PLANTES ET MICROBIOTE Troubles digestifs fonctionnels Numéro 3 - Décembre 2019

PLANTES ET MICROBIOTE Troubles digestifs fonctionnels Numéro 3 - Décembre 2019 RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT GFTN GROUPE FRANCOPHONE DES THÉRAPIES NATURELLES EN HÉPATO GASTRO-ENTÉROLOGIE PROPOSITION N°1 SOMMAIRE Édito 3 Structure fonctionnelle des végétaux supérieurs : de la cellule aux tissus. 5 Fiches techniques de phytothérapie 8 La Fumeterre 9 La Mélisse 10 L’ Artichaut 11 Cas cliniques : constipation 13 Le Psyllium 14 Le pain 16 La naturalité, un enjeu majeur 25 Extraction par Ultrason en microscopie électronique 26 Quelles plantes conseiller en gastroentérologie 28 Syndrome de l’intestin irritable et axe intestin-microbiote-cerveau 30 De l’importance de la souche des probiotiques 34 SII Etude Ducrote 39 Interaction médicamenteuse et pamplemousse 40 Huiles essentielles de menthe poivrée dans la sphère digestive 42 La ruche 44 Plantes et cholestérol 49 Huiles essentielles et pathologie hémorroïdaire 50 Création du GFTN à Carros 51 Les plantes à la rencontre des Gastro-entérologues Les plantes connaissent le tube digestif ! Même chez nos patients qui n’en consomment que très peu, ces viandards adeptes tout au plus d’un accompagnement frites ou pâtes, la consommation de plantes dans notre alimentation est obligatoire. Les recommandations actuelles en termes de diététique optimale les placent en premier dans les apports journaliers. Mais il y a plante et plante. L’utilisation des plantes pour soigner est très ancienne, et figure dans les toutes premières pharmacopées. Leur place depuis l’avènement de la pharmacologie moderne les avait reléguées au second plan. Il faut dire que les médicaments « classiques » anti-ulcéreux, les anti- inflammatoires utilisés dans les MICI, les molécules à visée hépato-biliaire ou pancréatiques ont eu leur gloire méritée. Cependant les mésusages liés à la recrudescence des troubles fonctionnels digestifs d’une part et à la pression des « patients impatients » d’autre part ont orienté de plus en plus de médecins à revisiter les possibilités thérapeutiques des plantes médicinales. C’est ainsi que j’ai eu l’honneur et le grand plaisir, d’initier au dernier trimestre 2018, une rencontre et des échanges avec un panel de Gastro-entérologues sur les plantes utilisables dans les troubles gastro-œsophagiens, les dyspepsies hépato-biliaires, et le syndrome de l’intestin irritable. Ce fut très riche pour moi, médecin généraliste de formation, d’échanger avec mes pairs correspondants. Un bon nombre de plantes thérapeutiques à visée digestive sont en même temps des aliments. Rien d’étonnant d’ailleurs à ce que leur tropisme thérapeutique porte sur la digestion elle-même, gastrique, principalement. Le fenouil, le gingembre, la réglisse régulent magnifiquement reflux, acidités gastriques et lenteurs de vidange gastrique. Artichaut, pissenlit et radis apaisent les duodénums et colons dystoniques. D’autres plantes sont plus surprenantes, car non alimentaires. Le desmodium, parasite de la racine de cacao comme hépato-protecteur et même régénérateur ! le chardon marie de nos chemins tout autant ! J’ai pris conscience à cette occasion du besoin et du désir des spécialistes cliniques de l’appareil digestif de développer une palette d’outils plus importants. J’ai découvert le désarroi commun entre généralistes et spécialistes d’avoir recours à des IPP pour traiter un simple reflux ou des médicaments psychotropes pour apaiser des spasmes coliques fonctionnels. La médecine toute entière a magnifiquement su traiter les maladies aiguës depuis plus d’un siècle. Elle se bute désormais à la pathologie chronique. Les maladies chroniques digestives, en dehors des MICI bien étiquetables, ont longtemps été considérées comme purement fonctionnelles, c’est-à-dire dans le langage post-freudien qui nous colle à la peau et aux neurones depuis tant d’années, psychosomatiques ! Le 21eme siècle découvre que la plupart de nos symptômes digestifs, mais somatiques aussi au sens large, sont davantage somato-psychiques que psycho- somatiques. De la découverte du fameux « deuxième cerveau », au métabolisme de la sérotonine extra- cérébrale, en passant par la meilleure connaissance de la structure intime du microbiote et de la paroi intestinale, notre vision des choses a changé. Les plantes s’intègrent parfaitement dans ce nouveau paradigme. Elles ne sont pas là pour tout bousculer et remettre en cause les molécules au bénéfice éprouvé du 20ème siècle, mais pour s’intégrer dans une palette intelligente de médicaments qui réserve le bon médicament (plante ou pas) pour le bon symptôme, le bon patient, au bon moment et pour la bonne durée. Docteur Daniel Scimeca Médecin généraliste, Spécialiste en plantes médicinales 3 La cellule végétale présente un bon nombre de points communs avec la cellule animale (noyau, mitochondries, appareil de golgi, réticulum endoplasmique…). Néanmoins certains éléments essentiels à son fonctionnement sont caractéristiques du règne végétal. Une paroi rigide, composée de 3 parties : - La lamelle moyenne : riche en pectine, assure la cohésion entre cellules