre alphabétique, mais à partir de la fin des mots, ce qui facilite la recherche de suffixes ou de rimes. D'autres classent les mots par fréquence, et d'autres encore par domaine. La structure qui règle le nombre de mots traités et leur ordre d'apparition s'appelle la macrostructure. Un dictionnaire qui traite un grand nombre de mots a une macrostructure riche, tandis qu'un dictionnaire qui comprend seulement un petit nombre de mots a une macrostructure pauvre. En fait, le calcul de la macrostructure peut être difficile, dans la mesure où certains mots sont définis non pas à leur place habituelle, mais sous un autre mot. Par exemple, dans un dictionnaire comme le Micro-Robert, le mot babillage est défini non pas dans une entrée séparée, mais dans l'entrée consacrée à babiller. C'est pour cette raison que la plupart des dictionnaires qualifient leur macrostructure en termes du nombre total d'entrées plutôt qu'en terme du nombre total de mots. Une entrée se définit comme un mot à définir, généralement en caractères plus gras, suivi d'un ensemble de renseignements et terminé par un blanc. À côté de la macrostructure, où il est question du nombre et de l'ordre des entrées, la microstructure traite du format des entrées. Dans la plupart des dictionnaires, les renseignements qui se trouvent dans une entrée suivent un ordre fixé d'avance. Voyons, par exemple, l'entrée suivante, tirée du Petit Robert. DÉRÉGLER [deregle]. v.tr.. (Desreigler, 1280; de dé- et régler). 1. Faire qu'une chose ne soit plus réglée; mettre en désordre. V. Bouleverser, déranger, détraquer, troubler. L'orage a déréglé le temps. Dérégler un mécanisme délicat, une montre. Fig. "Les poisons de la fatique ont vite fait de dérégler la fragile mécanique de l'âme" (DUHAM.). 2 Troubler l'ordre moral de. Dérégler les moeurs, la conduite. ANT. Régler; arranger, ranger, réparer. On constate que l'entrée comprend la vedette (le mot à définir, ici dérégler), suivie de sa transcription phonétique et de sa partie du discours. On trouve ensuite son étymologie, qui comprend d'abord sa première date d'attestation, c'est-à-dire la date du texte le plus ancien où on a trouvé le mot et la forme sous laquelle on a trouvé le mot, et ensuite quelques détails sur son histoire. Après l'étymologie, on trouve la définition. S'il y a plusieurs sens, on trouve plusieurs définitions, numérotées pour les distinguer. La première définition est suivie d'un ensemble de renvois, qu'on signale par la lettre V., forme abrégée de Voir. Les renvois ont comme fonction de permettre à l'utilisateur de passer d'un mot connu à d'autres mots ayant à peu près le même sens, mais qui ne seraient peut-être pas connus. Après les renvois, on trouve quelques exemples, ayant comme but de montrer l'usage du mot. Notons la différence entre les deux premiers exemples et le troisième. Le premier donne une phrase typique. Le deuxième est un exemple neutralisé, dont le sujet manque et le verbe est à l'infinitif. Par contre, le troisième représente une citation (de l'auteur Duhamel) qui a une fonction surtout culturelle, dans le sens qu'il montre un spécimen de la littérature française. Finalement, à la fin de l'entrée, on trouve une série d'antonymes. On voit donc que la microstructure d'un dictionnaire reflète la complexité des données linguistiques. En même temps, il existe un certain nombre de principes qui règlent les microstructures. 97 • Tous les mots qui figurent dans uploads/Ingenierie_Lourd/ chapitre-8-semantique.pdf
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- Publié le Nov 10, 2021
- Catégorie Heavy Engineering/...
- Langue French
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