Sommaire l page 2 : Médias sociaux et culture des écrans l page 8 : Vers un ren
Sommaire l page 2 : Médias sociaux et culture des écrans l page 8 : Vers un renouveau générationnel l page 13 : Communication et lien social : de nouvelles modalités ? l page 18 : Identités numériques, identités dynamiques l page 21 : En guise de conclusion l page 22 : Bibliographie 1/24 Dossier d’actualité veille et analyses • n° 71 • Février 2012 Jeunesses 2.0 : les pratiques relationnelles au cœur des médias sociaux n° 71 Fév. 2012 Dossier d’actualité VEILLE ET ANALYSES Les connaissances acquises par le biais d’internet sont-elles aussi impor- tantes que celles apprises à l’école ? La question semble impertinente, mais elle n’en mobilise pas moins nombre d’institutions et de chercheurs qui ne peuvent décemment être étiquetés de subversifs. L’Institute for Prospective Technological Studies (IPTS) signale par exemple que 31% des internautes de l’UE-27 utilisent l’internet pour apprendre par eux-mêmes alors qu’ils ne sont que 5% à avoir suivi un cours en ligne. Ces chiffres permettent d’appréhender plus concrètement un lieu commun : l’idée selon laquelle les techno- logies de l’information et de la communi- cation stimulent les apprentissages infor- mels, alors que les milieux de l’éducation et de la formation se saisissent encore marginalement des opportunités qu’elles fournissent (Redecker et al., 2010). En 10 ans, les pratiques d’internet ont considérablement évolué ; les écrans sont devenus omniprésents et l’informatique connectée s’est banalisée, notamment avec l’essor des technologies mobiles. Les usages, tant en termes de communication que de loisirs ont explosé, en particulier pour ce qui concerne la consultation et le partage de contenus audiovisuels (Don- nat, 2009 ; Bigot & Croutte, 2011). La fréquentation de ce que l’on appelle les « médias sociaux » – ces applications qui se fondent sur les valeurs et les technologies du web 2.0 – dépasse désormais celle des portails commerciaux et services de vente en ligne qui se sont affichés en tête des me- sures d’audience au niveau mondial pendant plusieurs années. Autrement dit, Facebook pour les réseaux sociaux, Wikipédia pour les projets collaboratifs, Wordpress pour les blogs, Twitter pour les micro-blogs, YouTube et Flickr pour le partage de vidéos ou de pho- tos, World of Warcraft pour les jeux en réseau multi-joueurs ou bien encore MSN pour la messagerie instantanée sont aujourd’hui plé- biscités par des internautes du monde entier, et rencontrent une audience inédite auprès des jeunes générations. Le discours commun s’avère pourtant peu nuancé s’agissant des médias sociaux, os- cillant entre la promesse d’échanges sans intermédiaires et sans limites d’une part, et la disparition de la vie privée et l’avènement Par Laure Endrizzi Chargée d’étude et de recherche au service Veille et Analyses de l’Institut Français de l’Éducation (IFÉ) JEUNESSES 2.0 : LES PRATIQUES RELATIONNELLES AU CŒUR DES MÉDIAS SOCIAUX Dossier d’actualité veille et analyses • n° 71 • Février 2012 Jeunesses 2.0 : les pratiques relationnelles au cœur des médias sociaux 2/24 d’une société de surveillance généralisée d’autre part (Cardon, 2011). Les TIC d’une manière générale suscitent depuis une vingtaine d’années un affrontement entre « une vision « technophile » enchantée, faisant d’internet le moteur de l’avène- ment d’une société globale plus ouverte, démocratique, fraternelle, égalitaire » et « une vision « technophobe » faisant au contraire d’internet un ferment de nivel- lement des valeurs et de destruction du lien social ». Dans ce paysage, les jeunes sont particulièrement stigmatisés, et leurs pratiques médiatiques sources de toutes les inquiétudes (Mercklé, 2011). À tort ou à raison ? Si la question n’appelle pas de réponse simple, nous constatons que l’école n’est pas totalement insen- sible aux questions que ces pratiques médiatiques soulèvent. En France, Édus- col a publié en novembre 2011 un dos- sier de synthèse intitulé Médias sociaux et éducation ; l’Association des collèges privés du Québec (ACPQ) a financé une recherche sur l’Évaluation de produc- tions issues de l’intégration pédagogique d’outils du web social dont le rapport est paru en janvier 2012. Côté enseignants, des communautés dédiées émergent et se revendiquent du « learning 2.0 » ou du « social learning », comme le réseau francophone Apprendre 2.0. Des asso- ciations telles que le CLEMI et le CIEME s’engagent en France au côté des ensei- gnants et des parents pour démêler ces nouvelles pratiques et les formes inédites de littératie qu’elles engendrent (ou pas). Au vu de l’importance de ces médias so- ciaux pour la jeunesse scolarisée, nous avons estimé opportun de faire le point sur cette question, comme élément du contexte d’apprentissage. Dans le pro- longement de la synthèse réalisée en 2008 par Gaussel sur les liaisons