Amossy Amossy, R. (Éd.). (1999). Images de soi dans le discours : La constructi
Amossy Amossy, R. (Éd.). (1999). Images de soi dans le discours : La construction de l’ethos. Delachaux et Niestlé. 1999 intro « Toute prise de parole implique la construction d’une image de soi. À cet effet, il n’est pas nécessaire que le locuteur trace son portrait, détaille ses qualités ni même qu’il parle explicitement de lui. Son style, ses compétences langagières et encyclopédiques, ses croyances implicites suffisent à donner une représentation de sa personne. Délibérément ou non, le locuteur effectue ainsi dans son discours une présentation de soi. Que l’image induite des façons de dire facilite, parfois même conditionne la bonne réalisation d’un projet, c’est ce que nul ne peut ignorer qu’à ses dépens. Les entretiens qui décident du choix d’un candidat à un poste, les discours électoraux, les relations de séduction, toutes les prestations où l’image du locuteur comporte des enjeux concrets, viennent à propos nous le rappeler. La présentation de soi ne se limite pas pour autant à une technique apprise, à un artifice : elle s’effectue, souvent à l’insu des partenaires, dans les échanges verbaux les plus quotidiens et les plus personnels. » (p.9) « Les Anciens désignaient par le terme d’ethos la construction d’une image de soi destinée à garantir le succès de l’entreprise oratoire. Rappelant les composantes de l’ancienne rhétorique, Roland Barthes définit l’éthos comme « les traits de caractère que l’orateur doit montrer à l’auditoire (peu importe sa sincérité) pour faire bonne impression : ce sont ses airs […] L’orateur énonce une information et en même temps il dit : je suis ceci, je ne suis pas cela » (Barthes 1970 :315). » (p.10) « En privilégiant l’usage de l’énoncé en situation et la force de la parole, les différents courants de l’analyse des discours et de la pragmatique croisent aujourd’hui la rhétorique définie comme art de persuader. À l’instar d’Aristote, ils cherchent à comprendre et à expliquer comment l’efficacité vient au discours. Ils décrivent des fonctionnements verbaux et des modalités d’interaction dont se dégage une régulation ; ils s’exercent à construire des modèles. » (p.10) « La linguistique de l’énonciation et l’inscription du locuteur dans le discours La construction d’une image de soi, pièce capitale de la machine rhétorique, a partie liée avec l’énonciation que les travaux d’Émile Benveniste ont placée au centre de l’analyse linguistique. En effet, l’acte de produire un énoncé renvoie nécessairement au locuteur qui mobilise la langue, qui fait fonctionner par un acte d’utilisation. Aussi importe-t-il d’examiner l’inscription du locuteur et la construction de la subjectivité dans la langue. C’est dans la continuité de ces travaux que Catherine Kerbrat-Orecchioni a examiné les « procédés linguistiques (shifters1, modalisateurs, termes évaluatifs, etc.) par lesquels le locuteur imprime sa marque à l’énoncé, s’inscrit dans le message (implicitement ou explicitement) et se situe par rapport à lui (problème de la distance énonciative) » (Kerbrat-Orecchioni 1980 :32). Si elle se place dans le cadre d’une linguistique de l’énonciation qui privilégie le paramètre du locuteur, elle n’envisage pas moins l’interdépendance des partenaires de l’interlocution. Elle demeure en cela fidèle aux perspectives de Benveniste, qui avait introduit la notion de « cadre figuratif ». Il entendait par là que l’énonciation, « comme forme de 1 Note pour cette sélection : shifters est le terme anglais pour les embrayeurs. La citation mentionne les éléments de l’énonciation observés durant notre cours en AD, séances 6 à 10. discours, […] pose deux ‘figures’ également nécessaires, l’une source, l’autre but de l’énonciation » (Benveniste 1974 :82). En effet, l’énonciation est pas définition allocution ; sur un mode explicite ou implicite, « elle postule un allocutaire » (Ibid). Elle établit par conséquent une « relation discursive au partenaire » (Benveniste 1974 :85) qui place les figures du locuteur et de l’allocutaire dans une relation de dépendance mutuelle. La construction en miroir de l’image des interlocuteurs apparaît également chez Michel Pêcheux (1969) selon lequel A et B, aux deux bouts de la chaîne de communication, se font une image respective l’un de l’autre : l’émetteur A se fait une image de lui-même et de son interlocuteur B ; réciproquement le récepteur B se fait une image de l’émetteur A et de lui- même. » (p.11) « L’ethos dans l’analyse du discours de Dominique Maingueneau L’élaboration de cette notion comme construction d’une image de soi dans le discours est à rechercher dans les travaux de pragmatique et d’analyse de discours de Dominique Maingueneau. (…) En effet, l’énonciateur doit se conférer, et