Florent Lajous DESS EPN – Paris X Promotion 2003-2004 FICHE DE LECTURE - LA GAL

Florent Lajous DESS EPN – Paris X Promotion 2003-2004 FICHE DE LECTURE - LA GALAXIE INTERNET– MANUEL CASTELLS A/ L'AUTEUR Manuel Castells est professeur de sociologie et de planification urbaine et régionale depuis 1979 à l’université de Californie à Berkeley. D'origine catalane, il quitte l'Espagne à 20 ans, et étudie en France la sociologie et l'urbanisme. Il obtient deux doctorats, l'un en sociologie, l'autre en lettres et sciences humaines. Il enseigne ensuite entre 1967 et 1979 à l’Ecole des hautes études en sciences sociales à Paris. Outre son poste à Berkeley, il est actuellement directeur de recherche à l’Internet Interdisciplinary Institute de Barcelone, université virtuelle mondiale. Castells a publié une vingtaine d’ouvrages dont les trois tomes de sa trilogie consacrée à L’ère de l’information (Vol 1, La société en réseaux, Fayard, 1998 ; Vol 2, Le pouvoir de l’identité, Fayard, 1999 ; Vol 3, Fin de millénaire, Fayard, 1999). B/ L'OUVRAGE OUVERTURE. LE MESSAGE C'EST LE RESEAU Le réseau n'est pas une organisation nouvelle. Elle est ancestrale. Mais de tout temps, elle a été supplantée par l'organisation en hiérarchie pour le pouvoir et la production, et reléguée à la vie privée. Aujourd'hui l'émergence d'Internet et des réseaux de télécommunications représente une occasion de passer d'une société hiérarchique à une société réticulaire. En effet, selon Castells "les besoins de l’économie en matière de gestion flexible et de mondialisation du capital, de la production et du commerce ; les exigences de la société où les valeurs de liberté individuelle et de communication sans entraves sont devenues essentielles ; enfin, les progrès extraordinaires de l’informatique et des télécommunications" implique une nouvelle structure de la société. La « Galaxie Internet », réponse à la « Galaxie Gutenberg » de McLuhan, symbolise les évolutions organisationnelles et sociales induites par cet outil de communication de multitude à multitude, mondial et continu. I. CE QUE NOUS APPREND L'HISTOIRE D'INTERNET Castells rappelle que la conception d'Internet a été influencé par ses origines à la fois scientifique, militaire et libertaire. En effet, né d'une commande du Pentagone, il a été imaginé assez librement par les centres de recherche publique et les grandes universités américaines. Des ces 3 facteurs, ont découlé l'architecture décentralisée, les protocoles distribués et modifiables. Cette ouverture du réseau a permis l'auto-transformation permanente d'Internet et la croissance du nombre de réseaux interconnectés. Ces conditions sont le fruit des travaux des chercheurs informaticiens, puis de la prise en main par les étudiants, « comme d’un instrument de communication libre et (...) de libération qui, avec l’ordinateur personnel, donnerait aux individus le pouvoir de l’information pour les affranchir à la fois des Etats et des grandes entreprises ». Puis il y eut l'émergence des communautés virtuelles, qui permirent la conception d'un « torrent d’applications que nul n’avait prévues, du e-mail au babillard, au groupe de conversation, au modem et, pour finir, à l’hypertexte ». Internet est donc le produit des ces trois influences. Mais il est impossible de prédire la forme qu'il prendra au grès de ses usages sociaux, tout comme les effets qu'il aura sur la société. II. LA CULTURE D'INTERNET Internet est pour Castells le produit de quatre cultures. Les chercheurs Internet hérite de sa conceptualisation dans les milieux universitaires et les centres de recherche, de la « vision techno-méritocratique » : l'innovation technologique est la valeur suprême ; l’importance d’une découverte dépend de son apport à la totalité du champ ; chacun soumet ses découvertes à l’examen des pairs ; les projets sont répartis et les tâches coordonnées par des figures d’autorité qui contrôlent les ressources et jouissent du respect de leurs pairs ; pour être un membre respecté de la communauté, un technologue doit se plier à ses règles formelles et informelles ; la libre communication des logiciels et des perfectionnements introduits grâce à la coopération sur le réseau représente la pierre angulaire de l’ensemble de la démarche. Ces valeurs seront diffusé chez les hackers par les étudiants de troisième cycle. Les hackers La culture hacker a été déterminante dans le développement d'Internet, car elle a été le lien entre « le savoir de la techno-méritocratie » et « la sphère des marchands », par qui Internet va se déployer. De plus, cette culture « tel un milieu nutritif, entretient les percées technologiques par la coopération et la libre communication ». La liberté et la coopération, directement liée à l'héritage des chercheurs, amène à la mise en place de la culture du don. La culture hacker repose sur la « foi commune dans le pouvoir de l’informatique en réseau, et la détermination à conserver à ce pouvoir technologique le statut de bien collectif - au profit pour le moins de la communauté