adjacentes - Paroi primaire : assez mince et flexible, composée de fibrilles de cellulose + matrice - Paroi secondaire : chez certaines cellules différenciées, se forme par dépôt sur la paroi primaire, assure le soutien de la cellule. La vacuole est un compartiment particulièrement polyvalent chez les végétaux. Elle est à la fois un lieu de stockage de composés hydrosolubles (métabolites secondaires, protéines, pigments, ions minéraux…), le siège de réactions enzymatiques, un lieu de stockage de réserves… Des plastes : ces organites spécifiques des cellules végétales sont présents dans les cellules sous différentes formes spécialisées : - Chloroplastes : acteurs essentiels de la photosynthèse. Leur couleur verte est due aux pigments chlorophylliens qui transforment la lumière en énergie. Ils sont aussi le lieu de transformation du CO2 en glucides. - Leucoplastes : organites de stockages, incolores. Ils peuvent contenir de l’amidon (amyloplastes), des protéines (protéoplastes), des composés huileux (oléoplastes). - Chromoplastes : organites de stockage des pigments non chlorophylliens, de couleur jaune à orangé. On les trouve principalement dans les pétales et les péricarpes des fruits. Schéma de comparatif cellule animale/cellule végétale Les végétaux supérieurs partagent tous la même organisation de base : racine – tige – feuille. Selon la fonction de l’organe où elles se trouvent, les cellules végétales sont différenciées en tissus jouant des rôles spécifiques.. Structure fonctionnelle des végétaux supérieurs : de la cellule aux tissus. TISSUS DE REVÊTEMENT De localisation principalement externe (sauf dans la racine qui en compte un interne et un externe) et présents dans tous les organes, les tissus de revêtement jouent un rôle de protection. L’épiderme est le tissu de revêtement le plus largement représenté. Il assure à la fois protection mécanique, limitation des pertes d’eau via la cuticule et joue un rôle important dans les échanges gazeux par le biais des stomates. Le liège (ou suber), quant à lui, constitue la protection mécanique des tiges et racines secondaires. Il est exclusivement constitué de cellules mortes dont la paroi secondaire s’est imprégnée de lignine, lui conférant des propriétés d’imperméabilité à l’eau et à l’air. Liège dans une racine de coton Épiderme de la face supérieure de feuille de jasmin) Mitochondrie Chloroplaste Noyau Reticulum endoplasmique Vacuole Fanny Perraudin 5 Parenchyme chlorophyllien et chloroplastes Sclérites dans les tissus de la poire (Pyrus communis) colorés en rose Coupe longitudinale de tige 1 : tissu vasculaire (xylème) 2 : tissu criblé (phloème) TISSUS CONDUCTEURS Les végétaux supérieurs disposent d’un double circuit de sève : l’un ascendant (sève brute) et l’autre descendant (sève élaborée). Le transport des solutés est assuré par les tissus conducteurs. Chaque type de sève est acheminé par un tissu spécifique. Le tissu vasculaire (xylème) assure le transport de la sève brute, constituée principalement d’eau et de minéraux des racines vers les feuilles. Il est composé de cellules allongées à paroi secondaire épaissie et disposées les unes à la suite des autres. Lorsque le tissu est mature, les cellules du xylème sont mortes et seules les parois subsistent. Le tissu criblé (phloème) est le réseau de transport de la sève élaborée, distribuant les composés organiques et autres substances complexes dans toute la plante. Il est constitué de cellules allongées et alignées en files longitudinales, mais contrairement au xylème, ces cellules restent vivantes. Leur contenu cellulaire est cependant adapté à leur fonction : elles sont dépourvues de noyau et possèdent de petits plastes producteurs d’amidon. Cette description n’est pas exhaustive, d’autres tissus existent (tissus de croissance, sécréteurs…). La compréhension de l’organisation interne de la plante permet de mieux aborder sa physiologie ainsi que l’influence que peut avoir l’environnement sur cette dernière ainsi que sur son anatomie. Parenchyme amylifère de pomme de terre (Solanum tuberosum) Parenchyme aérifère d’élodée du Canada (Elodea canadensis) TISSUS FONDAMENTAUX Ce type de tissus est généralement appelé parenchyme. Outre la fonction de « remplissage », il s’agit de tissus polyvalents pouvant accomplir diverses fonctions selon leur différenciation. Parenchyme chlorophyllien : situé dans toutes les parties vertes de la plante, il est le lieu de la photosynthèse et se distingue par la présence de chloroplastes. La forme des cellules de parenchyme chlorophyllien peut être variable selon leur localisation. Parenchyme de réserve : pouvant être localisé dans tous les organes de la plante, il est constitué de cellules généralement arrondies à parois fines (pas de paroi secondaire) pourvues de leucoplastes contenant les composés de réserve. Parenchyme aérifère : il est caractéristique des plantes de milieu aquatique et se caractérise par un arrangement des cellules en réseau et de larges espaces intercellulaires, permettant de stocker et véhiculer les gaz uploads/Ingenierie_Lourd/ plantes-et-microbiote-n-3-pdf 1 .pdf

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