TEXTES POUR ETUDIER LES POINTS DE VUE NARRATIFS TEXTE 1 Se passionnant pour la

TEXTES POUR ETUDIER LES POINTS DE VUE NARRATIFS TEXTE 1 Se passionnant pour la question sociale, Victor Hugo s'est inspiré de l'histoire véridique de Claude Gueux pour écrire, dans un livre consacré à cet homme, un réquisitoire contre la peine de mort. Il y a sept ou huit ans, un homme nommé Claude Gueux, pauvre ouvrier, vivait à Paris. Il avait avec lui une fille qui était sa maîtresse, et un enfant de cette fille. Je dis les choses comme elles sont, laissant le lecteur ramasser les moralités à mesure que les faits les sèment sur leur chemin. L'ouvrier était capable, habile, intelligent, fort mal traité par l'éducation, fort bien traité par la nature, ne sachant pas lire et sachant penser. Un hiver, l'ouvrage manqua. Pas de feu, ni de pain dans le galetas. L'homme, la fille et l'enfant eurent froid et faim. L'homme vola. Je ne sais ce qu'il vola, je ne sais où il vola. Ce que je sais, c'est que de ce vol il résulta trois jours de pain et de feu pour la femme et pour l'enfant, et cinq ans de prison pour l'homme. L'homme fut envoyé faire son temps à la maison centrale de Clairvaux. Clairvaux, abbaye dont on a fait une bastille, cellule dont on a fait un cabanon, autel dont on a fait un pilori. Quand nous parlons de progrès, c'est ainsi que certaines gens le comprennent et l'exécutent. Voilà la chose qu'ils mettent sous notre mot. Poursuivons : Arrivé là, on le mit dans un cachot pour la nuit et dans un atelier pour le jour. Ce n'est pas l'atelier que je blâme. Claude Gueux, honnête ouvrier naguère, voleur désormais, était une figure digne et grave. Il avait le front haut, déjà ridé, quoique jeune encore, quelques cheveux gris perdus dans les touffes noires, l'œil doux et fort puissamment enfoncé sous une arcade sourcilière bien modelée, les narines ouvertes, le menton avancé, la lèvre dédaigneuse. C'était une belle tête. On va voir ce que la société en a fait. Victor Hugo, Claude Gueux, 1834. TEXTE 2 Les lignes suivantes constituent le début du roman. Je suis né le 15 mai 18..., dans une ville du Languedoc, où l'on trouve, comme dans toutes les villes du Midi, beaucoup de soleil, pas mal de poussière, un couvent de carmélites et deux ou trois monuments romains. Mon père, M. Eyssette, qui faisait à cette époque le commerce des foulards, avait, aux portes de la ville, une grande fabrique dans un pan de laquelle il s'était taillé une habitation commode, tout ombragée de platanes et séparée des ateliers par un vaste jardin. C'est là que je suis venu au monde et que j'ai passé les premières, les seules bonnes années de ma vie. Aussi ma mémoire reconnaissante a-t-elle gardé du jardin, de la fabrique et des platanes un im- périssable souvenir, et lorsqu'à la ruine de mes parents il m'a fallu me séparer de ces choses, je les ai positivement regrettées comme des êtres. Je dois dire, pour commencer, que ma naissance ne porta pas bonheur à la maison Eyssette. La vieille Annou, notre cuisinière, m'a souvent conté depuis comme quoi mon père, en voyage à ce moment, reçut en même temps la nouvelle de mon apparition dans le monde et celle de la disparition d'un de ses clients de Marseille, qui lui emportait plus de quarante mille francs ; si bien que M. Eyssette, heureux et désolé du même coup, se demandait, comme l'autre, s'il devait pleurer pour la disparition du client de Marseille, ou rire pour l'heureuse arrivée du petit Daniel... Alphonse Daudet, Le Petit Chose, 1868. Compréhension : Citez les personnages évoqués dans ces deux extraits. Quels sont les plus importants ? Auteur, narrateur, personnage : 1. Qui est l'auteur de chacun de ces textes ? Cherchez au CDI ou sur Internet un résumé de la vie de chacun d’eux et au moins deux titres d'œuvres rédigées par ces écrivains. 2. Quels pronoms personnels chacun des narrateurs utilise-t-il pour mener son récit ? À votre avis, dans quelle intention fait-il ce choix ? 3. D'après le titre, quel est le personnage principal de ces extraits de nouvelle ou de roman ? Comment chacun se prénomme-t-il ? 4. Le deuxième texte est un roman autobiographique : qui est alors le « petit Daniel» (1. 19), selon vous ? Fonction du narrateur : 5. Relisez les lignes 11 à 15 du texte 1. Comment qualifieriez-vous ces propos ? S'agit-il d'un passage de récit ? Trouvez un exemple équivalent dans le texte 2. 