Université de Paris IV- Sorbonne. UFR de Philosophie. Mémoire de DEA « La raiso
Université de Paris IV- Sorbonne. UFR de Philosophie. Mémoire de DEA « La raison formelle du pulchrum chez Saint Thomas d’Aquin » Directeur : M. le Professeur Ruedi Imbach. Alberto Vial Valenzuela Septembre 2004. 2 AVANT-PROPOS En février 2003, Francisco Argüello1 a exprimé le désir que je réalise un travail de recherche sur la beauté dans l’oeuvre de Saint Thomas d’Aquin. A ce moment-là, je vivais à Barcelone, où j’ai eu l’occasion de fréquenter les membres de la dite « École Thomiste de Barcelone », comme José María Petit et le vétéran Francisco Canals. Dans un article publié cette année-là2, un peu comme un testament intellectuel pour les nouvelles générations, Canals encourageait les thomistes à s’intéresser au thème de la beauté: « Je ressens le besoin de suggérer une direction concrète: la recherche du lieu qui, dans l’édifice synthétique de l’oeuvre du Docteur Angélique, correspondrait au thème du pulchrum et de la pulchritudo, c’est-à-dire, de ce qui est beau et de la beauté »3; et à privilégier « une des multiples mais cohérentes directions à travers lesquelles on pourrait progresser pour redécouvrir l’authentique synthèse de Saint Thomas »4. Voilà comment j’ai décidé de commencer à travailler sur le thème de la beauté dans l’oeuvre de Saint Thomas, qui conservait encore des aspects inexplorés et qui offrait d’amples possibilités dans le domaine de la recherche. Je voudrais remercier plusieurs personnes pour l’aide qu’elles m’ont apportée pour la réalisation de ce mémoire : Francisco Canals et Umberto Eco, pour leurs commentaires. Antonio Amado, pour ses brillantes idées. Clémence Pélissier pour son énorme appui. Luc Baresta pour leurs conseils. Jorge et Josefina Mittelmann, pour leur généreuse aide. Enfin, je tiens à remercier Ruedi Imbach, pour sa direction, sa patience et son appui. 1 Francisco Argüello, très réputé peintre espagnol, Prix National Exceptionnel de peinture d’Espagne en 1959, fondateur du groupe de recherche et de développement d'art sacré Gremio 62, il a réalisé des peintures murales en Israël, Italie, et Espagne, notamment une des plus grande peintures murales au monde (500m2), dans la paroisse de la Sainte Trinité à Piacenza, ainsi que la peinture de l’abside de la cathédrale de Madrid (avril 2004). 2 Francisco Canals Vidal, “El Camino recto”, dans Aportaciones del Espacio para la síntesis doctrinal de Santo Tomás de Aquino, site web de RIIAL (www.servidoras.org.ar). 3 Ibid.: « Siento la necesidad de formular una sugerencia en una dirección concreta: la búsqueda del lugar que, en el edificio sintético de la obra del Angélico, correspondería al tema del pulchrum y de la pulchritudo, es decir, de lo bello y de la belleza. » 4 Ibid.: « (...) una de las múltiples pero coherentes direcciones en que se podría avanzar para el deseado redescubrimiento de la auténtica síntesis de Santo Tomás. » 3 INTRODUCTION I. - Présentation du « Recueil de textes sur la beauté » A lire les commentaires les plus connus de la doctrine thomiste sur la beauté, comme ceux de Maritain ou d’Eco par exemple, on se rend compte que généralement ces textes font allusion à un nombre assez restreint de passages, même s’il faut admettre que ceux-ci sont les plus importants. Ainsi, Olivier Boulnois critique certaines études qui appuient leur interprétation de l’oeuvre «esthétique » de Saint Thomas sur un seul passage5, dont l’interprétation « commande à son tour la lecture de quelques autres textes, une dizaine à peine, toujours les mêmes depuis Maritain. C’est maigre, et cela peut surprendre, quand on sait que l’oeuvre de Thomas est à peu près aussi épaisse que l’Encyclopedia universalis ! Mais comment s’en étonner lorsque l’on sait qu’il est le principal fondement d’une interprétation autonome du beau ? »6. En revanche, l’Index Thomisticus de Roberto Busa indique que dans l’oeuvre de Saint Thomas on trouve plus de neuf cent allusions seulement au couple pulcher/pulchritudo, sans compter les autres synonymes latins de la beauté. C’est ainsi que j’ai décidé de mener à bien le projet de chercher et de réunir en un seul volume tous les textes concernés, pour pouvoir ensuite entreprendre une étude systématique sur « La raison formelle du pulchrum chez Thomas d’Aquin », sans en laisser aucun de côté, avec l’illusion de trouver, en outre, des textes pas encore commentés. 5 Cf. Iª q. 5 a.4. 6 Olivier Boulnois, « La beauté d’avant l’art: D’Umberto Eco à saint Thomas d’Aquin et retour », dans Le souci du passage : Mélanges offerts à Jean Greisch, Paris, 2004, p.418. 