FEMMES, LUMIERE ET ESPACE. CAS DE L’HABITAT COLLECTIF A BISKRA, ALGERIE. BELAKE

FEMMES, LUMIERE ET ESPACE. CAS DE L’HABITAT COLLECTIF A BISKRA, ALGERIE. BELAKEHAL Azeddine, TABET AOUL Kheira* et BENNADJI Amar**. Département d’Architecture, Université de Biskra, Algérie et LAPSI, Université Mentouri, Constantine, Algérie 46, rue Okba Ibn Nafaa 07000 Biskra, Algérie Email: belakehal@yahoo.fr * Département d’Architecture, USTO Oran, Algérie ** The Scott Sutherland School, the Robert Gordon University, Aberdeen, Royaume Uni. Résumé : Cette étude tente d’explorer les nouvelles formes d’appropriation de l’espace architectural par son occupant en fonction des rapports qu’il entretient aux facteurs physiques de l’environnement et en particulier le soleil et sa lumière. La notion de territorialité lumineuse est introduite comme concept alliant les aspects configurationnels de l’espace architectural à ceux relatifs aux occupants dont l’usage et l’appropriation. Ce concept est l’un des objectifs d’une évaluation post-installation qui a été menée sur le cas de la pièce de séjour du logement des cités d’habitat collectif dans la ville de Biskra. Mots clés : Territoire, territorialité lumineuse, lumière naturelle, espace architectural, appropriation, occupant, femme, usage, préférence. ﻣﻠﺨﺺ : ﺗﺤﺎول هﺬﻩ اﻟﻮرﻗﺔ اﺳﺘﻜﺸﺎﻓ ﺎ ﻟﻸﺵﻜﺎل اﻟﺠﺪﻳﺪة اﻟﺘﻲ ﻳﺘﻤﻠﻚ ﻋﺒﺮهﺎ اﻟﻤﺴﺘﻌﻤﻞ اﻟﻔﺮاغ اﻟﻤﻌﻤﺎري و ذﻟﻚ وﻓﻘﺎ ﻟﺼﻠﺘﻪ ﺏﺎﻟﻌﻮاﻡﻞ اﻟﻔﻴﺰﻳﺎﺋﻴﺔ ﻟﻠﻤﺤﻴﻂ و ﺏﺎﻷﺧﺺ اﻟﺸﻤﺲ و ﻧﻮرهﺎ . أدرﺝﺖ ﻓﻜﺮة اﻹﻗﻠﻴﻤﻴﺔ اﻟﻀﻮﺋﻴﺔ آﻤﻔﻬﻮم ﻳﺮﺏﻂ ﺏﻴﻦ اﻟﺠﻮاﻧﺐ اﻟﺸﻜﻠﻴﺔ ﻟﻠﻤﺠﺎل اﻟﻤﻌﻤﺎري و ﺗﻠﻚ اﻟﻤﺘﻌﻠﻘﺔ ﺏﺎﻟﺸﺎﻏﻞ ﻟﻠﻤﺠﺎل و اﻟﺘﻲ ﻧﺬآﺮ ﻡﻨﻬﺎ اﻻﺳﺘﺨﺪام . ﺵﻜﻞ هﺬا اﻟﻤﻔﻬﻮم أﺡﺪ اﻷهﺪاف ﻟﺪراﺳﺔ ﺗﻘﻴﻴﻢ ﺏﻌﺪ اﻻﺳﺘﺨﺪام أﺝﺮﻳﺖ ﻋﻠﻰ ﺡﺎﻟﺔ ﻗﺎﻋﺔ اﻟﻤﻌﻴﺸﺔ ﻟﻠﺴﻜﻨﺎت اﻻﺝﺘﻤﺎﻋﻴﺔ ﺏﻤﺪﻳﻨﺔ ﺏﺴﻜﺮة . اﻝﻜﻠﻤﺎت اﻝﻤﻔﺘﺎﺣﻴﺔ : إﻗﻠﻴﻢ، إﻗﻠﻴﻤﻴﺔ ﺽﻮﺋﻴﺔ، إﺽﺎءة ﻃﺒﻴﻌﻴﺔ، ﻡﺠﺎل ﻡﻌﻤﺎري، ﺗﻤﻠﻚ، ﺵﺎﻏﻞ اﻟﻤﺠﺎل، اﻟﻤﺮأة، اﺳﺘﺨﺪام، ﺗﻔﻀﻴﻞ . 1. Introduction : Dans ses premiers établissements, l’homme entretenait de forts rapports avec les éléments de la nature. Que ce soit dans l’organisation des habitations ou bien à travers celle de l’habitation elle-même, il était très clair que les éléments de la nature comptaient fort pour lui. Le soleil, en particulier, était un de ces éléments du contexte naturel auquel se référaient les sociétés dites traditionnelles. Ainsi, villes romaines et maison japonaise présentent, entre autres, des exemples qui illustrent des façons bien différentes de s’orienter par rapport au soleil (Oliver, 2003 ; Paul-Levy et Segaud, 1983). Aujourd’hui, la situation est bien différente. Qu’il s’agisse d’urbanisation ou bien de conception architecturale, les facteurs physiques de l’environnement sont le plus souvent marginalisés. Les conséquences ne sont pas cependant des moindres. Pollution et réchauffement de la planète sont parmi les indicateurs les plus objectifs qui attestent de la gravité du problème. A l’échelle locale, Bousquet nous montre comment, au M’zab, les nouvelles habitations auto- construites se sont détournées de cet esprit collectif dictant une orientation particulière des espaces du logis par rapport au soleil et perdant ainsi cette valeur à la fois symbolique et fonctionnelle inégalée (Bousquet, 1983). Le cas des logements de l’habitat collectif laissent supposer que les conséquences y seraient plus percevables dans la mesure où l’espace du logement est imposé à ses utilisateurs et ne fait nullement référence à leur mode de vie antérieur. Face à cet