UE : LES TRANSPORTS EN AFRIQUE NOIRE Cours du Dr Mathieu Jérémie Abena Etoundi
UE : LES TRANSPORTS EN AFRIQUE NOIRE Cours du Dr Mathieu Jérémie Abena Etoundi Enseignant-Chercheur/ Département d’Histoire FALSH / UNIVERSITE DE YAOUNDE I Second Semestre 2020 I. Historique et importance des transports Les transports s’inscrivent en bonne place parmi les différentes technologies qui ont pesé directement ou indirectement sur la forme, la structure et l’organisation spatiale des pays développés. Les transports, tous modes confondus y ont joué un rôle majeur en tant que fer de lance et principal de levier de la croissance économique. Le transport constitue donc le maillon fort de l’essor économique d’un Etat. C’est le moyen le plus efficace pour faciliter les échanges entre les pays et entre les particuliers. L’évolution de l’histoire montre que les transports sont un phénomène global qui mérite d’être étudié minutieusement. Depuis un certain temps, le slogan des firmes multinationales, un monde sans frontière s’applique aisément à la réalité économique d’aujourd’hui dans l’objectif de la globalisation des sphères économiques. Le développement économique et politique d’une nation nécessite, comme tout organisme vivant, une activation des échanges. Ces échanges supposent cependant des déplacements des biens et des personnes par le canal ou le biais d’une armada d’infrastructures de transport. Depuis la nuit des temps, le transport joue un rôle essentiel dans le développement économique et commercial des pays et, partant, dans le bien être de leur population. A travers sa tâche principale qui consiste à assurer le déplacement des personnes et la circulation des biens, il a un impact considérable sur la vie de plusieurs individus en contribuant à la création d’emplois et à rendre plus accessible l’infrastructure et les services sociaux. C’est le moyen le plus efficace permettant de faciliter les échanges non seulement entre les différents pays mais également entre les particuliers. Ainsi, par leur dynamisme, les transports sont des facteurs essentiels dans tout système intégré car ils permettent par l’accroissement des échanges, le passage d’une économie fermée vers une économie ouverte c’est-à-dire une économie de marché. Le monde vit de plus en plus dans une économie ouverte caractérisée par une grande mobilité des personnes et des biens et par un développement accéléré de la communication. Les moyens techniques ont permis l’invention de quatre types de transport, s’ajoutant à celui assuré par l’homme ou l’animal. Chacun de ces types de transport peut être subdivisé en deux sous types à savoir : - le transport terrestre (routier, ferroviaire), - le transport aérospatial (aérien et spatial),- le transport aquatique (maritime y compris sous-marin-fluvial) et – le transport par câble. Pour les Africains, les premières manifestations de l’économie nouvelle se présentent sous forme de routes, de chemins de fer et de lignes télégraphiques. La construction de réseaux de transport et de communication préludait à la conquête : ils constituaient les moyens logistiques permettant de nouvelles agressions à partir des bases formées par les zones occupées. Avec l’indépendance, le secteur du transport est devenu un des symboles de l’unité nationale et de l’existence de la nouvelle nation sur l’échiquier africain. Cela s’est opéré, non pas en rupture avec la période précédente, mais plutôt dans la continuité des orientations décidées par les puissances coloniales. Les transports ont été utilisés comme soubassement au développement territorial des nouveaux Etats africains. La route mais aussi le port et l’aéroport faisaient symbole, celui de la maitrise du territoire, d’une certaine modernité (au moins dans les années 1960 et 1970) d’un Etat entreprenant. Il reste donc que le transport est un moteur crucial du développement économique et social (offre des opportunités aux démunis et contribue aux gains de compétitivité des pays. Cependant, si les projets d’infrastructures ont contribué à l’édification des territoires nationaux, il reste néanmoins des « vides » dans l’espace où l’interconnexion avec le local n’est pas achevée. Dans le cadre de cette étude seuls les transports ferroviaires et aériens nous intéressent afin de voir leurs évolutions, l’utilité et la nécessité de ces types de transports, mais aussi de voir les problèmes liés à ceux-ci. A cet effet, l’étudiant doit être capable de donner : - les enjeux que suscite l’étude des transports ; - répertorier les types de transports et leurs caractéristiques ; - donner les avantages et les freins liés au transport en Afrique ; - savoir que les transports sont indispensables pour tout développement durable. - II. Les transports ferroviaires et aériens en Afrique de la période coloniale à nos jours A. Les transports ferroviaires Au XIXe Siècle, l’avènement des réseaux ferroviaires est inséparable de la révolution industrielle. Le rail a très vite représenté de nouvelles possibilités de masse de marchandises, notamment les marchandises pondéreuses. L’un des premiers projets