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Belle Page Stock 27/03/2015 - 10:10 PARIS - ALGER 135*215 - Epreuve 5 Folio 1/378 Belle Page Stock 27/03/2015 - 10:10 PARIS - ALGER 135*215 - Epreuve 5 Folio 2/378 Paris-Alger Une histoire passionnelle Belle Page Stock 27/03/2015 - 10:10 PARIS - ALGER 135*215 - Epreuve 5 Folio 3/378 DES MÊMES AUTEURS Christophe Dubois et Marie-Christine tabet L’Argent des politiques, les enfants gâtés de la Répu­ blique, Albin Michel, 2009 Christophe Dubois L’Enquête sabotée, avec Christophe Deloire, Albin Michel, 2003 Les islamistes sont déjà là, avec Christophe Deloire, Albin Michel, 2004 Sexus Politicus, avec Christophe Deloire, Albin Michel, 2006 Circus Politicus, avec Christophe Deloire, Albin Michel, 2012 Marie-Christine tabet EDF, un scandale français, avec Laurence de Charette, Robert Laffont, 2004 L’État voyou, avec Caroline Brun, Albin Michel, 2014 Belle Page Stock 27/03/2015 - 10:10 PARIS - ALGER 135*215 - Epreuve 5 Folio 4/378 Christophe Dubois Marie-Christine Tabet Paris-Alger Une histoire passionnelle Stock Belle Page Stock 27/03/2015 - 10:10 PARIS - ALGER 135*215 - Epreuve 5 Folio 5/378 Couverture Atelier Didier Thimonier Illustration de couverture : © DR ISBN 978- 2-234-07632-7 © Éditions Stock, 2015 Belle Page Stock 27/03/2015 - 10:10 PARIS - ALGER 135*215 - Epreuve 5 Folio 6/378 Napoléon III a dit un mot sage (peut­être soufflé par un ministre) : « Ce qu’il faut à l’Algérie, ce ne sont pas des conquérants, mais des initia­ teurs. » Or, nous sommes restés des conquérants brutaux, maladroits, infatués de nos idées toutes faites. Nos mœurs imposées, nos maisons parisiennes, nos usages choquent sur ce sol comme des fautes gros­ sières d’art, de sagesse et de compréhension. Tout ce que nous faisons semble un contresens, un défi à ce pays, non pas tant à ses habitants premiers qu’à la terre elle­même. Extrait de Guy de Maupassant, texte établi à partir de l’article « Alger à vol d’oiseau », paru dans Le Gaulois du 17 juillet 1881 et publié dans le recueil de voyage, Au soleil. Belle Page Stock 27/03/2015 - 10:10 PARIS - ALGER 135*215 - Epreuve 5 Folio 7/378 Belle Page Stock 27/03/2015 - 10:10 PARIS - ALGER 135*215 - Epreuve 5 Folio 8/378 9 introDuCtion Paris-Alger, ou l’histoire d’une France officielle et d’une Algérie officielle qui n’a rien à voir avec la réalité. Depuis cinquante-trois ans, les deux capitales entretiennent l’illusion d’une relation normale entre deux États souverains. Comme si la France et l’Al- gérie, après une guerre longtemps restée sans nom, avaient fini par régler leur séparation à l’amiable. Ce jeu de dupes ne trompe personne. Mais on continue des deux côtés de la Méditerranée à faire « comme si ». Comme si les accords d’Évian qui scellent la désunion avaient été appliqués, comme si l’Algérie avait pris son indépendance vis-à-vis de la France en 1962, comme si l’usine Renault qui vient de s’implanter à Oran devait s’appuyer sur un réseau de PME locales… qui n’existe pas. Comme si les binationaux pouvaient trouver leur place entre ces deux pays, celui de leurs parents et le leur. Des Français comme les autres ? Vraiment ? Comme si l’État algérien qui n’accorde des visas aux journalistes français qu’au compte-gouttes et sous Belle Page Stock 27/03/2015 - 10:10 PARIS - ALGER 135*215 - Epreuve 5 Folio 9/378 10 étroite surveillance était une démocratie comme une autre… Cette fiction a permis à la France de se féliciter du « quatrième mandat » d’Abdelaziz Bouteflika sans rougir. Elle autorise également les dirigeants algériens à bran- dir leurs médailles de libérateurs pour alimenter les derniers feux de leur légitimité politique. Pourtant l’Al- gérie se consume. L’économie ne se développe pas, sa jeunesse est au chômage, la rente pétrolière n’est plus un gage d’éternité et les hiérarques ont conclu un pacte avec les islamistes. Comme si un voile était tombé sur Alger la blanche, qui est devenue une capitale austère. À 18 heures, la vie s’arrête. Une trentaine de restaurants et de bars y vendent de l’alcool, le rideau baissé. Les rares salles de cinéma sont vides. Dans les années 1980, il était de bon ton de comparer les potentialités économiques de l’Algérie et de la Californie. Ah bon ? « Nous avons eu notre libération, explique Kamel Daoud, l’auteur de Meursault, maintenant nous voulons la liberté1. » Cette contrefaçon démocratique entretenue avec la compli- cité de la France a privé les Algériens de la fierté de tout peuple qui se libère. Ayons à l’esprit les fastes qui ont accompagné l’anniversaire de la chute du mur de Berlin. Le mur qui est tombé en Algérie ne séparait pas le monde