état de fait, l’occupant, ou usager, agit-il ? Et tente-t-il de trouver les moyens de s’adapter à son environnement ou de se l’adapter ? Comment œuvre l’occupant, essentiellement à travers ses pratiques quotidiennes, pour se référer aux facteurs physiques ou bien les ignore-t-il en s’orientant vers une symbiose environnementale artificielle ? A ces questionnements, cette étude tente de répondre en se penchant sur le cas de l’habitat collectif dans un contexte climatique sévère. Dans ce dernier, l’être humain n’a pas vraiment le choix de se dissocier des facteurs physiques car le besoin de s’en protéger et de s’en abriter est plus qu’incontournable (Rapoport, 1972 ; Norberg-Schulz, 1979). Aussi, serait-il opportun de souligner, pour le cas de milieu extrême, l’impact du climat à la fois sur le contrôle social et sur le psychisme individuel (Culiat et Erskine, 1986 ; Olivier, 1972). Après l’élaboration d’une étude qui a recherché la manifestation du rapport de l’occupant au soleil et à la lumière naturelle dans l’habitation traditionnelle des régions à climat chaud et sec d’Algérie (Belakehal et al, 2001; Belakehal et al, 2002 ; Belakehal et al, 2003 a), une seconde recherche a été menée en vue d’investir cet aspect pour le cas de l’architecture contemporaine dans ce même contexte. De plus, une référence à l’espace architectural (essentiellement à travers ses aspects configurationnels) a toujours fait état de présence dans la mesure où cette recherche se rattache à l’architecture en tant que champ disciplinaire de base. 2. La lumière et l’espace architectural contemporain : En parlant et en utilisant la lumière naturelle, les architectes aspirent à créer des effets affectifs surpassant les besoins visuels fonctionnels. Cependant, ces effets sont énoncés en termes de concepts émotionnels ou symboliques reliés à des modèles spatiaux lumineux (Fig.1). Figure 1 : Effet lumineux dramatique des temples pharaoniques repris dans un centre d’art contemporain en Egypte (Source : Cantacuzino, 1986). Plus encore, on constate que les architectes utilisent la lumière pour définir spatialement des concepts géométriques ou topologiques comme la centralité, le parcours et la limite (Fig.2). Certains en font aussi des dispositifs de repérage spatial au sein d’une composition architecturale (Fig.3). Néanmoins, il demeure que pour la plupart des cas, les architectes puisent de leur propre intuition afin de pouvoir établir de tels modèles architecturaux fondés sur la lumière naturelle et sa propagation au sein de l’espace architectural. Or, il a été maintes fois démontré que les visions de l’architecte et celles de l’occupant des espaces qu’ils conçoivent ne coïncident pas toujours et peuvent même largement diverger (Brown et Gifford, 2001 ; Simon, 1979). Le cas des ambiances lumineuses n’est pas exempt de ce constat (White, 1986) (Fig. 4). Figure 2a : Définition lumineuse de la centralité et des limites d’un espace architectural (Source : Davidson, 1998). Figure 3 : Différemment des autres espaces de la Villa Savoye éclairés latéralement, les espace d’eau reçoivent un éclairage zénithal permettant de les repérer aisément au niveau de l’enveloppe architecturale (Donnadieu, 2002). Figure 2b : La lumière naturelle est utilisée pour mettre en valeur un parcours à l’intérieur de l’édifice (Source : Auteur). Figure 4 : les espaces du bâtiment que l’architecte