Atelier de préparation à l’Épreuve uniforme de français DOCUMENT 4A SUJET DE RÉ

Atelier de préparation à l’Épreuve uniforme de français DOCUMENT 4A SUJET DE RÉDACTION PREMIER SUJET (Sujet du 17 décembre 1997) La chevelure engendre des effets qui se traduisent de la même façon chez Baudelaire et chez Maupassant. Discutez. Reformuler : Est-ce que la chevelure… Oui les chevelures ont des effets similaires. Dans les textes, la chevelure fait rêver le personnage dans les deux textes Texte 1 + preuve + explication Texte 2 + preuve +explication Mini conclusion Les cheveux produisent des effets sensuels, du désir obsessif. Les cheveux captivent les hommes par leur odeur. Les cheveux créemt un sentiment d’amour La chevelure laisse des souvenirs chez les personnages. La chevelure trouble les deux personnages. La chevelure fait ressentir la présence d’un être vivant La chevelure incarne une personne pour les personnages. Non, les chevelures ont des effets différents Chez Baudelaire, la chevelure évoque un être connu par le personnage , alors que chez Maupassant , la chevelure évoque un être inconnu. Chez Baudelaire, la chevelure procure de la joie ( sentiments uniquement positifs), alors que chez Maupassant , la chevelure suscite aussi la peur (sentiments négatifs). Chez Baudelaire, la chevelure évoque une personne vivante, alors que chez Maupassant, la chevelure évoque un être décédé. Vous soutiendrez votre point de vue à l’aide d’arguments cohérents et convaincants et à l’aide de preuves relatives au contenu et à la forme des textes proposés, preuves puisées dans ces textes et dans vos connaissances littéraires1 qui conviennent au sujet de rédaction. Textes : « Un hémisphère dans une chevelure » de Charles Baudelaire et un extrait de « La chevelure » de Guy de Maupassant. 1999-04-25 1 On entend par connaissances littéraires le fait d’utiliser des procédés langagiers (figures de style, versification, types de phrases, etc.) et des notions littéraires (point de vue narratif, genres, etc.) au service de votre argumentation. On reconnaît également comme connaissances littéraires le fait de vous référer à d’autres œuvres que les textes proposés, de relier ces derniers à des courants ou tendances littéraires ou le fait d’avoir recours à des connaissances culturelles et sociohistoriques qui conviennent au sujet de rédaction. PREMIER SUJET Ce sujet comprend deux textes : « Un hémisphère dans une chevelure » (Texte 1) de Charles Baudelaire et un extrait de « La chevelure » (Texte 2) de Guy de Maupassant. TEXTE 1 Auteur : Charles Baudelaire, écrivain français, né en 1821 et mort en 1867. La chevelure engendre des effets qui se traduisent de la même façon chez Baudelaire et chez Maupassant. Discutez. Un hémisphère dans une chevelure2 5 10 15 20 Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l’eau d’une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l’air. Si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! tout ce que je sens ! tout ce que j’entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l’âme des autres hommes sur la musique. Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l’espace est plus bleu et plus profond, où l’atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine. Dans l’océan de ta chevelure, j’entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d’hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l’éternelle chaleur. Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan dans la chambre d’un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes. Dans l’ardent foyer de ta chevelure, je vois resplendir l’infini de l’azur tropical; sur les rivages duvetés de ta chevelure, je m’enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l’huile de coco. Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs. 2 Charles BAUDELAIRE, « Un hémisphère dans une chevelure » dans Le Spleen de Paris. Les Paradis artificiels, Paris, Booking International, coll. Classiques français, 1995, p. 48-49. TEXTE 2 Auteur : Guy de Maupassant, écrivain français, né en 1850 et mort en 1893. Extrait de « La Chevelure3 Présentation Le narrateur est un riche collectionneur qui vient de faire l’acquisition d’un meuble ancien. 