UNIVERSITE DE BATNA -1- INSTITUT D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME Le module : Habi
UNIVERSITE DE BATNA -1- INSTITUT D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME Le module : Habitat, habiter et usages / Niveau : Master 1 / Option : Habitat et paysage Introduction : L’habitat a toujours été pensé en relation avec les modes de vie correspondant à une époque et à un groupe social donnés. Mais la seconde moitié du XXème siècle a vu l’émergence d’un certain nombre de phénomènes sociaux dont l’influence sur les usages et pratiques du logement a engendré une diversification des parcours, des relations sociales et des aspirations liées à l’habitat. L’univers référentiel des professionnels du logement est bouleversé par cette transformation de la demande et par ces nouveaux besoins. Les travaux en sciences humaines et en urbanisme opérationnel apportent un cadre théorique qui permet, d’une part, d’établir un cadre de référence sur la définition et l’étude des « modes de vie », et d’autre part qui amène à aller au-delà de la conception actuelle professionnelle et politique du logement pour considérer les notions d’habitat et d’ « habiter », plus appropriées. A travers ce module les différents aspects qui mettent en pratique l’habitat seront abordés mais surtout l’accent est mis sur la façon dont l’homme vit en société en tenant compte non seulement de son mode de vie, mais également de son modèle culturel. Les notions de l’habiter et des usages seront mis en exergue. I. L’habitat I.1. Essai de définition: -Selon le dictionnaire LAROUSSE : En écologie, l’habitat c’est la zone dans laquelle vit une espèce animale ou végétale. En géographie humaine, il désigne le mode d’occupation de l’espace par l’homme pour des fonctions de logement. On parle ainsi d’habitat individuel, collectif et semi collectif Ensemble des conditions, des faits relatifs à l’habitation, au logement. -L’objet de l’architecture est de concevoir le cadre de la vie quotidienne, c'est-à-dire l’habitat - D’un point de vue fonctionnel, l’habitat est l’ensemble formé par le logement, ses prolongements extérieurs, les équipements et leurs prolongements extérieurs, les lieux de travail secondaires ou tertiaires. -D’un point de vue morphologique, l’habitat est l’ensemble des systèmes en évolution qui créent le lieu de ces différentes activités. -En architecture, nous nous limiterons à un certain mode d’organisation du bâti : l’habitat urbain, caractérisé par une continuité plus ou moins dense. L’habitat urbain est constitué d’espaces publics structurant un bâti d’usage privé et un bâti d’usage public, et des éléments non bâti. 1 -L’ensemble des fonctions intérieures au logement n’est qu'une partie des fonctions de l’habitat, qui comprend des modalités de satisfaction des mêmes besoins extérieurs au logement I.2 L’habitat au fil du temps : De tout temps, l’habitation fut façonnée à la fois par des déterminismes sociaux et par des choix individuels, faisant de l’étude du logement, de sa conception et de son agencement, un révélateur hors pair des « modes de vie» d’une société donnée. « Au-delà des conformismes sociaux qui se reflètent souvent dans le décor des lieux habités, […] la structure des relations familiales et interindividuelles d’une société s’inscrit dans le plan des habitations qu’elle produit »¹. Un bref regard historique nous permet en effet de constater les changements organisationnels de l’habitat au fil des grandes évolutions de nos sociétés. Dès l’époque préhistorique, l’évolution des modes de vie influence, voire permet la conception de l’habitat. Le rapport à l’environnement et son exploitation en est le principal élément déclencheur qui, en distinguant la chasse de la cueillette, opère la toute première distinction des rôles domestiques. Cette évolution se poursuit jusqu’au paléolithique à travers l’apprentissage de l’agriculture qui renforce la distinction des tâches domestiques entre les sexes, distinction qui trouve son ancrage dans l’espace habité. A la période antique, L’habitat se caractérise par la sédentarisation des sociétés, qui mène au développement de villages, puis de villes, voire de cités. Ces nouveaux rapports sociaux qui deviennent « urbains », engendrent un phénomène de « domiciliation » : le logement acquiert une importance au point de jouer un rôle dans les relations sociales. Les cités helléniques, puis latines, sont politiquement marquées par la « chose publique », d’où nait pour la première fois cette séparation de l’espace public et de l’Oikos, la sphère privée attachée à l’univers domestique. Chez les Romains, le domus incarne un modèle particulier d’un processus de domiciliation par le statut qu’elle confère à son propriétaire : celui-ci affiche dans la rue ses responsabilités civiques grâce à l’architecture de sa villa. L’habitat populaire, l’insulae, est constitués d’immeubles de quatre à cinq étages où cohabitent plusieurs locataires. La longue période du Moyen-âge a vu l’idée d’un espace privé propre à la