ferroviaires africains remonte à l’année 1833 en Egypte lorsque le Pacha Méhémet Ali fait étudier une ligne du chemin de fer allant du Caire à Suez. C’est au début des années 1860 que le rail fait son apparition en Afrique australe lorsqu’une première ligne longue de 3 kilomètres est inaugurée au Natal. Les chemins de fer en Afrique ont été les infrastructures de transport les plus emblématiques de la colonisation : outils de contrôle des territoires, d’accès aux espaces enclavés, d’exportation des matières premières. Ils ont connu leur heure de gloire dans la première moitié du XXe Siècle. Outils de contrôle territorial et de mise en valeur, les chemins de fer ont atteint l’hinterland du continent à partir des bases portuaires de la pénétration coloniale. Sur le plan spatial, cette double finalité politique et économique permettait de désenclaver les pays à l’intérieur de façon à les intégrer à l’économie monde. Le chemin de fer a été le premier instrument d’intégration territoriale. Les chemins de fer à l’époque coloniale ont joué un rôle important dans l’urbanisation de l’Afrique noire. Cependant, le transport ferroviaire en Afrique est relativement peu développé avec une longueur de 50000 kilomètres à la fin de 2014, soit 5% du total mondial. D’environ un total de 100 000 kilomètres de rail au début du XXè Siècle, le continent africain a vu son réseau fortement s’auto-annihiler à cause des problèmes de sécurité. En 2011, la partie fonctionnelle du réseau africain atteignait 70 000 kilomètres. Souvent à voie unique, ce réseau ferroviaire est construit à des écartements différents et reste très peu interconnecté, consistant souvent en lignes isolées à l’exception de l’Afrique australe qui représente à elle seule 36% des lignes exploitées respectant l’écartement standard. Les réseaux ferrés en particulier souffrent de plusieurs décennies d’investissements directs insuffisants, d’une mauvaise gestion des infrastructures et d’une exploitation inefficace du matériel roulant. Malgré de nombreux efforts consentis dans différents pays, le renouveau du chemin de fer tarde. La majeure partie de l’infrastructure est en mauvais état et ne répond pas aux normes modernes d’exploitation du trafic. De nombreuses installations et certaines voies sont centenaires. De nombreuses difficultés auxquelles sont confrontées ces infrastructures sont dues à la vétusté des voies suite à l’usure des rails, la détérioration et les terrassements ; l’obsolescence des systèmes de signalisation et de télécommunication ou à l’absence de pièces de rechange. Les limitations de vitesse sur de longues distances ont d’énormes conséquences sur la compétitivité du rail et la productivité du matériel roulant, et la rivalité avec les autres réseaux routiers modernes qui se mettent en place sur les principaux corridors. Cas pratique : le réseau ferroviaire interurbain au Cameroun Au lendemain de l’indépendance, les pouvoirs publics camerounais se sont orientés vers la modernisation et l’équipement du réseau ferroviaire. A cet effet, de nombreux travaux d’amélioration de voies et de renouvellement des rails furent effectués. Dans le cadre du renforcement de la réunification, les travaux de construction d’une voie ferrée entre Mbanga et Kumba, d’une longueur de 29 km furent lancés alors que le premier tronçon Mbanga- Ediki fut achevé le 27 novembre 1965 et ouvert au trafic. Dans la même perspective, le tronçon Yaoundé-Belabo était mis en exploitation dès le deuxième trimestre 1969. A partir du IIIe plan, on a assisté à la poursuite des travaux de réalignement de la voie ferrée Douala-Yaoundé sur les tronçons Yaoundé- Maloumé (84 km), et Douala-Edéa (90km), ce qui contribuait à accroître le trafic. Le tronçon du Transcamerounais Bélabo-Ngaoundéré, long de 327 kilomètres était achevé en décembre 1973. En 1986, la Régie Nationale des Chemins de Fer (REGIFERCAM) exploitait un réseau ferroviaire d’une longueur de 1 168 kilomètres avec deux lignes à savoir la ligne du Centre (Douala-Yaoundé-Ngaoundéré ou Transcamerounais) constitué d’une bretelle Ngoumou-Mbalmayo ; et la ligne de l’Ouest (Douala-Nkongsamba avec un embranchement Mbanga-Kumba. D’autres investissements furent exécutés, notamment la construction à Douala d’une gare marchandises et d’une gare voyageurs, l’extension des ateliers de Bassa et du Centre de formation professionnelle… La REGIFERCAM transportait 2,5 millions de personnes et près de 2 millions de tonnes de marchandises par an. Le chemin de fer était donc jusque-là, le moyen le plus utilisé pour le transport des personnes entre les parties septentrionale et méridionale du pays. Il était aussi utilisé de manière forte et intense pour acheminer la marchandise entre ces deux entités géographiques ainsi que vers le port de Douala, plus particulièrement des pondéreux. C’est ainsi qu’on assista au transit uploads/Ingenierie_Lourd/ hist-456-histoire-economique-et-sociale 1 .pdf
Documents similaires
-
12
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 03, 2021
- Catégorie Heavy Engineering/...
- Langue French
- Taille du fichier 0.3242MB