en deux blocs. Mais qui se souvient encore de la célébration des cinquante ans de l’indépendance algérienne en 2012 ? Ce seraient les non-dits de la guerre d’Algérie qui bloqueraient tout. Contrairement aux clichés, la guerre d’Algérie n’est pas un trou noir. Des historiens de grande qualité, de 1. Kamel Daoud, Meursault, contre­enquête, Actes Sud, 2014. Belle Page Stock 27/03/2015 - 10:10 PARIS - ALGER 135*215 - Epreuve 5 Folio 10/378 11 Benjamin Stora à Jean-Pierre Rioux, de Jean-Jacques Jordi à Guy Pervillé, quelle que soit leur sensibilité politique, ont décrit avec précision les bientôt deux siècles de vie commune entre la France et l’Algérie. Les témoignages des acteurs de la guerre dans les deux camps ont livré leurs secrets. Les tortionnaires, français du moins, ont avoué. Les écrivains ont raconté. Même les psychanalystes se sont penchés sur les turpitudes qui hantent les deux pays. Interrogé par les auteurs sur ce rapport colonisé colonisateur, l’écrivain algérien Boualem Sansal livre une analyse d’une grande lucidité. « Il y a comme une fatalité, les pays qui au cours de l’histoire ont été “unis” dans cette relation resteront indéfiniment dans ce rapport de dominant-dominé. Ce couple est particulièrement fidèle. Avec le temps, il peut arriver qu’on ne sache plus qui est le coloni- sateur et qui est le colonisé. Aujourd’hui on entend dire en France que les Maghrébins et en particulier les Algériens ont colonisé la France, et en Algérie on parle tantôt de néocolonialisme tantôt d’islamisation de la France. » Le dernier tabou des relations entre la France et l’Algérie, ce n’est pas la guerre, mais bien les cent trente ans de colonisation qui l’ont précédée, dont les aspects positifs ne sont pas à démontrer. Ils sont recon- nus par les Algériens eux-mêmes, mais en petit comité. La France a développé les infrastructures routières, créé une économie moderne et agricole, donné un statut aux juifs, bâti un système scolaire et sanitaire… mais n’a pas su imposer l’égalité des droits. Les petits musul- mans avaient peu de chance d’aller à l’école publique au-delà du primaire. Belle Page Stock 27/03/2015 - 10:10 PARIS - ALGER 135*215 - Epreuve 5 Folio 11/378 12 Si le code de l’indigénat, tombé en désuétude après la Première Guerre mondiale, a été supprimé après la Seconde, les barrières entre les communautés ont persisté. Le principe du double collège électoral, qui faisait qu’un électeur du premier (Français d’origine) avait autant de poids que 8 électeurs du second (musul- mans), n’a été abandonné qu’en 1958. Aujourd’hui, les Français et les Algériens paient au prix fort cette mémoire occultée. Comment ne pas voir dans les malaises de l’intégration en France l’ombre de cette colonisation. Au lendemain des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hypercacher de la porte de Vincennes, l’historien Patrick Weil, questionné1 sur les jeunes qui ont refusé de respecter ou du moins de parti- ciper à la minute de silence en mémoire des 17 victimes des terroristes, répond : « Quand vous avez des gosses qui transfèrent leur sentiment de colère sur le conflit israélo-palestinien, il y a un problème, il y a une déri- vation sur la Palestine car il y a une énorme difficulté à parler de sa propre histoire. Les deux tueurs de Charlie Hebdo sont des franco-algériens. Ce n’est pas anodin. Il y a au moins quatre catégories de population qui viennent d’Algérie : les pieds-noirs, les juifs, les harkis, les Algériens qui ont combattu pour l’indépendance, qui sont devenus Algériens, puis sont venus en France, dont les enfants sont français et finissent par le devenir […]. Comment expliquer à des enfants issus de l’Algérie leur propre histoire ? M. Hollande va en Algérie et parle d’histoire partagée. Mais qu’on la partage déjà entre nous cette histoire, entre Français ! » 1. France Culture, émission « Une fois pour toutes », le 17 janvier 2015. Belle Page Stock 27/03/2015 - 10:10 PARIS - ALGER 135*215 - Epreuve 5 Folio 12/378 Le propos de ce livre n’est en aucune manière d’ex- pliquer la tentation de certains jeunes Français pour le djihad comme une conséquence du colonialisme. Ce serait trop simple. Trop réducteur. Reste que la question de la binationalité mal assumée revient sans cesse depuis le début des premiers attentats islamistes en France. Il y a eu Khaled Kelkal, un jeune Algérien grandi à Vaulx-en-Velin qui s’est radicalisé au contact de membres du GIA pour participer aux attentats terro- ristes de 1995, mais aussi Mohamed Merah à Toulouse en 2012, Mehdi Nemmouche uploads/Litterature/ 1614021816.pdf

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