1 Santos-Dumont aux commandes de son appareil n° 15, le 24 mars 1907 à Saint-Cy

1 Santos-Dumont aux commandes de son appareil n° 15, le 24 mars 1907 à Saint-Cyr, en présence du gratin politique et militaire français. (L’Aérophile). Les machines volantes de Santos-Dumont par Gérard Hartmann 2 Le Brésilien le plus populaire de Paris Si le terme « aéronef » désignant une machine volante capable de naviguer dans les airs appa- raît dans la littérature française dès 1848 1, les premières réalisations tardent à se manifester. En 1882, le dessinateur humoristique Albert Robida fait rêver les Français avec des machines volantes (dirigeables) remplissant le ciel parisien, mais il faut attendre encore vingt ans pour que le mot devienne une réalité et que les Français voient enfin naviguer dans le ciel un « aéronef ». La mode du sport aidant, les parisiens voient enfin de nouveau s’élever des ballons dans le ciel. Un jeune Brésilien de 18 ans devient le plus populaire de ces pionniers. Peu avant 1900, il fait naviguer dans le ciel de Paris des engins éton- nants avec une audace folle. Il se nomme Alberto Santos-Dumont. Fils de l’ingénieur Henri Dumont (1832-1892), un Brésilien d’origine française dont la famille s’établit dans la province de Minas Gerais au début du XIXème siècle et de Dona Francisca dos Santos, fille d’un notable Brésilien de pure sou- che portugaise, Alberto est un enfant tardif, le sixième (né le 20 juillet 1873 à Santa Luzia do Rios dos Velhas) enfant d’une fratrie de huit. Portrait photographique de Santos-Dumont fait par Nadar fils. Après avoir été employé à la construction du chemin de fer puis dans des mines, son père fait fortune dans la plantation du café. Au Brésil, Henri Santos-Dumont est appelé en 1875 « le roi 1. Les historiens s’accordent pour reconnaître à l’officier de Marine et écrivain Gabriel de la Landelle (1812-1886), ardent défenseur de la « sainte hélice », la paternité des mots « aéronef » en 1848 et « aviation » en 1862. du café ». Le jeune Albert passe des heures dans la plantation à observer les motrices à vapeur et tout ce qui a trait à la mécanique. Il découvre les romans de Jules Verne et fabrique des cerfs- volants. Après de solides études à São Paulo et Ouro Preto, sa famille décide d’émigrer à Paris en 1891. Son père ayant décelé chez son dernier fils des dons particuliers pour la science des machi- nes, la mécanique, il lui alloue à dix-huit ans un capital qu’Alberto place sagement ; c’est seule- ment avec les revenus du capital qu’il vit, et, plus tard, fabriquera ses fameuses machines volantes. En 1891, Alberto Santos-Dumont achète une automobile Peugeot qu’il entretient lui-même. A la mort de son père, il reprend durant cinq an- nées ses études à la Sorbonne, suivant des cours en auditeur libre au Collège de France puis il étudie un an à Bristol en Angleterre. Aile volante Lilienthal, 1893. Musée de l’Air Chalais-Meudon, 1972, cliché de l’auteur. En 1895, Alberto vend sa Peugeot pour une De Dion avec laquelle il fait quelques courses de vitesse et découvre les joies du sport, le goût du risque. En 1896, il retourne au Brésil où vit sa mère mais en 1897 il revient vivre à Paris où tout l’attire. Il sollicite deux ingénieurs, Henri La- chambre 2 ,50 ans, et son neveu Alexis Machuron, 26 ans, spécialisés dans la fabrication d’aérostats et leur commande un ballon, le plus petit qu’ils aient jamais fabriqué. Baptisé Brazil (Le Brésil), le ballon connaît un beau succès. Ses amis de l’Automobile Club de France font avec lui quantité d’ascensions au point qu’en 1898 Santos-Dumont se lance dans la 2. Henri Lachambre (1846-1904) combattit pendant la guerre de 1870 et créa à Paris en 1875 des Grands Ateliers aérostatiques de Vaugi- rard, d’où sont sortis entre 1875 et 1895 des ballons vendus aux gouvernements de la Belgique, de l’Espagne, des Etats-Unis, du Ja- pon, des Pays-bas, du Portugal, de la Roumanie et de la Russie. 