1 www.comptoirlitteraire.com présente Louis ARAGON (France) (1897-1982) Au fil
1 www.comptoirlitteraire.com présente Louis ARAGON (France) (1897-1982) Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres (poèmes et romans) qui sont résumées et commentées, en particulier ces poèmes : ‘’Magnitogorsk 1932’’ (page 17) - ‘’Je vous salue ma France’’ (page 34) - ‘’La rose et le réséda’’ (page 36) - ‘’Il n’y a pas d’amour heureux’’ (page 40) - ‘’Ballade de celui qui chanta sous les supplices’’ (page 43) - ‘’Le conscrit des cent villages’’ (page 47) - ‘’Le labyrinthe bleu et blanc’’ (page 60). Bonne lecture ! 2 Il est né à Paris, le 3 octobre 1897. Il était un enfant naturel. Sa mère, Marguerite Toucas, avait vingt- quatre ans ; son père, Louis Andrieux, en avait cinquante-sept, était marié et poursuivait une carrière de préfet de police et de député. Aussi ne reconnut-il pas l’enfant, mais devint son tuteur, et lui choisit son prénom, Louis, le même que le sien, et son nom, Aragon, en souvenir de l’Espagne où il avait été ambassadeur. Toute son enfance, le petit Louis crut que sa mère était sa sœur aînée, et que sa grand-mère était sa mère ! Il fut donc élevé dans ce trucage familial, dans une atmosphère de mensonges et d'hypocrisie qui n'explique que partiellement ses nombreuses facettes et les contradictions d'une œuvre, qui allait s’écrire sur soixante ans. Dans les années 30, dans son roman ‘’Les voyageurs de l'impériale’’, il donna un éclairage sur son grand-père, qui avait été son père adoptif dans le roman familial qu'on lui avait fabriqué. Et ce ne fut que très tardivement, à la fin des années soixante, qu'il évoqua publiquement, notamment dans ‘’Je n’ai jamais appris à écrire’’, sa filiation paternelle. Il fut élevé aussi dans la gêne financière d'une bourgeoisie déclassée. Mais, pendant I'enfance, il a «tout lu», et déjà beaucoup écrit, en dictant d'abord à ses tantes, d'où peut-être son style vocal, le «piétinement de la syntaxe» selon la cadence du souffle. Ayant obtenu en 1914 le premier baccalauréat et, en 1915, le second, il commença des études de médecine. En 1917, il fit la connaissance d’André Breton. Leur commune admiration pour Mallarmé, Rimbaud, Apollinaire, Jarry et Lautréamont les lia d’amitié. Mobilisé cette année-là, ce fut avant de partir au front comme médecin auxiliaire qu’il se vit «infliger la vérité» sur son roman familial, qu’il apprit la série de mensonges dans lesquels il avait vécu toute son enfance. Sur le front, il eut une conduite héroïque qui lui valut la croix de guerre. Il participa à l'occupation de l'Alsace puis de la Sarre par les troupes françaises. Après la guerre, il retrouva en 1919 André Breton en compagnie de Philippe Soupault. Ils fondèrent tous trois la revue au titre antiphrastique de ‘’Littérature’’. Tristan Tzara étant arrivé à Paris en 1920, ils adhérèrent au mouvement Dada. Confirmant sa vocation d’écrivain, il publia : _________________________________________________________________________________ 1920 “Feu de joie” Recueil de poèmes On y trouve ces thèmes : jeunesse, découverte, inquiétude, nostalgie, peur du visage qu'on offre au tout venant du monde ou de I'amour («Sur le bitume flambant de Mars, ô perce-neige ! tout le monde a compris mon cœur. / J'ai eu honte, j'ai eu honte, oh !»), révolte et défi («Casser cet univers sur le genou ployé / Bois sec dont on ferait des flammes singulières.») Pour le jeune poète, les mots étaient neufs, et il en joua, se livra au plaisir d'associer, de majusculer, d'assonancer, de supprimer la ponctuation (blancs et majuscules y suppléant habilement), d’user d’ellipses, d’exclamations, qui ont la fraîcheur des choses nées du matin, de cultiver la trouvaille verbale, les heurts cocasses de syllabes en calembours («L'enfant fantôme fend de I'homme / Entre les piliers de pierre : / 2piR son tour de tête.» - «Le groom nègre sourit tout bas / Pour ne pas salir ses dents blanches»), d’imprimer des rythmes très savants en cassant ou respectant de jolis alexandrins, tour à tour insolents ou séduisants comme le livre entier : «Ma jeunesse Apéro qu'à peine ont aperçue / Les glaces d'un café lasses de tant de mouches / Jeunesse et je n'ai pas baisé toutes Ies bouches / Le premier arrivé au fond du corridor / 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Mort / Une ombre au milieu du soleil dort c'est l'œil.» 3 Commentaire Aragon joignait et brisait les influences (Rimbaud, Reverdy, Apollinaire, mais aussi les libertins du XVIIe siècle) pour alléger d'une ellipse les aveux biographiques. Réécriture, masque et mélodie : malgré les métamorphoses, les données essentielles de l'œuvre furent inscrites dans ce commencement. _________________________________________________________________________________ 