1 Association CENA, les amis de René Bansard. Société savante fondée en 1973. G
1 Association CENA, les amis de René Bansard. Société savante fondée en 1973. GENTES DAMES ET MECHANTES FEES. Sous la direction scientifique de Gilles Susong. 2 2éme de couverture. Ont bien voulu contribuer à l’ouvrage « Gentes dames et méchantes fées » : Françoise Clier-Colombani, docteur en Histoire de l’Ecole des Hautes Etudes en sciences sociales, secrétaire de la Société de Mythologie Française, Catalina Girbea, professeur de littérature médiévale à l’Université de Bucarest, chercheur et chargée d’enseignements au Centre d‘Etudes et de Civilisation Médiévale de l’Université de Poitiers, secrétaire de la section roumaine de la Société Internationale arthurienne, Catherine Guillou, chargée d’enseignements à l’IUFM de Caen; professeur d'économie, finances, gestion à l’Université de Rouen, Fatima Guttierez, professeur à l’Université Autonome de Barcelone, directrice du laboratoire d’écritures figuratives, membre du Centre de Recherches sur l’Imaginaire, Sylvain Ferrieu, docteur en histoire du droit, Enseignant en sociologie de la communication scientifique à l’Université Denis Diderot (Paris VII), Georges Bertin, docteur HDR en sciences sociales, directeur de recherches au CNAM des Pays de la Loire, membre du Centre de Recherches sur l’Imaginaire et de la Société Internationale Arthurienne, président de CENA, Gilles Susong, professeur agrégé de philosophie, vice président de CENA, directeur scientifique de l’ouvrage et du colloque qui en est à l’origine. 3 A Jean Charles Payen, in memoriam… SOMMAIRE Georges Bertin, (CENA) : Au pays des fées. Introduction : Sylvain Ferrieu : La fée, évolution d’un mythe : de l’imaginaire médiéval à la vision moderne. Communications : Françoise Clier-Colombani : Reflexions sur quelques fées marraines, nourrices, mère adoptives et mères légitimes dans la littérature arthurienne. Catalina Girbea : La fée, la sainte et l’adoubement dans quelques romans du Moyen-Age. Georges Bertin : Des trois Yseut aux figures de la femme et visages du temps dans la légende arthurienne. Catherine Guillou : Le personnage de Marie-Madeleine dans les écrits du Moyen- Age. Fatima Guttierez : Les miroirs de Kundry dans les textes fondateurs du mythe du Graal. Gilles Susong : Marie de France et ses détracteurs. 4 Au Pays des fées. Georges Bertin (CENA) « La chasse aux traditions orales procédait chez Chrétien de Troyes d’un autre contexte… Les traditions qu’il avait recueillies s’inscrivaient dans un imaginaire composite…Il s’opérait dans la construction de notre auteur tout un syncrétisme entre le folklore et la tradition des textes arthuriens antérieur… La littérature romane est alors en quête d’un statut culturel. En face d’une littérature cléricale qui s’obstine à cultiver l’héritage antique, les poètes vernaculaires cherchent à s’enraciner dans le terroir…Les romans du 13ème siècle livrent de manière plus brute encore certains contes…Tout se passe comme si les épigones de Chrétien se montraient encore de plus en plus attachés à transcrire des traditions orales qui leur paraissent à la fois fascinantes et riches de significations diverses ». Professeur Jean Charles Payen, 1983. Le Pays des fées et les marches de l’Ouest. Des collines du Perche aux Landes de Lanvaux, à toucher Vannes, du Mont Saint Michel à la Cathédrale du Mans, de Varenguebec à Angers, les « Marches de l’Ouest » nous renvoient à la réalité d'un pays de transition matérialisée sur le plan géographique par ce que l'activité humaine nous a légué de l'antique forêt de Brocéliande s'étirant sur prés de 300 kilomètres d'Est en Ouest et de 120 kilomètres du Nord au Sud. La Basse Normandie, l’ancien Maine, 5 l’Avranchin, le Cotentin, ont inspiré de leurs paysages, des folklores et hagiographies locales, comme de l’histoire mouvementée de ces pays de frontières, les rédacteurs de la Légende arthurienne aux 12ème et 13ème siècles. Ceux-ci, et ce particulièrement « en marche », venaient y puiser une partie de leur inspiration en fréquentant les cours des souverains anglo- normands-angevins. Pays de marches, aux confins de Bretagne, de Normandie et du Maine, le Passais a formé, de tous temps, une contrée intermédiaire entre ces provinces que reliaient de très anciennes voies antiques dont l'une d'elles, le "chemin potier", joignait entre eux les bassins des rivières de la Mayenne, de la Sonce de la Varenne et de la Vire. Mais ces lieux magiques, ces « pays de grandes merveilles » ne sauraient être regardés seulement avec les yeux objectifs du géographe, du botaniste ou du topographe, ils sont habités par d’invisibles présences, les mêmes que les romanciers créateurs de la Légende Arthurienne ont su magnifier les faisant passer du statut d’invisibles présences à celui d’immortelles. Car nous sommes bien, ici, au Pays des Fées (Broleanez). Ce sont ces figures que les éminents spécialistes, participant à cette rencontre de Lassay les Châteaux, se sont attachés à mettre en évidence. Ils ont en