4 Dans ce travail de compilation – que je joins en annexe – toutes les allusions à la beauté faites par Saint Thomas tout au long de son oeuvre sont réunies. C’est pour cette raison qu’aucun texte n’a été mis de côté, même si certains ne semblent apparemment pas apporter grand chose à notre étude (par exemple, certaines citations bibliques qui sont récurrentes à plusieurs endroits à propos d’autres thèmes); elles pourront être utiles pour un autre chercheur voulant étudier un aspect déterminé de la beauté. Ce qui n’est pas inclus, en revanche, ce sont les allusions à la beauté faites dans les oeuvres appartenant à la dite « Opera Aliorum », car, même si elles étaient autrefois considérées comme authentiques, aujourd’hui nous savons avec certitude qu’elles n’ont pas été rédigées par Saint Thomas. Chaque texte se trouve en version latine et, pour les cas où il existe une version française éditée, celle-ci est ajoutée ou, à défaut de la française, la traduction italienne ou espagnole7, dans la mesure du possible. Dans la version latine de chaque texte, les mots pulcher/pulchritudo et tous leurs dérivés sont en gras pour pouvoir les repérer facilement. II. - Précision des termes sur les synonymes latins de pulcher/pulchritudo Les termes latins les plus importants pour désigner ce que en français signifient les mots beau/beauté sont l’adjectif pulcher, chra, chrum (beau ; glorieux, noble)8 et le substantif pulchritudo, inis (beauté)9. Le recueil de textes proposé est exhaustif par rapport aux textes qui font des mentions explicites de pulcher ou pulchritudo, mais non par rapport aux textes qui font mention d’autres synonymes 7 Sauf dans le cas du texte de la Somme Théologique, dont on ne donne pas les traductions, car celles- ci sont très accessibles et répandues. La bibliographie de toutes les traductions se trouve à la fin du recueil de textes. 8 Cf. F.Gaffiot, Dictionaire Latin-Français, Paris, Hachette, 1934. 9 Ibid. 5 latins de beauté10. Pour un travail de cet ordre, il était hors de question d’étudier la totalité des textes qui font mention de chaque synonyme latin de beauté. Pour réaliser une étude approfondie de ces synonymes, je recommande l’intéressant travail de Pierre Monteil Beau et laid, contribution à une étude historique du vocabulaire esthétique en latin11, ainsi que la première partie du DEA de Monica Calma Les doctrines du beau au XVe siècle12. Même si dans ce mémoire nous allons nous consacrer uniquement à l’étude de pulcher/pulchritudo, nous pouvons au moins mentionner les autres synonymes latins de beauté que l’on trouve dans l’oeuvre du Docteur Angélique, pour ensuite préciser que pulcher/pulchritudo prime sur le reste. Un exercice très utile pour avoir une vision d’ensemble de tous les synonymes latins de beauté, est de dénombrer la quantité de fois où ils sont mentionnés dans l’oeuvre de Saint Thomas, et de préciser ses synonymes respectifs en français. Pulcher et pulchritudo, dont les traductions françaises ont été déjà évoquées plus haut, sont mentionnés par Saint Thomas (désormais abrégé en : S.T.) 508 et 436 fois respectivement; plus 458 et 696 mentions présentes dans la dite, « Opera Aliorum » (désormais abrégé en: O.A.). Parmi les autres synonymes, on peut trouver divers adjectifs et substantifs. Ornatus, a, um (175 fois chez S.T. et 153 dans l’O.A.) et ornatus, us (275 fois chez S.T. et 192 dans l’O.A.): appareil, outillage, attirail ; ornement, parure ; beauté su style13. Relativement lié à decor/decorus, ce mot se réfère souvent à la parure et à 10 En tout état de cause, on a rajouté quelques textes qui ne font pas mention explicite de pulcher/pulchritudo. Parmi eux, quelques-uns font mention d’autres « types » de beauté ; d’autres nous permettent de contextualiser des objections et des solutions où l’on mentionne pulcher/pulchritudo; et d’autres, encore, seront simplement de notre intérêt pour notre discussion future. Les textes du premier et troisième type se trouvent en petit caractère et en-dessous le titre « Annexe ». Les textes du deuxième type se trouvent en note de bas de page. 11 Pierre Monteil, Beau et Laid. Contribution à une étude historique du vocabulaire esthétique en latin, éd. Klincksieck, Paris, 1964. 12 Monica Calma, Doctrines du Beau au XVe siècle: Jean Gerson, Nicolas de Cues, Denys le Chartreux, mémoire de DEA dirigé par Olivier Boulnois, École pratique de hautes études, 2004. Ce travail sera publié prochainement. 13 Cf. F.Gaffiot, Dictionaire Latin-Français. 6 l’habillement extérieur, qui est pour Saint Thomas un indice de la condition humaine14. Même si le vêtement n’est pas en lui-même donné par la nature, il appartient à la raison naturelle de le modifier15. Decorus, a, um (46 uploads/Litterature/ 1-dea-alberto-vial-la-raison-formelle-du-pulchrum.pdf
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- Publié le Sep 01, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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