1920 “Anicet ou Le panorama” Roman L’œuvre s’ouvre sur le laconique portrait du héros : «Anicet n'avait retenu de ses études secondaires que la règle des trois unités, la relativité du temps et de I'espace ; là se bornaient ses connaissances de I'art et de la vie. ll s'y tenait dur comme fer et y conformait sa conduite.» Quelques lignes plus loin, le voici qui a déjà rompu avec sa famille, et qui se met à errer dans le monde, à la recherche, sans doute, de quelque rencontre de «l'Absolu». En fait, il rencontre d'abord un certain Arthur, qui fut poète de son vivant, et s'en alla au Harrar ; mais c'est seulement pour constater qu'ils ont fort peu de choses en commun. Dans la même auberge, Anicet, par un enchaînement de circonstances remarquablement fortuites, rencontre une certaine Mirabelle, autour de laquelle s'est formée une société secrète de sept membres qui veulent conquérir ses faveurs au prix de I'accomplissement de toutes les fantaisies ou exploits susceptibles de lui plaire. Et Anicet de s’enrôler dans la bande. ll vole les tableaux les plus célèbres des musées de Paris pour les faire brûler un soir à l'Arc de Triomphe, à seule fin, pour lui aussi, de conquérir Mirabelle. Néanmoins, un beau jour, elle se marie avec un riche banquier, Pedro Gonzalès, à la grande fureur des sept. L'un d'entre eux, Omme, prépare son enlèvement et I'assassinat du banquier ; mais Anicet, qui se trouve là par hasard, le tue. Puis il tombe entre les mains des complices d'Omme, qui I'obligent à participer à un autre vol de tableaux. Par hasard encore, Anicet, en train d'opérer, découvre qu'il est chez I'un des sept, le peintre Bleu, qu'accompagne un autre membre de la société secrète, le marquis della Robbia. Ce dernier, qui dirige en fait un véritable gang, s'avise qu'Anicet en sait maintenant trop long sur lui ; pour s'en débarrasser, le marquis le pousse à tuer Gonzalès (il I'y décide d'ailleurs sans peine), et il prévient le détective Nick Carter, qui, depuis le vol des tableaux du Louvre, surveille Anicet. Mais, si le banquier meurt effectivement, et avec le revolver emprunté à Anicet venu dans son cabinet pour le tuer, c'est lui- même qui se tue, car il vient d'apprendre qu'il est ruiné. Or, la scène s'étant passée sans témoin, la police n'en arrête pas moins Anicet, qui est jugé et condamné. On retrouve, au dernier chapitre, un des rescapés de la bande au ‘’Café du Commerce’’ de Commercy, ou on le présente, entre autres, à un vieillard : «Monsieur Isidore Ducasse, ancien receveur de I'enregistrement, un bien digne homme.» Commentaire Ce roman-poème met en jeu des personnes réelles, comme Picasso, Breton, Chaplin. On y reconnaît bien des réminiscences littéraires : ‘’L'histoire des Treize’’ de Balzac, ‘’Le rouge et le noir’’ de Stendhal, Rimbaud, Lautréamont, etc.. Les allusions transparentes aux événements contemporains ne manquent pas non plus : le vol de ‘’La Joconde’’ et la bande à Bonnot sont assez clairement évoqués. Mais, si I'on veut traiter ‘’Anicet’’ comme un de ces livres dont les érudits se plaisent à cataloguer les sources, alors il faut surtout chercher du côté du cinéma muet. Et ce n'est pas essentiellement à cause de l'évocation d'une ou deux séances, avec actualités longuement racontées, que I'influence du cinéma apparaît capitale ici, mais bien dans le rythme saccadé du récit, dans la succession brusque d'aventures et d'épisodes déconcertants, dans le renouvellement incessant des surprises, voire des gags. En vérité, et du même coup, s'affirme la volonté de ne rien concéder à la sentimentalité littéraire, de briser net avec tout ce qui pourrait être occasion de s'enliser dans une certaine rêverie ou un laisser-aller poétique, de ne préserver que «quelques sentiments hautains» 4 comme le disait André Breton en ces années-là. Or ce livre où il se passe toujours quelque chose, mais rarement ce que le lecteur attendait, où les situations initiales d'un roman traditionnel sont, non pas une fois, mais plusieurs fois établies, pour ensuite tourner court le plus souvent, échappe encore au roman de convention par un autre aspect, peut-être le plus important pour le lecteur d'aujourd'hui parce qu'il est, au moins autant monologue d'Anicet ou dialogue d'Anicet et ses amis, récit. Derrière I'enfilade des événements se fait entendre par fragments le chant propre à Aragon. On trouve déjà I'annonce du ‘’Paysan de Paris’’ dans les pages qui décrivent le passage des Cosmoramas. C'est aussi I'exaltation de I'amour, et déjà la uploads/Litterature/ 881-aragon.pdf
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- Publié le Nov 10, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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