6. Dans le texte 1, relevez le champ lexical de l'emprisonnement (1. 10 à 15). Que veut montrer Victor Hugo ? 7. Comment qualifier la tonalité de chacun de ces deux textes : enthousiaste, critique, nostalgique. argumentatif ? 8. Quelle image, positive ou négative, chaque narrateur donne-t-il de son personnage ? TEXTE 3 Le narrateur est dans sa chambre, la nuit. Il épluche des documents administratifs. Je m'écarquillais les yeux à déchiffrer les souscriptions, quand je crus entendre ou plutôt sentir un frôlement derrière moi. Je n'y pris point garde, pensant qu'un courant d'air avait fait remuer quelque étoffe. Mais, au bout d'une minute, un autre mouvement, presque indistinct, me fit passer sur la peau un singulier petit frisson désagréable. C'était tellement bête d'être ému, même à peine, que je ne voulus pas me retourner, par pudeur pour moi-même. Je venais alors de découvrir la seconde des liasses qu'il me fallait ; et je trou- vais justement la troisième, quand un grand et pénible soupir, poussé contre mon épaule, me fit faire un bond de fou à deux mètres de là. Dans mon élan, je m'étais retourné, la main sur la poignée de mon sabre, et certes, si je ne l'avais pas senti à mon côté, je me serais enfui comme un lâche. Une grande femme vêtue de blanc me regardait, debout derrière le fauteuil où j'étais assis une seconde plus tôt. Une telle secousse me courut dans les membres que je faillis m'abattre à la renverse ! Oh ! Personne ne peut comprendre, à moins de les avoir ressenties, ces épouvantables et stupides terreurs. L'âme se fond ; on ne sent plus son cœur ; le corps entier devient mou comme une éponge ; on dirait que tout l'intérieur s'écroule. Je ne crois pas aux fantômes ; eh bien ! J'ai défailli sous la hideuse peur des morts et j'ai souffert, oh ! souffert en quelques instants plus qu'en tout le reste de ma vie, dans l'angoisse irrésistible des épouvantes surnaturelles. Si elle n'avait pas parlé, je serais mort peut-être ! Mais elle parla ; elle parla d'une voix douce et douloureuse qui faisait vibrer les nerfs. Je n'oserais pas dire que je redevins maître de moi et que je retrouvai ma raison. Non. J'étais éperdu à ne plus savoir ce que je faisais ; mais cette espèce de fierté intime que j'ai en moi, un peu d'orgueil de métier aussi, me faisaient garder, presque malgré moi, une contenance honorable. Je posais pour moi et pour elle sans doute, pour elle, quelle qu'elle fût, femme ou spectre. Je me suis rendu compte de tout cela plus tard, car je vous assure que, dans l'instant de l'apparition, je ne songeais à rien. J'avais peur. Elle dit : « Oh ! Monsieur, vous pouvez me rendre un grand service ! » Je voulus répondre, mais il me fut impossible de prononcer un mot. Un bruit vague sortit de ma gorge. Elle reprit: « Voulez-vous ? Vous pouvez me sauver, me guérir. Je souffre affreusement. Je souffre, oh ! Je souffre ! » Et elle s'assit doucement dans mon fauteuil. Elle me regardait. « Voulez-vous ? » Je fis: « Oui ! » de la tête, ayant encore la voix paralysée. Alors elle me tendit un peigne en écaille et elle murmura : « Peignez-moi, oh! peignez-moi ; cela me guérira ; il faut qu'on me peigne. Regardez ma tête... Comme je souffre ; et mes cheveux, comme ils me font mal ! » Ses cheveux dénoués, très longs, très noirs, me semblait-il, pendaient par-dessus le dossier du fauteuil et touchaient la terre. Pourquoi ai-je fait ceci ? Pourquoi ai-je reçu en frissonnant ce peigne, et pourquoi ai-je pris dans mes mains ses longs cheveux qui me donnèrent à la peau une sensation de froid atroce comme si j'eusse manié des serpents ? Je n'en sais rien. Guy de Maupassant, « Apparition », 1883. Compréhension : Croyez-vous à l'histoire racontée par le narrateur ? Pourquoi ? 1. Qui est le narrateur ? Qui est le personnage principal ? Pour répondre, étudiez les pronoms personnels utilisés. 2. Quels sont les temps employés dans ce récit ? Justifiez leur emploi. 3. Énumérez les signes qui annoncent l'apparition. Qu'est-ce qui en fait le mystère et l'étrangeté ? 4. Que demande l'apparition, et sur quel ton ? Observez notamment les types de phrases employés. 5. Qu'est-ce qui rend cette apparition émouvante, bien qu'elle soit effrayante ? 6. Quelles sont uploads/Litterature/ 40-exercices-point-de-vue-01 1 .pdf

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