Corrigé du commentaire d’un extrait de Victor Hugo, avec des conseils. Fiche te
Corrigé du commentaire d’un extrait de Victor Hugo, avec des conseils. Fiche technique – © JMM -‐ 10 septembre 2012 Rappel du sujet : Vous ferez de cet extrait de Victor Hugo un commentaire. Vous pourrez montrer par exemple comment s’exprime, par la forme tout autant que par le fond, une conception généreuse de l’éducation, cependant historiquement datée. Proposition de corrigé INTRODUCTION Cet extrait est tiré d’un recueil tardif de Victor Hugo, Les quatre vents de l’esprit (1881). Il est donné sous la forme de trois strophes de longueur inégale (4 vers, puis 8, puis 34) composés en alexandrins. C’est donc un poème, mais à l’époque où Hugo le publie, à la fin de sa carrière, les discours politiques ou didactiques sont encore souvent rédigés en vers. C’est un plaidoyer pour la défense des « voleurs » présentés comme des victimes de la société, et pour l’éducation. L’école, en procurant le savoir, est la meilleure arme pour l’éradication de la délinquance. Cette vision généreuse s’appuie sur la connaissance du bagne, dont Hugo, si l’en en croit le titre « Ecrit après la Comme pour l’analyse, préférer des entrées en matière sobres. Pour un commentaire, la description de la forme est indispensable. On peut le faire encore plus brièvement. Cette donnée informative peut être supprimée. En revanche la reformulation synthétique du contenu du texte est indispensable. Ici façon de rendre compte du titre, souvent oublié dans le commentaire. Comme pour l’analyse ou la synthèse, on annonce les parties du commentaire, qui doit toujours être construit comme une argumentation. visite d’un bagne » a franchi la porte. Elle est porteuse d’un idéal éducatif propre à la seconde moitié du XIX° siècle. Par là, elle contribue à éclairer les fondements de l’Ecole de la République. Il s’agit toutefois d’un discours daté autant par le fond que par la forme, qu’il conviendrait de réactualiser sur des bases compatibles avec notre propre monde. PARTIE 1 : Une analyse sociale La rhétorique, principalement les figures d’antithèse, se met au service d’une analyse sociale. Elle peut se résumer par une formule centrale dans la troisième strophe : « La nuit produit l’erreur et l’erreur l’attentat ». La nuit, c’est ici l’absence de savoir, et plus précisément l’absence d’accès à la lecture. A l’appui Hugo produit une statistique, évidemment approximative : « Quatre vingt- dix voleurs sur cent qui sont au bagne / Ne sont jamais allés à l’école une fois ». Dans le même registre de la nuit, les délinquants sont décrits comme des « aveugles », au regard « sépulcral », métaphore qui évoque l’obscurité du tombeau. A l’opposé, l’école est une garantie d’humanisation. Les métaphores appartiennent au registre de la lumière : « Allumons les esprits » serait ici la devise de l’éducateur, qui ouvre la marche « la lampe en Les titres étant interdits, il convient de commencer les parties par une phrase titre, ici en caractères gras. Le commentaire ne doit pas être une description formelle d’effets stylistiques, ni surtout consister en un catalogue de figures de styles (= commentaire composé littéraire de la classe de première, mal compris). Il doit être centré sur le contenu, ici argumentatif, et c’est en rendant compte de l’argumentation qu’il convient, aussi, de pointer quelques « figures ». Avant le concours, essayez de réviser les figures essentielles : ce sont toujours les mêmes (voir petit glossaire) Un aspect technique du commentaire est la citation. Il y a plusieurs manières de procéder, dont ce corrigé fournit des exemples. Evitez toute rupture syntaxique. Evitez aussi les citations trop longues, même si, pour un commentaire, on peut aller jusqu’à citer des phrases entières (mais pas plus !). Ici l’étude de l’argumentation s’appuie main » ; elles évoquent aussi l’élévation et la libération de l’âme : « tout homme ouvrant un livre y trouve une aile ». Il sera permis au lecteur de voir dans cet éloge de l’école la reconnaissance, par Hugo, de l’esprit des Lumières : « où rampe la raison, l’honnêteté périt ». « L’école est sanctuaire autant que la chapelle » deux métonymies complémentaires, indiquant que c’est bien la raison, et non seulement la religion qui, en cette fin du XIX° siècle sont facteurs de progrès. L’héritage de la Révolution française est ici pleinement assumé, de façon consensuelle, sans anticléricalisme appuyé sur quelques données historiques. Le cours d’histoire est tout de même utile. Ne cloisonnez pas trop les régions de votre savoir. . PARTIE 2 : Un plaidoyer en faveur de l’éducation Le triomphe de