5 10 15 20 25 30 Vraiment, pendant huit jours, j’adorai ce meuble. J’ouvrais à chaque instant ses portes, ses tiroirs; je le maniais avec ravissement, goûtant toutes les joies intimes de la possession. Or, un soir, je m’aperçus, en tâtant l’épaisseur d’un panneau, qu’il devait y avoir là une cachette. Mon cœur se mit à battre, et je passai la nuit à chercher le secret sans le pouvoir découvrir. J’y parvins le lendemain en enfonçant une lame dans une fente de la boiserie. Une planche glissa et j’aperçus, étalée sur un fond de velours noir, une merveilleuse chevelure de femme ! Oui, une chevelure, une énorme natte de cheveux blonds, presque roux, qui avaient dû être coupés contre la peau, et liés par une corde d’or. Je demeurai stupéfait, tremblant, troublé ! Un parfum presque insensible, si vieux qu’il semblait l’âme d’une odeur, s’envolait de ce tiroir mystérieux et de cette surprenante relique. Je la pris doucement, presque religieusement, et je la tirai de sa cachette. Aussitôt elle se déroula, répandant son flot doré qui tomba jusqu’à terre, épais et léger, souple et brillant comme la queue en feu d’une comète. Une émotion étrange me saisit. Qu’était-ce que cela ? Quand ? Comment ? Pourquoi ces cheveux avaient-ils été enfermés dans ce meuble ? Quelle aventure, quel drame cachait ce souvenir ? Qui les avait coupés ? un amant un jour d’adieu ? un mari un jour de vengeance ? ou bien celle qui les avait portés sur son front, un jour de désespoir ? Était-ce à l’heure d’entrer au cloître qu’on avait jeté là cette fortune d’amour, comme un gage laissé au monde des vivants ? Était-ce à l’heure de la clouer dans la tombe, la jeune et belle morte, que celui qui l’adorait avait gardé la parure de sa tête, la seule chose qu’il pût conserver d’elle, la seule partie vivante de sa chair qui ne dût point pourrir, la seule qu’il pouvait aimer encore et caresser, et baiser dans ses rages de douleur ? N’était-ce point étrange que cette chevelure fût demeurée ainsi, alors qu’il ne restait plus une parcelle du corps dont elle était née ? Elle me coulait sur les doigts, me chatouillait la peau d’une caresse singulière, d’une caresse de morte. Je me sentais attendri comme si j’allais pleurer. Je la gardai longtemps, longtemps en mes mains, puis il me sembla qu’elle 3 Guy de MAUPASSANT. « La chevelure » dans Boule de suif. La maison Tellier suivi de Madame Baptiste et de Le Port, Paris, Éditions Gallimard, collection Folio, 1973, p. 346-349. 35 40 45 50 55 60 65 70 m’agitait, comme si quelque chose de l’âme fût resté caché dedans. Et je la remis sur le velours terni par le temps, et je repoussai le tiroir, et je refermai le meuble, et je m’en allai par les rues pour rêver. […] Quand je rentrai chez moi, j’éprouvai un irrésistible désir de revoir mon étrange trouvaille; et je la repris, et je sentis, en la touchant, un long frisson qui me courut dans les membres. Durant quelques jours cependant, je demeurai dans mon état ordinaire, bien que la pensée vive de cette chevelure ne me quittât plus. Dès que je rentrais, il fallait que je la visse et que je la maniasse. Je tournais la clef de l’armoire avec ce frémissement qu’on a en ouvrant la porte de la bien- aimée, car j’avais aux mains et au cœur un besoin confus, singulier, continu, sensuel de tremper mes doigts dans ce ruisseau charmant de cheveux morts. Puis quand j’avais fini de la caresser, quand j’avais refermé le meuble, je la sentais là toujours, comme si elle eût été un être vivant, caché, prisonnier; je la sentais et je la désirais encore; j’avais de nouveau le besoin impérieux de la reprendre, de la palper, de m’énerver jusqu’au malaise par ce contact froid, glissant, irritant, affolant, délicieux. Je vécus ainsi un mois ou deux, je ne sais plus. Elle m’obsédait, me hantait. J’étais heureux et torturé, comme dans une attente d’amour, comme après les aveux qui précèdent l’étreinte. Je m’enfermais seul avec elle pour la sentir sur ma peau, pour enfoncer mes lèvres dedans, pour la baiser, la mordre. Je l’enroulais autour de mon visage, je la buvais, je noyais mes yeux dans son onde dorée afin de voir le jour blond, à travers. Je l’aimais ! Oui, je l’aimais. Je ne pouvais plus me passer d’elle, ni rester une heure sans la revoir. Et uploads/Litterature/ 4a-sujet-de-redaction-la-chevelure.pdf

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