La visite|rdc | La visite|rdc| Un joyau d’architecture de la Renaissance frança

La visite|rdc | La visite|rdc| Un joyau d’architecture de la Renaissance française La construction de Chenonceau traverse le xvie siècle, évoluant de la première à la seconde Renaissance. Les lignes ornementées s’assagissent sous le sceau du classicisme. 22 L’édification de Chenonceau s’écrit à trois voix par Julien noblet Historien de l’art La spécificité du château : cette galerie enjambant le cher S is au milieu des eaux du Cher, Chenonceau est un fleuron de l’architecture du Val de Loire. Il témoigne de l’ambition de Thomas Bohier et de son épouse d’affirmer, par une construction au plan novateur et au décor gran- dement inspiré par le nouveau répertoire de la Renaissance italienne, leur nou- veau rang social. Doté d’un plan massé presque carré obéissant à un système modulaire, parti que l’on retrouvera à Chambord, Chenonceau s’éloigne des dis- positions des châteaux à cour comme le Verger, Bury ou Azay-le-Rideau. En revanche, l’organisation régulière des façades, tout comme l’apparition d’un esca- lier rampe sur rampe, s’inspire directement de Bury, construit quelques années auparavant. Quant à la forte volonté de lier le château à son environnement et de l’ouvrir sur le paysage, qui transparaît par les nombreuses ouvertures multipliant les points de vue sur la rivière, elle rappelle l’atmosphère des palais vénitiens fré- quentés par Bohier lors de ses fréquents séjours en Italie. 1517 Le logis de Katherine Briçonnet Précédée d’une avant-cour constituée par la plate-forme de l’ancien château des Marques, que Bohier fait raser en épargnant seulement la tour maîtresse, le nouveau château repose sur les piles de l’ancien moulin banal. Outre sa position au-dessus de la rivière, cette demeure présente d’autres traits remarquables : un plan massé, presque carré, au tracé rigoureux simplement perturbé à l’est par les saillies du cabinet et de la chapelle seigneuriale, éléments indispensables à tout château. Connu par les gravures de Jacques Androuet du Cerceau, le grand dessein de la reine mère souligne sa volonté de faire de Chenonceau une résidence royale. À ces fins, le château initial est amplifié au sud par la double galerie et flanqué de deux bâtiments rectangulaires au-dessus du Cher. Une grande avant-cour trapézoïdale précède l’ancienne plate-forme du château des Marques, magnifiée par deux exèdres à colonnades, nouvelles constructions offrant espaces de réception et de spectacle à la souveraine et à ses courtisans. La mort de Catherine mit un coup d’arrêt définitif au projet, seulement amorcé avec la construction de l’aile des Dômes. Le projet rêvé de Catherine 1547 La galerie de Diane de Poitiers Désireuse d’aménager de nouveaux jardins sur l’autre rive du Cher, Diane de Poitiers charge l’architecte du roi, Philibert Delorme, de jeter au-dessus de la rivière un pont-galerie de 60 mètres de longueur. Seul le pont est réalisé : s’appuyant contre la façade arrière du château, il n’est pas placé dans l’axe du couloir d’entrée mais légèrement décalé afin de ne pas occulter la fenêtre centrale. À l’extrémité sud, un châtelet d’entrée commandait le passage entre le pont et les nouveaux parterres. 1559 Les travaux de Catherine de Médicis Fin 1559, Diane est à son tour forcée d’échanger le château de Chenonceau contre celui de Chaumont à la demande de Catherine. Aussitôt parvenue à ses fins, la reine mère décide de reprendre et d’amplifier le projet de pont sur le Cher, qu’elle entend faire surmonter de deux galeries. Ces travaux visent à offrir de grandes capacités d’accueil à un château désormais voué à recevoir la cour. Le dessin des façades de style maniériste, achevées en 1581, est parfois attribué à Jean Bullant. La construction du «château des Dames» en trois dates Philibert Delorme Extrait du «Premier Tome de l’architecture» 1545, livre imprimé. Coll. musée national de la Renaissance, Écouen. © RMN / René-Gabriel Ojéda. Architecte qui a projeté la galerie de Diane, finalisée par Catherine. Jacques Androuet du Cerceau, Plan du grand projet de Chenonceau avec les «augmentacions de batimens delibere faire par la royne mere du roy». 1579, gravure du Second volume des plus excellents Bastiments de France. Coll. château de Chenonceau, cabinet d’estampes. © Cecil Mathieu. Étapes de construction du château © Sélection du Reader’s Digest, Châteaux de la Loire, ill. Philippe Biard. En vignettes 1. Portrait présumé de Katherine Briçonnet, La Danse (détail), vers 1500, tapisserie de laine et soie, 220 x 139 cm. Coll. musée du Louvre, Paris. © RMN / Jean Schormans. 2. Le Primatice, Portrait de Diane de Poitiers en Diane chasseresse (détail), cf. p. 31. Coll. château de Chenonceau. © Stevens Frémont. 