la lumière sur la nuit est décrit de manière dynamique, comme un processus, et non seulement comme une antithèse. Hugo reconnaît l’éducation comme un développement du petit homme, ce qui sera illustré de façon plus précise par les grands pédagogues (avant Hugo, par Rousseau, et au XX° siècle par Piaget et Vygotski, notamment). Il convient d’amorcer ce processus dès la petite enfance, avec des outils adaptés : « Donc au petit enfant, donnez le petit livre ». Inversement, l’auteur des Misérables pointe, du côté des voleurs, le handicap consécutif à l’absence de prise en charge sociale de l’enfance : au lieu de s’épanouir, ils ont régressé, en Le commentaire permet l’injection de connaissances, sélectionnées ici dans le domaine éducatif. Cette ouverture du candidat à la finalité du concours sera appréciée. Mais le faire à doses modérées, sans étaler un pseudo savoir hors sujet Ici la reprise est un « substitut lexical » qui permet d’injecter dans le commentaire une information concernant Hugo. Pour un tel commentaire, une allusion à ce grand roman hugolien est absolument incontournable, tout comme plus loin la référence à Jean Valjean. vertu d’une loi implacable que Hugo énonce sous la forme d’une métaphore filée : « l’école en or change le cuivre / Tandis que l’ignorance en plomb transforme l’or ». Ce processus éducatif résulte clairement d’une décision politique. Se trouve ainsi martelée par Hugo, à coup d’anaphores (« Je dis que… », l’idée d’une l’éducation comme un « droit de l’homme » : « Je dis qu’ils ont le droit, du fond de leur misère / De se tourner vers vous… », et par ricochet, la responsabilité de la société. La formule lapidaire qui conclut l’extrait procède à un étonnant renversement : « Et la société leur a volé leur âme ». Le vrai crime de vol est ainsi imputable à la société elle-même, que Hugo met en accusation, en se mettant lui-même du côté des responsables : « Je nous blâme » : le poète, « je » sujet de la phrase endosse une responsabilité collective, exprimée par le « nous » complément d’objet direct. Dans ce passage, l’auteur du commentaire a essayé de s’appuyer au maximum sur la forme du texte, et à la fin sur des notions grammaticales de base. Penser à le faire au moins une ou deux fois dans l’exercice. Selon la culture professionnelle du correcteur, ce sera soit un attendu de base, soit un « plus » : dans tous les cas, c’est bon pour la note. PARTIE 3 : Une conception marquée par une histoire dépassée Cet extrait peut-il pour autant inspirer une politique éducative pour le début du XXI° siècle ? Oui, dans la mesure où sous une forme rhétorique dépassée, il exprime clairement l’idéal de l’École de la République dans la tradition française. L’éducation pour tous est posée comme un Droit de l’Homme. Ce qui suit est une tentative d’historicisation de la lecture de l’extrait. C’est un exercice difficile pour le candidat, mais on peut y aller ici « à grands traits », en pensant à des références qui doivent être connues : -‐ l’esprit des Lumières -‐ l’héritage de la Révolution française, et la Déclaration des Droits de l’Homme et du A juste titre, Hugo insiste sur le « savoir lire ». A son époque, il s’agit encore d’une alphabétisation, que l’école de Jules Ferry parvint à généraliser. Bien entendu, la « maîtrise de la langue française », première compétence du socle, suppose, aujourd’hui, des compétences plus techniques, plus adaptées à l’évolution du monde, que l’apprentissage de l’épellation, avec un « alphabet » qui fut longtemps un simple abécédaire. Encore plus percutante la conception de la « morale » qui se dégage de cet extrait. Aujourd’hui encore un enseignement « laïc » de la morale fait débat. Ici « le monde moral » est une illusion propre à la société bien pensante : faute de l’éclairage de l’instruction, les voleurs n’y peuvent marcher qu’ « à tâtons ». Ce cadre idéologique permettrait de rapprocher ce texte de la Préface du célèbre Tour de la France par deux enfants, un des premiers manuels pour l’école primaire, publié à peu près à la même époque. Mais là s’arrête la pertinence pour aujourd’hui de ce texte, dans lequel il ne faut chercher ni vision pragmatique, ni programme. Plusieurs aspects seraient en décalage avec notre époque. Les rapports internes aux classes sociales nécessitent des analyses plus fines, dépassant le schématisme de la vision de Hugo, fondée sur la domination des possédants uploads/Litterature/ 12-13-commentaire-hugo-corrige.pdf
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- Publié le Mai 14, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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