LA GÉOGRAPHIE DU TALMUD MtllOII\E COU I\OS N ~AR L'ACAl>ÊMIE DES INSCRIPTIOSS E
LA GÉOGRAPHIE DU TALMUD MtllOII\E COU I\OS N ~AR L'ACAl>ÊMIE DES INSCRIPTIOSS ET 8ELLES•LETTRES •••• ADOLPHE NEUBAUER PARIS MICHEL LÉVY FRÊRES , LIBRAIRES ÉDITEURS RUE VIVlENNB, 2 BlS, BT BOULBVARD DES lTAl,IENS, )j A LA LIBRAIRIE NOUVELLE 1868 ~ et d, lradlttloll r6lmf. A LA MEMOIRE DE M. S. MUNK liiE»BRB DE L'JNSTmJT rftOPESSEUR D"tttBREU AU COLLeo~ DE PRAKCE HOMMAGE DE RESPECT DE RECONNAISSANCE ET D'AD.MlllATION. PRÉFACE L·Académie des Inscriptions et Belle&-Lettree, danaea SW1ce du 10 Juillet 1863, avait propos' pour sujet de prix la question suivante : " Réunir toutes les données géographiques, topogra- • phlques et histortques sur la Palestine, disséminées dans • les deux Talmuds, dana les Midraschim et dans les autres • livres de la tradition Juive (Megulllath Taanith, Séder • Olam, Siphra, Siphrl, etc.). Présenter ces donnéea • dans un ensemble systématique, en les soumettant à • une critique approfondie et en les comparant à celles • que renferment les écrits de Josèphe, d'Eu~èbe, de aalnt •• Jérôme et d'aut.Ns auteurs eooléataatlquea et profaDelJ .•• La partie relative à la Palestine dans le travail que j'offre aujourd'hui au public a eu l'honneur d'être couronnée par ce corps savanL J'exposerai la méthode que fai cru de-yoir suivre, et f apprécierai la valeur dee documents que· f ai consultés, sans oublier les difficultés qu'on rencontre VIU . PREFACE toujours en abordant un sujet talmudique; mais aupa- ravant, je veux donner un court aperçu de la composi- tion ainsi que du contenu des livres talmudiques que j'ai dd citer à chaque ligne. Dans cette étude préliminaire, je n'ai nulle prétention d'apprendre aux érudits quel- que chose de neuf 1 ; je m'adresse aux lecteurs qui ne connaissent le Talmud que de nom, sans avoir pu pénétrer dans ses arcanes, faute de savoir la langue dans laquelle cet ouvrage est écrit. Mais avant d'arriver au Talmud lui-même, il est nécessaire de jeter un coup d'œil sur r état littéraire des Juifs, depuis leur retour de la captivité de Babylone jusqu'à l',poque où nous pouvons voir se former le pre- mier noyau du Talmud. On ne sait rien de certain tou- chant les parties de l'Ancien Testament que les Juifs apportèrent avec eux à Babylone. A leur retour, Esdras, appelé c l'éerivain habile, • forma des disciples qui por- taient le nom de Sopherim c scribes, » et qui ·avaient pour mission de multiplier les copies du Pentateuque et de l'expliquer. Écrivain et savant étaient à cette épo- que synonymes. • n serait superflu de rappeler ici tous les Lrav1u1 dise..;mioés dons les dift'érent.s ouvrages et recueils; fen rendrai compte dan mon second vc,lume. Il doit suffire de citer, en pr-emier lieu, l'ex- cellent livre de M. ZUIU, Du gottudÏlflltlidn Y 01'tr•~ tùr Jtuln,. qui sera toujours le dritable guide quand on lrait.era la matière agodique. En outre, je veux mentionnée les travaux. de ld. Rap- poport dans son BrdA Millilt (aux mots Agadah et Amora); l'ou- vroge de M. z. Fraakel, Hodtgetiu . i,a MûcA"4fll; le rdl >ittilt.le Bl.,_ 1IUfÙUe de M. Dukes ; le Ktùl•r- •"4 LilwalMrge1clicAt -e dw Jwdttt ila Alin, par M. F\\rst; et les savants lrnaux sur la HolaHa, par M. Geiger, surtout dans son livre Dû Uncl l'l'ift •1Ul Uebtr1et. ,11gtn dtr Bibtl. . PRa 'ACE JX Les lois, chez toutes les nations, ont été rédigées dans un style trop concis pour ne pas laisser de place aux ambiguttés, et elles ont toujours été le sujet des interprétations Jes plus différentes. Celles de Moise ne font pas exception à cette règle. Citons un exemple. On lit au chapitre xtr du Deutéronome , verset 21 : c. Tu égorgeras de ton gros bétail et de ton menu bé- tail. » Ces simple s mots ne nous apprennent nullement de queJle Jàçon l'animal doit être tué. Ici, comme dans d'autres cas, les Sopherim avaient, dlsaient-lls, une tra- dition orale transmise à Moise sur le Sinat, et c'est à cette tradition que devaient s'astreindre les fidèles. Nous retrouvons le même fait dans les traditions qui servent d'explication au 1 A3nd-Av~ta; on y fait remonter égale- ment ces traditions jusqu'au législateur Zoroastre 1• Dans la littérature indienne, les noms des auteurs des principaux U panistuuis sont même inconnus. » Cela doit être, dit M. Max Müller t, pour ces sortes d'ouvra .. ges; car ils contiennent des traités sur les questions les plus élevées, lesquels traités perdraient toute autorité, si on les présentait aux yeux du peuple comme le résultat de l'imagination humaine. » On ne peut douter que les Cohœiim (sacrtûcateurs, prêtres) n'aient possédé en grande partie le pouvoir d 'interprétation, surtout en· ce qui concernait