3. Henri Sauvage Portrait de Catherine de Médicis (détail), cf. p. 7. Coll. château de Chenonceau, chambre de Diane de Poitiers. © Stevens Frémont. Architecture| L’une des cinq piles en pierre dure de Chisseaux et des Houdes portant les arches du pont. La tour des Marques, vestige de l’ancien château, servit pendant la réalisation des travaux de logement au Bohier, qui y apportèrent des modifications inspirées par le goût nouveau de l’architecture «à l’antique». Des tourelles en encorbellement, évoquant les traditionnelles tours d’angle et symbolisant le pouvoir seigneurial, animent les angles de la construction. De hautes toitures, à longs pans, élancent la silhouette du château : à l’est et à l’ouest, les combles, reliés par une toiture transversale, soulignent le plan massé du château divisé en deux parties égales par un couloir médian. La vie sur le Cher Posé sur le Cher, le château de Chenonceau contrôlait l’important trafic fluvial en liaison avec la Loire : bois, pierre, sel, vin… transitaient par gabares. Ces dernières sont de petits bateaux légers transportant les marchandises sur les fleuves auxquels n’avaient pas accès les grands vaisseaux, arrêtés aux estuaires. Une fois arrivées à destination, elles pouvaient être démontées et les planches de bois réutilisées. Le Cher, très poissonneux, livre quantité de saumons et d’aloses. Le cuisinier François Pierre de La Varenne en a livré de savoureuses recettes dans le Vrai Cuisinier françois en 1651. Écorché du château © Sélection du Reader’s Digest, Châteaux de la Loire, illustration Philippe Biard. OUEST EST SUD NORD 24 25 Au cœur du château Chenonceau, construit avec un bel appareil de blocs de pierre de tuffeau provenant des carrières voisines de Bourré, se reflète dans le lit de la rivière de son éclat blanc. La plate-forme, isolée par des fossés en eau, supportait jadis le château médiéval des Marques ; désormais, elle forme l’avant-cour du château de la Renaissance. L’ancienne pile du moulin banal sert de support au cabinet, placé en encorbellement. La fenêtre axiale de la chapelle se distingue des autres ouvertures du château par son tracé en arc brisé et la présence de remplages. Éclairée par une double croisée, la salle dite «des Gardes» commandait l’accès à la chambre seigneuriale puis royale. Le comble du logis, après avoir accueilli les pages et les demoiselles d’honneur, abrita une communauté de douze capucines appelée par la duchesse de Mercœur : salle commune, cellules, oratoire permirent aux religieuses d’officier jusqu’en 1634. Leur isolement était assuré par un pont-levis en bois. 26 27 La leçon d’architecture de Chenonceau par Julien Noblet Illustrations par Jean-Benoît Héron Les fenêtres Deux voûtes de la Renaissance Voûte du vestibule du rez-de-chaussée. Les souches de cheminée Les conduits d’évacuation des fumées furent l’objet de restaurations dans la seconde moitié du xixe siècle, sous l’impulsion de Marguerite Pelouze et de son frère Daniel Wilson. Conduits par l’architecte Félix Roguet, les travaux visaient à redonner au château son aspect d’origine. Souche de cheminée couronnant une des extrémités de la galerie. Souche de cheminée du château des Bohier-Briçonnet. Deux cheminées décoratives Les cheminées furent, au même titre que les autres éléments de décoration intérieure, comme les lambris ou les carrelages, restaurées en fonction de leur localisation dans un style première Renaissance (à gauche) ou seconde Renaissance (à droite). Cette dernière cheminée, ornée de captifs enchaînés rappelant les victoires d’Henri II, ainsi que du double chiffre C & H pour Catherine de Médicis et son époux, prend place dans la galerie haute et est due au ciseau de Michel-Léon Breuil, célèbre sculpteur élève de Claude Ramey. Cheminée de la galerie haute. Architecture|Cours d’architecture Fenêtre centrale de l’entrée du château. Fenêtre reproduite à l’identique dans la partie supérieure de la galerie. La lucarne centrale, dont la composition générale se retrouve à l’aile François Ier de Blois, associe une double croisée surmontée d’un jour rectangulaire. Toute l’ornementation, issue du nouveau répertoire de motifs transalpins – pilastres au fût cannelé, pots à feu ou fleuron sommital – souligne les lignes verticales. Seules les frises sculptées au-dessus des deux ouvertures introduisent une ligne horizontale, contrariée par les ressauts latéraux placés dans le prolongement des pilastres. Les combles de la double galerie sont éclairées d’œils-de-bœuf sobrement mis en valeur. La fenêtre éclairant la galerie haute est couronnée d’un fronton courbe, que l’on retrouve dans la cheminée Henri II de la galerie. Les deux captifs sont agenouillés sur la naissance d’un fronton comparable. Les menaux centraux formant une croix disparaissent au profit de fenêtres rectangulaires. Voûte de l’escalier. Les souches témoignent du goût néo-Renaissance de l’époque : niches à coquille et candélabres ornent uploads/Ingenierie_Lourd/ chenonceau-castle-illustrations 1 .pdf

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