interrogé les imaginaires à l’œuvre dans leur relation avec ce qui nous préoccupe dans notre Cercle d’Etudes, depuis plus de quarante ans, à savoir les mystérieux liens qui se sont tissés depuis ce que le professeur Martin Aurell a 6 nommé La Renaissance du 12ème siècle entre les souverains anglo- normands commanditaires de ces œuvres, les poètes de leur cour, les Abbayes normandes et leur scriptoria, les traditions orales et hagiographies locales, aux marches de Gaule et de Pette Bretagne. Au-delà, le présent ouvrage permettra au visiteur de nos régions comme aux amateurs et passionnés de légendes particulièrement arthuriennes de revisiter dans leur imaginaire, en l’ancrant sur les terroirs des Marches de l’Ouest, ces situations féeriques, merveilleuses qui ont contaminé la rédaction de ce qui reste la source même de tous nos romans1. 1 Voir le Nouveau Guide arthurien Normandie Maine, éd. Corlet, 2011, et le dépliant Au pays de Lancelot du Lac édité par l’association CENA. 7 Introduction : LA FEE AU MOYEN AGE. La fée, évolution d’un mythe: de l’imaginaire médiéval à la vision moderne. Sylvain Ferrieu. De manière générale, l'image, l'apparence et les attributs de la fée semblent mettre tout le monde d'accord. L'idée d'une fée dotée de pouvoirs magiques, menue et fluette, souvent malicieuse, le plus souvent capable de voler et inextricablement liée à l'élément naturel, est acceptée comme si elle n'avait jamais fait l'objet d'aucune remise en question. La fée est ainsi rattachée au Petit Peuple, comme le pendant féminin du Lutin, avec quelques nuances selon les traditions régionales. Les différentes fées sont très bien présentées par Pierre Dubois dans sa Grande Encyclopédie des Fées et, dans leur généralité, partagent des caractères communs: l'essence magique, l'habitat naturel (parfois surnaturel: l'Autre Monde), le sexe féminin et la taille microscopique, à l'exclusion des Elfes de Tolkien qui se distinguent du lot malgré une origine commune. Peut-on pour autant considérer qu'il existe une vision univoque de la nature féerique qui se soit imposée de toute éternité à l'imaginaire européen? Sans doute pas. Si on peut trouver quelques traits communs entre les différentes visions de la fée, il faut savoir que l'être féerique, tel que nous le connaissons, trouve son origine dans un amalgame des différents paganismes européens: tout d'abord la tradition celtique, avec l'image laissée par les druidesses et les reines celtes, comme la reine Medb, et qui ont transmis à la fée cette image féminine et sensuelle. La tradition germanique et scandinave a popularisé l'idée des Elfes - Alf- (et dans une certaine mesure, des Géants et des Nains, d'ailleurs), des êtres magiques plus que des humains, souvent invisibles, parfois malfaisants et tourmentant les hommes pendant leur sommeil, à l'instar des éphialtes gréco-romains. Enfin, les traditions païennes, auxquelles il convient d'ajouter la mythologie gréco-romaine, se rejoignent sur l'idée d'êtres liés à un élément naturel: des divinités locales, esprits du lieu (genius loci), existant déjà dans l' Antiquité sous la forme des Faunes, Nymphes, Ondines, Oreades, Dryades, Sylphes, et 8 assimilées par nombre d'auteurs versés en occultisme, comme Paracelse, a des esprits élémentaires (Liber de nymphis, Sylphis, paygmaeis et salamandris et de caeteris spiritibus, Paracelsus' Werke III, Ed. W.-E. Peuckert, p. 462-498). Enfin le paganisme laisse le concept de l' Autre Monde, que Claude Lecouteux ramène à une tradition chamanique plus ancienne encore (Fées, Sorcières et loups-garous au Moyen-Age). Ces traits communs n'effacent pas la diversité des conceptions et les questions concernant la nature des fées: femmes magiciennes, êtres magiques, esprits élémentaires? Le Moyen Age va se faire l'écho d'une telle diversité. 1- L'héritage médiéval. Ainsi que l'affirme Claude Lecouteux, la survivance des fées s'explique clairement: « Elles quittèrent le domaine du réel pour entrer dans celui des fictions, mais par-delà toute transformation, toute affabulation et toute littérarisation, elles attestent l'existence d'une culture pré- ou extra- chretienne qui s'est longtemps maintenue en milieu rural et dont les traces affleurent un peu partout» (Les Nains et les Elfes au Moyen Age, p. 179). Les origines de l'imaginaire féerique convergent au sein du folklore populaire. En ce début de Moyen Age, malgré la christianisation, les couches populaires, qui vivent toujours au rythme de la nature, conservent donc leur vénération des éléments et des esprits qui leur sont associés. Ainsi, les paysans se recueillent toujours autour d'arbres, de fontaines, ou laissent des victuailles sur la table pour que, la nuit, les esprits, comme la cohorte de Dame Abonde, viennent s'y restaurer. Ces traditions sont durement combattues par l'Eglise, qui uploads/Litterature/ actes-2013-livre.pdf
Documents similaires










-
27
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 21, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 0.7507MB