dange- reuses entre éducation et télévision, ce dossier d’actualité se propose d’adopter une position distanciée pour examiner au travers de recherches récentes les changements réellement imputables au développement des médias sociaux, et plus largement à celui de l’informatique connectée. Après une première partie introductive sur la place des médias sociaux dans notre environnement culturel, nous cherchons à savoir si les pratiques numériques des jeunes font communauté, c’est-à-dire si elles sont ou non le fait d’une génération de natifs. Nous nous intéressons ensuite aux usages communicationnels qui nour- rissent le quotidien numérique des jeunes et aux nouvelles sociabilités qui s’y déve- loppent. Nous examinons enfin les dyna- miques identitaires à l’œuvre et en parti- culier comment ils redéfinissent les fron- tières entre espace public et espace privé et comment ils cherchent à faire la preuve de leur valeur. Médias sociaux et culture des écrans Du Web 2.0 aux médias sociaux : de la participation à la monétisation ? La notoriété des réseaux sociaux n’est plus à faire. En France, Facebook, You- Tube et Twitter composent désormais le palmarès des réseaux les plus connus. Les usages se sont largement diffusés depuis 2008 jusqu’à atteindre quasiment des valeurs planchers. En 2011, les in- ternautes français sont membres de 2,8 réseaux en moyenne. L’utilisation de Fa- cebook (un internaute sur deux) touche toutes les couches de la population quel que soit l’âge, le sexe ou la catégorie socio-professionnelle. Si la notoriété de Twitter ne se traduit pas dans sa fré- quentation (8% des internautes), celle de Google+, lancé en juillet 2011 s’est avérée en quelques mois fortement mobilisatrice (12% des internautes) (IFOP, 2011). Pour analyser cet engouement, certains font référence au « web 2.0 », largement popularisé par Tim O’Reilly, dans son texte de 2005, What is Web 2.0. D’autres évoquent les termes de « nouveaux mé- dias » ou de « médias sociaux ». Selon 3/24 Dossier d’actualité veille et analyses • n° 71 • Février 2012 Jeunesses 2.0 : les pratiques relationnelles au cœur des médias sociaux Rebillard (2011), le succès de l’étiquette 2.0 accolée à tous les domaines de la vie sociale (politique 2.0, culture 2.0, entreprise 2.0, ville 2.0, école 2.0, etc.) a largement contribué à promouvoir un idéal de la participation, basée à la fois sur une contribution active des individus et une multiplication des échanges. Le terme de « médias sociaux » est né de ce morcellement du web 2.0 : il désigne globalement tous les outils et services qui permettent à des individus de s’ex- primer en ligne dans le but de rencontrer des pairs et/ou de partager ou créer des contenus avec eux. Le périmètre de ce que l’on nomme « médias sociaux » n’est pas pour au- tant stabilisé, en France en particulier où règne une certaine confusion avec les « réseaux sociaux » proprement dits. Une des définitions les plus commu- nément citées, s’agissant des médias sociaux, est celle fournie par Kaplan et Haenlein (2010) : « a group of Internet- based applications that build on the ideological and technological founda- tions of Web 2.0, and allow the crea- tion and exchange of user-generated content ». Le « web 2.0 » se différencie du « média social » en ce qu’il ne réfère à aucune ap- plication particulière ; il désigne les nou- veaux usages du web considéré comme une plate-forme dont les contenus et les fonctionnalités évoluent en permanence grâce à l’activité des usagers. Le terme « user-generated content » qualifie cette activité : elle est caractérisée par une certaine créativité, exercée générale- ment en dehors des routines profession- nelles, et est rendue publique sur un site dédié, accessible à tous ou à une sélec- tion de membres inscrits. Dans leur classification, les auteurs dis- tinguent six types de médias : projets collaboratifs (Wikipédia), blogs (Wor- dpress) et microblogs (Twitter), commu- nautés de contenus (YouTube, Flickr), sites de réseaux sociaux (Facebook, LinkedIn), jeux virtuels (World of War- craft) et mondes virtuels (Second Life) (Kaplan & Haenlein, 2010). l Les travaux de Kietzmann et al. (2011) complètent la typologie de Kaplan & Haenlein en y associant sept fonctionnali- tés structurantes : identité, conversations, partage, présence, relations, réputation et groupes. Les usagers de LinkedIn s’inté- ressent plutôt à l’identité, la réputation et les relations, tandis que ceux de YouTube privilégient le partage, les conversations, les groupes et la réputation. L’incarnation de la philosophie du web 2.0 dans des outils et services combinant pu- blication, partage et socialisation a permis uploads/Ingenierie_Lourd/ jeunesses-2-0-les-pratiques-relationnelles-au-coeur-des-medias-sociaux.pdf
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- Publié le Jan 13, 2022
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