voulait transparents et inondés de lumière naturelle ont été perçus autrement par les occupants (Sources : à droite : Pélissier, 1990 ; à gauche : Auteur). Cette présente recherche tente de proposer une alternative dans l’objectif de pallier à cette faille. Elle est fondée sur l’idée que l’usage de l’espace architectural, composante fondamentale de l’architecture, peut être formulé en termes de données configurationnelles et qui peuvent même prétendre à l’informatisation (Ben Saci, 2000). Il serait tout aussi important de souligner, ici, la pressante nécessité de ce genre de données, en particulier pour le cas de l’éclairage naturel. Car, les données chiffrées mises à la disposition des architectes et figurant singulièrement dans les normes ne sont pas d’un grand apport pour l’architecte lors des premières phases de sa conception. Afin de mener à bien cette tâche, il y a eu recours à l’emprunt de concepts appartenant à une discipline autre que l’architecture. Il s’agit, en effet, de la psychologie qui affirme qu’entre l’homme et son environnement s’installe une relation interactive. L’environnement influence l’homme par ses caractéristiques physiques et l’homme, à son tour, agit sur l’environnement par ses actes et ses usages (Aiello et Thompson, 1980). 3. Territorialité lumineuse dans l’espace architectural: Parmi les concepts fondamentaux de la psychologie de l’environnement, celui de territoire semble être le plus proche voire le plus approprié pour une recherche architecturale basée sur les aspects relatifs à l’occupant. Car la notion de territorialité renvoie à un espace physique délimité, comparable à celui de l’espace architectural. Elle implique donc une appropriation par un marquage de nature matérielle ou symbolique et aussi par une fréquence de présence corporelle et d’usage non moins marqués (Fischer, 1997 ; Lévy-Leboyer, 1980, Argyle, 1975). Au sein de l’espace architectural, et aussi de l’espace urbain, le soleil et la lumière naturelle (de même qu’artificielle) définissent un territoire visible à l’œil mais dont les limites sont immatérielles (Fig.5). Ces limites sont révélées à l’œil par ces distinctions entre zones lumineuses et zones sombres. Ce territoire lumineux-obscur fait souvent l’apanage du discours des architectes et aussi de référence aux enseignements de l’architecture (Donnadieu, 2002 ; Barbey, 1990). C’est donc bien celui qui nous intéresse dans cette recherche. Il présente un lieu d’appropriation par ses occupants et il pourra éventuellement illustrer ce lien manquant entre conception architecturale et usage de l’espace architectural. Figure 5a : Le territoire du bureau défini par une tâche lumineuse artificielle (Source : Donnadieu, 2002). Figure 5b : La lumière naturelle définit aussi par ses dégradés entre clair et obscur des territoires au sein de l’espace architectural (Source, Oliver, 2003). Pour le cas de l’habitation traditionnelle dans les milieux à climat chaud et sec, il a été révélé que la présence du soleil et de la lumière naturelle se superposait avec les rythmes d’appropriations des espaces. Selon les particularités topographiques et culturelles, l’occupant répondait de plus avec des dispositifs spatiaux différents. Mais autant qu’ils soient différents autant qu’ils mettent en exergue cette uploads/Ingenierie_Lourd/ doc 2 .pdf

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