hacker ». Les communautés virtuelles Aujourd'hui, avec la prolifération de communautés en tout genre, il est impossible de distinguer une culture commune à l'ensemble. Mais aux débuts des réseaux, des communautés virtuelles se sont constituées, par des informaticiens puis des simples initiés, favorisant la propagation de certaines pratiques collectives comme les messageries, listes de diffusion, groupes de conversation, jeux multi-utilisateurs, outils d'autopublication, systèmes de conférences... C'est cet ensemble qui fait d'Internet « le support technologique de la communication horizontale et d’une nouvelle forme de liberté d’expression. Elle pose ainsi les bases de l’utilisation de la "mise en réseau par décision autonome" pour s’organiser, agir ensemble et produire du sens ». Les entrepreneurs Enfin Castells cite les entrepreneurs, qui ont permis selon lui de sortir Internet des cercles d'initiés. Internet s'est donc alors structuré aussi autour des services marchands, créant une influence désormais égale du marchand et du non-marchand. III. LE « CYBERMONDE DES AFFAIRES » ET LA NOUVELLE ÉCONOMIE C'est dans les années 90, que les entrepreneurs se sont emparés d'Internet. Cependant Castells ne limite pas le « cybermonde des affaires » ne se limite pas aux sociétés du secteur technologique ou du e-business. Il comprend l'ensemble des nombreuses entreprises qui profitent des réseaux pour réorganiser leur fonctionnement. se structurer ou améliorer productivité du travail et compétitivité. Depuis les années 80, étaient apparues les entreprises en réseaux, c'est à dire diverses firmes coopérant temporairement autour d'un projet. Dans les années 90, ce sont les start-up qui adoptent cette structure de travail suivies par les plus grandes sociétés de l'électronique comme Cisco, qui donne à Internet un rôle central dans son organisation, qui permet une liaison quasi-directe avec l'innovation, la demande et la production. La nouvelle économie s'est appuyée aussi sur une transformation des marchés de capitaux. Castells fait remarquer qu'au moment de son essor (1996-2000), « le marché a récompensé sans grande discrimination les actions technologiques de toute nature » alors que durant les deux années suivantes « le même marché a puni toutes les actions technologiques d’une façon tout aussi égalitaire. Il n’a prêté aucune attention aux résultats concrets des entreprises ». Selon Castells, cette demi-décennie a marqué profondément non seulement l'économie américaine mais aussi l'ensemble des marchés mondiaux. L'année 2002 devait donc marquer un nouvelle étape pour cette nouvelle économie, avec un marché hyper-sensible. Ces marchés financiers cyclothymiques obligent les entreprises qui veulent les séduire à la prise de risque au quotidien. Internet a également influé sur l'organisation du travail, source de la productivité, de l’innovation et de la compétitivité. En effet, dans l'entreprise en réseau, l'employé doit aussi savoir évoluer rapidement, changer en fonction des besoins, être autonome. IV. COMMUNAUTÉS VIRTUELLES OU SOCIETES EN RÉSEAUX ? En 2000, Philippe Breton soustitrait son livre sur Internet par une interrogation qui montrait une certitude : « une menace pour le lien social ? ». Individualisation, perte des repères (sociaux, temporels...), tels sont les maux d'Internet. Castells prend le contre-pied de ce point de vue. S'appuyant sur plusieurs études récentes, il affirme que les usages d'Internet sont liés au monde quotidien. Le développement des courriels tend à prouver également que le réseau sert à communiquer et non à s'isoler. Il s'agirait plus d'une « extension de la vie réelle ». Internet permet d'accéder à une meilleure information et de conserver les liens préexistants les moins étroits. Pour Castells, Internet n'accentue rien, il n'est que le bouc-émissaire d'une société qui mute vers l'individualisme. « Après l’hégémonie des relations primaires (les familles, les communautés), puis secondaires (les associations), nous voici dotés d’un nouveau système dominant qui paraît construit sur les relations tertiaires, pourrait-on dire - ce que Wellmann appelle les "communautés personnalisées" : les réseaux centrés autour du moi ». Mais cette « privatisation de la sociabilité » n'a pas pour cause les nouvelles technologies, mais les diverses crises sociales et pertes de valeur qui existent depuis un demi-siècle. Au contraire, dans cet « individualisme en réseau », Internet permet de sauvegarder des liens faibles, de maintenir des relations forte à distance, voir d'enrichir son réseau. Les technologies numériques confirment l'individualisme de la société, mais plus qu'annihiler le lien social, elles participent à la constitution d'un nouveau, celui de la société en réseau. V. LA POLITIQUE D'INTERNET -1 « Le cyberespace est devenu une agora électronique planétaire où, dans toute sa diversité, l’insatisfaction humaine explose uploads/Ingenierie_Lourd/ fiche-de-lecture-la-galaxie-internet.pdf

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