vie domestique disparaitre par l’attachement de la maison au travail. Celle-ci est constituée d’une grande salle commune à usages multiples : elle fait office d’atelier, de chambre, de salle à manger, etc. D’ailleurs, la maison n’accueille pas qu’une famille nucléaire, souvent consanguine : en plus de la famille étendue, serviteurs et compagnons d’ateliers sont souvent hébergés La naissance de l’espace privatif: Le développement de la société bourgeoise apporte au XVIème siècle un bouleversement majeur dans la conception de l’habitat à travers l’avènement de l’individu et de l’intime. Une nouvelle architecture étant portée par un groupe social avant-gardiste fut conçue pour opérer une séparation entre les membres de la famille et s’assurer un espace personnel, mais également afin de s’éloigner des domestiques. C’est alors que l’on conçoit pour la première fois l’idée 2 d’une vie privée, que l’on retrouve dans l’architecture interne au logement, notamment dans la construction des hôtels particuliers, avec une partie pour les domestiques, une autre pour les appartements privés, et un espace « public » de réception : l’art de la distribution est né. L’urbanisme haussmannien C’est au XIXème siècle, avec l’entrée dans l’ère industrielle et la division sociale du travail, que le logement devient un espace privatif à part entière. Le travail devenu un élément très structurant du quotidien, « la maison devient le lieu du « ressourcement », de la détente, avec cette possibilité rare de mettre à distance la société et de se mettre à l’écart du jeu social ». Il s’opère donc un cloisonnement rapide du monde domestique comme un pan entier de la vie sociale, mais marqué par la distinction du monde professionnel voire simplement extérieur. L’époque dans laquelle nous vivons est depuis lors imprégnée d’une séparation nette historique entre la vie privée et l’espace public. Au XIXème siècle, l’éloignement du lieu de travail et de l’habitat participe à une forte densification des logements populaires, ce qui crée des conditions de vie insalubres au sein de ces « immeubles de rapports ». L’absence de sanitaires et de luminosité, ainsi que le surpeuplement finit par gagner les discours politiques critiques du moment. Alors que la question du droit au logement voit ses premiers jours, la prise en charge des problématiques urbaines liées à l’habitat par les politiques dans la seconde moitié du XIXème siècle, donne naissance à un Etat planificateur qui, selon certains, fait du Baron Haussmann le premier urbaniste. L’influence de Le Corbusier Le logement du début du XXème siècle caractérise l’urbanisme moderne par l’influence du taylorisme et son organisation scientifique du travail. L’architecture, gagnée par ce mouvement, en vient à introduire des méthodes de perfectionnement du logement. Le Corbusier et sa cuisine-laboratoire en fournit un bon exemple avec l’introduction de son «modulor ». « La cuisine-laboratoire imaginée par Le Corbusier, inspirée par les hygiénistes, est un lieu fermé de l’extérieur, sans fenêtre en raison de la ventilation mécanique, sans table ni chaise, pour ne pas perdre de temps » Le « modulor » « L’urbanisme moderne est un urbanisme de masse et d’urgence. Il ne travaille pas pour le prince, mais pour le commun, pour le plus grand nombre. Il se prend d’ailleurs à modéliser une sorte d’homme type dont les besoins sont très succinctement typifiés. Ses mensurations servent d’échelle de référence, de module (le « modulor » de Le Corbusier). » Une priorité politique La seconde guerre mondiale marque une rupture au sein d’un grand nombre de disciplines, de la sociologie aux sciences économiques en passant par l’urbanisme et l’architecture. Les bouleversements politiques d’une nouvelle République aux engagements prometteurs apportent un renouveau économique dans un climat de reconstruction du pays. Au lendemain de la guerre, on connait une grande pénurie de logements suite aux destructions liées au conflit, mais aussi en raison 3 de la vétusté du parc subsistant et, par-dessus tout, une nouvelle grande vague d’exode rural combiné à l’explosion démographique citadine due au « baby-boom» et à l’arrivée d’une main d’œuvre immigrée sollicitée par la reconstruction. « Volontaire, mais néanmoins forcé à intervenir dans l’urgence, étant donné l’immensité des besoins, l’Etat fait de l’urbanisme une prérogative, et propulse la question du logement au rang de priorité absolue à partir de 1953-1954 ». Des « machines à habiter » Dans ce contexte d’une production de logements très politisée, il se développe un impératif de planification portée par une tendance dirigiste et « éducative » qui vise à rationaliser l’habitat collectif en termes de productivité et d’efficacité sociale. « Cet urbanisme moderne ou progressiste, car en uploads/Ingenierie_Lourd/ cours-1-habitat-habiter.pdf
Documents similaires










-
20
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 20, 2022
- Catégorie Heavy Engineering/...
- Langue French
- Taille du fichier 0.2442MB