conférer à son destinataire, un certain statut pour légitimer son dire : il s’octroie dans le discours une position institutionnelle et marque son rapport à un savoir. » (p.17) « La manière de dire autorise ici la construction d’une véritable image de soi. Dans la mesure où l’allocutaire se doit de la dégager à partir de divers indices discursifs, elle contribue à l’établissement d’une interrelation entre le locuteur et son partenaire. Participant de l’efficacité de la parole, elle veut avoir un impact et susciter l’adhésion. En même temps, l’ethos est relié au statut du locuteur et à la question de sa légitimité, ou plutôt au procès de sa légitimation par sa parole. » (p.18) 1999 au carrefour Rappelle que Bourdieu ne concède pas que ce soit la parole qui constitue l’autorité discursive ; l’autorité est extérieure au discours. Rappelle Ducrot : éthos différent de personne de parole. Rappelle Perelman : importance auditoire et doxa commune : « C’est par un travail sur la doxa que l’orateur tente de faire partager ses vues à son interlocuteur » (132) « La bonne marche de l’échange exige qu’à l’image de l’auditoire corresponde une image de l’orateur » (133) « En développant la pensée de Perelman, on peut dire que la construction discursive de l’éthos se fait au gré d’un véritable jeu spéculaire. L’orateur bâtit son image propre en fonction de l’image qu’il se fait de son auditoire, c’est-à-dire des représentations de l’orateur fiable et compétent qu’il croit être celles du public. » (133) « l’idée préalable qu’on se fait du locuteur et l’image de soi qu’il construit dans son discours ne peuvent être totalement singulières. (…) il faut qu’elles soient en prise sur une doxa » (134) Stéréotype en termes d’attribution. « la construction de l’auditoire passe nécessairement par un processus de stéréotypage » (135) « l’image de soi qui confère au discours une part importante de son autorité. L’orateur adapte sa présentation de soi à des schèmes collectifs qu’il croit entérinés et valorisés par son public- cible. Il le fait, non seulement par ce qu’il dit de sa propre personne (il n’est souvent pas bon de parler de soi), mais par les modalités de son énonciation. C’est alors au récepteur qu’il incombe de se former une impression de l’orateur en le rattachant à une catégorie connue. Le discours lui offre tous les éléments dont il a besoin pour composer le portrait du locuteur, mais il les présente sous forme indirecte, dispersée, souvent lacunaire ou implicite » (136) Études discours Le Pen & Giono. « Il semble donc que l’efficacité de la parole ne soit ni purement extérieure (institutionnelle) ni purement interne (langagière). Elle se joue simultanément à différents niveaux. (…) Le passage du sujet parlant comme être empirique ou « être dans le monde » au locuteur comme pure instance du discours, s’effectue par une série de médiations » (147) Reconstruction du procès : « la position institutionnelle de l’orateur et le degré de légitimité qu’elle lui confère contribuent à susciter une image préalable. Cet ethos prédiscursif fait partie du bagage doxique des interlocuteurs, et est nécessairement mobilisé par l’énoncé en situation. » (147) D’après l’auteure même : son article essaie « d’articuler l’ethos dans sa dimension discursive et institutionnelle. » (154) 2010 Amossy, R. (2010). La présentation de soi : Ethos et identité verbale. Presses universitaires de France. Deux tendances pour expliquer la présentation de soi : 1) la persuasion, efficacité (à partir d’Aristote) ; 2) « la mise en scène de moi construit des identités et régule les interactions sociales » (p.14) (à partir de Goffman). Elle met en relief Barthes (1970) pour sa proposition comme quoi « c’est la prise de parole même qui permet à l’orateur de projeter une image de sa personne et de se montrer sous un jour favorable (…) le fait de fournir des données précises, ou encore chiffrées, permet au journaliste qui écrit un article sur une question de politique internationale de projeter une image de compétence et de sérieux qui rend ses propos fiables » (p.22) Pour Goffman, des rôles, modèles de comportement. Cadre interactionnel. Reprise Maingueneau : « scène englobante » : « l’homme politique ne projettera pas la même image de la personne que le romancier » ; et « scène générique », « liée au contrat attaché au genre comme institution discursive (…) le même chef d’État modèlera différemment son image selon qu’il parle dans un conseil des ministres, dans une allocution télévisée de Nouvel An un dans un discours adressé aux militants à la veille d’un vote. En d’autres termes, l’image uploads/Ingenierie_Lourd/ ft-ethos-ailin.pdf
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- Publié le Oct 03, 2022
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