les sacri- fices. • Tu iras consulter le Cohen qui sera de ton temps, dit expressément le Pentateuque 3• • U est impossible de 1 M. Spiegcl, BrdH, p. 3'm. i Hùlor, of ancint ,auA,-,t lileraJ,we (2" êd.), p. 32i. s Deutéronome. xvn, 9. PRÉFACE préciser quelles soat les plus anciennes parmi ces inter- prétatlona des Sopherim; les documents font compléte- ment déf aut. La grande synagogue elle-même, ce corps qu'on prétend avoir suivi l'école d'Esdras, est un mys- tère pour nous. Le Talmud n'en parle que dans des ter- mes fort vagues : iJ ne mentionne que quelques institu- tions d'Esdras, des Sopherim et des membres de la grande synagogue; mais quant aux interprétations proprement dites du Pentateuque , on ne trouve dans les livres talmudiques, aucune preuve qui les fasse remonter jus- qu'à cette époque. . ne des plus sérieuses occupations que le Talmud attribue à la grande synagogue est celle de fixer le canon biblique 1 ; la tAche n'étalt pas facile. En etret, on peut diviser l'Ancien Testament en trois parties, savoir: Les lois, la narration et la mystique. Les lois sont représentées dans le Pentateuque; celui-ci était, quand il sortit des mains de la grande synagogue, tel que nous le possédons aujourd'hui, sauf quelques variantes qui ne changent rien au sens des lois elles-mêmes. La narration, dans laquelle il faut f àire entrer la partie morale, est con- tenue dans les livres des Prophètes et dans une grande partie des Hagiographes. La mystique, à laquelle appar- tient la philosophie, si toutefois il y en a dans l'Ancien Testa.ment, se trouve dans le Livre tl'Ëzéchiel, dans le Cantique des cantiques et dans l~Ecelésiaste. Pour ces livres on craignait qu'on n'en nt une interprétation t Je ne peux 'm'occuper ici ni de l'époque ni de ¾a manière de la 61aLion du canon biblique; je donnerai les passages talmu- diques concernant ce sujet dans mon second volume. PBÉPACB XI trop hardie et on refusa d'abord de les introduire dans 1~ canon biblique. En effet, les sectes ne se sont en gé- néral multipliées que grâce aux interprétations mys- tiques <les textes sacrés. Néanmoins, après de longues hésitations, ces troia livres furent insérés dans le Ca- non; mais ce qu'on avait redouté arriva : Ezéchiel est devenu la base du mysticisme, du char de Dieu (Mer- caba), en d'autres termes, de la Cabbale; le Cantique des cantiques est devenu une allégorie représentant l'union du peuple juif avec Dieu. La première production littéraire chez le peuple juif, après le retour en Palestine, fut, selon toute apparence, le Targoum ou traduction chaldéenne du Pentateuque 1• La masse du peuple juif, peu instruit à toutes les épo- ques, revenait d'un pays dont il avait adopté la langue, le chaldéen, e11 oubliant l'hébreu. Il lui ~t donc une version en cet idiome, pour qu'il pût continuer la loo- -ture du Pentateuque. Depuis ~ras, selon le Talmud, cette lecture avait lieu d~- les synagogues trois f ois par semaine. D est possible que pendant un certain espace de temps, sans doute très-court, les interprè- tes aient été d'accord, puisqu'ils sortaient tous de l'école d'Esdras. Mais peut-on dompter à jamais l'ima- gination des hommest Peut-on supposer que d'obscures prophéties, dont on faisait également lecture sous le nom de Hapiuara, aient ~té constamment exposées de la même T a~n dans toutes les synagogues î Evidem- ment non. Nous n'avons qu'à consulter les explications de l' Apocalypse de saint Jean par les Pères de t 11 eai possible que la paraphrase d'ODkeloe contient même une grande partie de ce Targoum. . . UI PREl-'ACE YÉglise, ou celles de quelques passages du Coran par les Soonnites (propagateurs de la tradition musulmane), pour nous convaincre que l'accord ne peut subsister longtemps sur de pareils sujeta . La fantaisie du Metllourgoman (on appelait ainsi les interprètes à l'époque talmudique 1) trouvait un vaste champ dans l'application d'un passage des Prophètes à un événement contemporain. Le pays commençait à s'inquiéter peu à peu : Alexandre chassait les Perses, la dynastie syrienne remplaçait Alexandre; des que- relles intestines dévoraient l'État; en somme, le temp: de calme fut assez court pour les Juifs après leur retour de la captivité .. Quoi de plus naturel, que de voir les chefs des différentes synagogues. ou quelques érudits sortis du people, s'élever pour consoler les habitants chassés de leur foyer, pour encourager les débris d f amilles uploads/Litterature/ adolphe-neubauer-la-geographie-du-talmud-khazarzar.pdf
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- Publié le Oct 04, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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