3 réalisation d’un aéronat dont Lachambre et Ma- churon acceptent de fabriquer l’enveloppe. Sous cette enveloppe de 186 mètres cubes d’hydrogène extrêmement inflammable, Santos- Dumont a suspendu sa nacelle de bambou sur laquelle il a installé un moteur à explosion de Dion de 3,5 ch comme celui de son automobile ! Avec cette bombe volante, il se ballade au-dessus des rues de Paris tout au long de l’année 1899. La technique de construction des aéronats Santos-Dumont, semi-rigides, s’inspire des réalisations de l’Allemand Zeppelin. L’audace et le courage exceptionnel de San- tos-Dumont impressionnent le tout Paris. Les journaux et magazines publient en trois ans des milliers de photographies du petit homme (1,64 m pour 49 kg) à bord de sa drôle de machine. De 1898 à 1905, Santos-Dumont dessine et fait réaliser plusieurs dirigeables de ce type qu’il met au point et pilote lui-même. Ensuite, il s’attaque au plus lourd que l’air, concevant tour à tour un planeur, un hélicoptère, un biplan, un hydroplane et un monoplan, puis la fameuse Demoiselle dont il reçoit plusieurs commandes. L’Aéro-Club de France lui attribue le brevet de pilote d’aéroplane n° 12 le 7 janvier 1909. Atteint d’une maladie handicapante, il doit avec regret renoncer aux vols et fait don de ses plans à des industriels parisiens. Ainsi naîtront chez Clément-Bayard, sont préparateur de mé- canique attitré, les Demoiselle Santos-Dumont types 21 et 22. Bien qu’ayant fait intégralement don à l’armée de ses dirigeables, il subit une humilia- tion début août 1914 en étant arrêté et expulsé du territoire national. Parlant quatre langues, le Portugais, le Fran- çais, l’Anglais et l’Espagnol, Santos-Dumont s’exile aux Etats-Unis (1915) au Brésil (1917) et au Portugal le temps de la guerre, mais quand il revient à Paris en 1922 les choses ont bien chan- gé. De retour au Brésil, accablé par la maladie, il se suicide le 23 juillet 1932 chambre 512 du Grand Hotel de la plage de Guaruja (état de São Paulo). Année Nom Remarques 1898 Brazil Ballon sphérique (libre) de 118 m 3 gonflé à l’hydrogène 1898 N° 1 Dirigeable de 25 mètres de longueur. Enveloppe souple de 180 m3 gonflée à l’hydrogène. Moteur de Dion à pétrole de 3,5 ch dans nacelle rigide 1898 N° 2 Dirigeable de 25 mètres de longueur. Enveloppe souple de 200 m3 gonflée à l’hydrogène. Moteur du n° 1. 1899 N ° 3 Dirigeable de 20 m de long. Enveloppe semi-rigide de 500 m3 gonflée au gaz d’éclairage. Moteur du n° 2. 1900 N° 4 Dirigeable de 29 m de long porté à 33 m. Enveloppe semi-rigide de 420 m3 à hydrogène. Moteur Buchet de 7-10 ch. 1901 N° 5 Dirigeable de 34 m de long. Enveloppe semi-rigide de 550 m3 gonflée à l’hydrogène. Moteur Buchet de 12 ch. 1901 N° 6 Dirigeable de 33 m de long. Enveloppe semi-rigide de 622 m3 à hydrogène. Moteur Buchet de 20 ch. 1902-1904 Le Coursier N° 7 Dirigeable de 40 m de long. Enveloppe semi-rigide de 1 257 m3 à hydrogène. Moteur Clément-Bayard de 50 ch. 1902 N° 8 Dirigeable de 33 m de long. Enveloppe semi-rigide de 630 m3 à hydrogène. Moteur Charron 60 ch. 1903 La Balla- deuse N° 9 Dirigeable de 11 m de long. Enveloppe semi-rigide de 220 m3 à hydrogène. Moteur Clément-Bayard de 3,5 ch. 1904 L’Omnibus N° 10 Dirigeable de 42 m de long. Enveloppe semi-rigide de 2 010 m3 à hydrogène. Moteur Clément-Bayard de 50 ch. 1905 N° 11 Planeur à flotteurs. 1905-1906 N° 12 Hélicoptère. 1905 N° 13 Dirigeable de 19 m de long. Enveloppe de 1902 m3 à hydrogène. Resté sans moteur. 1905 N° 14 Dirigeable de 41 m de long. Enveloppe semi-rigide de 186 m3 à hydrogène. Moteur Clément-Bayard de 3,5 ch. 1905-1906 L’Oiseau de proie N° 14bis Biplan canard (Voisin) de 13,10 m de long. Moteur Levavassor-Antoinette de 24 et 50 ch. 1906-1907 N° 15 Biplan de 10,40 m de long. Moteur Antoinette de 50 ch. 1907 N° 16 Dirigeable de 21 m de long. Enveloppe semi-rigide de 100 m3 à hydrogène. Moteur Antoinette de 50 ch. 1907 N° 17 Biplan de 10 m de long. Ne fut pas construit. 1907 N° 18 Hydroplane à flotteurs sans ailes. Moteur Antoinette de 100 ch. 1907 N° 19 Monoplan de 8 m de long. Moteur Dutheil-Chalmers poussé à 35 ch. Prototype de la Demoiselle. 1908 Demoiselle N° 20 Monoplan de 8 m de long. Moteur Dutheil-Chalmers de 35 ch. 1909 Demoiselle N° 21 Monoplan de 8 m de long. Moteur Antoinette 50 ch ou Darracq 30 ch. 1909 Demoiselle N° 22 Monoplan de 8 m de long. Moteur Clément-Bayard (Clerget) de 50 ch. Machines volantes imaginées, financées, supervisées (construction) et testées par Santos-Dumont lui-même. 4 Le Brazil égaie la capitale Santos-Dumont effectue la 1ère ascension en ballon photographiée par les médias le 23 mars 1897 en compagnie d’Alexis Machuron sur un ballon Lachambre. Partis du parc de Vaugirard près de la porte de Versailles à Paris par un froid jour de neige vers onze heures, ils atteignent le parc du château d’Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne) où ils atterrissent deux uploads/Ingenierie_Lourd/ machines-volantes-santos-dumont.pdf

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